Un personnage, une histoire

Chapitre 10 : Beruka : Assassinat sous la lune

1816 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/02/2018 18:33

Je ne suis qu’une ombre dans la nuit. Des ténèbres rapides et précises. Une lame empoisonnée.

Et maintenant, je suis en route pour un contrat. Je suis la seule à être sortie. Plus personne ne sort la nuit dans la capitale. Car les bandits et les assassins sont nombreux.

Les assassins comme moi.

Je suis Beruka. Assassin professionnelle. Depuis maintenant une dizaine d’année. J’ai du sang sur les mains. Mais ça ne me dérange pas. Je suis une machine à tuer.

Enfants, femmes, soldats, concubines du roi Garon, j’ai tuée pour survivre. Chaque contrat finis dans un bain de sang. Je suis connue, mais en même temps, personne ne m’attrapera jamais.

Je suis recherchée. Connue comme « la dague de la nuit ». Je tranche la tête de mes victimes. Et j’agis seulement la nuit. Il ne m’a pas fallu 10 victimes avant d’hériter de ce surnom.

Il est minuit. La lune de Nohr est haute dans le ciel. Eclairant les toits de sa lumière douce, et en même temps sombre. Je bouge rapidement sur les toits. D’un regard, je peux voir si quelqu’un est là.

Ma mission de la nuit ? Camilla, première princesse de Nohr.            

Pourquoi ? Ce n’est pas le sujet.

Je dois m’introduire dans sa chambre, la poignarder, elle mourra sans souffrir. Fin de l’histoire.

Ce client, vu son ton, sa façon de parler, il doit venir de la noblesse. Peut-être qu’il veut bien se faire voir auprès du roi Garon en compatissant à la mort de sa fille ?

La noblesse Nohrienne est vraiment pourrie. Mais ce n’est pas mon problème. Je viens des bidonvilles de la capitale, alors la noblesse ne m’intéresse pas.

J’approche du château. Les appartements de Camilla se trouvent au plus bas du palais. Je descends en rappel silencieusement. Elle ne m’échappera pas. Son sang coulera cette nuit.

Je me suis renseignée sur elle. Elle est l’ainée des enfants royaux survivants. Elle est apparemment possessive, et emplie d’amour pour sa famille. Ce que j’aurais pu apprendre sur elle m’aurait peut-être permis d’avoir de l’empathie.

Mais non. Je me fiche de son sort. Je suis une machine à tuer, je l’aie déjà dit. Yeux doux ou non, elle reste humaine. Elle va encore me regarder d’un air terrifié, avant de mourir en me suppliant de rester en vie.

J’arrive dans un couloir. D’après mes informations, les gardes surveillent cette zone toute la nuit. Mais ils ne me poseront pas de problème.

La chambre de Camilla se trouve au bout du couloir. Il ne me faudra que quelques minutes pour l’atteindre. Gardes à éliminer compris.

J’en vois un premier, dos tourné. Je fronce les yeux. Il ne m’entend pas arriver. Je sors ma dague en un réflexe.

Un geste. Une seconde. La victime est tombée au sol, morte dans sa mare de sang. Je ne reste pas plus longtemps. Une victime collatérale. Personne n’est innocent, je n’ai pas de remords.

Il n’a pas crié. Je ne suis toujours pas repérée. La chambre est juste devant moi.

Sans hésiter, je pousse la porte. Doucement. Elle ne grince pas. La fenêtre ouverte fait voler les rideaux sombres. La lumière de la lune qui passe fait briller ma dague. Un silence de mort règne.

Je m’approche doucement du lit. Un lit à baldaquins luxueux et sombre. Je me mets à un côté. Camilla dort profondément. Ses longs cheveux violets partent s’allonger sur l’oreiller.

Cible dans le champ de vision. Je lève ma dague. Mort imminente…

-Hum ?

Camilla bouge doucement la tête. Je ne fais aucun mouvement. Si j’en fais un, elle m’entendra. Mais soudain, elle ouvre les yeux.

-A…

Par réflexe, je plaque ma main contre sa bouche. Elle a les yeux écarquillés. Terrifiée.

-Je n’échouerais pas.

Je pointe ma dague vers elle. Je lui jette un dernier regard. Je pousse un petit cri de stupeur.

Elle me regarde dans les yeux. Sans peur. Elle me défie du regard.

C’est la première fois qu’une personne me défie comme ça. D’habitude, se sont des yeux suppliant. Des yeux tristes. Des yeux effrayés qui se tourne vers moi.

Mais là, Camilla n’a pas peur. Elle affronte la réalité avec tant de courage et de dignité que j’en ai presque peur…

J’essaie de lui faire peur en approchant la dague de son coup, mais elle ne fait rien. Je lui laisse une entaille sur le bas du coup. Elle ne gémit pas. Le sang coule de son cou, mais elle ne réagit même pas.

A la place, elle me regarde fixement. Mais son regard change du défi à un regard étrangement rassurant… Oui, rassurant. Ses yeux me regardent avec beaucoup de douceur.

Je ne sais pas comment réagir. C’est la première fois qu’on me regarde autrement qu’avec de la haine, du dégout et de la peur.

