La prophétie de la dernière sorcière - Tome 2 : Vengeance
Chapitre 16 : Infiltration
Tapie dans les fourrés, Freya fixait la biche qui s’était attardée, en retrait du troupeau, pour grignoter les bourgeons dodus des branches basses d’un frêne. La femelle lynx attendit que le cervidé soit dressé sur ses pattes arrière afin d’atteindre des branches plus hautes pour bondir sur sa proie. La biche essaya de s’enfuir mais c’était trop tard : les griffes aiguisées pénétrèrent sa chair puis les crocs acérés la saisirent à la gorge, mettant fin à sa vie. Le fauve savoura la viande fraîchement tuée, appréciant l’énergie procurée.
L’hiver touchait à sa fin et la bête avait perdu du poids malgré la profusion de proies dans la très ancienne forêt de Valperdu. Le froid, plus mordant que dans la région où elle avait vécu, et son isolement prolongé, loin de Néala qui avait toujours pris soin d’elle, l’avaient ramenée à son instinct primaire. Elle sentait dans l’air le printemps se préparer et, avec lui, la saison des amours. Elle avait d’ailleurs senti la présence d’un gros mâle en périphérie du territoire qu’elle s’était octroyé. Repue, Freya abandonna la carcasse aux charognards et partit vers l’arche de pierres.
Elle faisait régulièrement des excursions par là-bas et du côté du défilé de Valperdu, guettant la présence de sa maîtresse ou d’un des humains qu’elle connaissait. Malheureusement, une fois encore, aucune trace de quiconque. Rien d’autre que la neige immaculée, s’affinant par endroit mais masquant toute odeur autre que celle des rares animaux de passage.
Dérogeant à ses habitudes, Freya trottina vers le Nord, longeant le lac gelé. Une odeur de feu portée par le vent lui avait chatouillé les narines ce qui l’avait incitée à la suivre. C’est ainsi qu’elle trouva le Village Caché des Asrayens, qui commençait à reprendre de vie après des semaines d’immobilité rompue par de rares sorties pour chasser.
L’humeur de Kogan n’avait fait que de se dégrader au fil des jours. Il était devenu tellement irascible qu’il déteignait sur Elzannah qui était la seule à endurer encore sa compagnie. Elle en venait à être contaminée par sa rage et sa haine et ne se reconnaissait plus quand elle tombait sur son rictus dans un reflet. Elle se surprenait même à répondre agressivement au gens, y compris à la douce Maroussia ou aux enfants qui la solliciaient. Elle aussi était à saturation de cette immobilité forcée, tout en se sentant profondément affectée par l’état de Kogan.
Le guerrier venait justement de lui claquer la porte au nez après une énième dispute avec elle. Il lui avait déclaré qu’il partait, que son attente n’avait que trop duré, refusant de différer un jour de plus sa vengeance. Écarlate de rage, soufflant comme un bœuf, il marchait d’un pas vif dans la neige. Une plaque de verglas lui fit perdre l’équilibre et il tomba sur les fesses avec un cri de rage qui fit s’envoler des oiseaux et dresser l’oreille de Freya :
– Par Sokar, maudite soit Ninog et sa glace ! Qu’elle fiche le camp et laisse la vie reprendre son cours !
La vie… Le sens de ses paroles et leur cruelle vacuité lui sauta au visage et un voile de tristesse passa un instant dans son regard. Il la chassa aussitôt et entreprit de se relever. Il ne perçut que trop tard la présence à ses côtés, basculant sur le dos levant une main tout en tirant son couteau de l’autre pour se protéger de la silhouette quadrupède qui lui fonçait dessus.
