TOME 1 - Un bout de chemin ensemble

Chapitre 17

Chapitre final

8472 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/08/2020 22:17

Dernier chapitre de la première partie !

Alors d’abord je vais mettre un petit avertissement sur la scène du début un peu particulière qui pourrait mettre certains dans l’embarras si vous êtes mineurs ou que tout simplement vous n’aimez pas ce genre de moment. Il s’agit bien d’un SandorxEmerys charbon non explicite (donc pas noté M).

Ensuite, je rappelle bien qu’il s’agit d’un univers alternatif et que la suite des événements n’aura pas grand-chose à voir avec la chronologie des livres/séries.

Voilà, alors je vous laisse lire et apprécier ce dernier passage.

Chapitre 17

Quelqu’un frappait à sa porte. Trois petits coups timides sur le bois toutefois perceptibles.

Sandor leva les yeux de son brassard qu’il tenait entre ses mains posées sur ses genoux. Assis sur une chaise au milieu de sa chambre, il dévisagea longuement la porte derrière laquelle se tenait quelqu’un qui souhaitait le voir. N’ayant cependant aucune envie de parler à qui que ce soit pour le restant de la soirée, il fit mine de ne pas avoir entendu les coups pour plutôt s’occuper de son armure. La personne finira par se lasser d’attendre et rejoindra d’elle-même la fête à l’étage du bas.

De l’autre côté de la porte, immobile à son pas, Emerys attendait une réponse de l’homme s’y cachant à l’intérieur. Le plancher sombre craquait sous son poids tandis qu’elle patientait. Mais au silence quasi-total qui régnait derrière le bois, elle abaissa son poing puis colla plutôt son oreille sur ce dernier pour s’assurer que le Chien ne dormait pas encore. Elle ne voulait pas le réveiller ni l’embêter, mais elle devait absolument lui remettre quelque chose en main propre avant que leur route ne se sépare pour de bon. Elle avala difficilement à cette dernière pensée qui la peinait beaucoup, n’aimant pas son effet sur elle. Hors, son heure était venue pour elle de laisser l’errance afin de reprendre son destin en main.

«C’est moi, Emerys.» Dit-elle doucement après s’être éclairci la voix.

Tout de suite après sa présentation, elle entendit un profond soupir rapidement suivit d’un bruit sourd ressemblant à du métal qui tombe sur le plancher. Ses sourcils se creusèrent au juron qui accompagna la chute de l’objet. Apparemment, le mercenaire ne s’attendait pas à ce qu’elle ne frappe à sa porte ce soir ou alors il était peut-être déjà occupé … Avec quelqu’un d’autre. Un peu anxieuse, elle attendit quelques secondes de plus avant de prendre la décision d’ouvrir la porte sans le consentement, l’ouvrant doucement afin que l’homme ait le temps de réagir s’il n’était pas décent. Non pas que cela devait réellement le déranger.

Emerys passa sa tête dans l’entre bâillement de la porte à la recherche de l’imposante forme du Limier dans la pièce plongée dans la pénombre. Une odeur de fraîcheur et de bois de santal flottait dans l’air suite au bain et à la toilette auxquelles il avait eu droit. C’était très agréable. Deux grandes bougies blanches éclairaient le côté droit de la chambre et lui permit donc de voir le Chien assis sur une chaise, la tête baissée sur son brassard en métal qu’il tentait de refermer sur son avant-bras droit. Des parties de son armure se trouvaient sur le lit à sa gauche tout comme son épée et ses poignards. Incrédulité s’empara d’elle, que faisait-il ?

«Qu’est-ce que tu veux ?» Exigea le Limier occupé à sa tâche sans même lever les yeux vers elle.

«Que faites-vous ? Où voulez-vous aller à cette heure-ci ?» Emerys répondit par une autre question après avoir refermé la porte derrière elle dans un grincement. Elle colla son dos à celle-ci puis attendit des explications lorsqu’il croisa enfin son regard.

Cela permit à Sandor de voir que la jeune femme avait également bénéficié du bain floral de l’auberge, car elle ne portait plus les mêmes vêtements de voyage. Plus d’odeur de terre mais celui du puissant parfum de rose qui se mélangeait au parfum du bois de la pièce, créant une combinaison particulièrement intéressante. Elle était désormais dans une robe légère satinée couleur pèche, une jolie robe de chambre pour s’accorder aux mobiliers luxurieux. Ses cheveux avaient été laissés libres, fort heureusement, parce qu’il les aimait dans leurs naturelles vagues argentées en cascade dans son dos. Il renifla de dédain une fois ses observations faites puis donne une petite secousse irritée de la tête.

«Je me tire d’ici. Je ne reste pas avec une bande de gueux aux innombrables exploits imaginaires. Maintenant dis-moi ce que tu me veux avant que je te foute dehors !» S’agaça-t-il en abandonnant le laçage de son brassard pour la toiser durement, affalé contre le dossier de sa chaise. Il leva un sourcil quand elle reprit.

«Arya vient à peine de s’endormir. Vous ne pouvez pas lui faire ça pour une fois qu’elle dort dans un vrai lit ! Mettez-vous un peu à sa place. Et je pense que vous en avez aussi besoin, après tout ce temps passé à la belle étoile.» Rétorqua Emerys qui baissa les yeux sur les lattes au sol tout en mâchant nerveusement sa lèvre inférieure, les sourcils froncés et les bras derrière le dos.

Avant de venir voir le Limier, elle était d’abord allée rendre visite à Arya à deux portes plus loin pour s’assurer qu’elle allait bien. Malheureusement, ses vaines tentatives d’expliquer son choix ne menèrent à rien d’autre qu’une dispute et plus de larmes. La jeune fille ne comprenait pas cette décision brusque ni pourquoi elle voulait partir avec un homme comme Barry alors qu’elle était beaucoup plus en sécurité avec eux. Non, elle ne comprenait pas son désir de s’éloigner de Westeros jusqu’à ce qu’Emerys ne lui reparle de son envie de rejoindre Braavos.

