La prophétie de la dernière sorcière - Tome 2 : Vengeance

Chapitre 7 : Dragon-fées et fruits goûtus

3571 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/08/2022 15:19

Chapitre 7 : Dragon-fées et fruits goûtus


Jimbo était partagé entre le soulagement d’être enfin libre de ses mouvements et l’inquiétude de ne pas trouver toutes les plantes demandées par la vieille guérisseuse. S’il manquait à sa mission, Amoric en payerait les conséquences et Kogan ne le lui pardonnerait pas. 

La traversée du défilé vers Valperdu avait déjà pris plus de temps qu’il ne l’aurait souhaité. En effet, le sol était glissant de verglas, ce qui rendit la progression de sa monture, pourtant habituée à tout type de terrains d’après le soldat qui la lui avait confiée, laborieuse. Il était soulagé d’évoluer enfin sur le sol forestier. 

Il resta bouche bée devant les arbres pluricentenaires qui le dominaient de toute leur incommensurable hauteur et contrastaient avec leurs malheureux frères débités à leurs pieds. Son cheval l’amena spontanément vers le camp en perpétuelle construction et il découvrit alors, avec un frisson glacé, la scène de dévastation liée à la confrontation entre les hommes de main d’Audric et le dragon. L’état déplorable de Dimit lui revint en tête. Il avait vraiment peine à imaginer que Kogan était responsable d’une telle désolation.

À côté du chantier, des tombes fraîches attestaient des pertes humaines récentes. Un peu plus loin, des hommes étaient à l’ouvrage. Il montra son document à l’un d’entre eux, lui confia son cheval et s’enfonça dans la végétation à la recherche des plantes qu’il était venu récolter.

Les arbres étaient presque dénudés mais la forêt primale semblait avoir été épargnée par le gel. Ses fougères encore bien vertes tendaient leurs spires autour de Jimbo qui devait se concentrer pour différencier les feuillages des buissons. Il repéra une des plantes requises et creusa le sol pour en extraire des racines bulbeuses et tortueuses. Il récupéra quelques pas plus loin des feuilles d’une autre essence, puis à une demi-lieue de là, il trouva l’arbre dont la sève épaisse et cicatrisante devait être récoltée avec précaution dans un large pot occulté par un bouchon de liège. 

Ce n’était pas la saison idéale pour ce type de prélèvement mais l’arbre repéré par Jimbo présentait encore quelques feuilles vertes attestant que la sève persistait à circuler dans les hauteurs. Il entailla le dessous d’une branche maîtresse accessible et se servit d’une feuille souple pour guider le liquide visqueux dans le récipient. Concentré sur sa tâche, Jimbo remarqua trop tard l’épais silence qui s’était fait autour de lui. Une branche craqua dans son dos et il sursauta, manquant de peu de renverser la précieuse sève. Un grognement se fit entendre. Ses poils se dressèrent sur sa peau et son cœur se mit à battre à tout rompre, un prédateur se trouvait juste derrière lui. 


.oOo.


Néala suivait Elzannah et Maroussia dans la jungle bruissante de vie. Les arbres regorgeaient de fleurs chatoyantes aux parfums capiteux. De petits oiseaux colorés pépiaient, d’énormes papillons voletaient de fleur en fleur pour en savourer le nectar sucré. Différentes lianes s’accrochaient dans les arbres, se suspendant de l’un à l’autre en drapés délicats.

L’attention de Néala fut attirée par les fleurs de l’une d’entre elles. Intriguée, Néala s’approcha pour regarder de plus près. La couleur orangée et la forme étoilée de la fleur lui étaient familières. Elle huma et se remémora la plante séchée trouvée dans les bottes offertes à Kogan. Oui, celle qu’elle avait sous les yeux était de couleur plus vive mais présentait les mêmes caractéristiques de forme et de couleur ainsi que des étamines en spirales violettes.

– Néala, il faut qu’on y aille, s’impatienta Elzannah.

La guérisseuse préleva une longueur de liane pour l’étudier ultérieurement, elle la rangea dans sa besace et accéléra le pas pour rejoindre les deux autres femmes.

