Coeur sur pattes

Chapitre 1 : Je veux juste qu'on m'aime...

416 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/09/2024 18:41

Tu étais seul, dans une cage de fer grise, avec pour lit un panier de plastique et pour tapis un sol de béton. Malgré l’éventualité d’une promenade, tu ne disais rien, seul, à voir les gens passer, à entendre sans écouter les aboiements furieux de tes co-réfugiés qui espéraient, eux, sortir de leur cellule froide.

Tu n’as pas appelé. Tu n’as pas couiné. Tu m’as juste regardée.

Je ne sais pas si ce sont tes yeux ou ton silence qui m’ont attirée. Ou peut-être ta petite tête ébouriffée ? Je ne le saurai jamais. Mais je sais que tu m’as marquée, profondément et à jamais.

Je me suis approchée de toi. Tu as fait de même, de ton côté de la grille qui nous séparaient. Tu t’es assis en face de moi, ta petite patte brun-grise posée sur le grillage. Tu m’as léché les doigts, doucement, timidement, comme si tu craignais ma réaction.

Si je l’avais pu, je t’aurais pris dans mes bras. Si je l’avais pu, je t’aurais passé un harnais et t’aurais emmené avec moi. Si je l’avais pu, je t’aurais sorti de cette cage grise et froide où tu ne vivais pas.

Je ne connaîtrai sans doute jamais ton nom, ton âge, ni ton histoire, même si je l’ai entraperçue au fond de ton regard. Car tes yeux me disaient à quel point tu étais triste. A quel point tu avais souffert. A quel point tu as été brisé par cette trahison suprême que tu as subie.

En si peu de temps, tu as su me dire que tu voulais être câliné, que tu rêvais d’un foyer, mais que tu n’osais plus espérer un jour connaître la bonté d’une âme humaine. J’ignore depuis combien de temps tu étais enfermé, mais si je l’avais pu, je t’aurais libéré et t’aurais offert toute l’affection que tu méritais.

Quand je suis repartie, je t’ai laissé un fragment de mon cœur, avec l’espoir que quelqu’un réponde avant moi à ta supplication muette, à ta prière silencieuse que personne ne semblait entendre.

 A ces mots, qui se lisaient au fond de tes pupilles noires : « Je veux juste qu’on m’aime… »

 

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