La prophétie de la dernière sorcière - Tome 2 : Vengeance

Chapitre 28 : Perversité

3727 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/09/2023 21:18

Chapitre 28 : Perversité 


Audric dévisageait Isadora qui feignait l’impassibilité. Ses yeux bleu océan lui rappelaient ceux plus pâles de son père. Il y lisait néanmoins une douceur et une curiosité qui contrastaient avec la froide indifférence qui avait bercé son enfance. Elle attendait, assise près du feu, sa longue natte blond foncé était entortillée en un chignon complexe d’où s’échappaient quelques mèches folles qui venaient souligner les taches de rousseur parsemant ses joues et les rides d’expression au coin de ses yeux. Les mains rassemblées sur ses genoux, elle contemplait les flammes en lui jetant de temps en temps des regards furtifs.

Le temps s’étirait et il sentait l’impatience grandir en lui. Il se leva brusquement, faisant sursauter Isadora, ce qui le réjouit. 

– Ils sont bien longs à revenir, vos chers fils. Vous savez, ma chère, une part de moi espère qu’ils commettront un faux pas, rien que pour le plaisir de pouvoir renoncer à être un hôte courtois à votre égard.

Une étincelle d’indignation traversa le regard de la femme mais elle joua la soumission. Inutile de se montrer bravache. Elle avait des ressources mais aussi parfaitement conscience de ne pas faire le poids face à l’homme, en cas de confrontation. Mieux valait jouer la carte du dialogue, voire de la séduction, si cela s’avérait nécessaire. Cette pensée furtive de s’offrir à lui pour protéger sa vie et les siens lui provoqua un frisson de dégoût. Pourvu qu’elle ne doive pas en arriver là.

Zibellule revint à ce moment-là, interrompant ses sombres pensées et la déambulation d’Audric qui faisait les cent pas. Il fronça les sourcils en constatant qu’elle était seule.

– Où sont les jeunes Raggan ?

– Sang-Lin les a retenus auprès d’elle. Elle a décrété qu’elle ne négocierait qu’avec vous, au bord du ruisseau, quand le soleil sera à son zénith.

– Et elle sacrifie les otages sans état d’âme ? Cette femme me plaît ! Cela m’étonne d’ailleurs que ce cher Amoric laisse sa tendre épouse entre mes mains. Mais ce n’est pas pour me déplaire, ma chère, ajouta-t-il en effleurant la joue et le cou d’Isadora du dos de la main.

Un désagréable frisson lui parcourut l’échine et elle sentit ses poils se dresser sur ses bras. 

– À dire vrai, reprit Zibellule, elle a aussi dit qu’elle voulait qu’on lui rende les jeunes nains et la femme en bon état.

– Sinon ?

– Vous perdrez tout argument pour la négociation.

– Dommage… J’avais une série de projets tous plus excitants les uns que les autres à votre égard, ma chère. Vous n’êtes certes pas aussi fraîche que votre délicieuse fille mais les années n’ont en rien altéré votre beauté. Tout cela est très frustrant, Zibellule. Tu as bien conscience que, si je n’obtiens pas exactement ce que je veux, c’est toi qui en paieras les conséquences ? Après tout, tu as rejoint mes rangs il y a peu. Qu’est-ce qui me prouve que tu es réellement à mon service ?

– Effectivement rien, Seigneur. Néanmoins, sachez que j’ai eu la vision d’une bataille entre vos hommes et les Asrayens, il y a longtemps déjà. Le dragon y apparaissait à vos côtés et vous assurait la victoire. S’ils ne se soumettent pas, soyez sûr que vous les mettrez hors d’état de nuire dès demain.

– Parfait. Je répondrai donc aux contraintes qui me sont imposées mais préparerai ma riposte. Je me réjouis d’avance de cette rencontre ! 

Audric frappa dans les mains et un soldat accourut.

– Va informer le capitaine de la garde de préparer ses hommes et d’armer nos nouvelles recrues. Fais également porter du pain et de l’eau aux jeunes prisonniers et assure-toi qu’ils ne manquent de rien. Et envoie-moi quelqu’un capable de travailler le cuir. Je veux une selle sur le dragon pour demain matin ! 

– Pour demain matin ?! Mais ça va pas être possible.

