La cour des grands

Chapitre 17 : Olliver

1629 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/11/2016 18:40


Olliver



Cette nuit-là, Olliver n'avait pas réussi à fermer l’œil. Son sentiment de ne pas être à sa place aux côtés d'hommes aussi haut placés tel que Robb Stark persistait encore, même si sa sœur avait tout fait pour le calmer à ce sujet. De plus, il allait devoir attaquer, la nuit prochaine, un camp Lannister et peut-être y trouverait-il la mort ? C'est ce qu'il se demandait sans cesse. Il anticipait le chaos de la bataille. Est-ce une flèche filant dans les airs et transperçant son cœur qui le tuera ou le coup de hache d'un homme désespéré qui enverra toute sa rage bestiale sur lui ? Lorsqu'il se leva le matin même, il se rendit compte que son oreiller était baigné de sueur. Il essaya de se convaincre qu'il devait rester digne d'être l'écuyer de Lord Karyl Vance en montrant son courage. De plus, il avait dit au Roi du Nord lui-même qu'il espérait devenir un jour chevalier, ce qu'il avait répondu au hasard car, en réalité, Olliver n'avait plus réellement de rêve comme celui-ci. Jadis, cela aurait été son désir le plus profond mais aujourd'hui, son rêve de partir avec Galmar à Châteaunoir le hantait encore. Cependant, il avait accepté l'impossibilité de ce rêve. De toute manière, Olliver était aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, un écuyer servant dans l'armée du Nord et combattant les Lannister qu'il allait devoir affronter pour la première fois. Il n'avait jamais tué d'hommes à part quelques ivrognes qui le menaçaient de couteau dans les tavernes où il venait parfois se désaltérer. Rien de bien glorieux en somme. Mais, cette fois, ce seront des hommes déchaînés qui fonceront sur lui corps et âme. Tout du long de la journée, Olliver fit mine de ne sentir aucune peur. Avec Karyl, il se préparait à partir en route vers la bataille. Hilda laissait échapper quelque larmes lorsqu'il mit son armure et qu'il s'attela à en mettre une à Karyl. Ce dernier annonça alors à son écuyer que le roi Robb les avait quémandé dans sa tente avec Lord Manderly. Après avoir mis son armure, les deux hommes partirent en direction de la tente du Jeune Loup. Olliver avait deviné qu'il allait faire un récapitulatif de l'attaque prévu pour cette nuit.


-Merci de votre venu, mes seigneurs. Remercia Robb quand Karyl et Olliver entrèrent dans la tente. Ce soir, nous partirons attaquer le camp Lannister qui se trouve au sud-ouest d'ici. J'ai décidé que je partirai avec vous.


-Vous n'êtes pas obligé, Votre Majesté. S'exclama Karyl.


-Mais j'y tiens. Répondit sèchement Robb. J'amènerais mon loup, Vent Gris, avec moi et cent hommes en plus. Je vous demande maintenant de bien m'écouter. Nous récapitulons donc : Lord Karyl enverra sept éclaireurs pour que notre troupe ne se fasse pas repérer lorsqu'elle s'avancera. Ils auront Vent Gris avec eux pour les aider et, une fois les sentinelles éliminées, il hurlera pour donner le signal de notre approche et enfin, de l'attaque. Nous utiliserons nos archers pour les surprendre et, dans le même temps, la cavalerie foncera sur le camp. Vous brûlerez les tentes et chercherez le seigneur qui garde ce camp. D'après nos espions, il s'agirait de Samwell Spicer, un cousin du seigneur de Castamere devenu général. De ce que l'on raconte, il serait très à l'aise à l'épée alors ne le sous-estimez pas si vous vous retrouvez face à lui. Des objections ?


Lord Manderly s'avança avec un grand sourire et se retourna vers Karyl et Olliver.


-Mes amis, je suis sûr que vous connaissez l'hymne de ces foutus Lannister, n'est-ce pas ? Demanda-t-il d'un air plaisantin. Ils appellent cette horreur auditive «Les pluies de Castamere». Elle raconte comment les Lannister ont mit une dérouillée à l'ancienne maison qui gardait le fort de Castamere. Est-ce que ça vous dirait que ces chiens connaissent une deuxième pluie ? Est-ce que nous aussi nous pouvons avoir un hymne consacré à ce fort Sudrons ? Je vous le demande sincèrement. Les pluies de Castamere tomberont-elles cette nuit ?


Karyl et Olliver crièrent à l'unisson avec le sourire de Robb qui s'étalait jusqu'aux oreilles. Le discours de Manderly redonna du courage à Olliver mais sa peur n'était pas encore partie pour autant. Il retourna avec Karyl à la tente de celui-ci terminer les préparatifs. Une fois arrivés, Olliver remarqua que son seigneur le fixait des yeux.


-Un problème, mon seigneur ? Demanda-t-il.


-Tu as peur, mon garçon. Elle se lit sur ton visage. Ne t'inquiètes pas. Je ne vais pas te sermonner en t'insultant de lâche. C'est normal, même. Cela va être ta première bataille. Je te conseille de te préparer psychologiquement.


