Sans perdre de temps

Chapitre 16 : Toi qui entre ici

3805 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/07/2020 18:43

La clé cliqua dans la serrure. Barry n'entra pas tout de suite. À vrai dire, il n'était pas certain de vouloir retourner dans cet appartement.


Cisco lui avait donné le trousseau quand il était revenu de sa discussion avec Oliver, sans aucune explication que « Lisa a laissé ça pour toi ». Il n'avait pas besoin d'en savoir plus, même s'il aurait aimé comprendre les raisons qui l'avaient poussé à changer d'avis. Oliver avait détourné les yeux, désapprobateur mais pudique, et Caitlin leur avait lancé un regard interrogateur. Il lui en parlerait plus tard, se promit-il en passant la porte. Elle aussi méritait de savoir.


Comme il s'y attendait, l'appartement était vide. L'espace d'un instant, il espéra s'être trompé, et que Len surgisse, aussi nonchalant qu'à son habitude. Mais l'image de son corps inerte dans une morgue de Seattle se superposa à cette idée.


Tout était à sa place, exactement comme le jour où il était parti. Le même tableau bleu accroché au mur, les mêmes magnets sur la porte du frigo, le même éclat jamais réparé sur le bord de la vitre côté rue.


Cependant, ce qui le frappa le plus fut le silence.


Il se sentait comme à l'intérieur d'une bulle. Les bruits de la ville au-dehors lui arrivaient comme étouffés, amoindris par une barrière qui n'avait rien à voir avec la brique et le ciment. C'était comme si la vie elle-même avait déserté les lieux.


Le silence et la solitude l'écrasaient un peu plus à chaque pas, plus accablant à mesure que Barry retrouvait des éléments familiers. Il s'arrêta un instant devant le canapé, où trônait fièrement un coussin gris. Il avait passé tant de soirées la tête posée sur ce même coussin, à regarder la télévision ou simplement se détendre, qu'il pouvait en sentir la texture sans même le toucher. Il avança sa main pour l'attraper, mais se ravisa au dernier moment. Et si cela ravivait trop de souvenirs ? Non, il ne pouvait pas se le permettre, pas encore.

Il se sentait sur le point de craquer. Les mots de Liv l'avaient touché bien plus qu'il ne l'aurait voulu, mais elle avait raison. Maintenant qu'elle allait manger un autre cerveau, Len disparaîtrait pour toujours. Il serait parti à jamais.


Barry pouvait le faire revenir. Il en était capable, il en avait le pouvoir. S'il était capable de remonter le temps des années en arrière pour arracher sa mère des griffes de la mort, quelques jours ne représenteraient qu'une broutille. Ce serait si simple… si simple. Ses amis oublieraient les derniers événements, il pourrait facilement se permettre ce petit écart. Il leur expliquerait tout une fois le fait accompli, en sachant qu'ils comprendraient assez pour lui pardonner.


Cependant, la vision que Liv lui avait rapportée, où elle le voyait tuant Len, était un frein majeur à son projet. Et si, en remontant dans le temps, il provoquait exactement ce qu'il ne voulait empêcher ? Il n'avait aucune raison de s'en prendre à lui, et encore moins de cette façon, mais ce qu'avait vu la zombie ne laissait aucune place à l'interprétation. L'idée de prendre un tel risque lui coupait toute envie de remonter de nouveau le temps.


Pendant un moment, il erra de pièce en pièce comme un fantôme, sans savoir où s'arrêter. Quand finalement il s'assit sur le lit, terrassé par une fatigue telle qu'il n'en avait jamais connue, le soleil avait presque fini de se coucher, et déversait dans la pièce une lumière chaude et douce.


Barry s'emmitoufla dans la couette et inspira à plein poumons. L'odeur qui subsistait entre ces draps ne tarderait pas, elle non plus, à disparaître. L'idée lui était insupportable, mais il devait s'y faire. Il n'avait pas le choix.


Il n'eut même pas à lutter contre les larmes. Ses yeux étaient secs, d'avoir trop pleuré. Il y arriverait. Il lui faudrait du temps, mais il y arriverait. Cisco serait là pour l'épauler au besoin, peut-être aussi Caitlin, s'il décidait de lui dire.


Ça va aller, ça va aller, se répétait-il sans cesse, pour s'en convaincre.


