Le banquet du roi

Chapitre 0 : Le banquet du roi

Chapitre final

615 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/04/2025 23:40

La grande salle était bondée.

Moultes convives y étaient rassemblés pour le banquet du roi. Cet événement bien que quotidien était toujours un spectacle pour celles et ceux ayant la chance de pouvoir y assister. Car n’est pas convié à la tablée du roi qui veut ! Non, seule la noblesse en avait le privilège !

Ces mêmes privilégiés faisaient grand bruit en discussions diverses et variées tandis que les bouffons répétaient leurs numéros. Cuisiniers et servants quant à eux s’afféraient aux derniers préparatifs dans l’indifférence générale.

Mais pour ces derniers, l’angoisse grandissait en même temps que le temps défilait. Le chef gardait encore les traces dans sa chair du repas précédent… Le roi mécontent de la qualité de la ripaille de la veille avait immédiatement châtié le pauvre homme. Mais il s’estimait chanceux, le précédent dirigeant de la tambouille avait connu un sort pire encore… Il faut dire que le repas qu’il avait concocté avait été médiocre ET apporté en retard. Deux fautes inacceptables selon sa seigneurie pour qui le repas est le seul moment qui vaille la peine de se lever.

L’heure fatidique se rapproche.

La cuisine est en effervescence alors que la grande salle s’agite de plus en plus. On n’y entendait des « Le roi sera bientôt là! » et d’autres « Tu crois que le repas va lui plaire aujourd’hui ?!» Ça et là au milieu d’autres conversations futiles.

Soudain l’assemblée fit silence. On entendait au loin le bruit caractéristique de la clochette annonçant l’arrivée de sa majesté. Un silence de plomb enveloppa soudainement la salle, telle une pierre tombant lourdement dans le sable. Le tintement se rapprochait. Les portes s’ouvrirent et l’annonceur déclara solennellement : « Mesdames et Messieurs : Le Roi ! ».

Sa sainteté franchit alors les portes sous les regards émerveillés des convives. Le grand souverain traversa alors les badauds venus assister à sa sustentation. Sa démarche était celle qui sied à son rang : fière et indifférente aux regards de la plèbe. Il ne gratifiait jamais un convive, ni qui que ce soit d’autres, d’un quelconque signe d’intérêt : car ils étaient tous inexistants à ses yeux.

Son altesse posa alors son royal popotin sur son trône molletonné et duveteux, prêt désormais à festoyer.

Sans délai, à peine fût-il assis que le plat arriva devant lui. On ne fait pas attendre le roi. D’un regard méprisant sa majesté jaugeait le contenu de la gamelle. Le Chef cuisinier, en retrait, retenait son souffle. Ce repas sera peut-être son dernier… Le Roi finit par prendre une lichée du contenu de son écuelle... Le temps semblait suspendu à cet instant précis… L’homme au tablier se décomposait un peu plus à chaque seconde qui passait attendant le moment du verdict fatidique…

Après quelques instants semblant être une éternité, le seigneur acquiesça : il est satisfait.

Un soulagement général envahit l’assemblée, mais aucune manifestation de joie ne se fit entendre car on ne trouble pas le repas du roi. Sa magnificence finit son plat.

Alors les festivités reprirent dans la joie globale, le roi prit quelques minutes pour digérer. Il bâillât, s’étira et entreprit de commencer son repos royal sur place. Mais cela ne choqua personne à la tablée. Car avant tout, le roi est un chat...

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