Freya groula et se stoppa hors de sa portée dans une gerbe de neige. Leurs regards se rencontrèrent. Kogan lut dans les yeux mordorés la question muette. La tristesse le submergea à nouveau. Les yeux pleins de larmes contenues, il rangea son arme et s’assit lentement, tendant la main à la bête. Il avait peine à croire qu’il avait fait ce geste pour la première fois seulement quelques mois auparavant. Il avait eu tellement peur, ce jour-là. Il s’était senti tellement crétin de prendre un tel risque pour une inconnue. Et maintenant, cette inconnue qui était devenue une alliée, une amie, voire peut-être plus encore, était morte par sa faute… Et sa compagne à quatre pattes revenait à lui. Qu’allait-il bien pouvoir faire d’elle ?
Elzannah qui avait entendu son cri, ouvrit la porte pour voir ce qu’il se passait. Elle resta interdite devant la scène du guerrier assis dans la neige et papouillant un fauve adulte. La colère qu’elle ressentait depuis des jours retomba comme un soufflet. Elle retrouvait Kogan tel qu’elle l’aimait : vulnérable, humain, comme il ne se montrait plus depuis le drame. Ça faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de le surprendre ainsi qu’elle en venait presque à oublier ce qui faisait qu’elle l’appréciait. La jeune fille réalisa qu’il faisait probablement tout pour se rendre insupportable, pour la garder à distance, et il avait bien failli y arriver.
Elle s’empara d’un châle pour se préserver du froid mordant et rejoignit prudemment le duo insolite. Sa grande sensibilité ne lui indiquait aucune animosité de la part du lynx qui, les yeux mi-clos, la regardait s’avancer.
– Donne-lui ta main à renifler, murmura Kogan à son intention.
Elle obtempéra avec confiance et Freya frotta sa joue douce contre ses doigts. Elzannah garda le silence, sentant que Kogan, dont la tristesse se mêlait à une forme d’apaisement qu’elle partageait, avait besoin de temps. Elle se contenta de s’asseoir auprès de lui, profitant elle aussi de la chaleur et du ronronnement du lynx couché contre eux. Regardant le village autour d’eux, elle découvrit des visages curieux aux fenêtres et offrit des sourires rassurants. Les Asrayens respectèrent le recueillement de Kogan en restant chez eux. Il finit par rompre le silence :
– Freya est la compagne de…
Sa gorge se noua, le prénom peinait à sortir. Elzannah lui laissa le temps.
– La compagne de… Néala… souffla-t-il enfin tandis qu’une larme roulait jusque dans la barbe drue qui lui mangeait le visage depuis qu’il ne l’entretenait plus.
Elzannah s’autorisa à passer un bras autour de ses épaules pour se blottir contre lui en lui envoyant une vague d’apaisement. Il reprit :
– Qu’est-ce que je vais faire d’elle, maintenant qu’elle n’est plus là ?
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Sang-Lin hochait machinalement la tête en écoutant Manon qui lui faisait part du dernier rapport des fées concernant le dégel. Celles qui s’étaient aventurées au-delà du défilé, vers la campagne de Terrenoire, avaient indiqué que les vastes étendues montraient dorénavant de nouvelles herbes perçant à travers la neige par endroit. Dans la forêt, la sève remontait dans les arbres, développant les bourgeons sur les branches et les premiers perce-neige étaient sur le point de fleurir. L’hiver touchait à sa fin et la trêve avec lui.
– Merci, Manon. Tu vas pouvoir les inviter à se reposer et reprendre des forces. Sais-tu si les chasseurs ont fait bonne prise aujourd’hui ?
– Ils ont trouvé une carcasse de cerf fraîchement tué donc leur travail a été facilité. C’la dit, la viande c’est pas c’qu’il nous faut à nous. Vivement que les beaux jours reviennent, qu’on puisse profiter du nectar des fleurs et des fruits.
– Oui, je sais, ça nous a changé toute nos habitudes… Tué par quoi, le cerf ?
– Un fauve d’après c’que j’ai compris. Plus petit que les smilodonis de chez-nous. Kogan a émis l’hypothèse que c’est l'œuvre du lynx de sa compagne.