Il avait déjà connu la mort, il l'avait affronté, regardée dans les yeux dès l'âge de onze ans. Sa mère était partie, puis ça avait été au tour de son père, et de tant d'autres. Et d'autant qu'il s'en souvenait, il n'avait jamais su perdre un être cher. Là où les autres souffraient, se déchiraient même, mais finissaient toujours par se relever pour ne pas laisser le monde tourner sans eux, Barry ne parvenait jamais à dire au revoir pour de bon. Il accrochait ces cadavres tant aimés sur son dos et les portaient en fardeau jusqu'à ployer. Il n'avait jamais su faire autrement.


Longtemps, serrant un oreiller si fort entre ses bras que la jointure de ses doigts avait viré au blanc, il regarda par la fenêtre le soir tomber sur Central City. Dehors, le quotidien suivait son cours, impassible. Des gens rentraient enfin du travail après une longue journée à trimer pour un salaire de misère, d'autres sortaient au restaurant ou se préparaient pour une longue nuit de fête, entre bars et boîtes de nuits et d'autres encore se plongeaient dans leurs livres de cours pour une ultime révision avant le test du lendemain. Enfin, d'autres, au détour d'une ruelle, fixaient la pointe d'un couteau ou le canon d'un pistolet, et se demandaient si Flash arriverait à temps pour les sortir de ce mauvais pas.


Ce soir-là, Barry sentait toute la lourdeur du monde, la misère qui pourrissait les rues, la violence qui s'insinuait dans les cœurs et causait des ravages, le crime qui se terrait dans l'ombre et laissait une traînée de sang dans son sillage. Il aurait pu, comme tous les soirs, enfiler son costume et tenter de rendre la ville un peu plus belle, un peu plus sûre, continuer à bâtir le monde qu'il construisait chaque jour.


Mais il n'en avait pas la force.


Ce soir-là, il redevenait cet enfant terrifié, privé de ces repères, arraché de son cocon par la brusque réalité de la mort. Le héros s'était terré au fond de lui, attendant le bon moment pour revenir sans doute. Mais reviendrait-il seulement un jour ?


Au loin, vers le centre-ville, se dressait un gratte-ciel, toutes lumières allumées, comme couvert de lucioles. Il serait facile d'y grimper pour prendre assez d'élan, revenir quelques jours en arrière et corriger cette immonde erreur. Si facile. L'affaire d'une minute ou deux et personne n'en saurait jamais rien.


Il tâta l'autre côté du lit, mais n'y trouva rien d'autre que du tissu mou et froid. Alors, il se recroquevilla encore plus et finit par s'endormir.


***


Liv arriva à STAR Labs au tout début de la soirée. Elle n'y trouva pas Barry comme elle l'avait voulu, mais tomba nez à nez avec Babineaux au détour d'un couloir. Il semblait à la fois confus et paniqué, comme s'il avait vu un fantôme.


— Ah, Dieu merci, Liv, vous êtes là, souffla-t-il quand il l'aperçut. Qu'est-ce qui vous a pris de partir comme ça, sans prévenir ?

— Je ne sais pas… répondit-elle dans un haussement d'épaules. Mon intuition de médium sans doute… En tout cas, on perdait notre temps à Seattle. Le coupable est quelque part dans cette ville, j'en suis certaine.


Babineaux plissa les yeux, d'autant plus désarçonné. Il jeta un bref regard aux alentours, pour s'assurer que personne ne les écoutait, et l'attira un peu en retrait pour poursuivre la discussion.


— Vous pensez que c'est l'un d'entre eux qui a fait ça ?


Il chuchotait le plus bas possible et vérifiait de temps à autre au-dessus de son épaule, au cas où l'un des scientifiques de STAR Labs décide de surgir dans leur dos.


— Non, pas l'un d'entre eux. Ils avaient sans doute les moyens de commettre le meurtre, mais vous les avez vu aussi bien que moi, ce n'est qu'une bande d'intellos obsédés par la justice. Ils ne feraient pas de mal à une mouche. Non, je pensais plutôt à un metahumain.

— Et vous avez des preuves de ce que vous avancez ? Pour l'instant, on n'a aucune piste et je ne pense pas que la police de Central City nous laissera enquêter sans rien dire.

— J'en aurais bientôt.


Sans plus d'explication, elle reprit son ascension vers le Cortex. Encore une fois, aucune trace de Barry. A la place, Ravi, Cisco et Caitlin étaient rassemblés autour d'une table sur laquelle étaient posées une dizaine d'auto-injecteurs, semblable à ceux que l'on utilise pour l'épinéphrine.


— Liv ! s'exclama Ravi en se précipitant sur elle.


