Divalis : l'éveil

Chapitre 10 : Maître renard.

3972 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/09/2022 20:33

Allongé sur mon flanc, la langue pendante tout en haletant rapidement, je sens mon pelage s’imbiber du liquide dans lequel je suis affalé. Je regarde le grizzly en face de moi, qui est exactement dans le même état. J’entends mon fils Buntar et Abysse s’agiter, mais je suis épuisé. Je ne me relèverai pas. Je baisse cette fois mes yeux sur les corps de Croquette et Sans-poil, Sansa est couchée contre moi.

L’ursidé se redresse avec effort, ouvre grand la mâchoire pour émettre un long râle avant de se laisser tomber comme une masse dans l’eau. Quelle chaleur ! Par ailleurs, nous avons trouvé un point d’eau, mais il est à peine assez profond. Il y a plusieurs biches à quelques pas de nous, couchées et endormies. Aucunement besoin de se montrer agressives avec nous, comme il n’est pas utile de se méfier du grizzly qui pourtant a deux oursons avec elle. Enfin, nous voulons juste profiter du point d’eau.

Aéon se plaint de maux de tête récurrents ces derniers jours et elle n’a pas l’air d’être franchement en forme, même si elle dit le contraire. Cependant, j'ignore comment l’aider. Alors, je regarde Sans-poil qui vient de rouler sur son ventre. Dire qu’il refusait au début de mettre les pattes dans l’eau, maintenant, il ne fait plus de caprice. Dans le genre utile celui-là, on repassera. Il ne peut toujours pas manger normalement, il ne chasse pas, il ne piste pas, contrairement à Aéon qui n’avait simplement pas confiance en elle. Lui est complètement à côté de la plaque. Enfin, au moins, il veille assidûment sur les jeunes, c’est déjà ça.

Les oursons sont actifs, eux aussi, mais si je garde les yeux sur eux, c’est surtout à cause de Buntar et Abysse qui se montrent trop curieux. La mère ne s’en préoccupe pas, sans doute parce que les peluches sur pattes sont aussi grosses qu’Abysse. En changeant de côté, je m'aperçois qu’Aéon les surveille également. Je bâille bruyamment, pour le plaisir de faire du bruit, ce qui attire le regard de la dorée sur moi.

 

–Où vont-ils chercher cette énergie ? Me demande-t-elle.

–Dans peu de temps, ils seront sur le dos à ronfler, réplique Sans-poil.

–Vivement que cette vague de chaleur passe, que je puisse t’apprendre des choses utiles à toi.

–Comme ? Me répond celui-ci, sarcastique.

–Chasser, serait déjà bien, affirmais-je en roulant sur mon dos, Sansa m’imitant.

 

Avec cette canicule, nous restons sur place en journée et squattons la mare qui ne tiendra pas plus de deux semaines si la chaleur reste aussi étouffante. Nous profitons de la nuit pour être un peu plus actifs, bien qu’il fasse encore lourd. Nous ne chassons pas en ce moment. On se contente de rongeurs et de fruits. Dommage que Sans-poil n’en mange pas, j’aurais aimé le voir sous l’effet de fruits trop mûrs, Aéon aussi au passage.

La nuit nous couvre à présent. Les biches sont les premières à se lever et à quitter la mare. Maman et bébés ours en font de même. Je me tourne sur Croquette qui tangue et se secoue étrangement. Puis, elle me regarde en prétextant s’être levée trop vite.

 

–Si tu ne te sens pas bien, il vaut mieux rester ici cette nuit.

–C’est bon, ça va passer, insiste-t-elle.

–Tu devrais écouter Vlase, enchérit Dagan.

–Il n’y a pas assez d’eau de toute façon, trouvons au moins quelque chose de mieux, esquive-t-elle.

 

Je regarde Dagan, qui en fait de même. Pour l’instant, les tensions sont derrière nous. Alors, nous rejoignons la plaine. Les jeunes courent sur l’herbe sèche. Aéon est derrière moi et Dagan à ses côtés. Je me demande si Aéon l'ignore volontairement ou si elle ne se rend pas compte que Sans-Poil, tente de la courtiser. Pour le coup, cela m'amuse d’une certaine manière. Je devrais être sympathique et lui donner quelques astuces, parce qu’il fait pitié. Un bruit sourd intervient dans mon dos, ce qui me fait me retourner : la dorée est étalée au sol et inconsciente. Elle m’énerve à être aussi têtue ! Si elle a tant envie d’avancer, mais si elle ne se sent pas bien, qu’elle le dise et on la portera ! Les jeunes se sont aperçut de notre immobilité et Abysse fait un demi-tour fulgurant !

