Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 28 : Un avenir sombre pour les Stark. (Brandon Stark)

4941 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/02/2019 00:34

CHAPITRE NUMERO VINGT-TROIS : BRANDON STARK.



Arya courait du mieux qu’elle le pouvait. Chose assez difficile à accomplir puisque ici il y avait des congères si hautes qu’elles rendaient moins évidente la possibilité de se mouvoir rapidement. Cependant Arya n’avait d’autres choix que d’emprunter la sente qui s’offrait à elle. Après tout c’était cela ou choisir la mort. Car dans son dos lui parvenaient les plaintes de dizaines de spectres qui la pourchassaient depuis quelques minutes.

Certes il lui eut été possible de les combattre si elle en avait eu la force. Seulement voilà le combat avait déjà commencé et Arya avait puisé si profondément en elle que ses réserves étaient quasiment épuisées. Le peu de volonté qui demeurait l’incitait à poursuivre le plus avant, espérant pouvoir échapper à l’inéluctable qui progressait sur ses talons.

Le souffle court, Arya n’en continua pas moins de cheminer en ligne droite. Elle aurait très bien pu agir autrement en bifurquant soit à droite, soit à gauche. Néanmoins il paraissait que ses ennemis furent partout et ce qu’importe le sens dans lequel elle se serait dirigée. Les morts surgissaient toujours plus nombreux alors qu’elle-même restait désespérément seule.

Si tant est que c’était là la fin qui l’attendait alors il était préférable d’y faire face et de lui tenir tête du mieux possible. Arya s’immobilisa donc subitement avant de pivoter presque aussitôt sa dague en acier valyrien dans la main. La lame trancha les chairs des premières dépouilles qui eurent le malheur d’être en peloton de tête.

Malgré tout elle n’avait pas terrassé plus de cinq anciens êtres vivants ce qui représentait une goutte d’eau en comparaison de tous ceux qu’il lui restait à occire pour escompter survivre. Qu’importe Arya n’en poursuivit pas moins de ferrailler du mieux possible tout en se récitant mentalement les enseignements de Syrio Forel.

Tout à coup une douleur cuisante lui tirailla la jambe droite lorsque la lame d’une épée lui entailla profondément la peau. Manquant de perdre l’équilibre, Arya se repositionna à temps et affronta derechef les forces du Roi de la Nuit.



« Pas aujourd’hui, se mit-elle à psalmodier. Pas aujourd’hui. »



Et ce à chacun des coups qu’elle portait. Seulement le Dieu de la Mort ne paraissait pas vouloir l’entendre ou bien il officiait du côté de l’ennemi. Car de nouvelles blessures s’ajoutèrent à la première et sous ses pieds la neige se mettait à boire goulûment le sang qui sourdait de ses plaies.

Et ce fut là qu’elle s’écroula tandis que des dizaines de lames s’enfonçaient encore et encore dans son corps dont la vie qui l’habitait venait de s’envoler. Arya mourut donc loin des siens. Seule.



********************



Sansa ignorait si un jour elle retournerait à Winterfell et si oui elle retrouverait la forteresse telle qu’elle l’avait connu autrefois du temps de son enfance. Aujourd’hui tel n’était pas le cas puisque le fief de sa famille avaient probablement été détruit par l’ennemi après que les vivants s’étaient vus contraints de fuir les lieux. Le Roi de la Nuit enverrait ainsi un message comme quoi nul endroit n’était en mesure de résister à sa puissance et que tous les bastions de Westeros subirait un sort similaire.

De fait comment Sansa pouvait-elle espérer le moindre instant que le Val fasse exception et lui assure une protection efficace alors que la forteresse des Stark avait failli à le faire ?

Déjà les morts approchaient de ce lieu. Les éclaireurs étaient formels sur la question. Des milliers de cadavres se massaient dans l’optique de lancer un assaut qui visait à éradiquer toute forme de vie du peu qu’elle fut essentiellement humaine. Les différents bannerets des Arryn qui résidaient trop proches de la menace avaient fait dépêcher leurs sujets afin que leur jeune gouverneur les mette en sécurité derrière les Portes Sanglantes. Les derniers réfugiés avaient franchi ces dernières voilà près de trois jours. Sansa ne croyait pas qu’on en verrait d’autres. Tout du moins autrement que sous forme de spectres venus grossir les rangs adverses.

