Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 13 : Noires ailes, noires nouvelles. (Jon Snow)

2748 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/02/2020 15:53

CHAPITRE 11 : JON SNOW. (Partie 2)



    La porte claqua lorsque quelqu’un l’ouvrit à la volée. Jon pu ainsi voir le seigneur Glover franchir le seuil le premier.


« Mon roi la Targaryen vient de déclencher les hostilités envers les nôtres. Plus précisément envers votre famille même. »


   Cette entrée en matière ne laissait présager rien de bon, Jon en était persuadé. Il toisa Bran espérant que ce dernier avait eu une vision sur ce qui pouvait amener Glover à une telle assertion. Le jeune homme demeura muet, toisant de ses yeux vides les autres protagonistes qui entraient les uns après les autres.

   En derniers arrivèrent Arya et Daenerys. Jon nota aussitôt que sa sœur paraissait légèrement chamboulée bien qu’elle tentait d’arborer une expression farouche devant toute l’assistance. Même Sansa, survenue juste en suivant de lord Glover, paraissait sous le choc.


« La Targaryen a envoyé ses dragons brûler vif votre sœur, soutint avec vigueur Glover. J’ai pu voir la scène de loin. Elle a mené Arya jusqu’à ses monstres et leur a ordonné de l’exécuter. »


   Face à une telle affirmation les autres seigneurs commencèrent à s’écrier et à fustiger la prétendante au titre de souveraine. Jon leva les mains et éleva la voix pour essayer de calmer les choses.


« Jamais Daenerys n’agirait de la sorte. Elle est notre alliée. Il doit y avoir une explication à tout ceci. Avez-vous laissez cette dernière et ma sœur s’exprimer sur la question ? »


   Il n’eut pas besoin d’une réponse orale pour savoir que tel n’était pas le cas. Jon se tourna donc vers Arya. Il la connaissait assez pour se la représenter avoir voulu approcher des dragons sans avertir personne de ses intentions et elle avait attendu le milieu de la nuit pour se faire pendant que tout le monde dormait dans le château de Winterfell. Arya avait une passion pour les femmes guerrières et d’après ce qu’il se souvenait elle aurait été à même de lui nommer chacune d’entre elles ainsi que les dragons qu’elles avaient possédé et monté de leur vivant.


« Arya tu n’as rien à dire à ce sujet ? »


   L’intéressée toisa tour à tour les seigneurs avec une lueur de défi. Pour sa part Daenerys paraissait plus inquiète pour celle-ci que sur ce que pourrait lui faire les Nordiens.


« Je suis désolée, affirma-t-elle à l’intention de Arya. »


   Ce n’était probablement pas la première fois qu’elle se confondait en excuse puisque la cadette des Stark leva les yeux au ciel.


« J’ai déjà dit que ce n’était pas de votre faute. J’étais curieuse de vos dragons et j’ai pensé que je pouvais aller à leur rencontre sans danger.

-Cette fille est folle, glapit le seigneur Manderly. Elle ne réalise donc pas que ces bêtes sont des monstres ? »


   Arya dégaina son poignard. Jon nota qu’il était en acier valyrien. Ou diable avait-elle déniché une telle arme ? Le mystère devait pour l’heure demeurer irrésolu tant que ce conflit n’aurait pas été apaisé.


« Du calme et laissez les principales concernées s’exprimer sur le cours des événements, articula-t-il en restant focalisée sur sa cadette.

-Ils ne m’ont fait aucun mal. Bon ils ont essayé, concéda Arya devant son regard perçant. Mais j’ai évité les flammes et Daenerys est intervenu pour me protéger. Elle ne m’a jamais voulu le moindre mal. Au contraire je suis certain qu’elle escomptait se rapprocher de moi parce qu’elle a vu que ça me passionnait vraiment d’approcher ceux qu’elle appelle ses enfants. »


   Jon ressentit de la frayeur puis du soulagement lorsqu’Arya eut finit de s’expliquer. Il adressa un regard reconnaissant envers Daenerys qui se contenta de hocher la tête.