 

–Encore ? Mais, qu'est-ce qu’elle a à la fin, s’énerve presque la coïste.

–Ce n’est qu’un coup de chaleur, Abysse.

–Mais, c’est la nuit ? Fait-elle remarquer.

–On peut aussi avoir des coups de chaleur de nuit. Elle ne s’est pas assez reposée, c’est tout, ajoute Dagan.

 

Je le dévisage, dubitatif. Cherche-t-il vraiment à rassurer la petite ou joue-t-il un rôle? Il secoue un peu Aéon qui ne revient pas à elle. Bon, c'est parti pour la porter. Buntar m’aide à la placer sur mon dos, Dagan la rattrapant alors qu’elle allait glisser de l’autre côté. Celui-ci reste à mon flanc au cas où elle viendrait de nouveau à chuter.

 

–Tu as une idée de ce qui lui arrive ? Lui demandé-je.

–Malheureusement, non, me répond-il, en grimaçant.

–Et cette entité qui vous parle, elle ne serait pas te le dire ?

–Je n’entends plus Kotcheï depuis que je suis dans votre monde, m’explique le rouge.

 

Je lève ma tête au ciel. Il n’y a pas de vent, ni de nuage à l’horizon. Je regarde la plaine, indécis. Continuer au risque de ne dénicher, ni ombre, ni d'eau au lever du jour. Où rester sur place et possiblement louper la découverte d’un étang qui serait plus rafraîchissant que la mare boueuse dans laquelle nous avons patienté toute la journée ? Ces collines derrière nous pourrait cacher un meilleur abri.

 

–Restez ici, je regarde derrière les collines si l'on peut s’y abriter, dis-je en déposant finalement Aéon au sol.

–Laisse-moi y aller ! Intervient alors Buntar.

–C’est dangereux ! Et, si tu croises un prédateur ?

–Je suis plus rapide qu’eux ! Laisse-moi y aller, papa !

 

J’accepte à contrecœur. Il veut juste se montrer utile, mais depuis l’incident, j’ai du mal à les laisser s’éloigner. Buntar sourit et s’éclipse au-delà de l’horizon. Un prédateur serait plutôt tenté de s’attaquer au groupe pour s’emparer de Croquette que de suivre une bête aussi rapide que nous. Dagan est fort, mais il ne sait pas se battre et hors de question de laisser Buntar, Sansa et Abysse se frotter à des cougars ou pire, un grizzly. Un hurlement s’élève dans le ciel, Buntar prévient ainsi qu’il a trouvé ce qu’il cherchait. Je lui réponds alors de revenir vers nous pour nous guider. Après quelques minutes à patienter, le voici revenu, s’écroulant au sol, épuisé.

 

–Bien joué, mais tu n’étais pas obligé de revenir aussi vite, le taquiné-je.

–Je sais… Il y a un petit lac là-bas entouré par une falaise avec beaucoup de sapins. Je n’ai pas senti l’odeur de carnivores.

–Charge-toi d’emmener Abysse avec toi, Sansa, tu penses pouvoir porter Aéon ?

–Pourquoi veux-tu qu’il les emmène ? Me demande alors Dagan.

–Pour qu’ils puissent être au frais le plus vite possible. Toi, je ne pourrais pas te porter, donc on va faire la route ensemble et un brin de causette par là même occasion, répliquais, narquois.

–D’accord, mais ne serait-ce pas plus logique, que ce soit ton fils ou Sansa qui me suive et que tu ailles toi directement là-bas ?

 

Merde, je voulais justement ne pas le laisser seul avec un des petits, mais Buntar devrait pouvoir le fuir s’il tente quelque chose et toujours m’appeler au cas où.

 

–Buntar, on échange…

 

Je n’ai pas envie de menacer Dagan devant le groupe, alors je me contente de lui jeter un regard noir, espérant qu’il comprenne la mise en garde. Aéon qui est sur mon dos, remue un peu.

 

–Vlase…Que fais-tu ?

–On a trouvé un lac, accroche toi !

 

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je m’élance et Sansa qui porte Abysse me talonne en riant. Aéon s’agrippe comme elle le peut. Je ne la sens pas glisser. La chaleur n’a pas d’effet sur la vitesse que l’on peut prendre, elle nous fatigue juste plus vite, sans compter que nous ne sommes pas faits pour avoir un passager sur le dos. Mais bon, cela ne nous empêche pas d’atteindre une vitesse suffisante pour rejoindre le lac en quelques minutes alors qu’il faudra sans doute une bonne heure à Dagan et Buntar pour nous rejoindre.