– Ne discute pas et fais ce que je t’ai dit où il t’en cuira.

– Ou-oui, mon roi.

Le soldat détala dans la coursive, fouillant sa mémoire pour savoir à qui s’adresser pour cette histoire de selle.

– Bien, ma chère. Nous avons donc une délicieuse nuit à passer ensemble. À quoi pourrions-nous bien nous occuper ?

– Que diriez-vous d’une partie ? demanda-t-elle en désignant le plateau de jeu où trônaient les pièces patiemment sculptées par le roi.

– Une femme qui aime la stratégie ? Voilà qui est amusant. Laissez-moi le temps de mettre à jour mon document et jouons. Il serait intéressant de prévoir un enjeu, non ?

– Comme vous le désirez, Sire.

Elle brûlait de refuser mais craignit de le rendre agressif. Elle choisit donc de jouer la carte de l’ingénuité pour renforcer sa suffisance et ébranler sa concentration. Elle s’assurerait ainsi de le vaincre à son propre jeu. En attendant, il s’agissait de gagner du temps.


.oOo.


La grille grinça quand le garde l’ouvrit pour déposer une assiette contenant deux morceaux de pain et un bol d’eau à Ignil et Maugs. Il leur jeta également une couverture et referma. Les jeunes nains qui grelottaient blottis l’un contre l’autre s’enroulèrent avec bonheur dans la peau et burent un peu d’eau avant de s’attaquer au pain. Ce dernier était sec et ils durent le mettre à tremper pour réussir à satisfaire enfin leurs estomacs affamés. 

Du bruit hors de leur cellule attira leur attention et ils jetèrent un œil curieux au dragon assoupi. Il avait été lourdement enchaîné par les soigneurs qui avaient enfin terminé de panser ses plaies. L’un deux discutait à voix basse avec un soldat en uniforme et homme qui était chargé de peaux et de deux selles réquisitionnées parmi les effets des nouvelles recrues. Le tanneur, déniché lui aussi au sein des nouveaux arrivants était un homme d’une cinquantaine d’années, au visage aussi tanné que le cuir qu’il transportait. Il se grattait la tête en constatant l’étendue du travail à fournir.

– Et vous dites que le roi veut une selle pour mettre sur ce monstre.

– Pour demain matin, oui, confirma le soldat. Et notre Seigneur n’est pas homme à tolérer un refus.

– Je vois… Il a conscience que ce qu’il demande est quasiment impossible ?

– Il s’en fiche, croyez-moi. Ce qu’il exige, il l’obtient toujours. Je vais tâcher de vous obtenir de l’aide.

– D’accord. Et vous me garantissez que je ne risque rien ?

Le soldat se tourna vers le médecin qui hocha la tête.

– Le dragon est sous l’emprise du roi, il est enchaîné et nous lui avons fait ingurgiter des herbes pour le faire dormir et aider à sa cicatrisation.

– Très bien, alors mettons-nous au travail. Vous, allez me chercher mes apprentis et quatre hommes supplémentaires. Quant à vous, je vois que vous êtes épuisé mais j’ai besoin que vous m’aidiez à mesurer cette bête. Ça ne va pas être une mince affaire d’adapter la selle d’un cheval à son garrot démesuré.

 

Le dragon reprit connaissance alors que le tanneur était perché sur son dos, en train d’évaluer la longueur de sangle nécessaire à la fixation de la selle. La bête releva la tête et tourna son énorme œil saphir vers son cavalier. L’homme blêmit en constatant la taille des crocs d'ivoire qui dépassaient des babines noires. 

– Tout doux, je te fais juste une selle, murmura l’homme qui se surprit à claquer des dents.

La voix était plutôt apaisante malgré la peur qui irradiait de l’individu. Le dragon voulut néanmoins le déloger mais la pression dans son crâne lui interdisait tout mouvement agressif. La souffrance d’être privé de son libre arbitre lui fit lâcher une plainte qui serra le cœur des jeunes nains somnolents.

– Oui, j’imagine que tu n’es pas très heureux de ta situation, reprit l’artisan en se risquant flatter de la main ses écailles tièdes et brillantes. 

