Divalis : l'éveil

Chapitre 20 : Quelques préparatifs.

4264 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/03/2023 10:12

La sonnerie du réveil nous tire de notre sommeil. Je pensais qu’Aziel serait énergique, mais c’est tout l’inverse. Il se redresse de son matelas et regarde dans le vague, tout en repoussant les cheveux en arrière. Il bâille, s’étire, puis se tourne vers moi, prenant quelques secondes à réagir à ma présence, comme s’il ne s’y faisait toujours pas. Il me salue tout en ébouriffant ma crinière. J’en secoue la tête et balance la queue pour le saluer, alors qu’il se décale pour s’asseoir sur le rebord de son lit.

 

— Je vais aller donner un coup de chiffon sur le harnachement, ça va me prendre un petit moment, tu viens avec moi ?

— Bien sûr !

 

Je m’apprête à le suivre, mais avant même d’avoir quitté le lit, me voici soulevée et dans ses bras… Je suis aussi lente que ça ? Il rejoint la porte d’entrée qu’il franchit, ainsi que la porte d’écurie qu’il avait fermée, tout en me tenant d’un bras… Je ne savais même pas qu’il enfermait les drakes. L’a-t-il fait exceptionnellement ? L’intérieur de la bâtisse est en brique avec des traversins plus épais que ceux de la maison et en plus grand nombre. Il me pose sur une caisse qui sert à stocker le bois, et se rend sur le fond de l'écurie, séparée en deux par un petit couloir où ils entreposent les proies congelées dans un bahut. L’équipement des drakes est accroché tout le long du mur . Par ailleurs, je remarque également la présence d’une porte blindée poussiéreuse du côté du box des écolyns qui a l’air d’être là pour séparer le box en deux parties. Fafnir frappe de sa patte contre le mur pour presser Aziel… c’est ça qu’il fait, quand toute la maison tremble ? Aziel leur donne leurs pitances, saisit une selle, un chiffon et s’assoit pour la nettoyer.

 

— Tu as plus peur que l’on te vole les drakes que ce qu’il y a dans la maison ?

 

Il se retourne sur moi, confus avant de s’apercevoir que je regarde la porte blindée.

 

— Retiens un Ecolyn quand une femelle est en chaleur ! Tu as déjà entendu le bordel que fait Fafnir quand il a faim, dit-il en me lançant un regard entendu.

— Vous ne les laissez pas faire ? Je dis en penchant la tête de côté.

— Il y a une centaine de femelles dans le village, tu imagines si elles donnaient toutes naissances à un petit ? Il y a trois élevages d'écolyns et les meneurs ont le droit de faire reproduire leur drakinne une seule fois sans autorisation.

— Silva et Fafnir ont déjà eu un petit ?

— J’aimerais bien, mais pour ça, il faudrait que Fafnir se réveille.

— C'est-à-dire, dis-je, en riant.

— Les femelles chargent les mâles quand ils paradent. Fafnir n’a pas assez de caractère pour lui tenir tête, explique le bicolore en pointant d’un geste de la main la créature.

 

L’intéressé se redresse en fixant le bicolore avant de souffler de désaccord. Aziel en a un sourire narquois et moi, je lève les yeux au plafond, tandis que je revois l’expression qu’il avait hier quand il s’est fait courtiser par l’humaine.

 

Toi non plus, tu ne sais pas parader, rétorque la créature.

— Je ne suis pas un drake, Fafnir, dit Aziel.

Les mâles de ton espèce paradent ? Demande Fafnir en se penchant vers moi.

— Comme les mâles de la plupart des espèces, je suppose, réponds-je en haussant les épaules.

 

Fafnir échange alors un regard avec Aziel. Celui-ci repousse la tête du drake qui le nargue.

 

— Fais pas genre, c’est décrit dans le dossier, grommèle Aziel, ses joues prenant des couleurs.

— Je le sais, dis-je en souriant. Et, en parlant de ça, j'ignore si c’est d’office un mâle qui charme ou si une femelle peut aussi le faire ? Ce n’est pas précisé.