L’attente avait dès lors débuté. Sansa était de celle qui essayait de rassurer la population locale ainsi que celle qui avait été exfiltrée du Nord suite à la décision de Jon d’évacuer cette vaste région. La jeune femme escomptait que le Val puisse survenir aux besoins de tant de gens. Épargnée par la guerre des Cinq Rois du fait de la politique isolationniste de Lysa Arryn, le Val possédait de formidable garde-manger. Assez pour tenir une bonne partie de l’hiver si jamais ils parvenaient à résister aux morts. Mais suffisant pour une telle concentration de gens ? Sansa ne pouvait le certifier.

La voix de Robin Arryn parvint jusqu’à elle bien que Sansa ignora le garçon. Celui-ci était loin de réaliser à quel point la menace des morts était on ne peut plus sérieuse. Robin s’égosillait à affirmer qu’à lui seul il pouvait triompher e ses adversaires et qu’une fois qu’il se serait occupé de leur cas il les ferait tous voler.

Sansa n’avait pas cherché à le contredire. Comme bon nombre de personne, elle ne prêtait nullement foi aux affirmations du jeune homme. Néanmoins aucun ne souhaitait le raisonner puisque les gens qu’il soupçonnait d’être des détracteurs de son autorité due à son nom il se plaisait à les faire raccourcir d’une bonne tête.



Sansa errait ici et là dans le campement de fortunes dressé en toute hâte. Ici et là flottaient des bannières désignant les maisons auxquelles appartenaient tous ces gens. Il y avait des Ombles, des Mormont, des Cervyn, Corbois, Tallhart et autres. Beaucoup des féaux des Stark la saluaient sur son passage et elle tentait d’afficher un sourire affable bien qu’au fond d’elle Sansa était rongée par une inquiétude toujours plus grande.

Fort lui était de s’avouer qu’elle refusait d’avoir à se retrouver confronter une fois de plus à ces forces maléfiques qui chaque jour croissaient en nombre. Elle se serait sentie bien plus en sécurité si elle avait eu Brienne à ses côtés, voire même le Limier. Or tous deux étaient probablement arrivés à Port-Réal et Sansa demeurait sans aucun bouclier lige sur lequel elle puisse se reposer. Certes il restait quelques soldats Nordiens ainsi que des Immaculés toutefois elle ne ressentait pas le moindre sentiment d’être tout à fait en sécurité quoiqu’il puisse se passer par la suite.

Lord Royce était venu la trouver dès son arrivée et s’était évertué à glorifier la Porte Sanglante, affirmant que nul ne pourrait la franchir et dès lors Sansa ne devait rien redouter puisqu’elle était à présent à l’abri de ces cohortes qui en avaient après les vivants.

Sansa aurait bien voulu lui accorder le bénéfice du doute. Seulement voilà elle était lucide sur ces êtres qui les menaçaient tous. Les spectres ne ressentaient pas la fatigue et par les Dieux qu’ils étaient innombrables.



La jeune femme se décida à regagner sa propre tente spacieuse, il en était ainsi vu qu’elle espérait que sa présence proche de son peuple puisse apaiser celui-ci plutôt que de trouver refuge auprès des lords entre les murs de la forteresse toute proche. Soudain elle s’interrompit, tendant l’oreille alors que retentissait le son d’une demi-douzaine de cors.

L’attaque tant redoutée venait-elle de débuter ? Manifestement tel était le cas à en juger par les cris de panique qui s’élevaient du campement de fortune. En particulier vers la partie la plus septentrionale où se dressaient les montagnes de la Lune. Lord Royce et nombreux de cavaliers qui étaient sous ses ordres faisaient déjà mouvement pour contrer les cadavres qui venaient de surgir par centaines.