Ce fût à ce moment-là seulement qu’Arya comprit sa soif de découverte. Tout comme elle, elle se cherchait, elle voulait comprendre qui elle était vraiment et quelle était sa véritable utilité en ce monde. Alors, qui était-elle pour lui enlever cette liberté ? Personne. Néanmoins la séparation était bien plus difficile à accepter, pour toutes les deux qui avaient développé une vraie amitié. Après avoir veillé à son chevet jusqu’à ce que ses larmes ne sèchent enfin, la jeune femme quitta la pièce pour laisser Arya se reposer sereinement. Elle reverra sa jeune amie au petit matin pour des "au revoir" dignes de ce nom.

«Et je suis venue vous apportez ça.» Se raclant la gorge, Emerys revint au présent en faisant apparaître une bourse de pièces de derrière son dos au Chien dubitatif. Elle s’éloigna de la porte pour lentement s’avancer vers lui, la bourse tendue ; «je n’ai qu’une parole. Voici votre argent pour m’avoir protégée jusqu’ici. Je ne vous remercierais jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour moi.»

«Epargne-moi tes belles paroles ! J’en veux pas de tes remerciements à la con !» Vociféra l’homme d’un coup de bras en l’air pour exprimer sa contrariété. Hors, la femme était déterminée à le remercier.

«Sans vous, je ne serais même pas là pour en discuter ! Alors acceptez au moins ma reconnaissance.» Renchérit sauvagement Emerys en prenant un autre pas en avant, le défiant du regard d’oser la contredire. Qu’il accepte une petite valorisation pour une fois dans sa vie au lieu d’être constamment sur la défensive !

Toutefois, la jeune femme irritée se raidit lorsque le mercenaire se leva d’un bond de sa chaise puis qu’il jeta furieusement le brassard sur le lit avec le reste de l’armure. Il s’approcha à grandes enjambées jusqu’à d’elle, ses yeux bruns rétrécis ne quittant jamais sa forme svelte proche de la porte. Il s’arrêta à seulement quelques centimètres à peine d’Emerys pour l’épier de haut en bas tout en jouant avec sa mâchoire, songeant sur sa prochaine action envers elle. Sa poitrine touchait sa main dans laquelle se trouvait la bourse de pièces mais il ne cilla pas ni ne fit un mouvement pour récupérer cet argent.

Emerys déglutit à cette soudaine proximité. Elle ne pouvait plus le regarder droit dans les yeux alors que sa taille la surplombait au point de lui faire de l’ombre, le dos de ses doigts frôlant le tissu de sa chemise blanche et captant la chaleur élevée de son corps. Elle ne voulait pas être intimidée par cet homme, mais il avait toujours eu un étrange pouvoir sur elle. Elle ne montra cependant aucun signe de faiblesse tandis que le Chien récupéra la bourse de pièces entre ses mains puis qu’il la balança derrière lui avec le reste de l’armure sur le lit.

«Au moins, maintenant, nous sommes quittes.» Siffla-t-il entre ses dents, la colère émanant de lui.

Etait-ce réellement de la colère ?

Médusée, Emerys cligna rapidement des yeux quand il se détourna subitement d’elle pour rejoindre sa chaise sans un autre mot, pas même l’ordre de quitter sa chambre sur le champ. Au contraire, il poussa un grand soupir plaintif avant de se rasseoir lourdement sur cette dernière, les coudes posés sur ses jambes et la tête tombante. Il semblait épuisé, ou même éreinté … Son visage était caché derrière sa longue chevelure, néanmoins, elle pouvait sentir son regard sur elle alors qu’elle s’aventurait près du lit pour prendre le brassard dans la ferme intention de lui venir en aide. Elle lui devait bien ça, après tout.

Emerys vint ensuite se mettre accroupit devant le Limier pour lui prendre délicatement le bras et passer le brassard autour du membre, laçant le cuir noir servant de fermoir avec attention. Ce n’était pas si difficile en fin de compte. Ses mains agiles travaillaient activement mais elle devait prendre garde à ses tremblements dût aux émotions fortes engendrées par ce simple contact. Elle se concentrait entièrement sur son travail, ignorant du mieux qu’elle le pouvait le regard insistant du Limier surpris par cette prise d’initiative. Elle décida de rompre le silence maladroit.

«Vous pourriez venir avec nous. Nous serions en sécurité, là-bas. Vous, moi et Arya ...» Dit-elle timidement, souhaitant plus que tout être accompagnée par eux pour ce voyage vers un nouveau monde.

«Ma place est dans le Nord, loin du feu. Arya Stark est née ici. Elle ne ferait que s’attirer les ennuis de l’autre côté du Détroit. Cette gamine ne peut pas rester tranquille.» Se justifia-t-il d’un petit rire sans humour tout en tournant son bras pour faciliter le travail à Emerys. Il poursuivit.

«Je refuse de suivre des abrutis pareils pour aller servir un autre tyran. C’est du suicide. Il faudrait être bête comme ses pieds pour les croire sur parole. Pfff, avec une pièce d’argent … Un véritable héros, ce Barry.» Sandor donna une secousse de sa tête au souvenir de cette narration héroïque fantaisiste. Il était hors de question qu’il se laisse entraîner dans un voyage qui le mènera loin du Nord et proche des bêtes cracheuses de feu de la Mère des dragons. Pour lui, c’était une entourloupe.

«J’ai fait mon choix.» Emerys confirma ses doutes.