Elles arrivèrent au bord d’une petite rivière surplombée d’un pont de bois. Néala resta fascinée devant la structure dont les entrelacs délicats formaient un motif élégant. Le feuillage habillant le pont lui fit prendre conscience que les végétaux qui le constituaient étaient vivants. Maroussia lui expliqua :

– C’est la vieille Seliveli, qui avait le pouvoir de commander aux plantes et tout particulièrement aux arbres, qui l’a créé. C’est elle qui est à l'origine de la plupart de nos constructions, comme Wulfur, dont la magie concernait les roches, s’est sacrifié pour maintenir le portail pour que nos anciens puissent venir se réfugier ici.

– Seliveli, comme la déesse qui veille sur les forêts ?

– Oui, moi aussi ça m’a surprise d’apprendre ça, confirma Elzannah. A priori, Ninog et elle se connaissaient.

– Et Inati connaissait Sokar, se remémora Néala à haute voix.

– Comment le savez-vous ? questionna Maroussia.

– Il la nomme dans un vieux journal que nous avons trouvé dans la crypte familiale de Kogan. 

– Sokar serait l’ancêtre de Kogan ? Ça expliquerait pas mal de choses, murmura Elzannah.

Elles étaient toutes les trois au milieu du pont quand un bruissement d’ailes crépitant attira l’attention de Néala qui s’immobilisa, imitée par Elzannah et Maroussia. À une vingtaine de pas de leur position, au-dessus de l’eau limpide, des espèces de libellules dodues volaient en faisant des acrobaties. Il y en avait trois, deux d’une sublime nuance bleu-vert et la troisième dans les tons rouges. 

Néala sourit de leur vol facétieux. Les petites créatures semblaient jouer ensemble : elles effleuraient leurs reflets dans l’eau, les troublant dans des gerbes joyeuses, happant au passage des moustiques. Elles s’élancèrent soudainement les unes derrière les autres droit vers le ciel, puis se poursuivirent en formant des loopings et autres vrilles avant de redescendre en piqué pour effleurer à nouveau la surface. Elles reprirent ce manège à plusieurs reprises sous le regard des trois femmes fascinées.

De temps à autre, l’une ou l’autre de ces petites créatures irisées plongeait la tête dans de grandes fleurs pourpres qui poussaient parmi les autres plantes aquatiques de la berge. Sitôt la butineuse ressortie, les fleurs se refermaient, comme pour la nuit. 

En y regardant de plus près, Néala fut surprise de constater que ces bestioles n’étaient pas des insectes mais de petits reptiles dotés de quatre longues ailes translucides et iridescentes. De la longueur d’une main d’enfant, ils étaient dotés d’une tête délicatement ciselée aux écailles irisées, de quatre petites pattes griffues repliées sous leur ventre nacré et d’une longue queue pointue. 

Curieux, le rouge adopta un vol stationnaire devant Elzannah qui voulut tendre la main pour le toucher. Maroussia la retint : 

– Les dragon-fées se nourrissent de ki. Mieux vaut éviter de les toucher si vous ne voulez pas vous retrouver sans énergie. 

– Des dragon-fées ? Ils sont trop mignons ! s’extasia Néala qui ne put résister à l’envie de chanter à leur égard, à défaut de pouvoir les toucher.

Par jeu, elle invoqua son pouvoir de l’eau pour former des anneaux dans les airs et fut ravie de voir les ravissantes créatures répondre à son invitation en reprenant leurs acrobaties tout en passant au travers. Joueurs, les dragon-fées passèrent de l’un à l’autre, tournoyant dans un ballet aérien ravissant. L’un d’eux laissa échapper un petit cri joyeux. Tous trois vinrent tourner autour de Néala en gazouillant pour la saluer, puis repartirent butiner les fleurs de l’autre côté du pont.