Sur place, Abysse et Croquette retrouvent le sol. Sansa s’écroule épuisée. J’ai encore assez d’énergie pour aller faire le tour, espérant trouver une saillie, une cavité, n’importe quel interstice sous lequel elles pourront se glisser. D’autant plus, que la dorée vient encore une fois de nous quitter. Il y a une cavité rocheuse à quelques pas du lac. Je la tire sous la roche pour l'abriter, les filles s’empressent d’aller se désaltérer.

Cette fois-ci, c’est vers les garçons que je me tourne. Je n’ai vraiment pas confiance en Dagan. Mais si je les rejoins, les filles seront exposées… Elles ne se méfient pas du danger. Mais, ce serait également confirmer mon appréhension à Dagan et de nouveau risquer des tensions entre nous. Je soupire, tout en revenant vers les petites qui sont dans l’eau. C’est plus fort que moi, je leur demande de rester là et pars rejoindre Buntar et Dagan.

Bien sûr, ils sont surpris et je m’en excuse auprès de Buntar de vouloir parler en tête-à-tête avec l’écailleux. Mon fils semble déçu, mais tant pis, il s’en va, me laissant alors avec Dagan, qui m’observe, lui-même confus.

Parfois, il tient des discours qui ne me plaisent pas et s’il n’a montré aucun signe d'agressivité jusqu’à maintenant. Je me méfie de sa force, car il est en mesure de prendre le dessus si cela tournait mal. Il brise le silence alors que je me perdais dans mes réflexions.

 

–Aéon m’a dit que tu as perdu ton clan.

–Et ?

–Je n’ai pas vu les miens mourir, mais pendant des années, j’ai cru que j’étais le dernier de mon espèce.

–Écoute Sans-poil. Si je peux me montrer mesquin, ce n’est pas contre toi. Tu as grandi dans un monde différent du nôtre, j’ai grandi avec les mœurs de ma meute. Toi comme moi, nous devons nous adapter à un mode de vie qui diffère de celui que nous avions.

–Pourquoi renier tes origines ? Tu n’es pas vraiment le chef et tu n’as pas de réelle meute. Je ne comprends pas pourquoi tu continues à suivre une femelle qui ne pourra jamais être l’une des tiennes, termine Dagan en me regardant.

 

Sa réplique me fait sourire. J’ai presque cru qu’il tentait d’être sympa et sur le coup, je viens à me redresser pour lui faire face et le faire s’arrêter.

 

–Je vais te le rappeler une dernière fois, Sans-Poil. Je t’accepte parce que tu es de la même espèce qu’Aéon, mais je n’aime pas ta façon de parler ! Tu n’es pas assez subtil pour arriver à me manipuler. Je te vois comme une menace pour la sécurité de notre clan. Pas comme un rival. Si tu aimes Aéon, son bonheur devrait être ta priorité et tu dois te douter qu’elle n’a aucune envie que notre clan se scinde.

 

Par ailleurs, je me place face à lui, ouvrant ma gueule en dévoilant mes crocs pour bien lui faire comprendre ma pensée. Seulement, il n’a pas reculé. C’est même l’inverse, il me tient tête. J’aurais voulu éviter d’agir de la sorte, je compte uniquement sur mon expérience en combat. Le rouge n’a pas anticipé mon mouvement, il est surpris de me voir bondir et lui attraper l’épaule en appuyant dessus. Ce dernier tente de me mordre, mais ne fait que m’arracher une touffe de poil avant d’avoir la tête contre le sol. Mes griffes s’y enfoncent et le maintiennent, même s’il gronde. Il lui faut un moment pour céder et se soumettre… Je recule et reprends la route en gardant un œil sur lui. Le rouge me suit, préférant se faire petit. Heureusement qu’il ne sait pas se battre, parce que j’ai peiné à le tenir au sol.

Au bout d’une heure de marche qui s'est déroulée dans un silence de mort, nous voici enfin auprès du clan. Buntar et Abysse sont allongés sur une saillie et Dagan les imite, vraisemblablement vexé. Sansa, elle préfère me coller. Je l’observe mine de rien, mais il ne semble pas déporter sa rancune sur les jeunes.

Je descends me désaltérer. Ça change de boire de l’eau fraîche. Puis, je reviens vers le groupe et je m'étale au sol, Sansa se blottissant directement dans mon dos. 