Un soupir lui répondit et il se laissa prudemment glisser au sol pour donner ses instructions à ses apprentis qui cousaient aussi vite que possible tandis que ses autres recrues découpaient le cuir selon ses tracés et enduisaient de graisse les pièces terminées. Les deux selles avaient été démontées pour créer celle à la mesure du dragon, bientôt il pourrait assembler tous les éléments pour offrir un confort et une sécurité adaptés au roi.

Un coup d'œil vers la sortie lui confirma que le ciel commençait à blanchir à l’horizon. Le temps lui était compté. Il carra les épaules, se remonta les manches et commença son assemblage. 


Le dragon s’agita quand ils vinrent poser le fruit de leur travail sur son dos et son estomac émit une plainte qui fit sursauter chacun. Il les sentait s’agiter autour de lui et il détestait ne rien pouvoir faire. La sensation du sanglage lui donna envie de les envoyer voler dans les airs mais, une fois encore, l’emprise du roi lui vrilla la tête, lui interdisant tout mouvement. Un hurlement de rage résonna dans son crâne. La conscience de Kogan luttait pour reprendre le contrôle. En vain. Bête et homme se débattaient de concert dans la souffrance et l’impuissance. 


Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Audric vint chercher le fruit de sa commande. Isadora le suivait tandis que Dimit fermait la marche. Elle sentit son cœur se serrer en découvrant le dragon enchaîné, sellé comme un vulgaire animal de bât. Le roi lui avait dit qu’il s’agissait de Kogan mais elle peinait à le croire. Comment cette créature pouvait-elle être son fils adoptif ?

– Alors Kogan, prêt pour une exhibition ?

L’homme, comme le dragon, répondirent par un grondement haineux qui galvanisa Zibellule, perchée sur l’épaule d’Audric, comme à son habitude. Ses ailes frémissaient de plaisir de le sentir si mal. 

– Kogan ? C’est vraiment toi ?

La tête reptilienne se tourna vers Isadora qui plongea le regard dans l’immensité saphir. La tristesse se communiqua de l’un à l’autre et le dragon détourna les yeux, influencé par la honte et la peine de Kogan. Il avait tant de choses à dire à cette femme, d’excuses à lui présenter, mais ça non plus, il ne pouvait pas le faire. 

– Allez, détachez-le et ramenez-moi les deux marmottes qui ronflent dans la cellule. Il est bientôt l’heure de notre petit rendez-vous. Isadora, ma chère, vous n’oublierez pas de rappeler que je vous ai bien traitée.

Effectivement, il l’avait fait. Sûr de lui, il avait promis de la laisser dormir dans son propre lit, si elle remportait la partie, sans quoi, c’était entre ses bras qu’elle aurait dû s’abandonner. Elle avait accepté l’enjeu et lentement tissé sa toile sur le plateau, feignant des maladresses pour déplacer habilement certaines de ses pièces, le déstabilisant par des attitudes ou des regards, le laissant croire qu’elle souhaitait perdre. La partie avait duré plusieurs heures et elle avait fini par la remporter. Voir le visage du roi se déformer de frustration lui fit craindre un instant que ses instincts masculins soient plus forts que sa parole mais il se contint et sauva l’honneur.

Les jeunes nains tout ankylosés et ébouriffés de sommeil furent pousser sans douceur vers le roi qui donna l’ordre du départ, se juchant crânement sur le dragon, laissant ses otages maintenus en respect par ses soldats.  


.oOo.


Sang-Lin s’était assise sur un rocher au bord de l’eau, en attendant Audric. Derrière elle, Gromki et Cromgur encadraient Karmina, leurs mains solides posées sur ses épaules pour l’accompagner dans l’attente. À leurs côtés, le clan Raggan faisait corps, inquiet du sort d’Isadora. Néala et Jimbo étaient également tendus, Maroussia, couvrait l’homme du regard. Les Asrayens étaient regroupés derrière et Wilfur gardait un œil sur Nikushi, qui restait enchaîné, malgré sa convalescence douloureuse.

Tout le monde guettait avec appréhension l’arrivée d’Audric et des otages. Enfin, le soleil arriva à son zénith et la silhouette imposante du dragon se découpa devant eux. Audric souriait de toutes ses dents, fier de son effet. Zibellule sur son épaule frémissait du sadisme qui émanait de lui.