Maroussia rappela la nécessité de reprendre la marche, arrachant Elzannah et Néala à leur contemplation émerveillée. Elles la suivirent vers une petite zone déboisée au milieu de la jungle. Un arbre monumental trônait dans cette clairière naturelle. Un escalier en colimaçon formé d’un arbre plus fin, au tronc et aux branches entrelacées, permettait de s’élever vers la futaie où les branches de l’arbre géant étaient organisées de telle façon qu’elles formaient les murs et le toit d’une singulière habitation. 

– C’est la maison de Shen-Lü. Elle préfère vivre à l’écart et surveiller les alentours depuis les hauteurs. Son arbre, nommé « Cime au vent », est le plus élevé de toute l’île. Suivez-moi.

Elzannah et Néala s’engagèrent derrière elle sur l’étroit escalier surplombant le vide. Elzannah qui avait toujours aimé grimper aux arbres gravissait avec assurance et plaisir de prendre de l’altitude. Néala, moins à l’aise, essayait de gérer les battements désordonnés de son cœur à l’idée d’une chute potentiellement mortelle, si elle venait à poser le pied de travers. Elle se concentra sur sa respiration pour reprendre son calme et rejoignit à son rythme les deux femmes qui l’attendaient sur une plateforme dotée d’un garde-corps.

La sensation de protection offerte par ce dernier permit à Néala de profiter du paysage en contrebas. De là où elles étaient, les trois femmes pouvaient voir la jungle alentour. Un raclement de gorge dans leur dos les tira de leur contemplation.

Du haut de ses soixante-dix-neuf ans, Shen-Lü était la doyenne des humains d’Asraya et, contrairement aux nains à l’espérance de vie bien plus longue, la seule survivante de ceux ayant franchi le portail, à l’époque de la création du refuge. Elle se tenait derrière les trois femmes et la sécheresse de son corps mince contrastait avec la douceur de ses yeux aussi sombres que sa peau. Sa chevelure d’argent coupée court laissait apparaître les volumineuses boucles d’oreilles qui ornaient ses lobes et dont la teinte carmin répondait à celle de l’étole légère qui enveloppait son corps frêle.

– Venez partager ma boisson et quelques fruits, proposa-t-elle, nous avons des choses à nous dire, mesdemoiselles.


.oOo.


Toujours confortablement installée sur l’épaule de Kogan, Zibellule écoutait avec attention les échanges houleux du guerrier avec ses vis à vis. Elle sentait la rage qui bouillonnait en lui, teintée de son inquiétude envers Amoric. En plus des natifs d’Asraya, une poignée d’adolescents provenant de Midrilemi s’étaient joints au Conseil, à la demande de Sang-Lin. Originaires des quatre coins du continent, ils étaient là pour partager leurs connaissances de l’Histoire depuis la grande épuration et de l’état géopolitique et économique contemporain. 

Chacun de ces jeunes gens était arrivé à Asraya par un hasard qui était en réalité un recrutement patiemment orchestré : suite à l’ouverture du portail, et grâce à ses visions, Zibellule identifiait les jeunes humains ayant le don et des duos d’êtres magiques allaient les chercher. Les uns avaient été attirés par ce qui semblait être des feux follets mais qui étaient en fait des fées, les autres par le chant de sirènes, les unes comme les autres étaient accompagnées d’une des sœurs Siliki qui partageaient le pouvoir de se téléporter dans un endroit connu et de se rejoindre instantanément. Au nombre de trois, elles pouvaient ainsi œuvrer à trois endroits différents et se rejoindre au portail en un battement de cils, emportant avec elles les personnes qui les touchaient.

Les sœurs Siliki s’alliaient aux fées dans les espaces boisés et aux sirènes dans ceux dotés de rivières ou autres étendues d’eau. À la mention des femmes à queue de poisson, Zibellule sentit la curiosité de Kogan se manifester. Intrigué, il demanda à les rencontrer. Le conseil s’accorda un moment de réflexion avant d’accéder à sa requête : la chasse pouvait être reportée à la nuit suivante. Kogan fut convié à prendre du repos dans la même hutte que la veille. Dès le lendemain matin, les jumeaux l’emmèneraient visiter Asraya et rendre visite à ses femme-poissons. 