— Je ne sais pas, je suppose que cela peut aussi se faire.

— Excuse-moi d’aborder le sujet, mais ce truc d’adaptation des mâles, c’est vraiment le cas ? Dis-je en espérant qu'il comprenne ce dont je souhaite parler. 

 

Aziel se raidit et hoquète, devenant complètement rouge. Il se lève pour poser sa selle et prendre la partie qui se place sur la tête du drake et se rassoit tout en évitant de me regarder, visiblement mal à l’aise avec ce sujet. À charge de revanche, il parle bien de chaleur avec le plus grand des calmes !

 

— C’est une adaptation de notre espèce, donc probablement, répond Aziel, avec gêne.

— Tu dois tout de même le sentir ? 

 

Je ne devrais peut-être pas lui parler de ça et possiblement le troubler, juste avant la course.

 

— L’incapacité des femelles à procréer est devenu un problème pour notre espèce. Ce n’est pas une solution en soi, je dirais plutôt que c’est une alternative pour remédier au manque de naissance, explique Aziel qui a revêtu sa casquette de vétérinaire.

 

Chose plutôt drôle, car dans ce cas-là, il parle sans rougir, ni montrer de gêne quant au sujet qu’il aborde.

 

— La nature est drôlement faite ? Pourquoi faire en sorte qu’un mâle puisse avoir un petit au lieu de régler le problème des femelles ?

— Le zoologue lui-même ne s'est pas avancé là-dessus. Il dit que c’est à cause de vos hanches qui sont trop étroites, dit Aziel, les coudes sur les genoux, le buste penché sur moi tout en tenant la bride dans ses mains. À mon sens, le problème ne vient pas de là. L’embryon devrait arriver à terme. C’est la mise bas qui va poser un problème. Or, l'état de santé d'une femelle se détériore beaucoup trop vite et c’est ce qui amène à la perte de l’embryon. Je serais tenté de penser qu’il s’agirait plutôt d’un virus ou d’une bactérie qui viendrait foutre la merde, plutôt qu’un problème physiologique.

— Et de toute façon, si le mâle ne peut engendrer qu’une seule fois, ce n’est pas pratique comme solution ? 

 

Je comprends certaines choses, mais le domaine médical ou biologique, n’est pas ma tasse de thé. Il doit certainement mieux comprendre que moi ce qui ne va pas dans cette histoire.

 

— On contourne le problème plus qu'autre chose. Un seul article fondé sur l’observation de la dernière meute de divalis ne peut suffire, l’article n’est pas complet et le cryptozoologue fait des hypothèses plus qu’autre chose. Peut-être était-ce le cas pour les anciens divalis ? Peut-être est-ce toujours le cas pour nous ? À la limite, je peux toujours analyser ton sang pour voir s’il y a des traces de bactéries ou de virus.

— Serait-ce à cause de ça que je ne suis toujours pas féconde ? Dis-je presque heureuse de ce fait.

— N’oublie pas que tu as aussi un retard de croissance. Enfin, je pense que je peux te l’avouer maintenant. Je sais qu’il y en a une autre divalis, une hybride, en Roumanie.

— Ah bon ? Dis-je avec étonnement. 

— Tu connais la fondation ?

 

Il pose la bride sur la séparation et revient s’asseoir.

 

— De nom.

— C'est un groupe qui lutte pour la sauvegarde des cryptides, que l’on peut joindre via un réseau social. Ils nous aident en fonction de leurs moyens et ont recensé approximativement toutes les espèces et le nombre d’individus sur Terre, explique le bicolore. Je les ai rejoints il y a quatre ou cinq ans, maintenant, je passe assez souvent sur le site web voir les derniers événements. Je ne te l'avais pas dit parce que tu te méfiais de moi au début.

— Je comprends, dis-je en souriant.

— C’est de cette façon que j’ai appris qu’il y en a une qui vit à Branavochie, cela te parle ?