-Comment vous-faites pour vous préparer psychologiquement ? Demanda tout bêtement Olliver.


-On ne se prépare pas tous de la même manière. Moi, je me dis avant chaque bataille que je mourrais à coup sûr. Ça a toujours eu l'air de marcher.


-Ça ne vous énerve pas que les hommes se fassent la guerre ? Interrogea Olliver.


Karyl mit du temps à répondre avant de regarder son écuyer dans les yeux.


-Tu est encore jeune. Les personnes de ton âge se posent beaucoup de questions sur le monde et sur l'Homme. Dis-moi, souhaites-tu changer quelque chose en ce monde ?


-Oui. Il y a plusieurs lois qui me semblent totalement stupides et incrédules. C'est ce que j'ai remarqué dans ce monde, que ce soit dans le Nord, dans le Sud ou à Essos, elles sont toutes aussi pourries. J'aimerais les changer.


-Et pourtant, tu obéis à ces lois pourries, n'est-ce-pas ?


-C'est exact mais qu'est-ce que vous voulez dire par là ?


-C'est pour te dire qu'on peut bien obéir aux lois en souhaitant qu'elles changent, comme on sert à la guerre en souhaitant la paix.


-Alors, vous voulez la paix ?


-Bien entendu que je veux la paix. Le roi Robb veut la paix. Et même ce grand gaillard de Manderly veut la paix. Dis-toi bien ce soir que les Lannister, eux, ne la veulent pas. Dis-toi que le monde serait un enfer sous leur domination si ils gagnent la guerre. Dis-toi que chaque ennemi tué est un pas de plus vers la paix. Et peut-être qu'un jour, tu la verras.


Olliver voyait sa peur s'amenuiser peu à peu à son grand étonnement. Karyl était plus beau-parleur qu'il ne le pensait. Il finit alors d'atteler les chevaux et les amenèrent au point de ralliement, aux portes du camp. Plus de mille hommes étaient rassemblés sur la plaine grisâtre. Le vent commençait à s'éveiller et les nuages commencèrent à assombrir le ciel. Le roi Robb se faufila au travers de son armée sur son destrier et gravit une petite colline qui le suréleva, son loup à côté de lui. Il s'exclama alors en hurlant :


-Mes amis, mes frères. Ce soir, les Lannister seront tranquillement attelés à leur table, se vantant de leurs anciennes victoires. Cette nuit, ils ne se vanteront plus. Êtes-vous avec moi pour faire tomber la deuxième pluie de Castamere ?!


Tous les hommes hurlèrent et commencèrent à suivre Robb qui marcha en avant. Olliver, qui montait sur son cheval, vit Hilda s'approcher de lui en pleurant.


-Bon courage, Olliver. Reviens vite. Tu es la seule famille qu'il me reste à présent. Á vous aussi, Lord Karyl. Revenez-moi vite.


Les deux hommes approuvèrent en signe de promesse et suivirent la troupe qui s'engouffrait à travers les collines.


-Ta sœur ne s'est pas encore habituée à me tutoyer. Remarqua Karyl.


-Elle finira par s'y habituer, mon seigneur. Elle n'a pas l'air malheureuse d'être à vos côtés. Je pense qu'elle a de la chance de vous avoir.


-Merci, Olliver. Mais toi non plus, tu ne me tutoies pas.


-Eh bien….. Disons qu'il me faut du temps à moi aussi pour m'y habituer. Répondit Olliver qui lança un petit sourire montrant qu'il était content d'être tombé sur un aussi bon seigneur.


Il regarda la tête de la troupe où se trouvait Robb et son loup. Il venait d'ordonner à sept personnes de partir en avant, Vent Gris sur leurs talons. Les éclaireurs venaient de partir et la bataille allait commencer. Olliver se souvînt des mots de Karyl qui lui indiquait que le seul chemin vers la paix était celui de la mort de ses ennemis.


Deux heures avaient passées et la troupe s'arrêta enfin devant une colline où, une fois arrivée au sommet, on pouvait voir se dessiner la silhouette d'un camp, ponctuée de rouge et d'or. Les hommes tenaient la garde de leur épée, le bâton de leur lance ou leur flèche qu'ils se préparaient à décocher. Chacun fixait le moindre mouvement provenant du camp. On entendait des rires d'ivrognes mais aussi les pas de petites troupes qui patrouillaient à travers le camp. Ils virent au loin le cadavre d'un Lannister, caché aux yeux de ses compagnons, derrière un buisson. Forcément l’œuvre d'un éclaireur ou de Vent Gris. Plusieurs minutes passèrent, les yeux rivés sur leur objectif, des gouttes d'eau commencèrent à tomber du ciel sombre puis, soudain, le hurlement sonore d'un loup. Un hurlement qui faisait partit du décor naturel pour les Lannister. Un hurlement qui annonçait un bain de sang pour les Stark. Les épées étaient dégainées, les lances pointaient vers leurs ennemis, les cordes des arcs étaient tendues. La bataille venait de commencer.


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