.oOo. 


Son couteau fermement serré dans sa main, prêt à se défendre, Jimbo se retourna lentement pour faire face à la menace. Il laissa échapper un soupir de soulagement en découvrant la bête. 

– Freya ! 

La femelle lynx s’assit en ronronnant, les yeux mi-clos. Jimbo ferma précautionneusement le récipient empli de sève et l’entoura d’un lien pour s’assurer qu’il ne déverse pas son précieux contenu dans sa besace où il le rangea. Il reprit alors sa marche à la recherche des autres éléments. Le félin lui emboîta le pas et il la questionna machinalement sur ce qu’il était advenu de Kogan et Néala. Il ne s’attendait pas à ce que Freya lui barre soudainement le chemin, l’obligeant opiniâtrement à aller dans la direction qu’elle avait choisie. Chaque fois qu’il prétendait la contourner, elle lui barrait la route en grognant sourdement pour s’adoucir dès qu’il allait dans le sens qu’il voulait. Il se résolut donc à la suivre.

Freya finit par l’amener aux abords d’une large piste déboisée et piétinée qui menait droit à un cul de sac sous une immense arche de pierres ornées de runes. Une nouvelle fois, Freya barra le passage à Jimbo quand il voulut s’approcher. Il observa donc à distance et s’aperçut que, dissimulés dans la végétation, plusieurs soldats d’Audric surveillaient la zone. Jimbo envoya un regard entendu à la femelle lynx et murmura des remerciements silencieux. Il recula prudemment et disparut sous le couvert des arbres. L’animal le laissa s’éloigner sans plus intervenir.

Tout en cherchant ses ingrédients manquants, Jimbo nota mentalement l’emplacement de l’endroit où avaient vraisemblablement disparus ses amis. Le soir tombait déjà et il repartit donc vers le village en perpétuelle construction pour y passer la nuit. 

Un groupe de soldats était affairé autour d’un feu, cuisant deux lièvres dodus à la broche. Jimbo présenta son laisser-passer et la bouteille de liqueur forte qu’il avait prise. Ils acceptèrent de bonne grâce de le laisser se joindre à eux. Les gobelets se remplirent puis se vidèrent, les langues se délièrent et Jimbo eut confirmation de l’importance de l’arche de pierres. Il s’endormit ce soir-là avec pour projet de vite récolter les végétaux manquants pour retourner auprès d’Audric dans le temps imparti. Il s’arrangerait ensuite pour revenir dès que possible à Valperdu afin d’enquêter sur la disparition de ses amis.      


.oOo.


Après un dîner frugal, où la doyenne leur donna toutes les informations qu’elle avait en sa possession en échange de nouvelles de Midrilemi, Néala, Elzannah et Maroussia passèrent la nuit chez Shen-Lü. Elles profitèrent alors de la brise nocturne qui venait rafraîchir son abri perché et furent bercées toute la nuit durant par les bruissements des feuillages de la canopée, les stridulations des insectes et les chants des oiseaux. 

Au petit matin, la veille femme les éveilla en douceur grâce au fumet parfumé d’un thé accompagné de fruits frais. Elle laissa les jeunes femmes se restaurer puis interpella Maroussia :

– Ma jolie, montre donc aux demoiselles comment grimper au sommet de « Cime au vent », je vous y rejoins dans quelques minutes. 

–  Le sommet de « Cime au vent » ? questionna Néala.

– C’est le point le plus haut d’Asraya, expliqua Elzannah. J’en ai entendu parler mais je n’ai encore jamais eu la chance d’y aller.

– C’est par ici, indiqua Maroussia en contournant la maison perchée pour les amener au pied d’une vertigineuse échelle végétale s’élevant droit vers la plus haute branche de l’arbre et se poursuivant au-delà. Suivez-moi et accrochez-vous bien, l’escalade est un peu ardue mais la récompense est à la hauteur de l’effort.