Elle n’allait certainement pas revenir sur sa décision parce qu’il estimait que c’était du suicide. Elle faisait confiance à Barry, l’homme avait toujours exprimé son désir de voyager et de faire de nouvelles rencontres, donc pourquoi lui mentirait-il ? Ce n’était après tout qu’un pur hasard leur rencontre dans cette forêt. Il était clair que le Chien voulait lui en dissuader de suivre son ami dans cette odyssée mais elle n’avait plus aucun compte à lui rendre, sa dette venait d’être payée à l’instant. Grâce à Barry qui plus est. Et par conséquent, ils n’étaient plus obligés de rester ensemble. Alors pour quelle raison exactement ?

«Que penses-tu que ces hommes te feront, une fois sur la longue route menant de l’autre côté du Détroit ? Le même sort qui t’étais réservé dans ce village ?» Vint la question suivante, celle qui lui glaça le sang. C’était une question prudente toutefois débordante de vérité, car Sandor avait envie de savoir ce qu’elle en pensait après avoir vécu l’horreur à son ancien village.

La réaction n’en fut pas des moindres.

Les yeux d’Emerys se levèrent brusquement vers ceux du mercenaire penché vers elle, la bouche sèche et le cœur martelant dans sa poitrine. Ses mains se mirent à trembler, violemment. Il y avait une véritable ascension émotionnelle dans son regard douloureux alors qu’elle le fixait sans sourciller une seule fois, la mâchoire tombante pour exprimer son désarroi. Pesait-il l’impact de ses mots avant de les partager ? Si son but était de lui faire du mal, alors il réussissait à merveille. Cette mauvaise manie qu’il avait de toujours dire le fond de sa pensée, même quand elle était offensante …

Ecœurée par ses quelques mots, elle finit rapidement son laçage avant de se redresser, de dépoussiérer sa robe et de tourner les talons sans un dernier regard vers l’homme aux paroles blessantes. Elle se sentait vraiment stupide d’avoir pensé un seul instant qu’il ressentait quelque chose d’autre pour elle que de l’indifférence et du mépris. Rien n’avait finalement changé dans son caractère de rustre solitaire. Il restait celui qu’il avait toujours prétendu être, une âme vide ... Mais qu’avait-elle espéré d’un homme aigri tel que le Limier ? Elle faillit atteindre la porte pour sortir lorsque sa grosse voix retentit à nouveau derrière elle, l’arrêtant net dans sa fuite.

«Ils n’auront aucune pitié ! Ils n’hésiteront pas à te faire du mal. Tout le monde n’est pas comme moi à ramasser des filles errantes sans en profiter avant de les laisser pour mortes quelque part sur une route. Ce genre de voyage ne se termine jamais bien, crois-moi sur parole !» S’empressa de dire Sandor qui se leva pour prendre la même direction qu’Emerys, étrangement soucieux pour son sort. Mais au manque de réponse, sa patience se brisa.

«Ecoute-moi, bordel de merde !» Cria-t-il.

Non, il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, sinon il finira par le regretter un jour ou l’autre. Alors il se dirigea en trombe vers la porte puis la referma brutalement pour que la jeune femme ne soit pas tentée de l’ignorer. C’était instinctif, incontrôlable … A bout de souffle avec sa main sur la porte pour l’empêcher de s’ouvrir, il se rendit vite compte qu’il agissait comme un homme désespéré ne voulant pas voir celle qu’il aimait disparaître avec un autre. Honteux de cette jalousie flamboyante, il s’éloigna doucement de la porte afin de libérer le passage à Emerys, hors celle-ci ne bougea pas d’un poil. Elle se contenta de l’observer dans le plus grand des silences.

Enfin elle la voyait, la brèche dans sa carapace de dur à cuire. Il n’était plus le mercenaire cruel et insensible qu’elle avait côtoyé tout ce temps mais l’homme avec des peurs, des doutes, des regrets, tout comme des sentiments. Elle lui adressa un petit sourire attendri tandis qu’ils se fixaient mutuellement, à court de mots. Puis elle eut soudainement une idée. Bonne ou mauvaise, elle n’en savait rien. Mais avant même d’y réfléchir à deux fois elle leva sa main vers son visage, lentement, pour qu’il puisse s’y opposer si jamais il le souhaitait. Opposition qui ne vint jamais à son plus grand soulagement.

Le cœur serré d’appréhension, Sandor ferma les yeux quand il sentit la chaleur du bout des doigts d’Emerys se poser sur sa joue amochée. D’abord tendu par ce contact pourtant innocent, il finit par se laisser faire pour expérimenter cette sensation totalement nouvelle. Pourquoi lutter ? Après tout, il en avait rêvé de ce moment alors autant la laisser faire pour voir ce qui en advenait. Son parfum captivant d’huile de bain s’attardait dans son nez, le berçait dans l’extase, ses souffles chatouillant ses joues et son menton à chaque expiration.

Son touché était timide et doux à la fois pendant qu’elle parcourait soigneusement les cicatrices qui parsemaient le côté droit de son visage avec son pouce comme par peur du lui faire mal. Chaque passage de ses doigts tièdes laissait d’étranges picotements sur sa peau distendue. Une brute sans cervelle, un homme sans cœur ni honneur, un vieux chien hideux, un lâche … Toutes ces insultes qui avaient marqué à jamais sa vie au fer rouge disparaissaient derrière les caresses attentionnées d’Emerys. Jamais aucune femme ne l’avait touché de la sorte avec autant de tendresse, et il n’y avait rien de plus agréable au monde.

Le sentiment d’être aimé.

Lorsqu’il rouvrit lentement les yeux, il vit qu’une expression inquiète ornait le visage de la femme plus petite. La soudaine peur du rejet revient à nouveau en lui, toutefois il ne s’éloigna pas d’elle ni de sa main, il ne pouvait tout simplement pas ... Il était envoûté par un charme invisible qui le gardait immobile. La jeune femme fronçait les sourcils alors que ses doigts traçaient le contour de ses affreuses cicatrices, celle de sa peau rugueuse. Ses yeux sombres parcouraient attentivement son visage puis suivaient chaque crevasse laissées par les flammes jusqu’à ce qu’elle ne trouve son regard rempli d’incertitude. Son pouce s’attarda sur sa pommette droite où commençait sa barbe tandis qu’elle reprit la parole après un long moment silencieux dans cette position.

