Douceurs de Décembre

Chapitre 10 : Pour Paolo

Chapitre final

794 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/02/2023 22:13

Pour Paolo,

Toi qui as maintenant partagé tant de choses dans ma vie, j’en viens à me demander pourquoi je ne t’ai pas écrit avant. Si tu ne peux pas répondre à cette lettre, j’espère seulement que tu la conserveras précieusement, près de toi, tandis que ses coins jauniront et que tout s’effilera. Depuis combien de temps partageons-nous tout ainsi ? J’ai cessé de compter, à dire vrai.

Cela dit, s’il y a bien une chose que je ne suis pas près d’oublier, c’est que nous nous sommes rencontrés lors de la Saint-Nicolas. Il ne s’agissait pas du jour exact de la Saint-Nicolas, mais c’était la seule date où tout le monde pouvait se rendre disponible. J’ai croisé tes yeux qui brillaient, et depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Nous avions passé la soirée à faire des bêtises ensemble, j’avais même dérobé à ma tante un de ses sablés qui venaient de sortir du four. Pardonne donc ma gourmandise, mais je n’avais pas la patience d’attendre tout le monde ! Je voulais vraiment les goûter, Saint-Nicolas n’attend pas !

Tes yeux brillent toujours aujourd’hui, et peu importe ce qu’autrui pourrait en penser, pour moi, tu as toujours le poil aussi doux et soyeux. Te souviens-tu, je m’étais même vexée car mon cousin s’était moqué de toi ! Je pense que c’est parce qu’il n’avait jamais vu de nounours aussi beau que toi Paolo. D’autant plus, un nounours avec un superbe sombrero vissé sur la tête ! J’ai beau me dire que j’étais très sensible aux clichés quand je t’ai nommé, je continue de penser que ce patronyme te sied comme un gant ! On s’habitue à tout, même à ça.

Avoir un ami comme toi, c’est aussi ne pas avoir besoin de mot pour se comprendre, pour être comprise. À travers tes yeux brillants, je vois en une fraction de seconde que tu as perçu ce qui tourmentait mes pensées ou intensifiait les battements de mon cœur. Il suffit que je te prenne contre moi, que ta petite patte se loge dans ma main, et les peines semblent moins accablantes, les réussites ont un goût encore plus appréciable. C’est, en somme, une affection, un lien que rien ne serait jamais susceptible de rompre.

Oh, tu sais, ce n’était certainement pas parce que je devenais adulte que j’allais t’abandonner. Oui, il est courant de se séparer de ses doux amis lorsque l’on s’essouffle davantage sur les bougies, mais ce n’est pas parce qu’un concept est commun qu’il me faut l’adopter. Il n’existe aucune bonne raison qui me pousserait à me séparer de toi, Paolo. Ton sombrero se trouera peut-être à cause de mon amour, mais je serai toujours là pour lui rendre le tissu perdu.

Il n’y a pas de hasard, petit ours. J’aime tant ma région et ses traditions, les valeurs de celles-ci englobent la fête du Saint-Nicolas, et c’est là que nous nous sommes rencontrés. Je vais t’avouer un secret. Je suis persuadée que si ma tante a pensé que je serais heureuse de te recevoir, c’est parce qu’elle trouve que tu es bizarre. Si elle pense que tu l’es, par conséquent, je le suis aussi ! Tous les petits ours ont le droit de s’habiller comme ils le désirent, et tu n’en es pas exclu Paolo.

En ce jour de Saint-Nicolas, célébrons donc notre amitié ! Cette dernière nous a très certainement permis d’échapper aux vils desseins du Père Fouettard. Tu présideras la table du repas de fête, et peut-être que je déroberai encore les sablés de ma tante ce soir ! Partager ce moment avec toi me comblera toujours. Je souhaiterais à n’importe qui d’avoir à ses côtés un petit ours aussi amusant que toi. Il me suffit de poser les yeux sur toi pour m’esclaffer, je suis si chanceuse de t’avoir ! Toi qui, sans un mot, recueilles mes larmes pour mieux absorber les orages, contemples les visages heureux pour mieux inscrire la joie dans ton cœur d’ours.

À chacun de mes pas tu seras là, à n’importe quel moment, tu ne seras jamais mis de côté. Cette amitié entre un petit ourson au sombrero bariolé et une humaine un peu loufoque, c’est la nôtre.

Ton humaine, Louise


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