The Dark Love (& Matt le jukebox)

Chapitre 7 : Souvenirs cachés ooOoo Colocataires ooOoo

1793 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/06/2022 14:33

Souvenirs cachés – première partie



ooOoo Colocataires ooOoo

 

 

Artus était allongé sur le canapé convertible de son petit appartement, ou plutôt, il était allongé sur une fille, elle-même allongée sur le canapé convertible de son petit appartement. C’était une jolie brune, bien dotée par la nature, surtout au niveau de la gorge, et elle n’était pas farouche pour deux sous. Il l’avait rencontrée à la sortie du conservatoire. Elle venait souvent attendre ses copines violonistes devant la grande porte de verre, en vapotant son essence de fraise. Il avait croisé son regard à de multiples reprises, lui adressant un sourire mondain bourré de charme à chacune de ces occasions. Elle avait fini par comprendre le message. Elle l’avait accosté, une fois rencardée auprès de ses amies sur qui il était.

 

Artus sentait les doigts de la jeune femme se faufiler sous sa chemise débraillée et galoper sur son dos. Elle avait croisé les jambes autour de son bassin et se cramponnait à lui, sans laisser place à l’ambiguïté. Il n’avait pas eu le temps de l’emmener jusqu’à sa chambre, elle s’était jetée sur lui à peine la porte d’entrée refermée. Il avait donc opté pour le meuble confortable le plus proche, en slalomant entre les guitares entassées contre le mur. Ils n’avaient pas beaucoup parlé non plus. Ils se chauffaient depuis quelques minutes seulement, et les deux étaient déjà bouillants.

 

Artus cessa de peloter ses seins moelleux pour détacher sa boucle de ceinture. Aussitôt la vilaine curieuse glissa une de ses mains par l’ouverture opportune pour empoigner son jouet de cette fin d’après-midi.

 

Entre deux bruits de succion goulus de leurs langues emmêlées, le cliquetis de la serrure attira l’oreille d’Artus, il mit toutefois quelques secondes à réagir. La voix toujours très fluide et dynamique de Matthieu envahit la pièce.

 

— J’suis rentré ! Avant que tu m’engueules : j’ai toujours pas trouvé ton thé, alors je t’ai pris celui de la dernière fois. J’ai aussi pris du thaï pour ce soir. Comme d’hab, rien d’épicé pour ta v…

 

Matt s’arrêta de parler quand il croisa par hasard la paire d’yeux gris attentifs de la brunette échevelée, posés par-dessus le dossier du canapé, à côté du crâne ébouriffé d’Artus. Il termina plus lentement de retirer les sangles du gros sac à dos isotherme qu’il utilisait normalement pour ses livraisons, et le posa sur le comptoir de la cuisine avant de sourire poliment à leur invitée.

 

— Oh. Salut. Désolé vieux, j’savais pas que t’avais de la compagnie.

— Il n’y a pas de mal, je n’ai pas regardé l’heure. On va aller dans ma chambre…

 

Artus se redressa au mieux pour saluer son camarade de la main et faire les présentations.

 

— Je te présente Matt, mon colocataire et meilleur ami. Et Matt, je te présente…

 

Il y eut un blanc, Artus avait oublié son prénom. Était-ce Amélie ou bien Émilie ? Pour ne pas laisser s’écouler les secondes, le jeune machiste trouva une parade avec son audace masculine.

 

— Amy.

— Enchanté. Tu veux manger avec nous ? Je n’avais pas prévu qu’on soit trois, mais il devrait y avoir assez.

 

Amy retourna à Matthieu son sourire chaleureux, elle le trouvait extrêmement séduisant avec ses beaux yeux noisette chatoyant, son effet coiffé-décoiffé, sa silhouette allongée et sa dégaine décontractée dans son t-shirt vert foncé, mais Artus, lui, savait voir au-delà de son attitude avenante de surface. Il avait toujours l’impression que Matthieu se crispait lorsqu’il y avait une femme dans les parages, du moins une femme non musicienne, et plus encore collée à lui.

 

— On n’avait pas vraiment prévu de manger dans l’immédiat… répondit finalement Artus sur un ton lourd de sous-entendu.

— Ok, bah je vous laisserai une part pour quand vous aurez fini.

 

Matthieu fila se planquer derrière la porte du réfrigérateur pour ranger les commissions et leur laisser le temps de rejoindre la chambre d’Artus. Il ne voyait pas leurs corps derrière le dossier du canapé, donc il ne savait pas combien de couches de tissus il leur restait. Il préférait ne pas prendre de risque.

 

Artus guida sa belle par la main. Elle le suivit docilement, mais ne quitta pas des yeux le dos de Matthieu dans la cuisine jusqu’à ce qu’il soit totalement hors de portée de son regard insistant, quasiment avide. Une fois dans la chambre, Artus coinça sa conquête du soir contre le mur tout en déboutonnant rapidement sa chemise, ses lèvres vissées aux siennes. Son torse large imberbe découvert, il saisit fermement d’une main la mamelle droite de la jeune femme et glissa l’autre à l’intérieur de son jean pour ausculter son tanga au toucher.