D’après ce que Sansa pu en déduire, l’ennemi n’avait pas hésité à tirer profit des brumes des sommets des montagnes environnantes pour se frayer un chemin parmi celles-ci et de leur tomber dessus par surprise. La Porte Sanglante venait de prouver là sa totale inutilité.

Sans attendre Sansa pénétra sa tente et enjoignit le petit garçon présent de l’accompagner. Après quoi, et le tenant par la main, elle se mit à courir dans l’optique de s’éloigner le plus possible de la zone du chaos, imité par nombre de gens. La voix de Robin lui parvint une fois de plus. L’intéressé enjoignait ses hommes à lui laisser la possibilité de faire voler lui-même les têtes de ces spectres.

Sansa ne chercha pas à savoir si oui ou non sa seigneurie allait échapper au massacre qui en était à ses prémices. Elle n’avait qu’une idée en tête, sauver son existence ainsi que celle de l’enfant dont elle avait accepté la garde.

Le petit avait les cheveux blonds qui lui balayaient parfois le visage et la terreur que Sansa lisait sur ses traits fins la résolu à précipiter l’allure. Sam l’avait enjoint de le mener jusqu’au Val. Sam qui escomptait aussi sur le fait qu’ici son fils soit en sécurité. En vain. Sansa s’atteler tout de même à tracer sa route, serrant fortement la pogne du garçon pour éviter que la foule en panique ne les sépare.

Les morts les avaient prit pour cible. Elle ne pouvait les voir puisqu’ils évoluaient dans son dos, nonobstant leurs borborygmes qui gagnaient en intensité suffisaient à lui faire comprendre que la distance les séparant allait en se rétrécissant.

Sansa voulait tout de même garder espoir mais à quoi cela pouvait-il bien rimer ? Après tout ces êtres pouvaient tenir la cadence indéfiniment alors qu’elle, pauvre mortelle, était entravée par l’épuisement qui la guettait déjà et dont les jambes tremblantes menaçaient à tout instant de céder.

Finalement, et ne pouvant plus poursuivre sans que sa poitrine en feu ne souffre de sa course précipitée, Sansa se vit contrainte à baisser le rythme de ses foulées. L’enfant lui-même ne pouvait aller plus loin. Aussi ils se retrouvèrent bien vite encerclé par des dizaines de formes dont l’état pitoyable des corps les emplirent d’effroi. Sansa avait échoué. Le garçon et elle allaient périr et lorsque les premières lames s’enfoncèrent dans ses chairs, Sansa ne ressentit qu’une vague douleur avant que tout ne sombre dans les ténèbres.



********************



Le froid rigoureux de l’hiver s’était accentué à mesure qu’il progressait dans ces terres enneigées. Jon ignorait ce qui l’avait incité à choisir la voie qui s’offrait à lui. L’ennemi était loin au Sud, il le savait. Alors pourquoi être venue jusque-là ?



« Car je le dois. »



L’objet de sa quête ne devait plus se trouver très loin. Tout du moins l’espérait-il. Ce serait vraiment idiot de mourir maintenant alors qu’il approchait de son but. Soufflant un coup il réajusta sa fourrure et reprit sa pénible marche. La forteresse ennemie devait forcément être là. Jon n’avait pas dévié d’un pouce de sa trajectoire, continuant toujours vers le Nord.

Les cartes du monde ne cartographiait pas ce qu’il s’y trouvait. Aussi il pouvait très bien n’avoir parcourut qu’une infime portion de la distance qu’il lui faudrait emprunter.



« Père donne moi la force, pria-t-il Eddard. »



Quid de ses véritables parents ? Jon ne pouvait le dire, ni pourquoi il n’implorait pas leur aide. Quoiqu’il en était il s’échina à mettre un pied devant l’autre quand bien même chaque foulée paraissait plus difficile que la précédente.



« J’y suis presque. »



Cette affirmation venait du fait que dans le lointain parut se dessiner une forme sombre et s’il parvenait à l’apercevoir malgré les conditions climatiques c’est qu’elle devait être colossale.