La femme brune commença à grimper énergiquement, suivie d’Elzannah, ravie. Néala, qui avait cru défaillir rien qu’en regardant l’échelle interminable, lutta contre l’envie de retourner se réfugier dans la maison. Blême, les lèvres pincées et le cœur battant, elle empoigna un premier barreau et commença à monter, essayant de garder les yeux rivés devant elle pour ne pas voir le sol s’éloigner toujours plus.

– On est presque à la moitié, indiqua la voix de Maroussia un peu plus haut.

Déconcentrée et surprise par son intervention, Néala sursauta et sentit son pied d’appui glisser dans le vide, l’entrainant vers l’arrière. Son cœur manqua un battement puis s’emballa de plus belle quand ses mains moites d’anxiété glissèrent à leur tour. Elle poussa un cri strident en tombant dans le vide.


.oOo.


Tout comme Néala la veille, Kogan découvrit avec plaisir la faune et la flore d’Asraya qui étaient tellement différentes de celles de Midrilemi. Comme toujours, le guerrier notait mentalement tous les détails qui lui tombaient sous les yeux et il posait de nombreuses questions à ses guides pour engranger le plus de connaissances possibles sur son environnement immédiat. Les jumeaux, de nature nettement plus taciturne que Maroussia, se contentèrent de réponses laconiques énoncées d’un air blasé. 

Zibellule avait décidé de les accompagner. L’épaule de Kogan lui était confortable et elle appréciait partager ses ressentis, tout particulièrement comme ils étaient teintés d’agacement face à la pauvreté des réponses de Zonder et Palmoli. De temps à autre, elle lui murmurait à l’oreille des informations complémentaires et sentait sa satisfaction en retour. 

Les trois hommes marchaient depuis le matin et Kogan n’avait, pour l’heure, vu aucun signe du dépérissement dont avait fait état Sang-Lin. Tout ce qui l’entourait foisonnait de vie et il avait du mal à imaginer que ce monde était condamné à disparaître petit à petit, rongé par un étrange mal. Ils suivaient une piste serpentant à travers la jungle et menant vers la côte, d’après ce qu’on lui avait indiqué. Il avait hâte de découvrir si les sirènes ressemblaient à celles des histoires que lui racontait sa mère et était impatient de les rencontrer.

Zibellule sentit la tristesse et la rage de Kogan au moment où la pensée de sa mère le traversa. Elle lui caressa la joue du bout des doigts, le visage impassible et sous son contact, Kogan détendit les mâchoires qu’il avait serrées par réflexe. 

– On va faire une pause ici, le temps de manger un morceau et on repartira. Encore une petite heure et nous serons arrivés, annonça Palmoli en désignant une clairière où des sièges végétaux étaient disposés en cercle.

Kogan examina le mobilier vivant, intrigué. Comment des buissons avaient-ils pu prendre spontanément une telle forme ?

– C’est l’œuvre de Seliveli, lui murmura Zibellule à l’oreille

Le guerrier resta impassible. Seule la petite fée immaculée ressentit la surprise qu’il n’exprima pas. Il s’assit dans un des fauteuils et accepta une grande feuille lisse et un gros fruit étrange que lui tendait un des jumeaux. Il observa la manière dont les hommes pelaient et épépinaient leurs pilemis et les imita. Sous la peau orangée et épaisse, la chair se révéla bleutée et glissante sous ses doigts. Les pépins noirs et luisants étaient nichés au cœur du fruit, gros comme des haricots. Kogan les déposa à côté de ses morceaux sur la large feuille. Il mordit enfin dans un quartier de fruit après en avoir humé le parfum sucré. 

Un petit son ravi lui échappa quand ses papilles se réveillèrent au contact du pilemi. Comme l’odeur le laissait présager, le fruit était délicieusement sucré et fondant. Surprenamment, il laissa à Kogan un agréable arrière-goût légèrement acidulé et épicé. Appréciateur, il savoura lentement, profitant de toutes les sensations offertes. En un seul fruit, Kogan se trouva rassasié et désaltéré. Il repéra l’arbre correspondant et en rangea un dans le sac de toile qui lui avait été prêté avant son départ du village. 



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