« Ce n’est pas ce que j’ai vu, tonna Glover. Si je ne m’étais pas précipité sur place avec des gardes, je vous le dis, cette chienne de Targaryen n’aurait pas hésité à la jeter en pâture.

-Cette chienne comme vous dites n’a nullement l’intention de causer du tort au peuple du Nord, intervint Daenerys dont le visage dur témoignait de la colère qu’elle commençait à laisser s’exprimer. Je me suis confondue en excuse auprès de votre sœur Lady Stark, ajouta-t-elle en se tournant vers Sansa. Elle vous a narré en personne le déroulement de cette nuit. Elle vient d’affirmer une fois de plus que non je n’ai jamais attenté à sa vie. Combien de fois encore devra-t-elle le faire pour que vous consentiez enfin à m’accorder le crédit que non je ne suis pas votre ennemie ? »


   Jon approuva que Daenerys s’adresse directement à Sansa plutôt qu’à lui. En son absence celle-ci avait été la figure d’autorité devant laquelle les bannerets s’étaient tournés puisque lui-même l’avait enjoint à prendre les responsabilités qui incombaient à son rend de Dame de Winterfell. En agissant comme elle le faisait, Daenerys prouvait qu’elle ne tenait pas à s’imposer par la force et se plaçait sur un pied d’égalité avec la maîtresse des lieux.


« Je vous crois, confia Sansa. Tout comme je sais que jamais ma sœur n’aurait menti pour vous couvrir. Il n’en demeure pas moins que vos dragons ont tenté de la brûler vive.

-Ils ont pensé que je devais être en danger.

-Et de fait chacun de nous est susceptible de subir l’ire de vos dragons, l’interrogea Sansa en haussant les sourcils. Car dois-je vous rappeler que votre présence n’est pas la bienvenue. Les tensions actuelles le prouvent bien assez.

-Il ne tient qu’à nous de réaliser qu’elle est notre alliée et qu’en ces heures sombres elle et ses armées peuvent nous aider à sauvegarder le Nord contre les armées du Roi de la Nuit, intervint Jon.

-Nous ne pouvons pas faire confiance en cette femme, c’est une Targaryen. Qui sait ce qu’elle nous fera une fois que toute menace sur nous seras écarté, riposta Glover. Qui sait si elle ne décidera tout simplement pas de lancer ces dragons sur les différentes maisons pour les anéantir jusqu’à ce que nous ployions le genou. Elle n’a pas hésité à éradiquer la famille Tarly en guise d’exemple de sa cruauté. Elle peut vouloir se prétendre reine du Sud grand bien lui fasse. Nous sommes des Nordiens et nous ne nous inclinerons jamais devant un Targaryen. »


   Puis furieux, il s’en fut hors de la chambre de Jon, suivi un par un par les autres seigneurs. Lady Mormont resta la dernière si l’on exceptait Sam et les Stark.


« Ma maison est loyale à la famille Stark depuis des siècles, assura-t-elle à Daenerys. Elle le sera toujours. Je tolérerai leur mansuétude à votre égard car si cela peut sauver mes propres sujets alors je suis prêt à aller jusque-là. Toutefois ne me demandez pas de m’incliner car qu’importe vos actions pour nous apporter votre soutien, le Nord a trop souffert des dernières guerres pour des rois qui n’avaient que faire de nous autres mais dont seul les intéressaient ce Trône de Fer. Alors jamais je me résoudrai à ployer le genou, tenez-le vous pour dit. »


   Son visage arborait une expression si farouche que Jon cru un instant revoir le Lord Commandant Jeor Mormont lorsqu’il était arrivé à Château Noir pour la première fois. Cette famille se ressemblait beaucoup dans leur façon d’être. Il avait pu apercevoir ce même faciès sur Jorah lors de l’expédition au-delà du Mur. Après quoi la jeune dame s’en fut en suivant après s’être incliné devant Sansa puis Jon, témoignant ouvertement de là où allait sa loyauté, hésitant toutefois sur la conduite à tenir vis-à-vis d'Arya qui dans sa posture ne témoignait en aucun cas être de noble ascendance.