Toutefois et alors qu’une nouvelle heure devait s’être écoulée bien qu’il était difficile de le déterminer dans cette semi-pénombre perpétuelle durant ce qui devait être le jour, la forme obscure ne paraissait pas s’être agrandie d’une once. Dépité Jon failli se résigner et s’arrêter pour se laisser gagner par un sentiment d’impuissance. Il ne pouvait cependant pas se le permettre, rester en mouvement le réchauffait un peu et dans le cas contraire il savait que le froid aurait définitivement raison de sa personne.

Voilà pourquoi quand l’obscurité de la nuit prit la relève Jon se décida à continuer puisqu’il n’y avait aucune forêt dans les environs dans laquelle il aurait pu extraire du bois et allumer un bon feu. Au lieu de quoi, et en vue de s’éclairer au mieux, Jon sortit une des torches de son barda et usa de deux pierres, l’une en pyrite, l’autre étant un silex. Quelques instants plus tard l’éclat qui apparut chassa les ténèbres environnante et Jon en profita alors pour parcourir une douzaine de kilomètres avant qu’une nouvelle aube ne fasse son apparition.

Une fois de plus il lui fut possible de distinguer la masse dans le lointain. Ce devait être une montagne. Quant à la forteresse, qui représentait l’étape finale de son voyage, était toujours invisible. Malgré tout Jon n’eut guère le loisirs de s’enquérir sur la distance qui lui restait à parcourir qu’une lueur emplit d’horreur illumina ses yeux.

En effet avec l’augmentation de la clarté environnante il réalisa qu’il n’était plus tout à fait seul. Des centaines de spectres se tenaient autour de lui, apparaissant peu à peu à mesure que l’aube les révélait. Il était évident que cette armée s’était volontairement tenue hors de portée du rayon d’action des torches qu’il avait successivement allumées. Jon tourna sur lui-même, priant mentalement les Anciens Dieux de lui permettre de trouver un moyen par où s’échapper.

Jon savait pourtant qu’il n’en existait aucun. Les morts étaient trop nombreux pour envisager de résister longtemps face à eux. Jon essaierait. Il ne pouvait s’imaginer renoncer si proche de son but. Ses proches, que ce fut sa famille ou ses amis, luttaient de leur côté et si Jon ne faisait rien alors tous seraient condamnés et la guerre serait perdue.

Tirant son épée, Jon inspira un long coup alors que l’assaut venait d’être lancé. Après quoi l’éclat du métal contre le métal résonna, entrecoupé par moment par l’acier s’enfonçant dans les chairs des spectres. Jon parvint à tenir trois bonnes minutes, progressant comme il le pouvait dans cette marée toujours plus grosse. Et tout à coup, alors qu’il sentait que ses forces ne lui permettraient pas de résister plus longuement, la bataille cessa et les morts s’écartèrent pour lui laisser un étroit corridor où progresser.

Que se passait-il donc ? La réponse ne tarda pas à apparaître lorsque dans ce couloir s’avança le Roi de la Nuit en personne. Jon n’aurait pas dû être aussi surprit que cela. Comme si son ennemi juré l’aurait laissé aller jusqu’au bout. Avec un sourire désabusé il décida de faire face à son destin et alla donc à la rencontre du Roi de la Nuit.

Ce dernier arborait toujours le même visage, le regard froid et ne dévoilant rien de ce à quoi il pouvait bien penser. Jon s’était déjà demandé les motivations de son adversaire. Pourquoi tenait-il tant à éradiquer les hommes de Westeros ? Si la réponse existait l’autre ne la lui dévoilerait pas.

Tenant le plus fermement possible Grand-Griffe entre ses pognes frigorifiées malgré le port de ses gants, Jon attendit que son vis-à-vis face de même puisque dans le dos de ce dernier apparaissait la garde de sa flamberge de glace. Toutefois le Roi de la Nuit n’en fit rien, jugeant certainement que Jon n’était pas digne de lui. Et avec ce qui paraissait être un léger rictus moqueur, le Roi de la Nuit envoya un signal silencieux à ses troupes qui foncèrent une fois de plus droit vers l’unique être vivant à des kilomètres à la ronde.