 

–Sansa, il fait chaud et sérieusement, il serait temps que tu arrêtes d’avoir peur de tout.

 

Elle me regarde pour ensuite détourner la tête, boudeuse.

 

–Recule, lui demandé-je, un peu plus sec.

 

Elle s’écarte juste pour ne plus être contre ma colonne. Je me redresse et la pince pour la décider à s’éloigner. La petite me regarde alors frustrée. Il lui avait fallu du temps avec Aéon et certes, j’ai un peu délaissé son éducation avec tout ce remue-ménage. Mais, elle ose à peine s’éloigner de nous. La renarde sait chasser de petites proies, toutefois, elle recule dès que c’est plus gros qu’un lapin ou qu’elle ne nous a plus en vue. De ce côté, elle a vraiment pris de Luna.

Buntar vient de s’éloigner vers le lac et je suis surpris de voir qu’Abysse ne le suit pas. Je me redresse, m’ébroue et gronde sur Sansa qui est déjà prête à me suivre. Elle fait mine de rien, me contourne pour tout de même rester sur mes pas. Cette fois, je me retourne vivement en lui rentrant un peu dedans. La petite couine en allant se percher sur la saillie près d’Abysse et Dagan qui me regardent, confus. Je n’ai aucun plaisir à faire cela et ce regard triste qu’elle me lance me fait tout de même mal au ventre.

Je rejoints cette fois Buntar qui se tient à l’écart des autres. Je les ai délaissés ces derniers temps. Je leur apprends à chasser mais en un an, nous n’avons jamais abordé l’accident… Je m’approche de lui, qui se secoue et se retourne sur moi l’air de rien, même si j’ai compris qu’il pleurait.

 

–Je fais le tour, tu viens avec moi ?

 

Il en remue sa queue de joie. J’en oublie parfois qu’il est jeune et qu’il ne doit plus savoir comment agir avec moi. Lui et son frère étaient toujours dans mes pattes à imiter tout ce que je faisais. Il se tient à mon épaule, il arrive à la moitié de mon flanc. C’est étrange, j’ai l’impression de ne pas l’avoir vu grandir malgré le fait qu’il soit sous mes yeux tous les jours.

 

–Ça va, Buntar ?

–Ouais, me répond-il plutôt surpris.

–Je n’ai jamais pris le temps de te le dire, mais je suis fier de toi.

 

Il me regarde quelque peu sceptique, sans comprendre ce que je lui veux.

 

–Tu fais un peu peur quand tu dis ce genre de chose, Papa.

–Quoi ? Tu t’attends à ce que je te noie ? Ricané-je.

–Je vais finir par le penser.

 

Il me bouscule par jeu et je lui attrape l’oreille en réponse et il secoue vigoureusement la tête.

 

–Est-ce qu’il t’arrive de penser à Dogost, maman et les autres ? Me demande-t-il à voix basse.

–Tous les jours.

–Parfois, je rêve d’eux…

 

Je soupire, venant glisser mon cou par-dessus le sien. Je sais qu’il pleure souvent, qu’il s’en cache par fierté. Il n’avait encore jamais craqué devant moi.

 

–Moi aussi.

 

Habituellement, j’arrive toujours à trouver les mots pour secouer les miens. Mais, pas cette fois, ils se bloquent quand je pense à eux. Nous reprenons notre marche, le pas lent.

 

–Buntar, il faut secouer Sansa, ne plus la laisser se cacher derrière nous.

–Heu… D’accord.

–Elle n’apprendra jamais à être débrouillarde et cela pourrait la mettre en danger, un jour ou l’autre.

–Je comprends.

 

Je lui souris, saute le talus et il en fait de même. Nous humons les effluves environnants… Nous ne sommes pas sur le territoire d’un quelconque carnassier.

 

–Au fait, Papa, pourquoi est-ce que tu ne chasses pas Dagan ?

–Les mœurs de notre espèce ne s'appliquent plus à notre clan. Dagan n’est pas un rival…

–Donc… Sansa et moi. Nous ne serions pas obligés de quitter la meute ?

–Non, vous pouvez rester si vous le voulez et je pense que cela plaira à Aéon.

–Donc, on va aussi se mettre à chasser des femelles ? Me regarde-t-il sceptique.

–Nous ferons comme les nôtres, nous laisserons les femelles tuer d’autres femelles.

–Mais… Croquette, elle ne devrait pas être ta compagne ? Dit-il en penchant la tête, confus.

–Elle n’est pas une lisii, je ne peux pas lui interdire de choisir un mâle de son espèce.