«Pourquoi avez-vous toujours des yeux tristes ?» Murmura-t-elle doucement, hors ce n’était pas vraiment une question mais plutôt une constatation. Malgré sa taille, elle pouvait néanmoins voir chaque trait de son visage à la lumière des bougies.

Sandor ne répondit pas à cette question. Que pouvait-il bien lui dire ? Au lieu de cela, il porta sa propre main au-dessus de la sienne sur sa joue pour enrouler ses doigts autour de cette source de réconfort inépuisable. Sa main était petite et chaude dans sa paume, sa peau douce en comparaison à la sienne calleuse. Des mains de tueur ... Non, il ne voulait pas qu’elle le touche, il ne voulait pas qu’elle pose sa main sur cette partie du visage qui représentait un lourd passé. Désormais bien conscient de l’effet qu’elle lui faisait et désireux d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, Sandor poussa un soupir d’abattement tout en abaissant sa main loin de ses cicatrices.

«Non, ne le faite pas. C’est ce qui fait de vous l’homme que vous êtes aujourd’hui.» S’exprima Emerys d’une touche d’admiration, sa main toujours tenue dans la sienne plus grande.

Elle lui sourit, mais fût surprise lorsqu’il positionna son autre main derrière sa nuque et qu’il pressa ses lèvres contre les siennes. Ce baiser était précipité et maladroit toutefois très fort en émotions, ce qui ne permit pas à Emerys de réagir car elle était stupéfaite par ce geste inattendu, le rythme effréné des battements de son cœur tonitruant dans ses oreilles. Aussitôt que le baiser débuta, Sandor s’éloigna rapidement d’elle en prenant ce manque de réaction comme un refus. Humilié au plus haut point, l’homme s’apprêta à la chasser de sa chambre mais ne put cependant dire quoi que ce soit quand il replongea dans son regard.

Il avait peut-être des yeux expressifs, mais les siens se lisaient parfaitement bien aussi. Il pouvait tout y lire mais certainement pas du dégoût ni de la colère comme il s’attendait tant à voir. Ses joues étaient partiellement rosées par le baiser, ses lèvres entre ouvertes. Elle tentait de garder le contrôle sur sa respiration tandis qu’avec précaution, elle reposa sa main sur sa poitrine où le muscle se tendit sous sa paume. Elle pouvait sentir le tambourinement frénétique du cœur contre ses doigts ainsi que les contours de sa puissante musculature. Les yeux de la jeune femme brûlaient de désir et de passion, de quoi lui donner tout le courage nécessaire pour faire la chose suivante.

Sandor plaqua une deuxième fois ses lèvres contre les siennes dans un fervent baiser. Affamé, ses doigts s’entrelacèrent dans sa chevelure soyeuse pendant que son autre main serpentait dans le creux de son dos, entraînant de petits picotements dans l’intégralité de son corps dévoré par le désir ardent. Et cette fois-ci Emerys répondit de la même manière en approfondissant d’avantage le baiser tout en encerclant ses bras autour de son cou, ne laissant aucun espace entre leurs corps échauffés. Une sensation si exquise, car le sentiment amoureux venait s’ajouter au désir charnel.

Elle gémit lorsque Sandor rompit le baiser pour descendre le long de sa mâchoire jusque dans son cou où il pouvait enfin goûter à sa peau crémeuse auteure de nombreux fantasmes. Elle était chaude, tellement douce ... Elle lui facilita l’accès à son cou en penchant la tête sur le côté, les mains s’égarant sur sa poitrine puis dans son dos sur ses larges omoplates. Les yeux fermés, elle frissonna à chaque contact de ses lèvres sur sa peau en effervescence. Il laissa une série de baisers entre son cou et sa clavicule pour finir par revenir à sa mâchoire, sa main dans le dos agrippant fermement le tissu de sa robe de soie. Les vêtements devenaient un obstacle à la passion grandissante.

Il plongea son visage dans les longs cheveux d’Emerys pour prendre une profonde inspiration de son parfum enivrant. Poitrine contre poitrine, leurs cœurs palpitaient au gré de leurs désirs. A bout de souffle, Sandor se débarrassa de sa chemise avant de récupérer la femme contre lui pour ensuite la déposer sur le matelas du lit après avoir poussé les restes de son armure au sol sans le moindre soin. Les pièces tombèrent sur le plancher d’un tintement métallique. Cette bourse n’avait plus aucune valeur à ses yeux, plus d’importance ... Puis il monta au-dessus d’elle en veillant à ne pas mettre tout son poids pour ne pas l’écraser, la regardant droit dans les yeux pour lui demander la permission de poursuivre, une infime trace d’hésitation dans son regard fiévreux.

Il ne voulait pas être brusque, pas avec elle …

La main d’Emerys remonta doucement le long de sa barbe pour finir son chemin contre sa joue, un petit sourire rassurant jouant à ses lèvres. Elle le voulait autant qu’il la voulait. Ses yeux ne reflétaient jamais de la peur ou même le doute, seulement cette ivresse, ce qui donna la force à Sandor de croire qu’elle l’aimait réellement. A cette pensée, il osa esquisser un petit sourire tandis que sa grande main s’arrêta sur la joue d’Emerys pour l’imiter dans son mouvement, touchant son visage avec douceur comme elle le faisait avec lui. Il avait l’impression qu’un poids énorme venait de le libérer et que son souffle lui avait été rendu quand la femme sous lui se pencha dans son touché.

