Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 5 : Poupée vivante

2095 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/09/2020 10:55

William ne fut pas très rassuré au moment de rentrer dans le restaurant le lendemain matin. Ce qu'il avait vu à travers la vitre en arrivant ne lui avait vraiment pas plu. La boîte de la Marionnette était visible depuis l'extérieur et il avait repéré immédiatement que la boîte à outils qu'il avait posé dessus la veille avait disparu. Il passa la tête dans l'entrée de la salle de restauration avec prudence et fronça les sourcils.


Les outils dégorgeaient de la boîte au sol et s'éparpillaient dans l'ensemble de la pièce. La Marionnette, elle, pendait une nouvelle fois de sa boîte. Plus effrayé qu'agacé, son regard parcourut le plafond. La caméra de surveillance donnait sur la boîte. Il pourrait y voir ce qui n'allait pas. Peut-être que des intrus s'infiltraient dans l'établissement pendant la nuit ? Cette nouvelle serait un doux réconfort, lui qui n'avait jamais vraiment aimé le paranormal.


D'un pas décidé, il se dirigea vers son bureau et alluma une à une les télévisions reliées aux caméras de surveillance. L'image était mauvaise, mais suffisamment claire pour reconnaître les différents éléments. Dans la salle de restauration plongée dans le noir, il reconnut sans mal les deux paires d'yeux lumineux de Fredbear et SpringBonnie. Il attendit quelques minutes après son départ la veille, puis accéléra la bande pour faire défiler la nuit à grande vitesse.


Aux alentours de une heure du matin, une forme humaine attira son attention à la vitre de l'établissement. Quelqu'un regardait à l'intérieur. Il retint sa respiration quand l'intrus s'introduit dans l'établissement sans aucun mal. Il a la clé, pensa William. La démarche titubante, le regard vide, Henry Miller s'approcha de la scène principale. Il lança une bouteille de verre sur Fredbear avec méfiance avant de monter sur la scène. Il ouvrit l'ours en tirant sur son nœud papillon et examina l'intérieur du robot. William ferma les yeux quelques secondes pour faire descendre la colère qui montait en lui. Cela ne faisait plus aucun doute maintenant : Henry avait fait le coup. Mais son vieil ami ne s'arrêta pas là. Il retourna dans le couloir, ouvrit la caisse et rangea une liasse de billets dans sa veste. Et enfin, il se dirigea vers le bureau. Il essaya de pousser la porte de celui de William, sans succès, avant d'ouvrir le sien. Quelques minutes plus tard, il ressortait avec une pochette. Il en fit tomber un et William repéra immédiatement que la taille du papier était trop grande pour être juste des impôts.


"Les plans des robots, marmonna t-il en se frottant le front. Mais qu'est-ce qu'il fait..."


Henry s'enfuit dans la nuit en prenant soin de ramasser sa bouteille et de fermer la porte. William fronça les sourcils. Cela répondait à son interrogation concernant son ami, mais et la boîte à outils dans tout ça ? Il n'eut pas beaucoup de temps à attendre. 


La boîte de la Marionnette bougea soudainement secouée par quelque chose. William mit quelques secondes à comprendre que l'on tapait à l'intérieur. Quelqu'un ou quelque chose cherchait à s'échapper. Un coup plus fort que les autres fit basculer l'énorme malle qui la surplombait et qui s'ouvrit à l'impact. Les outils s'éparpillèrent partout dans la salle. Lentement, les deux versants de plastique qui maintenaient l'animatronique prisonnier s'ouvrirent, comme si la Marionnette s'activaient. Sa forme noire se redressa lentement dans une danse hypnotisante.


"C'est juste un bug, tenta de se rassurer William. Elle ne peut pas s'activer toute seule."


La Marionnette s'éleva du sol et passa au dessus du rebord de la boîte. William eut un mouvement de recul. Elle n'était pas programmée pour faire ça. Les robots ne volaient pas, ça, il en était certain. Comme un automatisme, le robot traversa la salle de restauration et s'engouffra dans la cuisine. Elle frappa contre la porte extérieure, une fois, deux fois, dix fois, avant d'abandonner et de rebrousser chemin. Elle s'avança vers Fredbear et pointa son doigt sur lui. William jura voir l'ours vibrer.