Et Jon eu beau bretter du mieux qu’il le pouvait, vint un moment où il se retrouva surpasser par le flot incessant de ces vagues adverses et lorsque les poignards s’enfoncèrent dans ses chairs il ne put s’empêcher d’y voir là une certaine ironie puisque c’est ainsi que les choses avaient fini pour lui au moment où Alister Thorne et d’autres membres de la Garde de Nuit avaient eux aussi agit de la sorte.

Après quoi seul les ténèbres recouvrir le monde.



********************



Il finit par revenir au moment présent. Une fois n’est pas coutume, son enveloppe corporelle se trouvait dans le fauteuil que l’on avait placé devant la cheminée où le feu brûlait allègrement. Il y avait pourtant bien longtemps qu’il ne ressentait plus la moindre chaleur au niveau de ses jambes.

Pourquoi cette dernière pensée venait-elle de lui traverser l’esprit ? Ce passé ne lui appartenait plus depuis il ne savait plus quand. A force de voyager à travers différentes époques, il lui était parfois difficile de réussir à situer le moment présent.



« Tu as pu voir quelque chose ? »



Un visage venait de se pencher vers lui. Certains auraient probablement jasé face à une telle proximité. Pour sa part cela ne changeait rien et il toisa la jeune femme de son air inexpressif. Le regard de Meera témoignait de l’inquiétude qui l’habitait et il n’était pas bien difficile de savoir ce qui pouvait la préoccuper.



« Rien en ce qui concerne le Roi de la Nuit, lâcha-t-il presque malgré lui. »



Il s’étonnait de ressentir un quelconque besoin d’avoir à rassurer Meera. Peut-être était-ce là une manière à lui de la remercier pour tous les sacrifices qu’elle avait consenti à faire pour que lui-même survive. Pourtant ce n’était pas vraiment lui qu’elle avait protégé toutes ces années. C’était ce garçon Bran.



« Qu’était-ce donc alors ?

-Rien. »



Et il en resta là. Il ne lui fut pas plus difficile que ça d’ignorer l’expression de déception qu’afficha Meera puisqu’il se concentrait uniquement sur les flammes qui dansaient dans l’âtre et ce tout en repensant aux différentes scènes auxquelles il venait d’assister.

Ces futurs où périssaient Arya, Sansa et Jon n’étaient pas gravés dans la pierre bien que pour l’heure les probabilités étaient grandes pour que cela se produise. Et malgré la récurrence de ses visions, Bran agissait déjà pour en modifier la tournure.

Certes son pouvoir lui permettait de changer les choses, tout du moins l’avenir puisqu’il se refusait à agir sur le passé comme il l’avait déjà expérimenté, il n’en demeurait pas moins qu’il avait une nette propension à agir pour aider certaines personnes plutôt que d’autres sans savoir pourquoi d’ailleurs il œuvrait de la sorte.



« Ton frère nous attend, expliqua Meera. Il m’a demandé à ce que je te conduise auprès de lui.

-Jon n’est pas mon frère. »



Pas plus que Sansa et Arya étaient de sa famille. Autrefois peut-être. Aujourd’hui tel n’était plus le cas. Quant à Meera elle hocha la tête d’un air entendu sans pour autant chercher à piper mot. Et quelques minutes plus tard tous deux se trouvaient en présence d’autres individus.



Il y avait la reine Targaryen, qui pour l’heure ignorait tout du fait qu’un proche parent à elle se tenait dans la grande salle et que contrairement à elle il était légitime pour briguer le Trône de Fer. Bran connaissait également le secret de la jeune femme qui était enceinte bien qu’elle aussi se taisait.

