Le Boucher

Chapitre 10 : Dans la gueule du lion

2444 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:02

Une chose était sure, quand on attendait d’être reçu par Tywin Lannister, autant se murer derrière une cuirasse en acier. Mors serra et desserra le poing, juste au moment ou un page lui fit signe d’entrer dans le bureau de la main. Mors fit volter sa cape noir en marchant et en parcourant le bureau de Tywin, ce dernier était assis derrière son bureau entrain de d’écrire et signer des documents qu’il tendait a son secrétaire particulier. Il ne releva pas la tête a l’approche de Mors et ce dernier s’immobilisa, la main posé sur la garde de son épée, un détail que Tywin semblait avoir remarqué, sans lever les yeux de ses documents.

 

- Un retour des plus inattendus ! Déclare-t-il d’une voix glaciale.

 

- Bien le bonjour a vous monseigneur. Réplique Mors d’une voix tout aussi dénuée d’émotions.

 

- Je me rappelle le jour ou le roi Aerys le fou s’était rendu à Sombreval avec une modeste escorte armée. Ce Targaryen croyait que sa couronne le protégerait de tout, même des tempêtes. Mais il a sous estimer les ambitions de lord Denys Sombrelyn, je l’ai dissuadé de le faire, mais le fou croyait que je briguais son autorité, il voulait lui-même régler le conflit de la couronne avec la maison Sombrelyn.  

Mors se souvenait du conflit financier entre la maison Sombrelyn et la Couronne. En effet, lord Denys Sombrelyn cherchait à obtenir des avantages pour sa maison et une charte pour les citoyens de la cité de Sombreval. Devant les refus successifs du roi, il décida de faire pression sur la Couronne en arrêtant de payer les taxes que verse sa ville.

Certains murmuraient que les raisons de ce comportement sont attribuées aux manigances de l'épouse myrienne de lord Denys, lady Serala Sombrelyn, cette dernière aurait exacerbé l'orgueil de son époux.  Sombreval était un port important de la côte orientale des Sept Couronnes. De plus, c’était une maison prestigieuse, issue d'une ancienne lignée royale des Premiers Hommes, et qui a donné sept membres à la Garde Royale des Targaryens, ce qu'aucune autre maison noble n'a égalé.

- Résultat en prime, fit Tywin froidement. Denys Sombrelyn fit enlever le roi et le retins en otage a Sombreval. Je crois que c’est a ce moment là qu’il perdit la raison, imaginez un roi qui subit de nombreuses humiliations pendant sa captivité.

- Oui, dit Mors prudemment, on raconte que lady Serala faisait violenter le roi par deux de ses esclaves, les rumeurs les plus folles disaient qu’elle lui enfonçait un phallus en bois dans le cul en jubilant à l’assistance qu’elle enculait un dragon.

- Votre franc parlé m’a toujours intrigué, dit Tywin en levant enfin les yeux vers son interlocuteur.

- Chose que vous appréciez de nature, monseigneur.

- Mais votre arrogance n’en ressemble pas moins à celle du roi fou. Réplique Tywin avec colère. Donnez moi une seule raison de ne pas vous jeter aux fers, croyez vous que le noir vous protégera de moi ?

- Vous avez payé votre dette en assassinant ma femme et ma fille. Dit Mors d’une voix tout aussi froide. Vous ne me devez plus rien désormais monseigneur.

- De cela vous m’accusez bien injustement. Jamais je n’ai ordonné le trépas de lady Cerenna Westford, ma défunte épouse la tenait en haute estime, et je ne suis pas homme à me venger des petites filles, fussent-elles paysannes ou fille d’un de mes vassaux.

- Quoi qu’il en soit, les assassins ont déjà payé leurs crimes. Allester Sarwick et Valar Hill pourrissent six pieds sous terre.

- Alors votre mécontentement envers moi n’a plus raison d’être.

Mors le regarda attentivement, les choses se bousculaient dans sa tête. Tywin affirme n’avoir jamais fait assassiner Cerenna et Tya, pourtant Allester prétendait le contraire, il lui y a juré sur son dieu rouge avant même qu’il n’expire sous son épée.