 

Je réfléchis un instant, ce nom, je l’ai déjà entendu, à vrai dire.

 

— La ville des vampires !

— C’est ça. Elle est gouvernée par, Iaur Immortals, un vampire ancien, dit-il semblant avoir terminé son nettoyage. Kiria est issue d’un croisement entre une divalis et un vampire. J’ai voulu lui parler, mais Iaur a refusé, dit-il en haussant les épaules. Je leur ai parlé de toi le jour où je t’ai trouvée, Iaur m’a demandé de le tenir informé de ton réveil.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas et je ne suis plus retourné sur le site web depuis.

— Comment les gens font-ils pour trouver les cryptides ?

— Les sanctuaires et les gens coopèrent avec le groupe en donnant leur position quand ils en aperçoivent. Il y a aussi le sanctuaire d’Evergreen, un village caché dans la réserve naturelle de Bachkirie, en Russie, elle est dirigée par un centaure.

— Je ne le connaissais pas.

— Le sanctuaire a été créé il y a une dizaine d’années seulement.

— Et les humains ne dérangent pas ces villages ?

— Evergreen a déjà connu quelques désagréments. Branavochies, non. La ville de Iaur abrite des vampires et d’autres créatures non-vivantes. Il interdit à ses résidents de sortir de la ville et il faut avoir son autorisation pour y entrer. L’autre ville, elle, recueille toute créature en difficulté, explique Aziel, il se gratte la nuque puis demande : Tu es au courant des trafics autour de cryptides ?

— J’ai déjà eu des échos…

— Firiel, la chef d’Evergreen, lutte pour libérer les cryptides réduits en esclavage.

 

Cela a toujours existé, les cryptides n’ont aucun droit, même ceux qui sont très proches physiologiquement des humains. Les humains les utilisent comme bêtes combat ou les forcent à se prostituer. Bien souvent, les individus qui ont réussi à s’évader, deviennent fous. 

Mes yeux se portent sur l’équipement accroché au mur : il y a une autre selle et d’autres enrênements, sans doute ceux de Silva. J’observe les autres étagères : tout est poussiéreux, les prix, les médailles, le matériel de manière générale. 

Aziel se lève et s’équipe d’une brosse en fils de cuivre pour gratter les écailles du drake. J’en repère une seconde et regarde alors Silva qui se tient à distance de nous. Je l’attrape de mes crocs, ce qui suscite l’intérêt d’Aziel qui suit mon mouvement de la tête, tandis que j’approche doucement de la créature.

 

Tu veux que je te brosse, Silva ?

 

Elle me dévisage quelques instants, puis baisse sa tête à ma hauteur. Elle souffle sur moi et ensuite se couche tout en me tournant le dos. Je dévisage alors Aziel avec un petit sourire. Il est franchement surpris par la réaction coopérative de la drakinne. Je ne me permets toutefois pas de lui monter dessus. Je tiens la brosse entre mes pattes avant pour la frotter, tout en gérant mon équilibre, plus que précaire. Elle est en pleine mue, cela doit la déranger. C’est plus un service que je lui rends qu’une réelle envie de sociabilité. Enfin, si cela peut me permettre d’établir un contact avec elle, c’est déjà ça.

 

— Le départ a lieu à quelle heure ? Je demande à Aziel qui frotte Fafnir avec énergie.

— Treize heures, mais je dois me présenter vingt minutes avant pour prendre mon dossard et faire faire le bilan de santé de Fafnir.

— Tu ne l’avais pas déjà fait ?

— Celui-là sert d’autorisation pour l’inscription, seulement, il y a plusieurs contrôles de santé durant la course.

— J'ignorais que c’était aussi pointilleux.

— Certains drakes se donnent trop au début de la course, notamment les jeunes. Il vaut mieux les faire sortir que de risquer des problèmes de santé après.

— Ta dernière course remonte à quatre ans, si je ne dis pas de bêtise ? Tu as vérifié que ta tenue te va toujours ?

