Coup de coeur

Chapitre 4 : Courage

1763 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 13/09/2017 16:42

"Tu te sens bien ? articulé-je avec difficulté. Qu'est-ce que tu racontes ?!"

Je la porte toujours, mais elle n'est pas lourde, je sens ses os sous mes doigts. Je regrette déjà d'avoir posé la question.

Elle enfouit sa tête dans mon torse ; manifestement, je vais devoir attendre un peu avant d'avoir une réponse. Je marche un peu dans la rue en attendant. Je préfère l'emporter loin de chez elle, pour l'avoir à l'oeil.

Finalement, elle retourne vers moi son visage. Je n'ai jamais vu une telle expression de désespoir auparavant, et je ne suis pas vraiment prêt à en voir une maintenant.

"Ça fait trois mois que je suis au courant... En fait, j'ai une maladie cardiaque... Mon coeur est plus faible que la moyenne, le sang circule moins bien dans mon corps, et ça entraine un tas de complications... Et un jour le médecin m'a dit qu'il me restait un an à vivre... Il m'a dit cela il y a trois mois, alors il me reste neuf mois... Et si c'est précis, ce sera le jour de mon anniversaire.

— Non... Ce n'est pas possible, m'étranglé-je, choqué. Il doit bien y avoir un remède, un moyen de te guérir.

— Crois-moi, ce n'est pas comme si je n'avais pas essayé, hurle-t-elle, presque en larmes. J'ai tenté des centaines de médicaments et de traitements lorsque j'étais à l'hôpital... Rien n'a marché, et j'ai perdu un an de ma vie à l'hôpital, à essayer de me soigner...

— Non... Comment ? Comment est-ce possible ? Pourquoi ?"

Je mets ma tête dans mes mains, abattu. Ce que j'ai fait cet après-midi ne sert à rien... Juste à retarder sa mort. Elle secoue tristement la tête et se relève comme elle peut, avant de se diriger vers sa maison. Je la rejoins immédiatement.

"Arrête ! Pourquoi tu vas là-bas ? C'est trop dangereux ?

— Dangereux ? Comment ça, dangereux ?

— Tu as des problèmes avec tes parents, non ?"

Elle baisse les yeux suite à ma question et détourne la tête. J'attrape son menton. Je ne veux pas qu'elle retourne chez elle. Je suis pratiquement sûr que c'est sa mère où on père qui l'a battue ainsi. Mais elle refuse de répondre, alors je n'ai pas réellement de certitude.

"Bref, c'est décidé ! Tu ne retourneras pas chez tes parents, et tu viens avec moi à l'hôpital !

— Quoi ? Pas question ! fait-elle en se dégageant de façon étonnamment vive. Tu n'as pas à décider de ce qui est bon pour moi ! Mes parents n'ont rien à voir avec ce qui m'arrive, laisse-les en dehors de ça !

— Ah oui ? Alors comment tu t'es retrouvée couvertes de bleus et de griffures ? Tu es tombée, c'est ça ?

— Pas exactement..."

J'en ai marre ! Elle refuse de me faire confiance. Bon ok, je me suis bourré il y a deux heures, mais je suis honnête, non ? C'est quoi son problème ?! Je la prends par-dessus mon épaule sans autre forme de procès et me dirige vers l'hôpital. Elle réagit immédiatement et frappe mon dos et ses petits poings, et battant le vide avec ses pieds.

"Mais repose-moi ?! Qu'est-ce que tu fiches, là !! Laisse-moi tranquille, espèce de malade mental !

— Non. Tu as besoin de soins.

— Mais je n'ai pas besoin d'aller à l'hôpital pour des bleus ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ?!"

Mais je vois bien qu'elle a mal. Son pied droit gigote moins et sa jambe est complètement raide.

Cependant, un de ses coups de poing atterrit entre mes omoplates, et me fait hurler de douleur. Elle y a mis toute sa force, ou quoi ? Je la lâche par terre, le souffle coupé. Elle tombe sur ses pieds accroupis, mais elle bascule en arrière et s'étale de tout son long sur le sol.

Je me dirige vers elle et penche ma tête au-dessus de la sienne. Les muscles de son visage étaient tendus pour contenir sa douleur, mais elle s'est fait mal, ça crève les yeux. Elle soupire de résignation.

"Soigne-moi chez moi."

Elle tend faiblement son bras, mais je la porte en princesse directement. Pendant que je marche, mes pensées se bousculent dans ma tête, notamment : pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi je me suis introduit chez elle ? Pourquoi je tiens absolument à l'emmener à l'hôpital ? Parce que soyons clair : je n'ai jamais ramené de SDF à la maison.

Vous voyez, des fois vous rencontrez des gens si fragiles que vous vous prenez pour leurs parents, que vous voulez absolument les rendre heureux. Bah voilà.

J'appuie sur la poignée de la maison, et la porte s'ouvre avec un léger grincement. Gêné, j'entre dans la maison sur les conseils de ma protégée, lorsque la lumière de l'entrée s'allume. Des pas se rapprochent de nous et une petite femme se précipite vers moi en claquettes. Elle a dû être très belle, autrefois. Sa crinière brune a été chatoyante de roux et soigneusement entretenue, ses yeux gris ont été vifs et perçants, sa silhouette a été bien dessinée. Ça se voit bien.