- Oui, il n’a plus raison d’être. Dit Mors gravement. Mais vous avez bien ordonné le meurtre d’Elia Martell.

- Ragot d’écurie et calomnie de cuisine. Réplique Tywin avec colère. C’est ser Amory Lorch qui m’apporta le corps de la petite. Il l’avait découverte cachée sous le lit de son père. La princesse Elia et le nouveau-né se trouvaient dans la nursery, un étage plus bas.

 

- Curieux, fit Mors en fronçant les sourcilles. C’est Amory Lorch lui-même qui m’a remis votre missive lors du sac de Port Réal, écrite de votre main et m’ordonnant de tuer l’épouse et les enfants de Rhaegar.

 

- Ser Amory avait agi de son propre chef, dit Tywin en se levant de son bureau. Il voulait surement s’attirer les faveurs du nouveau roi. La haine que Robert portait à Rhaegar n’était un secret pour personne.

 

- Pourquoi la Montagne a tué Elia dans ce cas ? Elle n’était qu’une épouse venue de Dorne, elle n’aurait nullement nui à Robert.

 

- Parce que j’avais omis de le lui ordonner. De plus Ser Gregor avait la manie du sang. Je vous accorde que sa mort était… très bestial, mais c’est sur ses mains qu’il a du sang, pas sur les miennes

 

- Ce n’est pas ce que pense la Vipère Rouge. Je l’ai rencontré avant de venir vous voir.

Tywin croisa les mains derrière son dos et le regarda avec gravité.

 

- Et qu’avez-vous pensé de lui ?

 

- Cet homme est un être fourbe et dissimulateur, bien sur il ne cache pas sa haine contre tout ceux qui porte le manteau Lannister. Et il lui tarde grandement de rencontrer Gregor Clegan.

 

- Il ne séjourne pas à Port Réal. J’entends d’ailleurs le tenir à bonne distance aussi longtemps qu’y séjourneront les Dorniens.

 

- Et quand Oberyn exigera la justice pour laquelle il est venu ?

 

- Je lui dirai que c’était Ser Amory Lorch, l’assassin d’Elia et de ses enfants, répondit paisiblement lord Tywin.

 

- Grand bien vous fasse, mais ma présence ici est autre. Je suis venu rassembler des troupes pour le mur, pas de coupes jarrets, ou de criminels, mais de chevaliers. J’ai dans l’espoir que vous accédiez à ma requête pour le bien des sept couronnes.

 

- A cela il y a des complications bien trop grandes. Je ne peux déplacer mon armée de Port Réal, alors que Stannis Baratheon nous menace de son armée de mercenaires. Je suis en guerre Ser Mors, j’ai un royaume à défendre et à reconstruire.

 

- C’est le mur qui vous permet de mener cette même guerre, imaginez qu’il tombe et qu’une horde sans fin de sauvageons déverser vers le sud, je ne donne pas cher de Port Réal ou des autres royaumes.

 

- Raison de plus pour que vous m’aidez à terminer cette guerre.

 

- Plait-il ?

 

- Vous avez mené mes troupes durant la rébellion de Robert, et je ne parle pas de votre fait d’arme dans la bataille de la Butte aux Cerfs. Vous étiez mon homme lige, Mors Westford, et cela bien avant Gregor Clegan. Redevenez mon épée a double tranchant pour un temps. Aidez-moi à occire les ennemis de roi, en échange je vous donnerais une armée de chevaliers qui jureront tous de porter le noir.

 

Mors garda le silence un moment et Tywin regagna son bureau.

 

- Vous avez jusqu'à demain, réfléchissez et donnez moi votre verdict.

 

Tywin se plongea à nouveau dans ses documents, et Mors tourna les talons et se retira. Dans le couloir il croisa le nain. Tyrion Lannister accompagné d’un homme qui jetait des regards admiratifs aux servantes. Le nain en le voyant leva les sourcille de surprise.