C’était un sentiment libérateur qu’il ne saurait expliquer. La sensation d’être aimé et d’aimer en retour cette personne, de vouloir la chérir et la protéger contre vent et marrée ... Elle était tellement belle allongée là, sous son corps avec ce sourire exalté. Il n’y avait pas besoin de mots pour comprendre ou décrire ce qu’il se passait entre eux, c’était spécial et unique. Il se promit donc d’être le plus doux possible avec elle. Non seulement par respect pour son passé douloureux, mais aussi parce qu’il voulait profiter d’absolument chaque instant qui lui était gracieusement offert par cette femme.

L’autre main d’Emerys dériva sur la clavicule du Limier où la morsure humaine était encore bien visible. La blessure n’avait pas entièrement guérie, cependant cela ne saurait tarder avec son coup de main secret. Ses doigts effleurèrent la peau abîmée à cet endroit-là avant de descendre à son biceps où se trouvait une profonde cicatrice de combat parmi tant d’autres sur son corps. Oui, il était bien une fresque vivante. L’homme la dominant referma les yeux pour se concentrer uniquement sur les mains d’Emerys qui parcouraient sa poitrine, son visage et ses bras.

Retenant son souffle dans sa gorge, il rouvrit ensuite les yeux pour la regarder plus longuement pendant qu’elle déliait son brassard au bras droit. Pouvait-il la prendre comme il le désirait tant ? Etait-il digne d’une femme aussi pure qu’elle ? Finira-t-elle par avoir des remords ? Des questions que jamais auparavant Sandor ne s’était encore posé, jusqu’à maintenant. Pourtant il n’était pas le genre d’homme à hésiter sur ce genre de choix car généralement, il s’en fichait pas mal du ressentit de la personne du moment qu’il avait son affaire avec elle …

Mais ici dans les bras d’Emerys, tout était complètement différent. Une femme belle, délicate et attentionnée en qui il puisait sa force et sa détermination pour continuer à avancer sur le chemin de sa rédemption. C’était fort. Partageait-elle ce sentiment ? Toutefois une chose était sûre. Il ne lui fera plus jamais de mal volontairement, son amour et son respect pour elle ayant dépassés des sommets insoupçonnables. Il rencontra ses yeux alors qu’elle continuait de caresser amoureusement ses cicatrices, son pouce suivant pensivement une ligne sous son œil droit.

Il rabaissa aussitôt ses lèvres aux siennes et l’emmena dans un nouveau baiser plein de promesses.

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Il faisait encore bien nuit quand elle se réveilla, les bougies dans le coin de la pièce depuis longtemps fondues. Un petit vent soufflait à l’extérieur où la pluie tombait tranquillement sur la toiture de l’auberge. Aucun autre bruit ne venait perturber ce calme reposant.

Les yeux rivés au plafond, Emerys s’enfonça plus profondément dans les couvertures à la recherche de chaleur, voulant échapper au froid glacial omniprésent dans la pièce. Elle se blottit donc contre le corps chaud qui dormait paisiblement sur sa droite. La respiration du Limier était puissante dans son oreille mais pas bruyante, l’étonnant toujours qu’un homme de sa carrure ne faisait pas de bruit dans cette position allongée sur le dos. Jusqu’à ce qu’elle ne se souvienne de l’histoire qu’il lui avait raconté à propos de son frère égorgeant les gens qui ronflaient trop fort … Etait-ce lié ?

Emerys frissonna d’une grimace répugnée. Cet homme était irrévocablement un monstre qui ne méritait rien d’autre que la sentence pour l’ensemble de ses crimes afin qu’il ne puisse plus jamais faire de mal à qui que ce soit. D’un petit soupir inaudible, elle déposa doucement sa main sur la poitrine nue où sa joue reposait au-dessus de son cœur battant à un rythme régulier, rassurant. De son corps émanait une chaleur comme si qu’un feu le dévorait de l’intérieur, rendant presque les couvertures inutiles. Elle le voyait à peine dans la pénombre de la chambre jusqu’au moment où la pluie cessa pour laisser place à un ciel clairsemé d’étoiles.

Une faible luminosité provenant des rayons de la lune s’infiltrait au travers de la petite fenêtre du côté droit du lit et sur les couvertures, lui permettant de distinguer les contours familiers de son visage. Un sourire se dessina sur les lèvres de la femme tandis qu’elle regardait l’homme endormi à ses côtés. Jamais elle n’aurait pensé en arriver là aujourd’hui … Tomber amoureuse d’un mercenaire alimenté par la haine et le mépris, l’ex garde Royal bouclier protecteur de Joffrey Barathéon aux multiples rumeurs liées à une cruauté sans merci. Des jugements sur une apparence mais personne ne voulait ou ne voyait les nombreux sacrifices pour se racheter de ses horreurs passées car pour eux, ce n’était qu’une bête sanguinaire.

Et après cette soirée mémorable, elle ne le verra plus comme tel.

Certes, cela n’excusera jamais les crimes d’innocents, cependant il n’était jamais trop tard pour changer. Les preuves étaient là. Elle l’avait vu se transformer au court de leur voyage, passant d’un homme impitoyable à quelqu’un de plus indulgent sur le monde qui l’entoure. Grâce à Arya Stark, grâce à elle, grâce à sa volonté de trouver une autre voie que celle d’un assassin. Avec le temps, peut-être finira-t-il même par atteindre la paix intérieure qu’il recherchait tant ?

Le cœur d’Emerys se pinça. Personne ne voyait toute cette souffrance derrière ce masque de guerrier endurci, oubliant parfois qu’il y avait aussi un être humain avec des sentiments sous cette facette redoutable. Elle, elle le sentait, et l’avait toujours sentie d’une certaine manière. Elle et Arya n’avaient jamais été en danger. S’il avait voulu les nuire d’une quelconque façon, alors il l’aurait fait depuis bien longtemps déjà, bien avant d’empocher une rançon ou une bourse de pièces. Et il l’aurait abandonnée à ce sale type qui achetait des femmes pour les utiliser en tant que filles de joie dans des bordels réputés à Volantis.