Il la serra contre lui aussi fort qu'il put. Il s'écoula un instant avant qu'elle fasse de même, et elle lui tapota le dos dans un geste maternel. Après tout, elle était censée avoir pris la personnalité d'une gentille grand-mère.


— J'ai eu tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose de grave, dit-il en resserrant encore un peu son étreinte. Ne repars plus jamais sans me l'avoir dit avant, par pitié !

— Allons, allons, mon garçon, tu t'en fais pour rien, tout va bien.


Quand il la laissa enfin partir, elle reporta toute son attention sur les injecteurs qui trônaient au milieu de la table.


— Qu'est-ce que c'est ?

— Ça, expliqua Cisco en brandissant une des seringues dans un geste théâtral, c'est ce que tu nous as ramené.

— La clé USB contenait des documents qui détaillaient la composition d'un produit super énergisant conçu à partir de l'ADN de Flash, poursuivit Caitlin. Correctement dosé, il pourrait le rendre beaucoup plus rapide, mais pour l'instant, les tests sur les souris montrent que ça le rendrait surtout psychotique et ultra-violent.


Tout comme le Max Rager, compléta Liv pour elle-même. S'il était inquiétant que des gens ordinaires entre en contact avec une substance qui les privait de toute pensée critique tout en démultipliant leurs capacités physiques, elle n'osait imaginer ce qu'il arrivait si une personne avec des pouvoirs tels que ceux de Barry y étaient exposés eux aussi. D'un autre côté, il serait bien plus aisé de le convaincre de faire ce qu'elle voulait si elle parvenait à se débarrasser de son côté toujours trop raisonnable. C'était un pari risqué mais qui valait le coup d'être tenté.


— Je vois. Vous pensez pouvoir éviter cet effet secondaire ?

— Oui, c'est sans doute une question de dosage de certains produits contenus dans le mélange qui causent ces effets indésirables. A force de les ajuster et les réajuster, on finira bien par y arriver. En tout cas, merci beaucoup de nous l'avoir apporté. Je pense que ça pourrait nous être très utile un de ces jours.


Liv hocha la tête. Une idée commençait à germer dans son esprit. Elle doutait que, même au pire de sa souffrance, Barry accepte de remonter le temps il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que le sujet était tabou, sinon pourquoi n'aurait-il pas déjà tenté le coup ? Mais avec une de ces seringues, si l'effet sur la psyché était aussi puissant que ce que prétendait Caitlin, alors elle gardait une chance de le ranger de son côté. Aucun moyen de reculer maintenant, pas si elle voulait préserver le secret des zombies.


— De rien, répondit-elle avec un sourire. En tout cas, moi, je vais aller me reposer un peu à mon hôtel avant de repartir. Enfin, si Ravi est d'accord pour retarder notre départ, bien sûr.


La réponse ne se fit pas attendre et Ravi hocha la tête avec ferveur.


— Bien sûr, on peut attendre encore un peu. Cisco était sur le point de me montrer un canon à particules qu'il a mis au point et je ne voudrais rater ça pour rien au monde.


Ils s'adressèrent mutuellement deux immenses sourires complices, comme s'ils s'étaient connus depuis des années.


— Super. Dans ce cas, je t'appelle dès que je suis prête à partir, et on avisera à ce moment-là.


Ravi répondit d'un pouce levé au ciel avant de disparaître dans un atelier avec son nouveau meilleur ami.


— Est-ce que Barry est dans les parages ? poursuivit Liv en se tournant vers Caitlin. J'aimerais au moins lui dire au revoir avant de partir.

— Je suis désolée, il est parti un peu avant que tu arrives et je ne sais pas du tout où il est allé. La sœur de Snart est venue lui déposer une clé et il a filé dès qu'il l'a récupérée.


La réponse semblait sincère et Liv ne détecta pas la moindre méfiance dans le ton de sa voix.


— Je vois, dit-elle finalement dans un haussement d'épaules. J'essayerai de repasser demain matin, tant pis.


Après un rapide signe de la main, Liv s'éloigna dans les couloirs. Elle tourna pendant un moment autour du Cortex, jusqu'à être sûre de ne croiser personne, et se dirigea vers l'alarme incendie la plus proche. Cela lui donnerait une marge de manœuvre, mais elle devrait tout de même faire vite, si elle ne voulait pas être prise sur le fait.


La sirène criarde et assourdissante s'éleva dès qu'elle enfonça le bouton. Elle n'estimait pas à plus de trente secondes le temps dont elle disposait pour attraper l'injecteur et disparaître. Dès qu'elle vit Caitlin se précipiter dans le couloir sous le crépitement du système d'extinction, elle se lança vers son but.