– Rassemblez les otages contre la falaise. Zib, je vois que tu ne m’avais pas menti sur ta vision. Ils sont en effet tous là, lui murmura-t-il avant de reprendre d’une voix plus forte. Sang-Lin, j’ai répondu ton appel et, comme tu peux voir, les otages sont sains et saufs. Plie le genou devant moi au nom de ton peuple et je te les rends. Mets votre magie entre mes mains et vous aurez la vie sauve.

– Jamais je ne me soumettrai à ton autorité, Audric. Rends-nous les otages et nous discuterons d’un pacte de non-agression mutuelle. Nous ne voulons rien d’autre que de vivre en paix. Cette guerre a déjà fait trop de victimes. Laisse-nous libre de partir et de vivre nos vies et nous n’interférerons pas dans tes affaires.

– Vous me laisseriez donc Kogan sans condition ?

– Si tu nous rends les otages, oui. Le peuple Asrayen ne fera rien pour te le reprendre.

Le dragon laissa échapper une plainte muselée par la volonté du roi. Elzannah fut frappée par sa souffrance et voulut réagir mais Jared la stoppa. Il lui rappela les paroles de Sang-Lin. S’ils devaient agir pour Kogan, ce serait indépendamment des Asrayens, quand leur mère serait en sécurité. 

– Cela paraît si simple, dit comme ça. D’un claquement de doigts vous seriez libres et moi privé de votre puissance. Mais que fait-on de toutes les pertes que vous avez causées ? Cela mérite d’être châtié, vous ne pensez pas ?

– Nous ne faisions que nous défendre, lança Manon.

– Vous défendre ? En massacrant mes hommes et détruisant mes constructions ? Voilà qui est bien trop facile. Je te réitère ma proposition, Sang-Lin. Ploie le genou et je te rends les otages.

– Et si je refuse ?

– Kogan, tue-les. 

L’ordre frappa brutalement le dragon qui, piloté par la volonté du roi, sentit sa tête se tourner vers la falaise contre laquelle étaient liés Isadora, Ignil et Maugs. Le feu remonta le long de son cou et lui brûla la gorge. De la fumée s’échappa de ses naseaux. Les cris de désespoir et les suppliques des familles lui déchirèrent les tympans. La part humaine en lui hurlait de douleur dans une tentative désespérée d’empêcher la magie de faire son œuvre. À l’intérieur de la tête du dragon, la créature et l’homme luttaient, l’un pour libérer les flammes qui ne demandaient qu’à sortir et l’autre pour empêcher les mâchoires de se desserrer. 

– Je ne t’en veux pas, Kogan, cria Isadora à son égard.

Cette plainte pleine d’amour lui donna la ressource de lutter encore contre la volonté d’Audric qui influençait le dragon en lui. 

Le combat mental faisait gémir le dragon et laissait le visage du roi se perler de sueur. Tout le monde retenait son souffle.

– Tu refuses de les rôtir, soit. Je les tuerai moi-même, annonça Audric en sautant au sol.

Le dragon soupira de soulagement et secoua la tête, libéré de l’emprise insupportable

– Je vous en prie, Seigneur Audric, libérez Isadora et prenez-moi à sa place.

– Papa, non ! hurlèrent ses trois enfants en chœur.

– Amoric, nos enfants ont besoin de toi, renchérit sa femme, menton haut et yeux brillants.

– Je ne laisserai pas faire ça.

Sous les yeux satisfaits d’Audric, Amoric traversa le ruisseau pour se poster au côté de sa femme. Leurs trois enfants suivirent et un éclat de gourmandise passa dans les yeux du roi quand il regarda Elzannah traverser à la suite de ses frères.

– Elzannah, ma délicieuse enfant, venez plutôt à mes côtés. 

– Jamais !

– Même en échange de la liberté de ta mère, ton père et tes frères ?

Elzannah trembla un instant sous le regard concupiscent du roi. Ses proches protestèrent mais elle les fit taire d’un geste de la main. Elle carra les épaules, releva le menton et planta ses yeux dans ceux d’Audric, se nourrissant de la rage qu’elle percevait chez les gens qu’elle aimait.