Pourtant il ne l’avait pas fait. Pourquoi ? Sa conscience. L’homme avait une conscience et des limites.

Tranquillement pour ne pas le réveiller, Emerys se redressa dans le lit en gardant une partie de la couverture sur son corps nu pour contrer le froid stagnant de la chambre. Elle le regarda dormir alors que le soleil commençait lentement mais sûrement à pointer le bout de son nez derrière les collines, annonçant qu’il était bientôt l’heure de s’en aller. Cette décision était d’autant plus dure pour elle maintenant qu’elle le voyait sous un nouveau jour. Tendre, patient et assurément différent dans ses bras.

Mais si cela n’était qu’une illusion ? Qu’il n’avait fait que profiter de son moment de faiblesse en jouant avec ses sentiments ? Elle était naïve, mais pas dupe. Il y avait eu beaucoup plus que le désir charnel et les regards ne trompaient pas. A priori, ces derniers ne l’avait jamais trompée depuis le début de leur aventure ensemble, car c’était ce qui lui avait permis de voir derrière le visage du mercenaire aguerri. Puis de finir par l’aimer bien au-delà des apparences. Emerys ne s’était jamais sentie aussi indécise de sa vie sur un choix qui pourrait changer drastiquement son avenir.

Lui et Arya, ou son destin ?

Ta présence les mets continuellement en danger …

Elle ferma douloureusement les yeux à l’écho de sa conscience. C’était vrai. Rester avec eux relèverait de l’égoïsme alors par amour, elle s’éloignera au moins le temps de découvrir sa véritable identité. Il n’y avait que Daenerys Targaryen qui pourrait potentiellement lui venir en aide. Cette femme, mais aussi Lord Varys le Maître des chuchoteurs, son plus vieil ami. Ce fût donc avec un cœur lourd de tristesse et de remords qu’Emerys se leva silencieusement pour récupérer sa robe et disparaître derrière la porte en bois.

L’heure était venue pour elle de poursuivre sa route.

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«Je veux dix sacs de grains supplémentaires et deux grandes gourdes de vins. Allons pressons, nous sommes fins prêts à partir, mes amis !» Hurla Barry, une main à côté de sa bouche pour porter sa voix jusqu’à ses compagnons de voyage s’activant dans la cour de l’auberge.

Les six cavaliers s’empressèrent de seller leurs chevaux puis de mettre leurs provisions pour la route dans les sacs parce que leur voyage s’annonçait long jusqu’à l’autre bout du Détroit. L’un d’eux bouscula Emerys par inadvertance et après une brève excuse pour sa maladresse, il se mit à courir dans le sens inverse pour rejoindre sa monture, laissant derrière lui la femme plus incertaine que jamais. Ses mains étaient fermement liés devant elle tandis que son regard s’attarda sur chaque cavalier, se demandant ce qu’elle allait trouver de l’autre côté de la mer.

Découvrir les villes libres de Braavos, Pentos, Myr … Apprendre de nouvelles cultures, de nouveaux styles vestimentaires, de nouvelles langues, une religion différente et bien d’autres choses encore, notamment vivre parmi une nouvelle communauté. En temps normal, elle serait bien plus excitée par ce voyage cependant son cœur ne suivait pas son esprit. Un terrible doute planait encore sur elle depuis hier soir, se remémorant les conversations qu’elle avait eu avec la louve et le Chien à ce sujet-ci et plus particulièrement sur Barry Mallister.

«C’est le grand départ.» S’exclama une petite voix derrière Emerys. Il s’agissait bien-sûr d’Arya Stark.

«Oui. J’ai vraiment hâte de rencontrer la Reine et de voir une autre partie du monde !» Répondit-elle après avoir collé un grand sourire sur ses lèvres puis s’être tournée pour faire face à la jeune fille. En revanche cette dernière au pas de la porte ne lui rendit pas de sourire, elle l’observa juste.

«C’est ce que je voulais aussi faire. Découvrir le monde après avoir rendu visite à un ami à Braavos.» Affirma la Stark en repensant à Jaqen H’gar et à l’entraînement qui l’y attendait pour devenir un Sans-Visage.

«Un jour, tu iras, j’en suis persuadée. Mais tu es encore jeune. La vie ne fait que commencer pour toi, tu as besoin d’être mise en sécurité pour pouvoir devenir une adulte forte et indépendante.» Emerys se pencha vers elle, ayant sentie son envie inéluctable de faire partie de ce voyage. Arya baissa la tête au sol de déception tout en se mordant la lèvre inférieure avant de relever les yeux dans ceux conciliants de son amie.

«Je l’espère. Mais la vie nous réserve toujours des surprises, pas vrai ? Au revoir, Emerys.» Dit-elle ensuite d’une voix tremblante sous le poids des émotions, ses yeux gris brumeux de larmes.

Elle ne voulait verser aucunes larmes pour elle mais c’était plus difficile qu’elle ne le pensait initialement. Alors elle baissa honteusement la tête pour que ses cheveux noirs couvrent ses yeux, le menton contre sa poitrine jusqu’à ce qu’elle ne sente les mains de la femme se poser sur ses épaules. Cette séparation de plus était celle de trop pour elle ... N’osant toujours pas regarder Emerys dans les yeux pour ne pas qu’elle voit son abattement, Arya ne put malheureusement lutter quand elle sentit ses bras s’enrouler autour de son corps pour l’entraîner dans une douce étreinte.

«Hey, tu l’as dit toi-même, ce n’est qu’un au revoir. Nous finirons par nous retrouver, Arya Stark. C’est inévitable. Souviens-toi de ce que je t’ai appris. Fais le vide dans ton esprit. Ecoute le vent, les éléments autour de toi, et tu entendras les nouvelles du monde. Tu m’entendras. Ne laisse personne te faire du mal ni t’obliger à faire des choses que tu ne veux pas faire. Tu es libre, tu es ton propre Maître. Tu es un loup, ton territoire s’étend à des kilomètres à la ronde. Alors deviens ce que tu rêves de devenir.» Sollicita Emerys tout en balançant l’enfant dans ses bras, la joue posée sur le haut de sa tête et le cœur brisé d’entendre sa tristesse.