Je ne suis pas un pervers.

Aujourd'hui, c'est une petite bonne femme un peu voûtée aux cheveux brun terne parsemé de blanc, ses yeux éteints sont presque morts, et elle a pris un peu de poids et s'est tassée sur elle-même.

Elle se précipite vers moi et la jeune fille se libère de mes bras pour venir vers elle. Elles se prennent l'une et l'autre dans leurs bras, ce qui me fait me poser des questions. À moins que ce ne soit de la comédie ?

J'ai regardé trop de films tristes.

" Mitsuha ! Mais enfin, où étais-tu passée ? Dans quel état tu es ! Et qui est ce jeune homme qui te ramène ?

— Je...

— Lucas, madame, s'empresse de répondre l'ntéressé.

— Et où avez-vous trouvé cette petite fougueuse ? demande la vieille en se tournant vers moi.

— Euh...

— J'étais sur la route, répond immédiatement... Mitsuha ? C'est bizarre comme nom ! Je marchais, et j'ai trébuché. J'ai roulé... C'était stupide, vraiment.

— Ah ? Ce n'est pas vous qui avez...

— Certainement pas, madame. Elle a dévalé une légère pente et je l'ai ramenée ici. Vous n'avez aucun souci à vous faire."

Je regrette instantanément cette dernière phrase. Bien sûr qu'il y a un souci ! Si cette femme se soucie un tant soit peu de sa fille, elle sait que ses jours sont comptés. D'ailleurs lorsque je finis ma phrase, elle soupire tristement, mais son attitude devient sèche tout de suite après.

"Eh bien jeune garçon, merci pour tout, mais c'est ma fille. Au revoir."

Elle me fait reculer et me claque la porte au nez.

Merci, hein ! Franchement, la gratitude, elle est où ? Je rentre chez moi en courant, prenant garde à ne pas me faire repérer et escalade l'arbre. Je me mets en pyjama et saute directement dans mon lit, avant de dormir immédiatement. La journée a été longue...



"Mitsuha, qu'est-ce que tu faisais réellement dehors à une heure pareille ? me reproche ma mère en bandant une de mes chevilles un peu plus tard. Tu n'as pas à sortir comme ça le soir. Tu dois au moins me prévenir !

— C'est bon... Je voulais juste sortir et j'ai oublié de te le dire, voilà tu es contente ?

— Non !"

Son intonation me fait sursauter. Finalement, elle se radoucit et me serre contre elle. C'est si rare...

"Depuis ces trois mois... Tu n'es plus la même. Tu ne fais que des bêtises, tu te blesses, il t'arrive des choses peu recommandables... Je sais que tu es sortie cet après-midi. Et c'est encore ce garçon qui t'a ramenée."

Je lève des yeux ahuris vers elle. Maman me toise comme si j'étais un chat qui avait cassé quelque chose.

"C'est clair que tu n'as pas changé... C'était quand la dernière bouteille que tu as vidée ? Il y a deux heures ?

— Je t'interdis de me parler sur ce ton !"

Elle bondit de sa chaise. J'essaie d'en faire autant, mais je perds l'équilibre et tombe en arrière. Je serre les dents sous le coup de la douleur ; mon pied blessé a lâché sous mon poids et mon dos a violemment percuté le carrelage. Ma mère me relève avec force et me fait m'asseoir.

"Je sais que ce n'est pas facile pour toi de...

— De quoi ? De mourir ? Ce n'est pas sale pire ; tu m'as abandonnée dans cette maudite chambre d'hôpital pendant un an, tu ne m'as jamais traitée comme ta fille pendant le reste de ma vie et tu oses me dire que ce n'est pas facile ? Quand je mourrai, je serai au moins contente si tu me regrettes !"

Les larmes ruissellent sur mes joues creuses, tombent sur le sol pendant que je hurle mes quatre vérités. Ma mère se couvre le visage de ses mains. Elle sait que j'ai raison. Pendant douze ans, je n'ai rien vécu. Je suis à peine allée à l'école, je n'ai pas eu d'amis, je ne suis allée nulle part. Je suis restée à la maison et je me suis occupée comme je le pouvais. Tout ce que je sais, c'est à l'hôpital que je l'ai appris. Lire, cuisiner, parler avec des inconnus de mon âge... C'est presque là-bas que je me suis sentie le plus chez moi. Je sais que ma mère est souvent bourrée. Je ne sais pas vraiment pourquoi.

Finalement, elle sort de la salle de bains et je me soigne toute seule. En silence. Je l'entends boire en bas, mais je préfère l'ignorer et vais me coucher.


HEY !!!!! Comment ça va les gens ???

Comme d'habitude merci de me suivre, de suivre cette fanfic etc. En la commençant j'étais pas sûre du tout de mon coup mais vu vos réactions je pense que je m'en sors bien.

Merci à Arimoon d'être passée l'autre fois, en espérant que ça continue mais pas sûr ;) Sinon je vous mets au défi de trouver une référence que j'ai cachée dans ce chapitre. Elle se voit mais je sais pas si vous la connaissez... Je vous dirai au chapitre suivant.

Salut salut !!!

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