Et soudain, la Marionnette se retourna et leva la tête, droit vers la caméra. Elle s'avança de quelques pas puis se figea, le regard tourné vers l'objectif. Elle resta immobile plusieurs minutes. William accéléra légèrement la bande. De deux heures à six heures du matin, le robot resta là, comme s'il savait qu'il était observé. Comment était-ce seulement possible ? Sur le coup des six heures du matin, la Marionnette regagna sa boîte et s'effondra sur son rebord comme une poupée désarticulée. Et ce fut tout.


William éteignit les écrans, les mains tremblantes. Le meurtre, il pouvait encore le supporter. Mais ça, c'était trop. Il se leva et regagna la salle principale à pas prudents. La Marionnette pendait de sa boîte, immobile, ses yeux vides tournés vers lui. Il saisit un balai et donna un coup dedans. Le robot se redressa et il retint son souffle. Au lieu de l'attaquer, il se mit à saluer une foule invisible, comme il était normalement programmé pour le faire. Un frisson d'effroi le secoua. Les mouvement trop mécaniques, trop froids, lui paraissaient désormais menaçants. Il fit deux pas en arrière avant de courir vers la sortie comme s'il avait le diable aux trousses.


Il ferma la porte à clef et regagna le motel à toute hâte. 


**********


Henry, caché derrière la pizzeria, regarda William fuir avec un mélange de surprise et d'incompréhension dans le regard. Il partait de plus en plus tôt, à croire que quelque chose l'encourageait à ne pas rester là. Tant mieux pour lui, il avait besoin d'une douche. Ses mains tremblaient sous le manque d'alcool et il commençait à délirer. Depuis plusieurs jours, il entendait la voix de sa fille autour de lui. Elle l'appelait sans cesse, ni agressive, ni en colère, mais il ne parvenait plus à savoir si le son était réel ou non. Plus rien n'allait dans sa vie depuis son départ, et il ne savait plus ce qu'il était censé faire.


Il n'avait pas été dans son appartement depuis tellement longtemps qu'il ne se rappelait même plus l'allure qu'il avait. Au fond du trou, il vivait dans sa voiture, quelques pâtés de maison derrière le restaurant, et piochait dans les placards dès que William quittait les lieux.


Il attendit que son vieil ami, s'il pouvait encore le qualifier de la sorte après ce qu'il lui avait fait, disparaisse de son champ de vision pour déverrouiller la porte arrière et rentrer. Il s'avança prudemment vers la salle principale et détailla un instant les robots devant lui. Fredbear était figé, le bras en l'air. SpringBonnie, un cupcake doré à la main, regardait fixement vers la droite. William avait fait du bon travail : plus aucune trace de sang n'était visible sur la scène et la fourrure de l'ours. Il ne savait pas ce que son ami avait fait du corps de sa fille, mais quelque part, il se sentait rassuré qu'il ne soit plus dans les parages. Loin des yeux, plus de problème. Du moins, il essayait de s'en convaincre.


La vérité, c'était qu'il était incapable de se regarder dans un miroir depuis ce qu'il avait fait. Il avait été incapable de le dire à sa mère, qui ne se doutait absolument de rien. Il savait que s'il lui parlait, il replongerait immédiatement. Elle lui avait fait du mal, trop de mal pour supporter d'entendre ne serait-ce que le son de sa voix. Et puis que lui dirait-il ? Chaque nuit, à chaque fois qu'il fermait les yeux, il voyait le regard exorbité de Charlotte posé sur lui, mort, lui posant une seule question : pourquoi ? Rongé par la culpabilité, il souffrait chaque seconde qui passait. Il jeta un regard à l'horloge : vingt-deux heures. Il soupira de soulagement, il pourrait passer la nuit ici. William détestait sortir la nuit.