Une eau sale, chargée de rouille, se déversait dans le Cortex, inondait les bureaux et s'écoulait sur tout le matériel informatique. Avec un peu de chance, les concepteurs du laboratoire avaient envisagé une telle éventualité, et avaient adapté le mobilier en conséquence — du moins, Liv l'espérait.


Alors qu'elle s'approchait de la table au centre de la pièce, prête à saisir la seringue à la première occasion, elle fut saisie d'un frisson qu'elle ne connaissait que trop bien.


— Oh, pas maintenant, protesta-t-elle tandis que son corps se figeait.


La pluie s'abat avec rage sur le pavé. A quelques mètres de là, un homme debout, au long manteau et au chapeau mou, pointe sur elle le canon de son revolver. Sans sommation, il tire, la touche à l'épaule. Elle ploie, la douleur est cuisante. Mais quand il approche, imprudent, elle presse la détente à son tour et il tombe au sol, mort.


Dans un hoquet de surprise, elle reprit ses esprits et, une fois son butin attrapé, se précipita vers la sortie, juste à temps pour ne pas être vue par Ravi et Cisco qui sortaient de l'atelier.


— Tu es sûre qu'il y en avait onze ? Tu les as peut-être mal comptés…


Caitlin lança un regard assassin en direction de Cisco, qui s'affairait à éponger la console de l'ordinateur central. Voilà dix minutes qu'elle cherchait ce fichu injecteur manquant et pas moyen de mettre la main dessus.


— Je sais encore compter jusqu'à onze, oui, répliqua-t-elle tout en refaisant le tour de la pièce pour la cinquième fois.


Elle ne s'était pas tout de suite rendu compte qu'une dose du produit manquait. Puis, elle s'était dit que la force de jets d'eau aurait pu la faire tomber sur le sol, mais rien. Malgré ses efforts, elle n'avait rien trouvé. Une seule solution se présentait : on l'avait volée. Et quand elle pensait « on », une personne très précise lui venait à l'esprit.


— Est-ce que tu as accès aux bandes des caméras de surveillance ? demanda-t-elle soudain en se tournant vers Cisco. J'aimerais voir si Liv est bien partie directement après être sortie du Cortex.

— Quoi, vous pensez que c'est elle qui a fait ça ? demanda Ravi, interloqué. Elle n'aurait jamais… Pourquoi est-ce qu'elle aurait… ?

— Ce ne serait pas la première fois, commenta Babineaux, qui continuait à pousser l'eau vers les conduits d'évacuation du bout de son balai.

— Je veux simplement écarter toutes les probabilités. Je suis certaine que quelqu'un a pris cette seringue, et je veux savoir qui c'est.


Cisco ne mit pas longtemps pour retrouver la vidéo en question. Ils se rassemblèrent tous autour de l'écran.


— Une chance que notre matériel soit relativement étanche, soupira Cisco tandis qu'ils visionnaient le déroulé des événements. Pas sûr que les caméras dans les secteurs secondaires aient tenu le choc, mais pour celles-ci, on aura pas de problèmes…


Bien que les gouttes tombées sur l'objectif rendaient l'image floue par moments, ils n'eurent aucun mal à comprendre que Liv avait déclenché l'alarme incendie dans le but de créer une diversion, et était partie avec un injecteur. La question restait, pour en faire quoi ?


— Elle ne répond pas sur son portable, dit Ravi après avoir tenté de la joindre.


Babineaux tenta lui aussi de la contacter, sans grand succès.


— Je crois qu'elle a éteint son téléphone. On devrait aller voir à l'hôtel où elle séjournait.

— Je ne pense pas qu'elle soit là-bas, répliqua Caitlin. Elle m'a dit qu'elle voulait voir Barry avant son départ, et elle avait l'air de beaucoup y tenir. D'autant plus que ça expliquerait pourquoi elle a pris l'injecteur : elle compte s'en servir sur lui. Dans ce cas, si on trouve Barry, on la trouvera elle aussi.


Elle sortit à son tour son portable de sa poche et commença à composer un numéro.


— Je vais voir avec Joe s'il n'est pas rentré chez lui.


Alors qu'elle portait le combiné à son oreille, elle capta du coin de l'œil le visage de Cisco, déformé par une grimace d'hésitation. Elle connaissait bien cette expression : il savait quelque chose, mais hésitait à cracher le morceau, conscient des conséquences que cela pourrait engendrer.