Sansa et Arya étaient présentes et une fois de plus il les revit périr face aux forces adverses. Davos se tenait présent, non loin de Jon, prêt à prodiguer ses conseils si tant est qu’il consente à le faire. Davos était un homme bon et sage qui pourtant s’évertuait à croire qu’il n’appartenait pas aux grands de ce monde du fait de ses origines. Près de Davos il y avait Sam, le proche ami de Jon et qui parfois usait de ses connaissances dans l’espoir que celles-ci puissent leur être utile.

Tyrion et Jorah étaient placés aux côtés de la femme qu’ils avaient accompagné dans sa quête de pouvoir. Enfin venait deux autres individus. L’un était un sauvageon, l’autre possédait un cache œil. Bran avait déjà eu l’occasion de les voir dans ses visions qui lui avaient montré la chute du Mur sous les assauts du dragon de glace que montait le Roi de la Nuit.

Enfin venait Jon. L’intéressé avait beau ne pas souhaiter le pouvoir ni avoir à diriger qui que ce soit, fort était de constater que les gens se tournaient pourtant vers lui dans les décisions à prendre en ce qui concernait la guerre contre le Roi de la Nuit.

Lorsque Meera et Bran entrèrent dans la grande salle, une conversation était déjà engagée entre ces deux étrangers et Jon.



« Nous ne sommes pas restés à Château Noir très longtemps, déclara le borgne. Cependant nous sommes certains que les morts s’y sont rendus.

-La Garde de Nuit n’existe plus, compléta le sauvageon. Et notre tour va venir.

-L’ennemi cherche à agrandir ses forces, leur expliqua Jon. Nous savons de sources sûres qu’il arpente les terres du Nord dans cette optique. »



Son regard se posa sur Bran, imité par les deux hommes qui ne semblèrent pas comprendre que l’intéressé était cette fameuse « source ». Pour sa part Bran les fixa et pendant un moment il les vit alors qu’ils fuyaient Port-Levant pour joindre le fort principal du Mur et escomptaient y arriver à temps pour prévenir que la menace qui pesait sur le continent s’apprêtait à fondre sur Westeros.



« Le Roi de la Nuit sait à quoi s’attendre lorsqu’il décidera de porter ses troupes contre Winterfell, poursuivit Jon. Nous avons les Immaculés et les Dothrakis à nos côtés et je présume que chacun de vous a dû entendre parler de la réputation guerrière de ces deux factions. »



A en juger par l’expression perplexe du sauvageon tel n’était pas le cas. Jon s’abstint pourtant d’entrer dans les détails et continua son discours.



« Tôt ou tard il nous faudra faire face et espérer que nous serons assez fort pour repousser les milliers de spectres à qui nous aurons affaire.

-Et cette reine du Sud, s’enquit le barbu.

-Nous ne pourrons pas tenir le concours de ma sœur dans ce qui nous attend, intervint Tyrion Lannister.

-Elle préfère baiser son frère, s’enquit le sauvageon. Elle n’a pas crut à cette histoire du Roi de la Nuit, demanda-t-il ensuite à son ami.

-Il semblerait que Cersei y voit là l’opportunité de se débarrasser de ses ennemis, fit Tyrion qui masqua l’étonnement du fait que même chez ce peuple qui était originaire des contrées au-delà du Mur l’étroite relation entre Jaime et Cersei était connue.

-Il est vrai qu’elle y verrait là un avantage de savoir que je ne serai plus là pour la chasser du pouvoir, confirma Daenerys.

-Ce comportement est idiot, déclara le borgne. Si vous êtes vaincus ceci conduira le Roi de la Nuit à disposer de forces accrues et jamais Port-Réal.

-Je doute que ma sœur est prit cela en considération. Seule sa personne l’intéresse. Et elle pense sans doute qu’elle est assez intelligente pour trouver un moyen de vaincre les morts.

-Cersei n’a pas hésité à user du feu grégeois pour détruire les Tyrell, rappela Sansa.

-Et d’après ce que l’histoire raconte il existe de nombreuses caches de cette arme que l’on peut trouver sous la ville, surenchérit Tyrion. Cersei n’hésitera pas à user de ce moyen si la situation est perdue. Ça plutôt que d’avoir à renoncer à son titre et d’imaginer que quiconque autre qu’elle puisse posséder le Trône de Fer.