   Une fois seuls, Daenerys se concentra sur lui. Jon se sentit mal à l’aise. Il aurait voulu s’excuser pour le comportement des bannerets de sa maison sauf qu’il ne le pouvait pas, pas plus qu’il ne devait céder à cette pulsion qui l’exhortait à la prendre dans ses bras. Il se focalisa alors sur sa petite sœur.


« Tu es certaine que tout va bien Arya ? Quoiqu’il se soit réellement passé il n’en demeure pas moins que tu as été extrêmement chanceuse de t’en sortir face à eux. »


   Le souvenir des torrents de flammes que déversaient ces créatures sur l’armée des morts était d’une limpidité sans faille. Il se demanda comment une jeune femme fluette comme l’était Arya était parvenue à échapper à un sort aussi cruel que de finir réduite en un tas de cendres fumantes. L’intéressée arborait une expression neutre, cherchant à lui dissimuler ses secrets. Depuis quand se comportait-elle de la sorte à son encontre ?


« Je sais me débrouiller pour me tirer d’affaire. Tu ne sais pas ce que j’ai dû traverser toutes ces dernières années, lui déclara Arya avec fougue. Je ne suis plus la petite fille de lorsque nous étions que des gamins. »


   Jon devait bien se rendre à l’évidence que tel était effectivement le cas. Une chose en elle avait changé et Jon s’en attrista silencieusement. Quoique ce fût par ailleurs, Sansa paraissait partager le secret de cette métamorphose. Arya ne lui laissa cependant pas le temps de s’interroger plus avant puisqu’elle quitta la chambre avec une vivacité peu commune. Sansa le toisa en retour, longuement, cherchant probablement à lui adresser un message qu’il ne parvint à déchiffrer. Après quoi Sansa s’en fut également.


« Je suis navrée pour Arya. Si j’avais fait plus attention jamais mes dragons n’auraient mis sa vie en péril.

-Vous n’y êtes pour rien, assura Jon. Arya a sûrement agit sur une pulsion pour aller observer Rhaegal et Drogon. Je doute qu’elle se soit enquit du danger que cela pouvait représenter pour elle. Toutefois tout s’est bien terminé et c’est là l’unique chose qui m’importe. »


   Daenerys hocha la tête. Par les Anciens Dieux pourquoi éprouvait-il toujours une si forte attraction envers cette dernière. Outre le fait que la conversation qui venait de se dérouler lui démontrait que l’alliance avec les Nordiens avaient failli virer à la catastrophe, Jon en oublier presque les déboires de sa petite sœur, ses pensées se concentrant uniquement sur la reine face à lui.

   Était-ce judicieux de devoir lui dire qui il était réellement ? Là de but en blanc alors qu’il n’aurait sans doute plus d’autres occasions de le faire ? Qu’à l’avenir il risquait de trouver des prétextes pour éluder le sujet de son ascendance ? Jon opta pour l’omission. Non Daenerys pas plus que quiconque d’autres ne devaient le savoir.


« Je vais retrouver vos sœurs. Peut-être qu’en apprenant à mieux me connaître verront-elles que je ne suis pas ici pour contrôler le Nord. Et peut-être qu’à présent que vous êtes au courant il sera plus facile pour Arya d’approcher sans risque les dragons si je l’accompagne plutôt qu’elle n’agisse en catimini comme elle l’a fait. »


   Jon ne sut que répondre à ce discours, toujours troublé et mal à l’aise face à ses origines qu’il dissimulait volontairement. Aussi se contenta-t-il alors de simplement opiner du chef avant que Daenerys ne prenne à son tour congé des lieux.