Harry fut plus rapide qu'elle à poser la question qui lui brûlait les lèvres.


— Quelque chose à nous révéler, Ramon ?


Cisco se crispa encore un peu plus, les doigts entremêlés les uns avec les autres, le corps tordu dans la posture de l'élève qui vient de se faire prendre à faire une bêtise.


— Je sais où est Barry.

— Dis-le-nous, dans ce cas-là ! Qu'est-ce que tu attendais ?


Elle s'était emportée plus qu'elle ne l'aurait voulu et, en voyant Cisco se déconfire, regretta un peu de ne pas s'être maîtrisée davantage. Cependant, la situation restait urgente. Si Liv utilisait ce produit sur Barry, les conséquences pourraient être terribles.


— En fait… je ne sais pas exactement où il est…

— Vous savez ou vous ne savez pas ? demanda Babineaux qui lui aussi commençait à perdre patience.


Cisco se tourna de nouveau vers la console et pianota en silence pendant quelques secondes.


— Un peu des deux en fait… Je ne sais pas si je peux vous le dire…


Il hésita encore un instant. Si Caitlin s'efforçait de rester calme et compréhensive, elle ne pouvait pas en dire autant de Harry, qui semblait sur le point d'exposer de rage.


— Bon, tant pis, j'ai pas vraiment le choix. Je pense qu'il est allé chez Snart.


Ni Caitlin ni Harry ne répondirent, mais le regard qu'ils échangèrent valait mille mots. Si Caitlin aurait besoin de temps pour comprendre l'information qu'elle venait de recevoir, Harry, lui, ne semblait pas surpris le moins du monde.


— Le problème, c'est que je ne sais pas exactement où ça se situe. Cela dit, j'ai peut-être une idée. Vous vous souvenez qu'à une époque, on avait pu tracer le fusil cryogénique de Snart grâce à une puce ?


Caitlin hocha la tête.


— J'ai gardé les données récoltées, au cas où ça puisse nous servir un jour. Du coup… attendez, laissez-moi retrouver tout ça… ah, voilà… alors, si on classe tout ça par rapport aux endroits où il a passé le plus de temps et qu'on élimine les entrepôts et les bars…


Un symbole s'afficha à l'écran puis afficha une liste d'adresses.


— Et voilà ! Cinq résultats possibles ! s'exclama-t-il, avec un grand sourire satisfait. On a plus qu'à aller vérifier.


La porte était déverrouillée. Liv entra sur la pointe des pieds, dans la pénombre de l'appartement.


***


Cela n'avait pas été difficile de retrouver où vivait Snart. Elle avait vu les rues de nombreuses fois dans ses visions, et l'architecture de ce côté de la ville dénotait suffisamment pour être reconnaissable entre mille.


Elle parcourut le salon, éclairée seulement par la lumière de l'extérieur. Aucune vision ne lui parviendrait maintenant qu'elle était sous l'emprise d'un autre cerveau, pourtant l'endroit lui paraissait familier, comme si elle y était déjà venue de nombreuses fois.


Elle poussa la porte de la chambre, sans un bruit. Barry était enroulé dans la couette, endormi. Toujours dans le plus grand des silences, elle quitta la pièce. Autant attendre quelques minutes qu'il se réveille, il serait sans doute plus disposé à l'écouter.


Elle s'attarda un moment près du comptoir de la cuisine, passa sa main en dessous. Peut-être quelque chose était-il caché par ici ? En tout cas, si elle voulait dissimuler un objet, c'est ce genre d'endroit qu'elle choisirait. Pendant un moment, elle ne trouva rien, et finissait par se dire qu'il vaudrait mieux aller réveiller Barry et ne pas perdre de temps, au risque d'être retrouvée par l'équipe Flash, quand son doigt rencontra un bouton.


Au moment-même où elle le pressa, une petite porte aménagée dans le placard s'ouvrit. Au même instant, un éclair traversa la pièce et s'arrêta au milieu du salon, où il prit la forme d'une silhouette humaine.


Il était difficile de discerner tous ses traits dans la pénombre, mais Liv n'eut aucun mal à reconnaître Barry. Il se tenait dos à elle, silencieux.


— Ravie de te rencontrer, Liv Moore, souffla-t-il tandis qu'il se retournait lentement vers elle.


Alors qu'elle était sur le point de répondre, elle sentit une douleur remonter le long de son ventre. Elle baissa les yeux, intriguée.


Au niveau de son nombril, un couteau de cuisine était planté jusqu'à la garde.


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