–Tu n’as pas l'impression qu'elle n’aime pas Dagan ?

–Elle l'appréciera quand elle sera en chaleur, ricané-je.

–Papa ! C’est dégoûtant !

 

On verra ce qu’il en pensera quand il aura cinq ans ! Nous sommes de retour. Dagan et Abysse surveillent Aéon. Sansa, elle, est toujours contrariée. Nous nous allongeons à notre tour sous l’interstice, la renarde se dépêche d’aller se réfugier contre Buntar.

 

–Ah, Sansa, s’il te plait, il fait chaud ! Râle le renard.

 

Celle-ci le regarde, fâchée, mais ne bouge pas pour autant de place. Buntar la fait reculer d’un mouvement avec son corps. Elle ne s’en réjouit pas, mais c’est ainsi. Finalement, Sansa préfère s’enrouler dans un coin en nous tournant le dos. J’observe Aéon qui remue en dormant. Abysse est venue poser sa tête sur son dos, tenant ces oreilles basses. Buntar sourit à la coïste qui est face à lui, puis dévie les yeux vers moi…

 

Je n’aime pas voir Abysse inquiète, mais ce n’est pas la première fois que Croquette perd conscience à cause d’un mal de tête. Je me demande tout de même si cela est normal ? Personne ne dit rien à ce sujet. Ce qui m’ennuie le plus, c’est Abysse. Elle préfère faire la sotte pour ne pas laisser sa tristesse prendre le dessus. J'ignore d’où elle tire cette force et parfois, j'ignore si elle a envie de pleurer ? Abysse ne parle jamais de ses vrais parents, même quand je lui ai demandé pourquoi Croquette l’avait adoptée. Elle nous avait juste dit qu’elle avait eu de la chance. Mais, elle doit être triste parfois ? Quand mon frère et ma famille sont partis, elle n’a pas pleuré. Elle essayait de nous faire rire, de nous faire penser à autre chose.

Je le vois lorsqu'elle est contrariée. Elle a les oreilles plates et elle retrousse son museau. Elle gesticule beaucoup aussi et gémit comme si on l’ennuyait. Quand elle fait ça, c’est qu’elle est pensive.

Je ne pensais pas que Papa nous parlerait un jour de l’accident. Lui aussi cache sa tristesse. Ça n’a pas l’air facile d’être le chef d’un clan ! Je me demande si je serais aussi brave que lui ? Je préfère rester seul et ne pas montrer que je pleure. Je n’aime pas quand ils essaient de me soutenir… C’est à moi de le faire. Abysse, elle, ne me demande pas comment je vais. Elle va faire l’idiote et me faire rire. Je devrais le faire aussi !

Je me retourne sur elle et lui attrape les oreilles. Ça fonctionne à chaque fois, ça lui fait chatouille alors, elle se secoue ! Papa est en train de bâiller, il va se décrocher la mâchoire s’il continue ! En plus, il nous donne à tous, envie de le faire. Je me tourne vers Dagan… La sienne vient de faire un drôle de bruit. Donc… Papa le tolère, mais il n’est pas spécialement content qu’il soit là. Si Croquette devient la femelle de papa, est-ce qu’ils pourraient avoir des bébés ? Ils n’ont pas la même morphologie, mais ils se ressemblent un peu quand même.

Sansa soupire derrière nous… La pauvre… Moi j’ai reçu des félicitations ! Abysse se tourne sur son dos et m’envoie sa queue, sur ma tête. Je lui souris et viens la taquiner. Il fait trop chaud pour jouer à la bagarre alors on reste allongé sur nos flancs à nous pousser avec nos pattes. J’ai trop chaud et j’abandonne bien vite ! Elle se glisse contre moi et vient me lécher le haut du museau… Sansa derrière nous, nous gratifie d’un berk, ce qui nous amuse bien sûr ! 

Je regarde Sansa qui a envie de venir… Elle peut quand même dormir avec nous ? C’est surtout quand on marche qu’elle est agaçante à venir se mettre dans nos pattes. Elle me regarde, puis elle me tire la langue. J’en fais de même et elle recommence tout en grimaçant. Abysse se retourne sur elle et se relève pour aller se chamailler l’une, l’autre. J’entends papa rire et en me tournant sur lui, je remarque qu’il nous observe.

Je me prends alors une masse sur le dos ! Abysse est toujours en forme ! Combien de fois j’ai sauté en l’air en oubliant ces épines dorsales qui pique bien fort. Cette fois, j’ai trop chaud que pour continuer à faire l’idiot et il en est de même pour les filles.

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