Le Boucher

Chapitre 5 : Exploit et démon du passé

1729 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 13:47

La forêt avait une beauté éternelle qui touchait l’âme guerrière de Mors. Il y avait comme de la magie dans l’air. Sous l’éclairage argenté de la lune, les chênes noueux ressemblaient à des sentinelles muettes, majestueuses, immortelles, inflexibles. Que leur importaient les guerres des hommes ? Les branches entremêlées bruissaient sous une brise légère au-dessus de la tête du vieil homme. Une branche au sol baignait dans un petit clair de lune, ce qui lui donnait une splendeur éthérée, éphémère. Un blaireau solitaire, lui aussi pris dans la lumière, se précipita dans les    sous-bois.

 

Une chanson éraillée montait du groupe d’hommes assemblés autour du feu de camp ; Mors jura. La forêt était redevenue une forêt, et les chênes, les arbres énormes bien connus. Osmund fit le tour pour le rejoindre, avec dans les mains deux gobelets de cuir et un sac à vin.

 

- Aigres clairets de Dorne, le meilleur, dit-il. C’est mieux que cette pisse de cheval qu’on vous sert au mur 

 

- Merci, répondit Mors.

 

Le jeune homme remplit le gobelet de Mors, puis le sien. 

 

- Tes hommes sont les pires chanteurs que j’aie entendus ces vingt dernières années. Fit Mors en s’adossant au tronc d’un chêne.

 

- On fait avec, dit Osmund en haussant les épaules.

 

- Mouais, fit Mors en vidant son gobelet d’un trait. Dis donc ? Ajoute-t-il en regardant son verre vide, il donne un sacré coup de fouet ton vin de Dorne, de qui tu l’as volé.

 

- Il nous arrive de nous aventurer au sud, réplique Osmund amusé.

 

- Mmm ! Fit Mors froidement, et que se passe-t-il au sud ? Quelle sont les dernières nouvelles ?

 

- Eh bien ! Dit Osmund, il parait que Stannis Baratheon se prépare à marcher sur Port Réal avec une armée de mercenaire, et que lord Tywin s’est allié à Hautjardin en mariant le roi Joffrey avec la veuve de Renly.

 

Mors réfléchit un moment, puis vint Will l’écarlate qui s’assit avec eux en jouant avec un couteau, le jeune garçon regardait toujours Mors avec méfiance, bien que ce dernier l’ignorait totalement. Puis vint ensuite Rilo qui prit place aux coté de Will.

 

- Il paraît que Stannis a dix mille hommes, déclare Rilo. Et vous êtes au courant de ce qu’il a fait à Accalmie. Comme la cité avait refusé de se rendre, quand il s’est emparé d’elle, il a fait pendre et écarteler un défenseur sur deux. Six mille hommes. Il paraît que le ciel était noir de corbeaux. Imaginez ! Six mille !

 

- Est-ce que vous savez pourquoi il a fait ça ? demanda Mors gravement

 

Les hommes se regardèrent les uns les autres et se retournèrent vers Mors. Will l’écarlate répliqua d’une voix cinglante :

 

- Bien sûr qu’on le sait. C’est un enfant de putain assoiffé de sang, voilà pourquoi.

 

- Pas du tout, fit Mors en regardant Will dans les yeux. Il a fait ça pour que des types comme toi puissent le penser.

 

Le visage de Will s’empourprait de colère et Mors grogna d’amusement

 

- Il est naturel que les histoires se propagent. Mais Stannis est un soldat rusé. Suppose qu’il se soit emparé de la ville et qu’il ait célébré les défenseurs pour leur héroïsme. Les autres cités se seraient elles aussi âprement défendues. Mais de cette manière, il envoie la peur en éclaireur. Et la peur est une alliée puissante.

 

- T’en parles comme si tu l’admirais, lance Rilo avec surprise.

 

- Je l’admire en tant que chef militaire, mais rien de plus.

 

- Ainsi parla Ser Mors Westford, railla Will. Le Boucher qui admire un autre salopard de boucher sans foi ni loi, pas étonnant que les sept couronnes partent a vau-l’eau. Les gars comme toi ou Stannis feraient bien d’aller crever dans un trou de merde

 

-  Dis-moi Will l’écarlate. Dit Mors en le regardant gravement, t’ai-je fais du mal malgré moi dans une autre vie ? Pourquoi tant de haine ?

