Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 3 : Culpabilité

1762 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/09/2020 14:25

William poussa la porte du motel avec hésitation. Elizabeth lâcha immédiatement le livre qu'elle lisait à son petit frère pour se jeter sur lui et lui serrer les jambes. La marque d'affection lui arracha un petit sourire. Peut-être que cette journée ne serait pas aussi terrible finalement. Il releva la tête vers sa femme. Elle le dévisageait les yeux plissés. Maggie avait toujours lu en lui comme dans un miroir, il n'avait suffi que de quelques secondes pour comprendre que quelque chose n'allait pas.


Il détourna immédiatement le regard pour chercher après Michael. Le garçon faisait toujours la tête et rangeait ses affaires dans sa valise sans même lui adresser un regard. La communication entre le père et le fils était compliquée depuis la naissance de Georges. L'aîné vivait la venue du garçon comme une concurrence et le leur faisait bien comprendre. A son cadet aussi : Georges avait tellement peur de Michael qu'il était impossible de les laisser à deux seuls dans la même pièce. Elizabeth avait donc un rôle central dans la fratrie, l'unique lien qui unissait les deux frères sous le drapeau de la famille Afton. William espérait que les choses s'arrangent bientôt, mais la situation devenait de plus en plus critique.


La petite fille lâcha son pantalon pour retourner sagement auprès de Georges pour reprendre son histoire. Le garçonnet offrit un sourire timide à son père avant de se replonger dans les paroles de sa sœur. William posa ses affaire dans un coin et embrassa Maggie.


"Tout va bien ? demanda t-elle immédiatement."


William hocha la tête, fébrile.


"Oui, quelques ennuis au travail.

— Henry n'est toujours pas revenu ?"


Il secoua la tête. La disparition de Henry coïncidait étrangement avec l'apparition du corps dans son restaurant. Pris par l'alcool, aurait-il pu commettre un meurtre ? L'idée ne lui avait encore jamais traversé l'esprit, mais le doute le fit frémir. Il croisa le regard de sa femme. Cette histoire était terminée, il devait cesser d'y penser.


"Votre train est à quelle heure ?

— Dans une heure vingt, répondit-elle. On va aller manger dans un restaurant en face de la gare, tu viens avec nous ?

— Frites ! cria Georges, enthousiasmé par la nouvelle."


William accepta et la famille se mit en route sans tarder. Le repas lui permit une pause bien méritée après cette longue journée. La séparation qui suivit fut difficile, mais ce n'était que temporaire. Il resta longtemps sur le quai, jusqu'à ce que le train disparaisse à l'horizon. Bientôt, il trouverait une maison dans les environs. Quelques mois de travail devraient suffire pour amasser assez d'argent pour payer un loyer.


La chambre de motel lui parut bien insalubre lorsqu'il se retrouva seul à l'intérieur. Il prit une douche et partit se coucher. La nuit fut très courte. Le sommeil ne vint pas et à chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait le visage de cette gamine effrayée, figé dans la mort. Quand il réussit à s'apaiser, les cauchemars arrivèrent. Henry était au centre de chacun d'entre eux, le visage étiré d'un sourire diabolique. William abandonna son lit aux alentours de deux heures du matin et alluma la télévision pour se changer les idées. Il saisit ensuite le téléphone sur la table de chevet, et malgré l'heure, tenta une nouvelle fois d'appeler son ami. Il tomba immédiatement sur la messagerie. William soupira et décida de laisser un message.


"C'est William. Je ne sais pas où tu es, mais les choses vont mal à la pizzeria. Si c'est toi qui... J'ai trouvé le corps d'une gamine, Henry, si c'est toi qui l'as tuée, je peux t'aider. Mais... Reviens. Je veux comprendre. Tu as besoin d'aide, Henry. Ne te referme pas sur toi-même."


Il reposa le combiné et se concentra sur la télévision : un dessin animé sur un vampire qui reniait son fils malgré l'insistance de sa femme sur le fait qu'il s'agissait bien d'un bébé vampire. La série lui parut plate et sans saveur. Comment pouvait-on rejeter un enfant à ce point ? Il se redressa soudainement sur son lit, frappé en plein visage par l'évidence. Personne n'avait signalé de disparition. A qui appartenait cette gamine ? Il avait jeté le corps d'une gamine à la poubelle sans même s'inquiéter un instant de sa famille. Comment avait-il pu être naïf à ce point ? Son ventre se serra sous l'inquiétude. Si quelqu'un alertait la police, la pizzeria serait fouillée et fermée pendant plusieurs jours, il n'aurait plus aucun contrôle sur la situation.


Il ne put plus fermer l'œil de la nuit. Son réveil le fit sursauter sur le coup des six heures du matin. Il prit une douche, s'habilla et courut rejoindre sa pizzeria de l'autre côté de la route. Il saisit un seau, des gants, et de nouveau nettoya la scène et l'intérieur de Fredbear, comme une urgence vitale. Il vérifia ensuite qu'aucune tâche de sang n'était trouvable dans la pizzeria. Il nettoya les cuisines, la Marionnette et toute la salle de restauration. Il termina la matinée par quelques essais sur Fredbear. L'ours n'avait pas l'air endommagé. Son bassin s'agitait étrangement de temps en temps, mais un spectateur n'y verrait que du feu. Il en profita pour effectuer la maintenance de SpringBonnie, mais tout était normal de son côté.