Arya cachait son visage ainsi que ses larmes dans son épaule. Elle ne voulait pas montrer son chagrin devant tout le monde car sa plus grande crainte était de passer pour une faible, seulement, c’était tellement difficile d’y résister … Elle avait l’impression d’être une nouvelle fois abandonnée par la personne qu’elle chérissait, d’être à nouveau seule au monde pour affronter ses problèmes. Elle voulait la supplier de rester avec elle et de ne pas suivre cet homme qu’elle soupçonnait être quelqu’un avec de mauvaises intentions.

Mais encore une fois, qui était-elle pour la priver de sa liberté ?

Emerys combattit ses propres larmes qui menaçaient de tomber jusqu’à ce qu’elle n’aperçoive une silhouette qui se dressait derrière Arya. Sandor Clegane. L’homme avait finalement prit la décision de descendre, malgré son grand désir d’éviter la jeune femme jusqu’à ce qu’elle ne parte. Il ne dit rien alors qu’elle s’éloigna d’Arya en séchant ses larmes à l’aide de la manche de son manteau noir. Elle se releva de sa position agenouillée, puis dépoussiéra nerveusement son pantalon tandis que le Limier croisa les bras sur sa poitrine revêtue de son armure.

Son visage était inexpressif, bloquant toutes les émotions qui se bousculaient en lui. Le réveil fût particulièrement difficile, seul ... Il était en colère oui, et à cela s’ajoutait de la jalousie mais aussi de la tristesse de voir cette femme qu’il aimait si déterminée à partir avec cet homme. Déterminée à s’éloigner de lui une bonne fois pour toute pour suivre sa propre voie au-delà des frontières. Ses poings se serrèrent et son visage se durcit lorsqu’elle établit un contact visuel timide avec lui. Dans son regard brillait de l’incertitude mais également de la douleur avec une autre émotion qu’il n’arrivait pas à déchiffrer.

«Au revoir, Sandor Clegane.» Ce fût la seule chose qu’Emerys réussit à dire alors qu’elle fixait ce visage intransigeant, voir même glacial.

C’était comme si son cœur se brisait en morceaux. L’espace d’un instant, elle avait eu espoir qu’il ne dise quelque chose, n’importe quoi … Un signe, un sourire, un mouvement. Pour que son esprit ne s’installe pas sur l’hypothèse d’une simple illusion à cause de l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Mais il n’y avait rien. Rien d’autre que cette froideur et cette impassibilité face à son "au revoir" qui pourtant sonnait comme une invitation à l’en dissuader de faire ce choix. Désabusée mais acceptant la vérité, elle joua nerveusement avec les bords de son manteau avant de redresser la tête pour dire une dernière chose.

«Quoi qu’il en soit, je ne regrette rien. C’était un honneur de vous rencontrer et de voyager avec vous. Vous avez été comme une famille pour moi.» Le menton tremblant, Emerys regarda Arya pour lui faire un doux sourire émotif. Elle lui devait tout à cette fille ... Se raclant ensuite la gorge pour libérer sa voix, elle chuchota ; «restez en vie, s’il vous plaît.»

L’expression dure du Limier faiblit légèrement tandis que la jeune femme se retourna sans un autre mot pour rejoindre le cheval qui lui était destinée pour ce voyage. Il ne pouvait pas lui promettre une telle chose, car la vie avait souvent des rebondissements inattendus. Néanmoins une chose était sûre, il fera tout en son pouvoir pour recroiser une dernier fois son frère avant de mourir. La poitrine douloureusement compressée, le Chien posa sa main sur l’épaule d’Arya quand elle voulut prendre un pas en avant. Etonnamment, elle ne se débattit pas sous sa poigne ni ne lui cria dessus. Elle se contenta de regarder tristement Emerys grimper sur son cheval aux côtés des cavaliers, impuissante.

«En route Emerys ! La Reine n’attends pas.» S’écria Barry sur son cheval tout en rigolant avec joie. Toutefois son rire mourut instantanément dans sa gorge lorsqu’il croisa le regard haineux de la gamine à côté du mercenaire. Elle lui donnait des frissons …

Mais Sandor avait encore une chose à faire, il ne pouvait pas laisser Emerys entre les mains de cet homme sans un bon avertissement. Alors, il relâcha Arya et après l’avoir repoussée à l’intérieur de l’auberge, il marcha dans la cour jusqu’à l’étalon blanc de Barry Mallister devant les autres cavaliers en attente des ordres. Une fois aux pieds de ce dernier confus, il posa sa main droite sur le pommeau de son épée à sa hanche puis utilisa son autre main pour agripper violemment le bras du jeune homme afin qu’il s’abaisse à son niveau. Il entendit le cliquetis des armes des cavaliers, mais n’y prêta aucune importance.

«T’avises pas de la toucher, sinon, je te retrouverais et j’enculerais ton cadavre !» Grogna-t-il furieusement à son oreille. Sans attendre de réponse, il le relâcha tout aussi vite avant que la situation ne dégénère pour de bon.

Quand il repartit en direction de l’auberge, il recroisa le regard d’Emerys sur son cheval noir et vit qu’elle était perplexe par son geste, n’ayant sans doute pas entendu ce qu’il avait dit à ce petit connard. D’un sourire abject et fier de l’effet qu’il avait eu sur Barry désormais blanc comme un linge, il passa la porte pour aller faire ses propres bagages. Il n’avait plus rien à faire ici de toute manière. La note ayant été payée comme promis, il ne lui restait plus que la gamine à caser quelque part ensuite viendra son tour de partir pour le Mur.

Ainsi soit-il.