 

Will garda le silence un moment, puis quitta le bivouac a grande enjambée. Osmund éclata de rire :

 

- Ne laisse pas Will gâcher la soirée, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle l'écarlate, il a la langue aussi pendue que son épée tranchante.

 

- Il se bat bien pour un garnement, dit Mors gravement. Qui est-il ? Un fils de noble ?

 

- Will ? Un fils de noble ? Je ne pense pas ! Personne ne sait d'ou il vient, c'est peut être un écuyer ou un fils de forgeron, personne ne le sait.

 

- C'n'est pas un écuyer, réplique Mors froidement, encore moins un fils de forgeron. Ce garçon sait bien manier l'épée.

- Mais il a quand même perdu contre toi, dit Osmund en souriant.

 

- L'expérience mon garçon, j'ai combattu des adversaires beaucoup plus terribles, et j'ai fait la guerre.

 

Rilo se pencha en avant et le regarda avec des yeux gourmands.

 

- Tu as combattu des chevaliers ? Des seigneurs ?    

 

- Un peu des deux, fit Mors en haussant les épaules. Il m'arrivait de jouter dans des tournois.

 

- Régale nous, maître Mors ! Déclare Osmund a haute voix. La soirée ne fait que commencer.

 

- Je ne suis pas un fieffé conteur.

 

- Raconte-nous alors qui était ton adversaire le plus terrible. Demande Osmund en lui remplissant son gobelet.

 

Mors poussa un soupire puis :

 

- Mon plus grand adversaire n'était autre que Gerold Hightower.

 

- Le Taureau Blanc ? Dit Osmund surpris, tu veux dire que tu as combattu le Taureau Blanc ?

 

- Combattu et perdu, dit Mors en souriant. Ce chevalier était l'un des meilleurs épéistes de son temps, un homme de devoir, et un valeureux chef de la garde royale. Le combattre était un honneur. Il était aussi rapide qu'un farfadet et aussi puissant qu'un taureau, d'ou son surnom. Il m'a payé une choppe de bière et a déclarer devant ser Arthur Dayne et Oswell Whent que j'avais la hire d'un démon en furie. Il m'a même proposé de rejoindre la garde royale, mais j'ai refusé, j'avais déjà prêté sermon au seigneur Lannister, avec le recul peut être que j'aurais dû accepter, car je me suis battu dans le mauvais camp.

 

- Le Taureau Blanc est toujours aussi respecté dans la garde royale, a ce qu'on dit. Dit Osmund en hochant la tête. De nombreuses personnes s'enorgueillissent encore de l'avoir côtoyé, voire affronté.

 

- Mmm, fit Mors songeur, personne ne lui arrivait a la cheville.

 

- Mais tu dois bien avoir gagné contre d'autres adversaires ? Demande Rilo d'une voix impatiente.

 

- Ton ami est vraiment friand d'histoires, fit remarquer Mors en désignant Rilo d'un hochement de tête.

- Ne lui en veut pas, depuis qu'il t'a observé combattre l'écarlate il ne tient plus en place.

 

- La jeunesse ! Fit Mors en soupirant. Mais détrompes toi petit, il est vrai que j'ai gagné mes combats, mais il m'arrivait aussi de perdre, je sais combattre mais je sais aussi reconnaître que d'autres me surpassent, on trouve toujours meilleur que soi.

 

- Je vois aussi que l'humilité t'étouffe mon ami. Dit Osmund en riant. Pourtant j'ai entendu dire que tu as pourchassé la fraternité Bois du Roi, et que tu aurais tué le Chevalier Badin, et à ce qu'on dit il était aussi grand et massif que Gregor Clegane.

 

- C'était il y a longtemps.

 

- Et ce n'est pas tout, renchérit Osmund. Mes amis, Ser Mors Westford a était champion du tournoi de Viergétang, il aurait battu en joute le prince Rhaegar Targaryen et le seigneur Jon Connington. Douze lances brisées, et un match nul dans une mêlée.

 

- Contre qui ? Demande Rilo vivement.

 

- Barristan le Hardi. Répondit Mors froidement, bonne nuit messieurs.

 

Cette fois Rilo le regarda avec une émotion violente, et Mors détourna les yeux gêné. Osmund ne sait pas pourquoi au mur on le surnommait le Boucher. Pas pour un exploit en tout cas.

     

     

 

 

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