La chanson de Glace et de Feu

Chapitre 1 : Prologue

1008 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 12:58

Eddard

 

Je rêvais de la Tour de la Joie.

Sa silhouette se dessinait vaguement contre le ciel d'un bleu divin, et je me souviens m'être demandé à ce moment-là si Lyanna y était heureuse.

Ser Arthur Dayne, ser Gerold Hightower et ser Oswell Whent nous faisaient face. Je me souviens alors de l'Epée du Matin se jetant sur moi, et de ce moment où j'avais cru lire le regret dans ses yeux. 

Tout se bouscula dans mes souvenirs et après une vague torpeur je me vis monter les marches en colimaçon de la Tour, et à ma ceinture Glace luisait de sang. J'avais beau les monter quatre à quatre pour arriver le plus vite possible au sommet, je m'épuisais et les marches continuaient, tandis que je laissais sur mon passage une traînée écarlate.

Les heures s'écoulaient lentement tandis que je hurlais son prénom en la suppliant de me répondre. A chaque nouveau tournant j'espérai voir le sommet arriver mais une nouvelle volée de marche se présentait toujours à mes pas, et je ne pouvais rien faire d'autre à part courir. J'eus une vague pensée pour ce passé lointain, où monter jusqu'au sommet de la tour ne m'avait pris pas plus de deux minutes. Le Eddard de mon rêve explosa d'un rire hystérique et au loin il entendit soudain les pleurs d'un enfant.

Nouvelle torpeur, et je me retrouvai soudain à genoux sur le sol, caressant les cheveux sombres d'une Lyanna poisseuse de sueur et de sang.

"Promet-moi."

J'aurais pu tout lui promettre si c'était pour qu'elle se taise et qu'elle cesse de se faire souffrir ainsi.

"Promet-moi."

Tout se passa exactement comme cela s'était passé dans ce passé si lointain. La respiration et la force commencèrent à lui manquer, et je me revois lui dire précipitamment :

"Oui je te promet, je te le promet."

Et tandis que ses paupières se fermaient sur ses magnifiques prunelles qui autrefois abritait tant de vie, elle murmura avec le souffle qui lui restait :

"Je l'aime, tu sais."

Je me revois agité de sanglots, lui soufflant ma réponse bien que la vie l'ai déjà quitté.

"Je sais que tu l'aimes, Lyanna. Je le sais."

Je me revois bercer son corps, l'appeler "petite soeur" avec toute la douceur du monde, calmer l'hystérie qui menaçait de monter en moi, fermer délicatement ses paupières avant de me tourner vers... lord Stark..... lord Stark.... LORD STARK...

Je me réveillai en sursaut et la vision de Mestre Luwin me secouant par l'épaule s'imposa à moi. Mon coeur finit par ralentir, je pris conscience de l'endroit où je me trouvais et ma torpeur s'envola. Je pris une profonde inspiration et je compris enfin ce que le vieil homme me soufflait :

- Il y a une jeune fille pour vous.

- Une... (je me raclai la gorge) une jeune fille ? Qui ça?

- Elle refuse de dire qui elle est. Elle a l'air d'être de haute naissance. Elle est arrivée en plein milieu de la nuit et elle veut vous parler d'urgence. 

- Bien. Laissez moi.

J'attendis que la porte se soit refermée en grinçant pour m'asseoir sur le bord du lit. Je jetai un coup d'oeil à Cat et à sa chevelure rousse éparpillée sur l'oreiller ; son corps paisible se soulevait régulièrement au rythme de sa respiration. J'enfouis ma tête dans mes mains pour chasser les dernières visions du rêve s'offrant à moi. Pourquoi rêver de cela maintenant ? J'étais trempé de sueur et une douloureuse migraine menaçait de pointer. Promet-moi, l'entendais-je murmurer à mon oreille. Nu et frigorifié, je m'avançai à l'aveuglette dans la chambre plongée dans le noir et enfilai un bas ainsi qu'une tunique. Je n'étais guère présentable, mais je n'avais qu'une envie : aller écouter la jeune fille pour retourner au lit le plus vite possible. 

Je sortis de la chambre et un courant d'air me glaça des pieds à la tête. Mestre Luwin m'attendait là, une torche à la main, puis il me guida à travers le dédale de couloirs sombre. Encore abruti par le sommeil, je laissai mes pensées vagabonder. Lyanna. J'ai tenu mes promesses. Alors pourquoi revenir me hanter maintenant? Je secouai la tête pour chasser ces pensées de mon esprit. Elle est morte depuis 14 ans. Passe à autre chose. Je me rendis alors compte que nous étions arrivés devant la salle de réception. 

- Attendez moi là, fis-je au vieil homme, je n'en ai pas pour longtemps.

Il hocha la tête et je poussai le battant de la porte. Une jeune fille me tournait le dos, éclairée par la torche dont la flamme dansait langoureusement. En entendant la porte se refermer dans un bruit sourd, elle se tourna vers moi. J'en perdis la raison l'espace d'une seconde. Ces cheveux sombres.

- Lyanna. 

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