 

Il écarquille les yeux et se redresse illico pour retourner en courant comme une ballerine, dans la maison, ce qui me fait avoir un petit sourire. Fafnir baisse la tête vers moi pour me dire :

 

Aziel pense à tout le monde, sauf à lui.

 

Même s'il était seul ? Pensé-je pour moi-même. 

Fafnir se tourne à présent vers la drakinne qui est toujours allongée. Et vient lui souffler dans le cou, ce qui lui vaut un claquement de dents de sa part… Réaction qui m’a fait sursauter, je l’avoue.

 

Quoi ! Gronde Silva.

Rien, rien, cela m’étonne que tu ne grognes pas.

 

Elle renâcle tout en se secouant pour protester contre les dires de Fafnir qui continue de l’ennuyer en lui soufflant dessus. La drakinne fait semblant de le mordre, bien que cela ne me mette pas franchement à l’aise. Silva gronde une dernière fois contre le drake qui finit par reprendre ses distances pour aller se gratter contre la paroi de séparation tout en s’adressant à moi :

 

Les humains n’aiment pas Aziel, mais ne t’en fais pas, c’est un bon maître.

 

Je ris, il me prend pour un cryptide apprivoisé ? La porte d’entrée claque et je me retourne sur Aziel revenu parmi nous, mais sans tenue.

 

— Je devais oublier quelque chose, la tenue passe, mais plus les bottines, Ulrick me prête les siennes, je vais vite les chercher.

 

Fafnir se penche pour l’aider à grimper sur son dos et les voici qui disparaissent hors de mon champ de vision. Je m’attendais à ce que Silva les suive, pourtant cette dernière est toujours allongée à me regarder tout en se dandinant comme un serpent, pour me faire comprendre qu’elle aimerait que je continue ma besogne.

Je m’y attèle tout en la surveillant au cas où elle viendrait à changer d’avis, puisque je n’ai pas envie de me prendre un coup de dent de sa part.

 

Si tu laissais Aziel te frotter, tu te débarrasserais plus facilement de ta mue.

Il s’occupe de Fafnir.

Si tu veux qu’il le fasse, demande-le-lui.

Il n’est pas mon meneur.

Je ne le suis pas non plus et tu me laisses faire.

Tu n’es pas meneur. Tu vas rester avec Aziel ?

Pour l’instant.

Il ne doit pas rester seul.

Pourquoi tu ne lui parles pas ?

Il n’est pas mon meneur.

Il s’occupe de toi, il aimerait bien que tu aies des interactions avec lui.

Si je ne peux pas faire le lien avec le drakon de Camélia, je le ferais avec celui d’Aziel.

 

J’écarquille les yeux, alors que je comprends la façon de penser de la créature. Elle attend qu'Aziel devienne père pour se lier à sa descendance ! 

 

Et, si Aziel ne se reproduit pas ? Tu vas continuer à le bouder ?

Maintenant, il le peut : tu es de son espèce. Quand tu seras en chaleur, fonce-lui, dessus !

 

Je me retiens de rire sur le coup, je ne suis pas un drake ! Et je ne suis pas la bonne personne pour cela de toute manière.

 

Et, la fille d’Ulrick ?

Je ne veux pas d’un humain, ils ne parlent pas comme Aziel et Camélia.

Camélia te comprenait ?

Oui.

 

Attends, comment ça, elle la comprenait ? Je suis sûre que j’étais incapable de comprendre les animaux avant ma transformation. À moins que pour les humains d’Ecolyn, cela puisse être différent grâce au lien ? J’ai remarqué qu’Aziel a les oreilles pointues, il les cache avec ses longs cheveux. Les miennes ne l’étaient pas, avant l’éveil, donc… Soit les Villageois qui ont un drake peuvent les comprendre, soit sa mère avait les gènes actifs ou elle était d’une autre espèce de cryptide et le divalis serait alors son père ? Difficile à dire, mais cela peut encore être possible.