Enfin remit de ses émotions fortes, Barry donna l’ordre d’avancer puis le cortège de soldats levèrent leurs bannières dans les airs pendant qu’ils suivaient tous le mouvement du chef au travers les collines escarpées. Emerys regarda une dernière fois derrière elle mais n’y vit plus personne, l’endroit était désert. Ayant l’impression d’avoir une pierre à la place du cœur, elle claqua les rênes de son cheval pour rattraper les autres.

Une aventure se terminait et une autre débutait.

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Le premier jour fût très difficile pour Emerys. Elle se demandait sans cesse si elle n’avait pas fait une erreur monumentale en quittant Sandor et Arya, ne pouvant ignorer les liens qui les unissaient. De plus que la météo n’était pas de leur côté non plus. Des orages venaient fendre le ciel grisonnant des Eyrié où la pluie torrentielle se mélangeait à la boue et au froid de cette vaste partie du Conflans.

Le deuxième jour, elle marchait à côté de Barry qui lui rappelait de bons souvenirs de l’époque. Cela suffisait à lui faire retrouver le sourire mais pas à enlever la pointe douloureuse dans son cœur ni la culpabilité qu’elle ressentait. Cette peine mettra sans doute beaucoup de temps à s’estomper, cependant elle restait confiante quant à l’avenir, croyant au destin. Il n’y avait que le temps qui pouvait guérir ce genre de blessure en commençant par comprendre que c’était la suite logique, finalement.

Le troisième jour, Barry et ses soldats installèrent un campement provisoire afin de reposer les chevaux et eux même par la même occasion. Evidemment, une femme seule parmi des hommes suscitait des convoitises et des regards sales. Mais Barry faisait toujours en sorte qu’elle soit en sécurité en n’hésitant pas à réprimander ses troupes s’il le fallait. Au soir venu, ils firent un grand feu où vins et viandes furent partagés pour fêter leur liberté. L’ambiance était au rendez-vous, les rires emplissaient l’air. De quoi apaiser l’âme d’Emerys en ces temps où il était difficile de s’intégrer dans un nouveau groupe et de faire la paix avec elle-même.

«Es-tu sûr de tes informations ?» Demanda calmement Barry qui observait le festin de loin, tapi  dans l’ombre parmi les arbres.

«Oui, mon Seigneur. L’enfant était Arya Stark. Sa tête et la tête du Limier sont mises à prix.» Murmura un autre homme plus petit à ses côtés.

«Merci, tu peux repartir.» Répondit son chef en levant sa main pour le congédier, son regard calculateur posé sur Emerys assise près du feu à une distance de sécurité de ses hommes.

Il continua de la contempler de la sorte pendant un long moment, avant de disparaître dans la nuit.

Au petit matin, lorsqu’Emerys ouvrit les yeux, elle sentit tout de suite que quelque chose n’allait pas. Le campement était étrangement silencieux et l’odeur cuivrée qui flottait dans l’air l’alerta presqu’instantanément. Elle se leva difficilement du sol car sa tête lui tournait affreusement, lui tirant un gémissement plaintif à la douleur sourde dans son crâne. Une fois debout, elle eut à peine le temps de couvrir sa bouche qu’un cri d’horreur dépassa ses lèvres. Son cœur pulsant dans ses oreilles, elle ne pouvait que déplorer la triste image macabre.

Tous les hommes autour d’elle avaient sauvagement été égorgés durant la nuit, leurs yeux vitreux grands ouverts face au ciel, leurs bouches tordues dans une grimace d’effroi. De grandes flaques de sang étaient répandues autour de chaque corps inertes. Des larmes d’épouvantes dévalèrent ses joues tandis qu’elle essayait vainement de se remémorer les derniers événements de la soirée qui menèrent à ce massacre, plantée au milieu des cadavres. C’était impossible qu’elle n’ait absolument rien entendue ! Quelqu’un avait dû lui donner une substance pour qu’elle ne se réveille pas pendant cette épouvantable hécatombe.

Puis elle se souvint de Barry. L’homme lui avait proposé de boire du vin dans sa gourde avant qu’elle ne s’effondre de fatigue.

Emerys mit sa main devant son nez pour couvrir la puanteur de la mort. Il fallait absolument qu’elle retrouve son calme pour regagner sa lucidité et pouvoir réfléchir et agir. Il n’y avait pas un seul bruit autour d’elle, pas de chevaux non plus et elle ne déplorait que cinq corps. Il manquait Barry ainsi qu’un autre homme dont elle ignorait le nom.

Dorénavant seule et sans monture pour fuir rapidement l’endroit, elle marcha dans une direction aléatoire pour espérer regagner le sous-bois. Hors le brouillard épais n’aidait en rien les choses. Il fallait à tout prix qu’elle rebrousse chemin ! Cependant dans sa panique, elle n’entendit pas les pas qui s’approchaient jusqu’à ce que quelqu’un n’agrippe sa chevelure pour la tirer brusquement en arrière d’une main autour de sa bouche pour la faire taire.

Ses cris moururent au moment où quelque chose de dur entra en contact avec sa tête.

Et que son monde sombra à nouveau dans les ténèbres.

Fin

Voilà comment se termine la première partie … Cordialement.

Non mais plus sérieusement, pauvre Emerys, pauvre Arya et surtout pauvre Sandor ! C’est vraiment cruel je l’admets, mais après j’ai envie de vous dire que dans cet univers ce genre de rebondissement est courant. Même si c’est rageant la plupart du temps. Emerys est malheureusement très naïve au début et c’est ce qui conduira à sa perte.

Je vous laisse donc ici avec ce suspens et vous dis à très bientôt pour le TOME 2 d’ores et déjà publié sur le site. J’espère en tout cas que vous avez aimé ce chapitre, le moment SandorxEmerys et aussi mon histoire dans sa globalité ! C’était un réel plaisir de vous avoir parmi mes lecteurs.

A très bientôt, VP


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