 

- Ser Mors !

 

- Cela faisait longtemps, nain. Réplique Mors en le toisant avec gravité.

 

- Trop longtemps, j’ai vous ai manqué au mur.

 

- Oui, on m’a dit que vous étiez arrivé avec le jeune Snow. Grand argentier a ce qu’on m’a rapporté ?

 

- Et marié de surcroit. Renchérit Tyrion en faisant une grimace.

 

- Cela ne vous fera que du bien ! Aboya Mors, a trop courir la gueuse comme vous faîtes, le mariage aura le mérite de vous enseigner la retenue.

 

L’homme qui accompagnait Tyrion sourit amusé.

 

- C’est hélas une leçon qu’il n’apprendra jamais.

 

- Voici Ser Bronn de la Néra. Dit Tyrion.

 

Mors le salua d’un bref hochement de tête, puis se tourna vers Tyrion.

 

- J’aurais aimé rester discuter avec vous, nain. Mais je dois hélas prendre congé, saluez votre frère de ma part.

 

- Permettez-moi de vous demander de ce quoi père et vous discutiez.

 

- Rien de quoi attirer votre attention.

 

- Permettez-moi d’insister, Ser Mors. Après tout je suis le grand argentier.

 

- Votre père m’a promis une armée pour le mur, en échange du concours de mon épée.

 

- Une armée dites-vous ? Dit Tyrion surpris. Faîtes attention Ser Mors, les belles promesses de mon père ne sont pas à prendre au premier mot.

 

Mors éclata de rire.

 

- Ah nain ! Je connais ton père depuis bien trop longtemps.

 

Mors s’agenouilla devant Tyrion et le regarda dans les yeux.

 

- Je ne suis pas aussi naïf, et je sais aussi quand il dit une vérité, ou quand il croit dire une vérité.

 

- Raison de plus pour vous méfier. Dit Tyrion gravement.

 

Mors le regarda un moment puis se releva.

 

- Connais-tu l’histoire du loup, du moineau, et de la vache ?

 

Tyrion le regarda intrigué.

 

- Je n’ai pas eu ce plaisir.

 

- Je vais te la raconter : Il était une fois un moineau qui s’est cassé une aile, imagine la pauvre bête incapable de voler pour échapper au froid de l’hiver, seul et désemparé dans un champs, a attendre la morsure du froid. Que devait-il faire à ton avis, rien ! Si ce n’est de crier, quémandant de l’aide. Par chance une vache l’entendit, prise de pitié elle décida de l’aider a sa manière, pour le réchauffer, elle lui chia dessus. Une grosse merde bien chaude. Le moineau bien entendu était tout heureux, il se mit à chanter comme au printemps. Malheureusement pour lui un loup l’entendit, sans hésiter il suivit le chant du moineau qui prit de panique ne pouvait fuir, prisonnier dans la merde. Tendant sa patte, il l’extirpa, le nettoya, puis le mangea de bon appétit.

 

Bronn faillit éclater de rire, Tyrion fit un sourire crispé, mais Mors garda son sérieux et le regardait toujours avec gravité.

 

- C’est… une histoire forte intéressante, mais je ne comprends pas ou vous voulez en venir.

 

- Il y a une morale dans cette histoire, nain ! Normalement chacun devrait la trouver tout seul, mais comme tu n’as pas la patience pour ça je vais   te la révéler : quand quelqu’un te met dans la merde, ne le prends jamais pour un ennemi, mais quand quelqu’un t’en sort, ne le prend pas non plus pour un ami, dans un cas ou dans l’autre, mieux vaut fermer sa grande gueule.

 

Mors se pencha sur lui et ajouta :

 

- Ma merde à moi me tient au chaud, nain. Tant que je ne gueule pas, le lion ne m’entendra pas.  

 

Mors se retira et laissa Tyrion le suivre du regard. Bronn l’observa un moment puis regarda Tyrion en haussant les épaules :

 

- Je crois que je l’aime bien.

 

 

        

 

 

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