Puis, elle lève la main. Je fronce les yeux, elle s’arrête. Mais étrangement, elle arrive a poser sa main sur mon bras. Je ne bouge pas. Elle m’appuie sur le bras pour me le faire descendre. Je ne lutte pas.

Ma main descend de sa bouche. Elle prend une petite inspiration, et elle me souffle.

« Tu es une tueuse professionnelle, pas vrai ?

-…

-Tu ne veux pas me répondre… J’en déduis que je suis te cible ? Elle insiste

-…

-Allons… Je ne mords pas, tu peux me parler. »

Je ne réponds à aucune de ses questions. Elle veut juste gagner du temps pour vivre. Et pour la première fois depuis une dizaine d’année, je ne l’ai toujours pas tuée. Mais je lui jette un regard qui lui fait comprendre que je l’écoute.

-Très bien, je comprends. Tu ne veux pas te lier avec tes victimes. Affirme Camilla

Elle sourit, comme pour tenter de me rassurer. Me rassurer de quoi ? Je ne sais pas moi-même.

-Mais… Qu’est-ce que cette personne t’as promis contre ma tête ? De l’argent ? De l’honneur ?

Il m’a promis de l’argent, mais je m’en fiche… Tuer me permet de survivre…

Pourquoi je pense ça, moi ? Je cherche à me justifier moi-même ?

-Pourquoi tues-tu des innocents ? Ou peut-être te bas-tu pour le peuple, en assassinant les enfants royaux…

Elle semble vraiment tenter de chercher pourquoi je fais tout ça. Je serre ma dague entre mes doigts, et ne bouge pas. Je ne sais même pas pourquoi je ne l’ai toujours pas tuée.

-Mais tu sais, si les noble apprennent que le peuple engage des assassin, toute cette histoire risque de devenir encore plus désavantageuse pour toi… Elle affirme

-…

-Mais vu ton regard, tu ne dois pas être là pour le peuple, mais pour toi même…

Elle me prend doucement la main. En un geste brusque, je la fait partir. Elle semble surprise ; mais elle sourit de nouveau.

« Tu ne me fais pas confiance. Je vois.

-…

-Est-ce que tu as une voix ? Tu es peut être… Commence Camilla

-Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu n’es toujours pas morte. Je coupe

-Oh ! Tu parles ! »

Elle semble étrangement heureuse de cette nouvelle… Moi, je la fixe intensément.

Mais c’est vrai. Je ne sais pas ce que je ressens lorsque je suis avec elle. De la confiance… Non, je ne ressens aucune confiance envers un individu.

Un couteau a été placé dans ma main dès que je suis née. Je suis là pour la tuer…

Je prends ma dague, et la tend vers Camilla.

-Tu veux me tuer, mais tu n’y arrive pas… Elle souffle

-L… La ferme ! Je m’écrie

-Peut-être qu’il te reste encore un peu d’humanité, après tout…

-…

Cette femme… Cette Camilla… Je… Je n’ai pas envie de la tuer.

Mais je dois le faire. Je dois le faire, je suis une tueuse, je suis une tueuse, je…

« Je le vois dans tes yeux, tu vaux mieux que ça. Elle affirme

-Tu dis ça pour que je ne te tue pas. Je souffle

-Peut être. Mais je cherche aussi à te raisonner.

-Me raisonner ?

-Tu as du grandir dans un milieu ou tuer était survivre… Mais tu sais, tu dois passer au-delà de ça.

-…

-Tu peux changer, je le sais. Et qui plus es… »

Elle semble réfléchir, presque me juger… Je déteste cette impression…

-Tu m’as l’air forte. Je ne t’ai pas entendue arriver, alors tu es discrète. Et je suis certaine que tu as tuée pour m’atteindre. Je me trompe ? Elle demande

-… Non. Je réponds

Elle sourit à cette réponse.

-Père m’a demandée de trouver un vassal… Elle souffle

-Pardon ?

Je me redresse. Moi ? Vassale ?

-Tu as un excellent potentiel, et je t’aime bien. Je te demande d’au moins y réflé… Commence Camilla

-DAME CAMILLA !!!!!!

On se retourne toute les deux. Oh non, les gardes… J’ai beaucoup trop tardée…

Je regarde Camilla. Elle semble inquiète.

-Part par la fenêtre ! Vite ! Elle me sort

Elle se lève, et me montre la fenêtre.

-Il faut que tu partes, ou tu risques de te faire prendre ! Elle affirme

-… Pourquoi… Je commence

-Sauves toi, c’est un ordre !

Je me lève, et part vers la fenêtre. J’entends les gardes arriver. Je me tourne une dernière fois vers Camilla.

-Je reviendrais pour vous donner ma réponse.

Je n’attends pas sa réaction, et part sur les toits.

Je m’arrête au centre d’un toit. Sur le chemin. Cette Camilla m’offre une nouvelle vie. Est-ce que dois l’accepter ? Refuser ?

Je regarde la lune. Mais… Différemment. Je vois ça comme une source de lumière.

Et jamais je ne me suis sentie aussi proche de la lumière.

Camilla me semble digne de confiance. Bien plus digne que tous ceux qui m’ont auparavant engagée. Je revois son sourire rassurant…

Oui, ma décision est prose. Je vais devenir sa vassale.

Et me battre pour elle.

Pour Dame Camilla.


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Joyeux Anniversaire, Beruka !

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