-Le Roi de la Nuit se fiche de ça. Seul notre perte l’intéresse, dit le borgne. Les Lannister s’imaginent-ils donc que la guerre entre les vivants priment sur celle contre les morts ?

-Je vous jure que Cersei paiera pour cette trahison et le mal qu’elle fait au royaume, affirma Daenerys. Mais pour l’heure le Nord est en danger tant que notre véritable ennemi s’y trouvera.

-Har et comment diable le vaincrons-nous ? Il possède un dragon comme monture, rappela le sauvageon.

-Et il m’en reste deux, contra Daenerys Targaryen. Je compte bien les utiliser pour réussir à éliminer celui qui était mon enfant. »



Tous pouvaient sentir à quel point il lui était difficile de devoir agir de la sorte tout en sachant qu’elle n’avait nul autre choix car le Roi de la Nuit se fichait de faire des dégâts dans ses propres troupes et tant que Viserion ne serait pas mis à bas alors les vivants devraient craindre de subir de lourdes pertes.

Pendant ce temps Jon s’était tourné vers lui et Bran le toisa en retour.



« Tes visions donnent-elles quelque chose Bran ? Je ne voudrai pas te brusquer mais le temps presse et il est vitale pour nous d’obtenir une solution pour nous débarrasser du Roi de la Nuit.

-Toujours pas, se contenta-t-il de répondre. »



Les visages des personnes présentes témoignaient du fait que cette explication ne leur suffisait pas mais qu’est-ce que Bran aurait pu leur apprendre. Outre la mort des gens dans cette pièce il voyait différents lieux comme Port-Réal, Winterfell et d’autres forts dont il ignorait le nom et où tous avaient un point commun, à savoir être hanté par les morts qui en parcouraient les ruines. Malgré tout il ne leur dirait rien de tout ceci, gardant pour lui ses funestes connaissances.

Il continuait cependant à traquer le passé et bien que celui-ci demeurait obscure il lui arrivait parfois d’entendre une voix, une voix qui paraissait ancienne et qui l’enjoignait à venir le trouver et lui apparaissait alors l’Île aux Faces.



« Sais-tu au moins quand l’attaque de Winterfell doit avoir lieu, insista Jon. »



Bran ferma les paupières, il le faisait parfois pour éviter que les gens ne voient ses prunelles virées aux blancs. Généralement les gens ressentaient de la peur et du malaise dès qu’il usait de son pouvoir. Quelques instants plus tard il dardait ses prunelles sombres sur celles de Jon.



« Le Roi de la Nuit paraît estimé possédait suffisamment de forces pour prendre le château et ce malgré les forces que vous avez amassé pour s’opposer aux siennes.

-Et quand sera-t-il là, le pressa celui qui avait été son frère longtemps auparavant. »



Bran se tut, il était le fruit de l’attention de toutes les personnes présentes, même de ces deux étrangers qui n’avaient jamais entendu parler de ce qu’il était capable d’accomplir ni qu’il était à présent la Corneille à Trois Yeux. Sauf qu’il n’aurait pas pu leur expliquer ce qu’il était car comment de simples mortels auraient pu le comprendre ?

Finalement, et après qu’une minute se fut écoulée, Bran lâcha ces terribles mots :



« Le Roi de la Nuit et ses forces seront là dans moins d’une semaine. »



Tous s’échangèrent alors de sombres coups d’œil, conscient que d’ici un peu moins de sept jours le sort des hommes allaient se jouer sans que nul ne puisse savoir à l’avance vers quel destin la balance pencherait.




NOTE :


-Je continue à appeler le personnage Bran pour plus de facilité bien que lui-même se voit comme la Corneille à Trois Yeux.


-Les visions de Bran se font au travers du point de vue des persos concernés. Ces extraits reviendront dans de futurs chapitres bien qu'il y aura quelques modifications donc ne soyez pas surprit si vous trouvez qu'à l'avenir certains passages ressemblent à ceux présent dans ce chapitre.


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