– Je n’y consentirais qu’à trois conditions.

– Lesquelles, douce enfant ?

– Vous libérez ma famille, les deux petits et vous laissez partir tous les Asrayens.

Audric tendit la main vers elle.

– Venez, prenez ma main et le marché sera conclu.

La panique menaçait de la submerger. Sa mère pleurait en silence. Son père et ses frères voulurent la retenir mais elle leur opposa sa volonté de les sauver. Le contact rude de la main du roi sur la sienne lui firent prendre conscience que sa parole n’était que partielle. 

– Fuyez ! cria-t-elle au moment où Audric faisait signe à ses hommes d’attaquer. 

Amoric et Jared tranchèrent les liens qui retenaient les prisonniers et prirent Maugs et Ignil chacun sous un bras pour traverser le ruisseau et rejoindre les Asrayens. Arthur tirait par la main sa mère qui voulait s’élancer vers Elzannah pour la tirer des griffes d’Audric qui l’entraînait sur le dragon. 

Épuisé par la joute mentale pour sauver sa mère de cœur, Kogan ne put empêcher Audric de lui imposer de s’envoler. En-dessous, le combat faisait rage, lame contre magie, les soldats n’en menaient pas large et Nikushi souffrait de ne rien pouvoir faire pour se défendre.

– Retraite ! hurla Audric, faisant reculer ses hommes pour ordonner à sa monture d’arroser de flammes ceux qu’ils surplombaient. Elzannah poussa un cri déchirant en voyant l’enfer courir vers les Asrayens.

Tous s’étaient rassemblés en un groupe compact et couraient vers La Cloison, couverts par la protection aquatique prodiguée par Néala. Ils disparurent dans une ouverture et s’enfoncèrent dans les galeries, précédés par les deux maîtres nains qui avaient pris le temps d’explorer les cavités les jours précédents. Quand Audric survola à nouveau la zone, elle était déserte. Il jura entre ses dents et fit monter Kogan en piqué le long de la falaise. Elzannah cria, partagée entre le grisement lié au vol et la peur. Il raffermit son emprise sur sa taille fine et lui susurra à l’oreille.

– Vous voyez, ceux qui ont survécu sont tous libres, jusqu'à ce que je mette la main sur eux et les extermine un à un, douloureusement.

– Vous êtes un monstre !

– Vous n’avez pas idée, mon enfant. Mais vous aurez tout le loisir de le découvrir, maintenant que vous êtes à moi.

Ce fut le moment que choisit Kogan pour contre-attaquer. Frôlant la falaise, il fit une brusque embardée, essayant de désarçonner ses cavaliers. Audric s’agrippa mais Elzannah lui échappa. Elle poussa un hurlement glaçant en tombant dans le vide. 

Audric essayait de reprendre le contrôle mental mais Kogan luttait. Il parvint à la rattraper dans une de ses pattes griffues et s’arrangea pour la lâcher d’une faible hauteur.

Elzannah atterrit rudement à l'entrée d’une des grottes. Elle s’obligea à se relever alors que son corps hurlait de douleurs et que ses poumons s’étaient vidés de son air. Aussi vite qu’elle le put, elle gagna l’abri tandis que le dragon partait en vrille vers Terrenoire. 

Quand Audric, furieux, reprit le contrôle et parvint à le poser, le soleil commençait déjà à décliner. Le roi ordonna à ses hommes d’enchaîner le dragon et ordonna qu’on lui fasse ingérer des plantes calmantes. Il envoya informer les soldats de Camp Reculé qu’il était temps de préparer des vivres pour un retour sur Cité Centrale. Seule une faible garnison garderait le lieu.

À ses côtés Zibellule se repaissait de sa rage et de ses ressentiments. Elle savourait la peur des hommes qui l’entouraient, la souffrance des blessés, le chaos régnant. Le premier homme qui eut le malheur de déplaire à Audric fut roué de coups par ce dernier. Il laissa déchaîner sur lui toute sa rage, le frappant jusqu’à transformer son visage en une bouillie sanglante. Après ça, il se replia enfin pour boire et rassembler ses esprits. Les Asrayens lui avaient échappé mais le dragon était à lui et son règne de terreur purificatrice allait pouvoir démarrer.  


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