– Possible. Cette bête n’a pas l’air agressive donc je la tolère pour le moment, mais avertis-moi si tu as vent du moindre problème.
– Promis, cheffe. Pour avoir vu un smilodonis gober une de mes sœurs, je ne prendrai pas de risque avec un lynx.
Les smilodonis… Mis à part celui qui avait poursuivi un chasseur à travers l’arche une fois, tous étaient restés à Asraya et ce n’était pas plus mal. Sang-lin eut une pensée attristée pour les nombreuses créatures qui n’avaient pas pu les suivre à Midrilemi. Les adorables dragon-fées, les oiseaux, les papillons… tant de merveilles qui n’auraient pas pu survivre à l’hiver et avaient été condamnées par la noirceur. Les Aasrayens avaient tenu un conseil pour réfléchir à comment faire pour les préserver, en vain. Ils avaient dû se résoudre à les abandonner à leur triste sort. La priorité allait à la survie des êtres humanoïdes. Certains avaient d’ailleurs choisi de ne pas quitter le refuge, préférant disparaître avec lui plutôt que de revenir affronter les humains sur le continent.
– Les fruits me manquent, à moi aussi. Il vous reste du miel ?
– Oui, mais nous arrivons au bout des réserves. Heureus’ment qu’on a encore des fruits secs.
– Oui. Bientôt les beaux jours reviendront et, si tout se passe bien, l’année prochaine on pourra faire des réserves pour mieux passer l’hiver.
– L’av’nir nous l’dira.
– Oui. Il est temps de nous préparer à lutter. Peux-tu m’envoyer Zibellule, s’il te plaît ?
– Bien-sûr, cheffe, tout d’suite, cheffe.
La fée s’envola à la recherche de la plus immaculée de ses congénères. Elle la trouva chez Kogan, comme souvent, et lui fit part de la requête de Sang-Lin. Peu de temps après, Zibellule quittait Village Caché en direction du Camp d’Audric où elle avait été envoyée en repérage. Sa blancheur lui permettait de se fondre aisément dans le paysage et, comme la plupart des fées, elle était peu sensible au froid. Elle se réjouissait de découvrir ce qu’il était advenu de Néala. Était-elle aussi blessée qu’elle en avait l’air ? Était-elle finalement morte comme le pensait Kogan ? Bientôt elle saurait tout.
La fée albinos se servit du vent pour gagner de la vitesse sans effort. Bientôt, elle sortit du défilé et alla se poser sur le toit d’une des cahutes, étudiant le camp. Des émotions fortes émanaient d’un peu partout : dans la caserne, beaucoup de frustration, d’une maisonnette émanait de la souffrance et de l’angoisse, probablement l’infirmerie, une rage contenue venait d’une cabane un peu en retrait, Zibellule décida de s’en approcher.
Elle se posa derrière la fenêtre, se dissimulant dans la blancheur du jour. Néala était là, assise sur un lit, décharnée, comme si ses muscles avaient fondu. Il se dégageait d’elle de la faiblesse, de la souffrance et de la culpabilité. Face à elle, un homme aux longs cheveux châtains. C’est de lui que venait la haine. Il laissait à la petite fée une sensation comparable à l’émotion que traînait Kogan depuis qu’elle le connaissait.
Des images du passé et du futur des deux personnes s’imprimèrent dans le cerveau de la petite fée, lui révélant des informations sur eux. Intéressant, l’homme avait assisté à des scènes d’horreur avec un dragon et il se retrouverait en combat singulier avec Kogan. Apparemment, il lui en voulait. Quant à Néala, elle avait traversé beaucoup de douleur et semblait avoir perdu toute confiance en elle. Zibellule la voyait néanmoins prochainement sur pied et assistant au combat des deux hommes. Voilà qui était prometteur.