J’ai enlevé toute la mue de la drakinne qui se secoue tout en se relevant tandis que l’on entend Aziel et Fafnir revenir à l’écurie. Aziel pose pied au sol, les bottes en mains, tandis que Fafnir, lui, retourne auprès de Silva. Je me redresse pour me traîner jusqu’à lui qui se penche sur moi.

 

— Vous avez fait vite.

— J’ai envoyé un message à Ulrick avant de partir, je vais me doucher.

 

J’acquiesce et me tourne sur Silva qui entre sa tête dans ses épaules et fait un mouvement comme si elle allait me foncer dessus. Fafnir et Aziel la regardent alors, perplexes, tandis que je m’empresse de passer devant le bicolore et de rentrer dans la maison, avant que je n’explose de rire. Aziel qui m’a suivie, me demande, narquois :

 

— C’était quoi, ça ?

— Elle m’a donné une technique de drague, dis-je en riant jaune.

— Charger dans le tas, dit-il, amusé.

— J’ai un peu parlé avec elle, elle attend que tu aies un enfant pour se lier à lui.

— C'est bien qu'elle t'ait parlé, mais elle va attendre longtemps, réfute-t-il.

— Qui sait, si tu viens avec nous, tu trouveras peut-être ton âme sœur ?

 

Il souffle du nez, affichant un rictus moqueur. Je me sens stupide sur le coup, il ne pourrait pas venir avec nous. Aziel devrait quitter Ulrick, sa maison et son travail pour cela.

 

— Merci d’avoir parlé avec Silva, déclare Aziel.

— Je n’ai pas fait grand-chose.

— Elle accepterait probablement plus facilement un enfant.

— Je ne sais pas, elle m’a dit qu’elle ne voulait pas d’un humain parce qu’elle ne communique pas avec eux. D’après ses dires, ta mère la comprenait.

— Ma mère ne m’en a rien dit…

— Elle ne possédait pas d'oreilles pointues ou de canines proéminentes ? 

— Si c’était le cas, je n'y ai pas prêté pas attention, dit-Aziel, bien qu’après réflexion, celui-ci ajoute ; Quoique… Je n’ai aucun souvenir d’elle avec les oreilles dégagées.

 

Aziel me dévisage, pensif, j’espère que je ne le trouble pas avec ça, maintenant.

 

— À vrai dire, si je ne suis pas de sang pur, j’aurais dû naître avec des gènes actifs. À moins que le phénotype soit dominant ?

— Le quoi ?

 

Il est reparti en mode véto…

 

— Mon charabia veut juste dire que le gène qui masque celui qui permet notre transformation est dominant.

— Je vois… et ça va aller pour la course avec tout ça ?

— Ne t’en fais pas. Je me demande si Ulrick est au courant pour ma mère ? En y réfléchissant, toi non plus, tu n’es pas pure, puisque ton père est humain.

— C’est vrai, dis-je en balançant doucement la queue.

 

Il pourrait tout de même me sourire quand il me parle, histoire que je sois certaine qu’il ne soit pas plus troublé. Il s'éclipse pour aller se laver et quant à moi, je retourne dans sa chambre m’allonger sur le lit. J’attrape la télécommande pour allumer la télévision, qui me fait friser l’arrêt cardiaque en envoyant un volume sonore bien trop élevé. J’entends un tiroir se refermer avec fracas, Aziel a été surpris lui aussi. Je m’excuse à haute voix et change de chaîne jusqu’à trouver celle qui diffuse la course. Je reconnais la journaliste qui est venue courtiser Aziel hier soir, ainsi que Ulrick qui fait partie des membres du jury !

Les pilotes qui vivent à l’autre bout du terrain, sont déjà sur place. J’entends d’ici Aziel jurer tout seul. Je le taquinerais bien pour le détendre, mais j'ignore si cela est une bonne idée.

Toute cette animation me rappelle les bons moments de mon enfance ! Si ce n’est qu’il manque deux éléments au tableau qui se dessine dans ma tête. 