 

Ils se laissèrent tomber en sous-vêtements sur le lit. Allongés l’un sur l’autre, ils continuaient de faire monter la température à coup de langues et de caresses. La galante s’arrêta un instant de l’embrasser, Artus pensait que c’était le bon moment pour dégrafer son soutien-gorge, mais elle releva trop haut son buste. Visiblement, elle voulait parler.

 

— Il est mignon ton copain.

— À ce qu’il paraît, répliqua Artus en tendant sa main infortunée vers la lingerie.

— Il pourrait peut-être se joindre à nous.

— Pardon ?

— Ne fais pas ton choqué… Un plan à trois ! C’est rare que je tombe sur deux beaux gosses en même temps.

— Pour information : Matt est gay.

 

Un léger battement de cils laissa entendre à Artus qu’Amy était vaguement surprise, mais elle ne se démonta pas, bien au contraire, ses prunelles scintillaient de malice.

 

— Et alors ? Il y en a que ça n’arrête pas. La curiosité…

 

Elle enfila sa main dans le boxer d’Artus pour titiller à nouveau son matériel.

 

— … n’est pas un défaut, de mon point de vue.

— Je suis d’accord avec ça, mais…

— Demande-lui.

— Il va refuser.

— Aller !

 

Contraint et forcé, Artus soupira et attrapa son téléphone. L’aguichante fouineuse lui grimpa à moitié dessus pour regarder ce qu’il écrivait. Il n’appréciait que très moyennement ce manque de respect pour ses échanges privés, mais la vue plongeante sur ses jolies brioches enveloppées dans leur balconnet et le contact de ses cuisses fermes chevauchant les siennes le découragea à se montrer désagréable.

 

Dans la pièce à vivre, Matthieu, assis sur un tabouret, jouait avec sa fourchette d’un air maussade. Il s’était installé pour manger seul, bien qu’il n’ait pas faim. La simple odeur du curry le rebutait. La présence de cette intruse lui avait coupé l’appétit. Son portable vibra sur le bar de la cuisine. Il y jeta un œil sans conviction.

 

[La demoiselle souhaite ta compagnie… Si tu vois ce que je veux dire.]

 

Matthieu fixa longuement l’écran. Oui, il voyait, même s’il peinait à y croire. Aucune des visiteuses d’Artus ne lui avait fait ce type de requête auparavant. Il tapota l’écran tactile.

 

[Tu lui as dit que j’étais gay ?]

[Oui. Elle insiste.]

 

Matthieu réfléchissait autant à sa réponse, oui ou non, qu’à la façon de la formuler. C’était tentant d’une certaine manière, très, très tentant… Pas pour elle évidemment. Si le prix à payer pour être avec Artus était de tripoter une fille ou deux, pourquoi pas. Cependant, il connaissait Artus par cœur, et il trouvait ce message plus qu’inattendu.

 

Seul, dans le salon-cuisine-salle-à-manger-bureau riquiqui qui lui servait aussi de chambre à coucher, il n’avait pas besoin de faire semblant de sourire, il était affreusement sérieux en écrivant son texto.

 

[Et toi, t’en penses quoi ?]

 

Artus regarda le message s’afficher, sa courtisane lascive toujours agrippée à son buste. Son petit sourire en coin détaché, à la fois arrogant, nonchalant et terriblement sexy pour les femmes aimant ce genre d’homme, s’étira sous le soulagement. Il retrouvait bien là son ami rusé qui le connaissait parfaitement. Puisqu’on lui demandait franchement son avis, il pouvait reprendre la main sur sa soirée coquine, à sa manière. Amy faisait glisser son regard salace du visage d’Artus à l’écran de smartphone. La réponse l’étonnait, c’était probablement une blague, mais elle ne la comprenait pas.

 

Le portable de Matthieu vibra à nouveau.

 

[Moi je ne veux pas te partager. Avec personne.]

 

Matthieu se remit à sourire, il aurait pu se mettre à rire s’il n’avait pas été aussi fatigué.

 

[T’as raison, une merveille comme moi ça se mérite.

Profitez bien ;) ]

 

— Je t’avais prévenue. Pas trop déçue ? demanda Artus à Amy circonspecte.

 

Il éteignit l’écran et jeta son portable sur le côté, il ne voulait pas lui laisser le temps d’analyser les messages.

 

— Un peu si…

— Je peux assurer pour deux.

— Ils disent tous ça et au bout de cinq minutes c’est terminé.

— Crois-moi, c’est toi qui me supplieras d’arrêter.

— Ça aussi, ils le disent tous.

— Bon, tu le veux ton cunni ou tu préfères me vexer ?

 

Étendu sur le canapé, Matt n’entendait que trop bien les bruits de leurs ébats malséants. Artus était relativement silencieux pendant l’acte, mais il faisait régulièrement crier les filles, pas que de plaisir d’ailleurs. Parfois, il devait y aller trop fort. Et le lit grinçait.

 

Matthieu mit ses écouteurs sur les oreilles pour ne plus les entendre, il avait envie d’une vodka ou d’un whisky pour oublier sa jalousie, mais leur placard des spiritueux était vide. Il prit de nouveau son téléphone entre ses mains, hésitant à envoyer un message à Cyril. À la place, il ouvrit sa conversation avec Artus pour relire son message :

 

[Moi je ne veux pas te partager. Avec personne.]

 

Ces quelques mots lui redonnèrent le sourire.

 

— Ça, c’est ta meilleure boutade, vieux.

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