Zibellule aurait bien continué son analyse mais il lui fallait trouver Audric et sonder un peu ses projets. Elle continua donc, en toute discrétion, sa visite du camp. Elle fit un détour par l’infirmerie, profitant du passage d’un homme pour entrer dans le bâtiment et se réfugier au-dessus d’un meuble. Il y avait une forte odeur de plantes médicinales et de plaies purulentes dans ce lieu. Les blessés étaient peu nombreux mais bien amochés.
Un homme roux à forte carrure apparaissait couvert de bandages et semblait avoir été victime du feu. Il se forçait à se mettre en mouvement et la petite fée percevait toute la souffrance émanant de l’arrière de son corps et des ses muscles atrophiés. Étonnamment, il ne se dégageait de lui ni rage, ni peur, juste une implacable volonté dont Zibellule se détourna pour porter son attention sur les autres blessés.
D’aucuns portaient des traces de brûlures et plusieurs avaient perdu un membre ou étaient défigurés. Chez eux, la souffrance physique se mêlait à une angoisse terrible et au désir inavouable de rentrer chez eux. Une vieille femme rabougrie mais vive prodiguait les soins aux uns et aux autres, les stimulant avec douceur mais fermeté, aidée par Jimbo de qui émanait une forme d’impatience, de frustration et d’inquiétude. Passée la surprise de le trouver travaillant là, Zibellule constata qu’il ne semblait que peu concerné par l’état des blessés dont il s’occupait, ce qui n’était pas étonnant puisqu’il était retenu par le roi.
– Jimbo, allez donc aider Dimit à faire quelques pas. La cicatrisation est suffisamment avancée, il est temps qu’il se remette en mouvement ou il restera définitivement handicapé.
Le géant s’exécuta soutenant le rouquin pour l’aider à se lever de la couche. Dimit serra le dents en sentant sa peau s’étirer douloureusement, comme si elle allait se déchirer, et ses muscles gémir sous le poids de son corps amaigri. Il chancela sur ses appuis mais tint bon, s’appuyant lourdement sur le prisonnier pour avancer jusqu’à un fauteuil et s’y laisser tomber lourdement.
La porte s’ouvrit à ce moment-là, laissant entrer Audric. Il fronça le nez, agressé par les odeurs, et se dirigea vers son bras-droit.
– C’est satisfaisant de te voir redressé après des semaines entières allité. Tu penses pourvoir reprendre du service bientôt ? Le dégel à commencé et je vais avoir besoin de toi. Ça m’ennuierait de devoir te remplacer par Nikushi, même s’il montre de belles compétences.
– Je fais au mieux, grimaça Dimit, épuisé par son effort.
– Très bien. Je te laisse continuer alors. Je repasse dans quelques jours histoire de voir comment tu progresses. Pour l’heure, tu respires la faiblesse, mon vieil ami.
Zibellule ressentit l’effet des mots du roi sur son homme. Elle ressentit sa blessure et sa colère teintée de tristesse.
C’est à ce moment-là qu’elle se retrouva prise au piège d’un tissu sombre qui lui avait été jeté dessus. Elle se débattit mais on referma l’étoffe autour d’elle, lui interdisant tout mouvement. Elle hésita à crier mais il y avait trop d’ennemis à proximité et elle ne percevait pas de mauvaises intentions de la part de son ravisseur qui la glissa dans sa veste. Ballottée, mais calée contre un coeur battant la chamade, elle sentit la vibration de la voix de Jimbo qui saluait la guérisseuse puis entendit la porte se refermer derrière eux.
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Amoric leva un sourcil étonné face à l’agitation de Jimbo, qui traversa d’emblée la pièce à grandes enjambées pour s'asseoir à côté de lui sur sa couche.
– Il faut que je te montre qui j’ai trouvé, lui murmura-t-il à l’oreille en sortant précautionneusement le morceau d’étoffe qui lui avait servi à envelopper Zibellule.
La fée en surgit, faisant bondir de surprise Amoric qui la fixait d’un air émerveillé.
