The Dark Love (& Matt le jukebox)

Chapitre 8 : Souvenirs cachés ooOoo La cravate ooOoo

1214 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/06/2022 21:38

ooOoo La cravate ooOoo

 

 

Matthieu grimaçait face au miroir de la salle de bain. Il en était à son quatrième essai et à son quatrième échec cuisant. Son regard se posait alternativement sur son reflet quinaud et sur son buste où pendouillait la cravate rouge qu’il avait emprunté à Artus. Elle commençait à être froissée à force d’être triturée et retournée. Ça ne devrait pourtant pas être compliqué de faire un nœud de cravate, en théorie. Les schémas sur internet étaient simples, et Artus y arrivait avec une facilité déconcertante, il était même fier de raconter qu’à sept ans il savait déjà les faire tout seul. Quel enfant de sept ans met des cravates ? songeait Matt. Il n’y avait bien que Mary et Eliaz Borg pour obliger leur petit garçon à porter des cravates.

 

— Tu t’en sors ?

 

Matthieu ne se retourna pas, il se contenta de contempler le reflet élégant d’Artus dans son costume noir, avec une autre cravate turquoise parfaitement ajustée autour de son col de chemise d’un blanc immaculé. Matt adorait le voir dans cette tenue. Il n’était plus simplement Artus l’apprenti-chanteur beau garçon, il devenait un personnage. Attirance et affection se faisaient ainsi vite rogner par les idées de Matt en matière de mise en scène, pour transformer Artus en icône.

 

Comme Matt avait laissé la porte entrouverte, Artus ne s’était pas gêné pour entrer dans la salle d’eau. Il savait ce que son ami y faisait, il n’y avait pas à craindre un incident impudique. Il ne souriait pas, mais Matthieu devinait aisément qu’il ricanait déjà intérieurement, alors il lui adressa un sourire cabotin à travers le miroir.

 

— Tu y tiens à ta cravate ?

 

Artus ne put retenir un soupir avant de laisser jaillir son rictus moqueur. Il pénétra dans l’espace exigu et Matt se retourna pour lui faire face.

 

— Laisse, je m’en occupe. Hors de question que tu te pointes à ma remise des diplômes complètement débraillé.

                                     

Artus se planta devant son ami, un peu plus près qu’il n’était nécessaire, pour ne pas se heurter à la faïence des toilettes. Il aurait bien exigé de Matt qu’ils sortent de la pièce, mais il ne lui faudrait pas plus d’une trentaine de secondes pour accrocher la cravate. Autant aller au plus simple.

 

Il passa ses bras de chaque côté du cou de Matthieu pour attraper l’accessoire à la base de sa nuque et vérifier qu’il n’était pas entortillé. Matt jeta un coup d’œil au poignet d’Artus enveloppé de sa manche de chemise tout près de sa joue. Un observateur extérieur aurait cru qu’il allait l’enlacer…

Une sensation électrique traversa l’échine de Matthieu jusqu’à éveiller le creux de ses hanches quand il sentit Artus frotter ses cervicales à la recherche de la cravate.

 

Son ami fit glisser ses doigts le long des deux morceaux de languette, tirant légèrement d’un côté, puis de l’autre, pour régler la longueur. Matt descendit son regard pour suivre le mouvement de ses mains. Elles étaient si grandes… Bien plus larges que les siennes, très masculines, pourtant leur peau était douce et lisse, délicate même. Artus était tout sauf un manuel.

 

Matthieu connaissait déjà la sensation de ces mains imposantes posées sur son épaule ou agrippant fraternellement sa propre main. En les voyant de si près, il pensait à ce qu’elles pourraient lui faire si elles s’aventuraient ailleurs, sur ses pectoraux par exemple, avant de descendre lentement vers le bas de son ventre, contournant son nombril pour atteindre l’hypogastre, et terminer leur course en s’emparant de l’incarnation physique de son désir ardent pour elles.

 

— Ne pas porter de cravate, j’appelle pas ça être débraillé, réussit à articuler Matt, en rigolant à moitié par-dessus son émoi amoureux en train de naître dans cette soudaine proximité.

 

Artus ne quittait pas la cravate des yeux, très concentré sur son ouvrage, il n’avait toutefois pas abandonné son sourire suffisant et amusé.

 

— Je suis dubitatif. Tu es le type le plus intelligent que je connaisse. Tu as une mémoire fabuleuse, un doigté de pianiste et une culture bien fournie, même si tu t’obstines à parler comme un banlieusard… Mais un truc aussi bête qu’un nœud de cravate te pose problème.

 

Matthieu leva enfin les yeux vers le visage de son partenaire en train d’enfiler le tissu dans la boucle qu’il avait formée. Artus et lui faisaient exactement la même taille, mais leurs corps étaient très différents. Tous les membres d’Artus étaient plus épais que ceux de Matthieu, la masse musculaire était plus importante, il en allait de même pour les cellules graisseuses. Sa peau était plus claire, bien que moins rosée, elle se rapprochait de la couleur du sable. Sa mâchoire était mieux dessinée, tout comme son nez aux proportions parfaites. Matt avait toujours trouvé son blair un peu trop grand en comparaison.

 

Ses cheveux d’ébène brillaient plus que les siens, simplement châtains. Ils étaient aussi plus fins et plus abondants, comme une crinière soyeuse. Matthieu n’avait pas la génétique d’un futur chauve, sa tignasse faisait partie de son charme, mais un charme inégalant celui d’Artus. Matt regrettait toujours que son partenaire les fasse couper trop courts pour se donner un air extrêmement soigné. Cette chevelure sombre et voluptueuse lui donnait tellement envie d’y fourrer ses doigts, et de la humer dans le stupre…

 

Matthieu avait la bouche la plus large, mais les lèvres pâles d’Artus étaient plus charnues, générant un appel constant aux baisers. Matt se demandait souvent de quoi il aurait l’air avec une moustache, de préférence un crayon, en mode gandin des années cinquante. Il se mit à glousser en y pensant, il n’y avait plus que cette solution pour se détendre et prendre tout cela à la rigolade. Sinon, il risquait d’un jour céder. Il risquait d’être pris d’un coup de folie et de combler les trente centimètres de vide qui restaient entre leurs deux corps virilement opposés.

 

— Chacun ses talents mon vieux.

— Voilà. Tu es presque aussi beau que moi comme ça.

 

Matthieu se retourna vers le miroir pour mieux regarder le nœud – parfait – et le reflet de la mine satisfaite d’Artus. Son sourire s’élargit lorsqu’il décida en son for intérieur que jamais personne d’autre qu’Artus ne lui nouerait une cravate autour du cou.

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