Rassuré, il s'autorisa une pause pizza surgelée. Il se laissa tomber sur une chaise de la salle de restauration et commença à manger, en appréciant le spectacle des Animatroniques qui chantaient et dansaient juste pour lui. Ce petit moment loin du monde lui permit de décompresser un instant. Il se perdit dans les gestes mécaniques, les chansons entraînantes et le calme environnant et se laissa bercer par la mélodie. Tout irait bien à présent, essayait-il de se convaincre.


Jusqu'à ce que trois coups fermes résonnent à la porte d'entrée. William sursauta, tiré de sa rêverie et se tourna vers la fenêtre. Une lumière rouge et bleu passait entre les lanières des rideaux. Son cœur rata un battement et il bondit sur ses jambes.


"Oh non, non, non... murmura t-il en faisant un aller-retour de plus devant Fredbear."


Les coups reprirent à la porte, plus insistants. Il arrangea ses cheveux nerveusement, replaça sa cravate noire correctement, prit de grandes inspirations pour se calmer et s'approcha, de manière la plus neutre possible. Il entrouvrit la porte et un officier de police agacé le poussa du passage d'un geste de main.


"Officier Clay Burke, police d'Hurricane. Nous avons eu un appel au sujet de vos robots."


L'homme ne l'attendit pas et se dirigea vers la salle de restauration, William à sa suite. Il réfléchit quelques instants à ce qu'il allait dire avant de s'arrêter près du robot.


"Je ne vois pas ce que vous cherchez, dit-il d'une voix froide qui le surprit lui-même. Nos robots fonctionnent parfaitement.

— Des journalistes nous ont averti de la présence de sang qui coulait de l'ours, répondit l'officier en pointant Fredbear.

— C'était de la rouille, se défendit le gérant. Une pièce avait fondue dans sa tête."


Le policier se tourna vers lui et scruta un instant son visage, les yeux plissés. William contrôla sa respiration et la panique qui montait doucement en lui. Pour le moment, l'homme lui paraissait le croire, mais restait méfiant.


"Vous pouvez l'ouvrir ?"


William hocha la tête, conciliant. Il se dirigea vers le boîtier et désactiva les deux Animatroniques qui dansaient toujours, avant de monter sur l'estrade. Il tira sur le nœud papillon de Fredbear et le ventre s'ouvrit. Le policier sortit une lampe torche et inspecta minutieusement l'Animatronique.


"Vous l'avez nettoyé ? demanda t-il.

— Bien sûr, la rouille liquide aurait pu abîmer les autres composants du robot. Je n'ai pas pris de risque."


L'officier sortit sa tête du robot et rangea sa lampe.


"Sacré machine que vous avez là, se détendit-il. Je bricole un peu ma voiture et j'ai jamais vu autant de pièces.

— Merci, sourit William. Celui-ci est le résultat de cinq ans de travail."


L'officier hocha la tête, rassuré.


"Tout est en ordre, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Nous sommes contraints de garder votre établissement fermé jusqu'au passage du contrôle sanitaire cet après-midi, et nous vous laisserons reprendre le service après."


William blêmit légèrement à la mention du cauchemar de tout restaurant, mais serra la main que lui tendit l'officier. L'homme le salua d'un signe de tête et quitta la pizzeria sans tarder. L'homme à la chemise violette ne put retenir un soupir de soulagement, avant de hoqueter. L'agent sanitaire passait cet après-midi ! Il courut jusqu'à la cuisine et ouvrit les réfrigérateurs. Il retira la vingtaine de pizzas surgelées qui restaient et les jeta rapidement dans les poubelles. Il débarrassa ensuite les bouteilles d'alcool d'Henry avec un pincement au cœur et s'assura que tout était propre : pas de rats, pas de cafards, pas de dysfonctionnement majeur dans les différents appareils électroménagers.


La visite se passa sans encombres, malgré la rigidité de l'inspecteur vis à vis des robots. "Votre scène est trop basse", "vos robots s'arrêtent-ils quand un enfant s'approchent d'eux ?", "vos prises électriques, Monsieur Afton". Il lui avait laissé une liste d'aménagements à faire pour sécuriser encore plus le restaurant. Épuisé par sa journée, William décida de rentrer dans son motel peu de temps après. Le danger était définitivement écarté désormais, il pouvait dormir l'esprit tranquille. Ou presque.


En sortant, une petite fille brune passa à côté de lui en courant et riant, chassée par son père. Cette vision attendrissante glaça le sang de William. Quelque part dehors, des parents devaient s'inquiéter pour leur petite fille. Sa disparition n'avait pas encore été signalée, mais lorsque ça serait le cas, il ne payait pas cher de sa peau : la police ferait vite le rapprochement entre la rouille-sanguinolante et la possibilité d'un meurtre d'enfant. Il n'avait clairement pas terminé d'en entendre parler.


Les jambes tremblantes, il s'engouffra dans son motel. Demain serait un autre jour.

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