« Pourquoi ne lui avoir rien dit, s’enquit Sam. Tu en avais l’occasion Jon. Tu es le roi, le véritable roi de Westeros. Elle doit le savoir.

-Non Sam, je ne suis qu’un bâtard de Ned. Aussi longtemps que je vivrai ce sera cette vérité qui prévaudra. Si ceux du Nord s’aperçoivent qu’ils ont choisi pour souverain un Targaryen tout ceci dégénérera en un conflit qui fera des milliers de morts et à l’heure d’aujourd’hui nous n’avons vraiment pas besoin de ça. »


   Il lui suffisait de revoir en pensée la réaction virulente du seigneur Glover pour se convaincre du bien fondé de sa décision. Non son secret devait le rester. Combien de temps il l’ignorait. Peut-être qu’après la guerre, qui sait ? Pour l’heure il n’avait que d’autres choix de se focaliser pleinement sur la préparation de la guerre à venir contre les morts tout en évitant que les tensions entre les Nordiens et Daenerys ne s’exacerbent dans les jours à venir.

   Tout à ses doutes qui le rongeaient il mit un certain temps avant de réaliser que des coups discrets retentissaient de l’autre côté de la porte. Diable cette journée n’en était encore qu’à ses prémices et il paraissait qu’elle ne doive jamais se terminer. Avant d’inviter la personne de l’autre côté du montant à le rejoindre, il observa tour à tour son ami Sam et son frère Bran.


« Je le répète, personne ne doit savoir que je suis un Targaryen. Ai-je votre parole ? »


   Bran demeura silencieux, se contentant de le fixer sans ciller ce qui, à la vérité, le mettait fort mal à l’aise. Seul Sam prit la parole.


« Tu peux compter sur moi Jon. Toujours. »


   Jon en fut heureux. Après quoi il ordonna à son visiteur de se manifester. Il s’agissait de mestre Wolkam. L’intéressé était tout pantelant signe qu’il avait accouru jusqu’ici. Jon en vint à redouter les mauvaises nouvelles qu’il pouvait l’avoir conduit à venir le trouver ici.


« Est-ce par inquiétude envers ma sœur que vous êtes là mestre ? Dans ce cas je crois devoir vous dire qu’elle ne se trouve plus dans cette chambre. »


   Il escomptait secrètement que la venue du mestre concernait cette dernière et pas autre chose car une folle intuition avait germé dans sa tête et le rongeait lentement mais sûrement en répondant une terrible peur dans son sillage.


« Je suis navré Sire, commença Wolkam. Je viens de recevoir un corbeau de Château Noir. Le message est formel. Les morts ont franchi le Mur. »


   Jon ne cherche même pas à demander comment ils avaient pu franchir cette barrière de glace dont la magie ancienne qui avait été employé pour le construire était censée les empêcher d’atteindre la zone au-delà et qui concernait le royaume tout entier. D’une manière ou d’une autre le roi de la nuit avait réussi à rompre cette force et c’était là tout ce qui importait, de savoir que son ennemi juré s’apprêtait à fondre sur le continent.

   Jon jeta un coup d’œil en direction de Sam, puis de Bran. Il pensa ensuite à Daenerys, à Sansa et Arya. Il pensa également à tous les gens qu’il connaissait. Les morts et le Roi de la Nuit venaient pour eux tous, sans exception. Combien succomberaient face à leurs adversaires ? Jon n’avait pas la réponse mais certainement beaucoup trop. Survivraient-ils tous ? L’emporteraient-ils finalement ou étaient-ils déjà condamnés à rejoindre cette immense troupe composée de cadavres ? Dans le fond qu'importait les solutions de ces énigmes ? En effet, une seule certitude s’imposa derechef en lui. La guerre, la Grande Guerre prophétisait depuis si longtemps venait enfin de commencer.



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