Encore une fois, la culpabilité m'envahit, alors que je ressens de la joie à l’idée de voir Aziel participer à une course, d’être ici à Ecolyne dans la maison d’une personne dont j’ai été fan et de côtoyer un garçon pour qui j’ai eu de l’intérêt. Alors qu’à côté de cela, j’ai réduit à néant l’existence de deux personnes qui ne le méritaient pas. Je secoue la tête pour chasser mes idées noires et me concentre sur Aziel sortit/ sorti de la salle de bain.

Il ajuste sa combinaison qu’il vient d’enfiler. Je ne me rappelais plus que cela faisait autant power rangers. Elle est de couleur verte, noire et blanche, faite de cuir, comme celle des motards. Ils ont aussi un casque assorti. Il s’assied sur le lit pour lacer ses bottines de cuir.

 

— Bordel, j’ai mis deux paires de chaussettes, je n’aurais peut-être pas dû, proteste-t-il.

— On craint d’avoir les orteils gelés ?

— Ne rigole pas, c’est le premier endroit où j’attrape froid quand je monte Fafnir.

— Moi, c'est le ventre, surtout quand il neige.

— Avec la fourrure que je me paie sous ma forme animale, ça va. Par contre, je collectionne les glaçons et quand je rentre, je fais le double de mon poids.

— Un bonhomme de neige, ris-je.

 

Il a fini de mettre ses chaussures, il marche un peu, tout en grimaçant avant de venir s’asseoir pour faire les derniers ajustements. Cela se voit que sa tenue est juste. 

 

— Les combis sont renforcées, mais la mienne est une ancienne version, elle n’est franchement pas souple, m’explique Aziel en s’étirant.

— Ce n’est pas dangereux de concourir avec une vieille tenue ?

— Cela ira pour cette fois, je l’ai entretenue.

— Pourquoi avoir repris maintenant ?

— Je n'en sais rien… Un caprice sans doute.

 

J’en penche la tête de côté, j’ai senti son cœur accélérer. C’est comme si une vibration m’avait traversée. C’est bizarre, vraiment, je n’arrive pas à décrire cette sensation. Pendant un instant, son cœur battait à la place du mien, dans ma tête, j'en ai eu l’image. Le mien s’affole, c’est effrayant ce qu’il vient de se passer ! Ce n’est pas la première fois, mais pas de façon aussi claire et pour bien faire, mon mal de tête ce réveil. Je lui demanderai après la course si cela lui est déjà arrivé. 

 

— Je pars seller Fafnir, je te dis à ce soir après la course.

 

Il se penche alors sur moi, tout en attrapant mon museau pour me faire un bisou. Je n’ai pas le temps de réagir, qu’il m’a déjà lâchée tout en me regardant avec de gros yeux, comme s’il avait fait ça sans réfléchir.

 

— Je ne suis pas un chien ! Protesté-je.

— Pardon ! Habitude avec Fafnir, dit-il complètement rouge.

 

Il s’en va comme un courant d’air… Fafnir ou un chien, je ne suis pas un animal de compagnie, bon sang ! J’inspire profondément pour calmer mon stress puis je me concentre sur la télévision. Il y a des images des stands de nourriture, des interviews de bénévoles, de pilotes, de villageois et de touristes venus voir le départ. Un hélicoptère va suivre les coureurs pour le direct.

L’humain à l’antenne explique que le parcours fait cinquante kilomètres. Les coureurs doivent en faire deux fois le tour, puis aller au poste de contrôle pour vérifier l’état des écolyns, deux fois de suite, avant de partir sur le tour qui clôture la course.

J’entends Aziel quitter l’écurie, la course commence dans vingt minutes, il voulait vraiment éviter la foule pour partir aussi tard ? J'entends grâce aux enceintes, le nom des sponsors défiler et juste après le nom des pilotes et de leurs drakes. Quelle imbécile je fais à me sentir euphorique juste parce que l’on mentionne le nom d’Aziel et de Fafnir dans les haut-parleurs. Les pilotes sont à l’écran, ils sont sur le départ.

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