– Excusez-moi de vous avoir attrapée de la sorte mais vous n’étiez pas suffisamment discrète. J’ai vu un blessé vous fixer et j’ai eu peur qu’il donne l’alerte. Je lui ai donc administré un calmant avant de vous escamoter. Qu’est-ce que vous faites là ? Avez-vous des nouvelles de Kogan et Néala à nous donner ?
– Vous n’êtes donc pas au courant que Néala est ici depuis que nous avons tous quitté Asraya ?
– J’avais raison, c’est bien elle que j’ai aperçu. Je t’en avais parlé mais on n’a jamais trouvé l’occasion d’aller vérifier.
Amoric acquiesça et Jimbo reprit :
– Vous avez pu lui parler ? Est-ce qu’elle va bien ?
– Non, je ne n’ai pas pu l’approcher mais elle semble se remettre de ses blessures et avoir une protection rapprochée.
Jimbo échangea une grimace de dépit avec Amoric.
– Une protection rapprochée ? Ça ne va pas nous aider à entrer en contact avec elle…
– Si vous me laissez partir, j’essaierai d’aller lui parler. Sang-Lin m’a envoyé m’informer des intentions d’Audric La Poigne mais rien ne m’empêche d’en profiter pour vous aider. Je suppose que vous n’êtes pas ici par choix.
– Évidemment pas.
– Parfait. Faites-moi sortir d’ici et je ferai ce que je peux.
– Je voudrais bien mais c’est impossible pour le moment. Il faudra attendre qu’ils livrent la nourriture pour vous éclipser discrètement. Pouvez-vous atténuer votre lueur ? Je crains qu’elle ne vous rende bien trop visible.
Zibellule dénia de la tête et Amoric leva le doigt pour indiquer qu’il avait une idée. Il désigna les cendres dans l’âtre et fit un mouvement rotatif de la main.
– Il propose que vous vous enduisiez de cendres, traduisit Jimbo.
Un frémissement de dégoût parcourut Zibellule. Elle secoua la tête pour s’éclaircir les idées à la recherche d’une alternative moins salissante mais dut se rendre à l’évidence qu’elle n’en avait pas. Avec un soupir résigné, elle suivit donc le conseil et dissimula sa clarté derrière la poussière noire. Elle put alors se fondre dans l’obscurité grandissante de la pièce.
– Maintenant que c’est fait, s’il vous plaît, racontez-nous ce qu’il s’est passé depuis que nous nous sommes rencontrés.
Après avoir relaté à sa manière le déroulement des évènements, Zibellule s’installa derrière la porte et guetta le moment de s’échapper. Elle détestait se sentir ainsi prisonnière et refusait la perspective de rester enfermée toute la nuit durant. Elle saisit donc la première occasion de s’éclipser, se faufilant dehors au moment où le garde en faction déposa le plateau des deux prisonniers. Elle prit alors de la hauteur pour survoler le camp à la recherche de la cabane où elle avait vu Néala.
Privée de sa lueur naturelle, la petite fée se trouva déstabilisée de voler à l’aveugle. Elle manqua à plusieurs reprises d’entrer en collision avec des obstacles dont elle avait du mal a évaluer la distance et dut monter plus haut que d’ordinaire pour limiter les risques. Plissant les yeux pour reconnaître les lieux éclairés par les flambeaux disposés dans le camp, elle finit par repérer la cabane où elle avait aperçue la femme rousse.
Elle descendit en faire le tour mais les issues étaient fermées et l’homme toujours présent. Elle n’allait pas avoir d’autre choix que d’attendre une occasion le lendemain. Zibellule se reprocha intérieurement de n’avoir pas choisi de rester le temps de la nuit avec Jimbo et Amoric. Elle aurait au moins été au chaud avec le ventre plein. À défaut d’un repas, elle se dénicha un repli dans la toile d’une tente proche de la cabane et se laissa glisser dans le sommeil, bercée par les ronflements des soldats.