Il commença par prendre une douche dans l'évier de la cuisine, puis il fouilla les placards à la recherche de quelque chose à manger. William avait vidé les réfrigérateurs, il ne restait plus qu'un bocal de cornichons sur l'étagère et une bouteille de whisky à l'abandon dans un placard dont il avait oublié l'existence. Tant pis, il devrait s'en contenter. Après une bataille de plusieurs minutes contre le bouchon du bocal, il regagna la salle principale et s'installa devant les robots qu'il alluma sans la musique. Ils commencèrent à s'agiter et il se détendit, mâchouillant ses cornichons sans faim.


Leur danse mécanique avait quelque chose de rassurant. Ils lui rappelaient qu'il n'avait pas tout raté dans la vie. Une fois le restaurant vraiment ouvert, ils auraient un grand succès, à n'en point douter. Peut-être même pourrait-il revenir dans quelques années pour voir comment tout avait évolué ? 


Papa ?


Le bocal lui échappa des mains et explosa en plusieurs morceaux au sol. Henry se redressa et regarda affolé autour de lui. 


"Qui est là ?! C'est pas drôle !"


Seul le bruit de sa respiration lui revint en écho. Il leva un instant la tête et se figea : une caméra. Depuis quand était-elle là ? Paniqué à l'idée d'être repéré, il courut vers les bureaux. A grands coups de pied, puis de chaises, il réussit à ouvrir la porte du bureau de William. Les écrans des caméra tournaient encore. Il arracha tous les fils et éjecta la cassette, qu'il écrasa sous le poids d'une des énormes télévisions. Il devait faire croire à une effraction. William ne le soupçonnerait jamais d'avoir fait ça. Il fit tomber tous les écrans, retourna son bureau et brisa les étagères vitrées à coup de chaise. Il jeta la pile de dossiers dans tous les sens, répendant une pluie de papier partout autour de lui.


Puis son regard buta sur la porte de l'atelier. Devait-il pousser la destruction jusqu'au bout ? Il n'eut pas le temps de réfléchir : un bruit dans la salle de restauration le fit sursauter. Quelques notes de musique résonnèrent dans le couloir, lointaine. Quelqu'un venait-il de rentrer par effraction ?


Avec prudence, il quitta le bureau et s'approcha lentement de la salle principale, prêt à rebrousser chemin au moindre danger. Ses yeux s'écarquillèrent face à l'étonnant spectacle qui se jouait devant lui. La Marionnette était sortie de sa boîte et flottait quelques centimètres au-dessus du sol, sans explication. Elle regardait, fascinée, Fredbear et SpringBonnie danser sur la scène. Sa tête bougeait doucement au rythme d'une musique invisible, juste comme...


Il posa une main sur sa bouche et recula contre le mur. Charlie détestait danser, mais bougeait toujours sa tête sur le rythme de la musique. Il sentit son cœur accélérer sous le choc. Il passa la tête de nouveau, le visage strié du robot se trouvait à quelques centimètres du sien. Les yeux du robot, pourtant inexistants, brillaient d'une lumière plus blanche que ce qu'il n'avait jamais vu. Henry recula vivement et courut vers le bureau de William sans se retourner. La musique émise par le robot le suivit. Il claqua la porte au nez de la Marionnette et plaqua une chaise sous la poignée.


Qu'est-ce qu'il était censé faire ? Qu'est-ce que c'était que ça ?


Papa ?


La voix résonnait partout autour de lui, bien plus fort qu'auparavant. Il poussa un cri de détresse et se recroquevilla dans un coin de la pièce, les mains autour de son visage. Il se mit à pleurer à chaudes larmes pour la première fois depuis sa mort. Devenait-il fou ? Et si tout ça était dans sa tête ? Pouvait-il perdre les pédales à ce point ? Derrière la porte, le robot grattait avec de plus en plus d'insistance.


Il devait partir d'ici. Maintenant.


Il se leva et courut vers la porte. Il balaya le robot en sortant et se précipita vers la sortie. Il ferma la porte à clef derrière lui. La Marionnette se trouvait juste derrière, les yeux braqués sur lui. Il resta quelques secondes à la regarder avant de reprendre ses esprits et de courir loin de la pizzeria.


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