Rhaegar le Dernier Dragon

Chapitre 4 : Serala

Par erouanem

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Serala se réveilla de bonne heure. Ses rêves avaient été agréables, son sommeil reposant. Elle s’étira et roula sur le côté pour observer l’homme qui partageait sa couche. Elle écarta délicatement la mèche de cheveux argentée qui cachait le front de son amant ; il poussa un soupir mais continua de dormir.

Elle le regard avec douceur, pour un prince de la maison Targaryen, Rhaegar était la gentillesse incarnée. Il avait bien vite remarqué qu’elle ne supportait pas de se sentir enfermée ; un beau matin, il était revenu du marché après avoir acheté un chiton noir, des sandales à nouer au mollet, un pantalon pentoshi de lin fin et un chapeau en feutre.

— Enfile ça, lui avait-il demandé.

Elle n’avait pu s’empêcher d’éclater de rire.

— Voilà que tu veux que je me déguise en homme, maintenant ? Avons-nous vraiment besoin de tels artifices ?

— Non, avait-il répondu en souriant de toutes ses dents, mais je vais t’apprendre une nouvelle manière de monter à cheval.

Elle n’aurait jamais cru pouvoir prendre autant de plaisir à sortir déguisée de la sorte. C’était peu de temps après leur départ de Pentos. Elle avait traversé la cité sans encombre en chevauchant une jument alezane, protégée des regards indiscrets par le chapeau qui couvrait ses cheveux et le chiton qui cachait ses courbes. Une fois dans les collines de Velours, elle avait découvert les joies du galop, le vent dans la chevelure et l’incroyable vitesse…

Ils avaient fait l’amour dans un pré, à l’ombre d’un cyprès, puis étaient allés se baigner dans l’eau glacée d’un torrent de montagne. Elle s’en souvenait avec tendresse.

Mais en quittant Pentos. Rhaegar avait paru plus inquiet que jamais. Une fois l’Hydre en pleine mer, il avait convoqué Jonothor Darry et Sandor Clegane. Allant à l’encontre de la tradition, le prince avait arrêté sa compagne alors qu’elle s’apprêtait à quitter la pièce, la priant d’assister à la réunion.

Les deux hommes avaient été stupéfiés par son geste.

« Cela m’évitera de tout devoir lui répéter, avait-il expliqué. Sans quoi, elle insistera pour que je lui fasse un compte-rendu détaillé de notre entretien dès votre départ.

— Mais… mais… c’est une femme…, s’était indigné Jonothor.

— Est-ce le grand chevalier Darry qui s’exprime ainsi ? avait ironisé Rhaegar en faisant de son mieux pour garder son sérieux. Allons, mon ami, tu connais Serala depuis des années. Tu ne devrais pas éprouver de difficultés à parler en sa présence.

—  Ce n’est pas une question de difficulté, mais de bienséance. Dame Serala ne pourrait que trouver notre discussion ennuyeuse et incompréhensible.

— Je suis sûre que lord Darry a raison, était intervenue la jeune femme, et je le remercie de penser ainsi à moi.

Ravalant sa colère, elle s’était retirée sur le pont de l’Hydre. Plus tard, Rhaegar lui avait répété tout ce qui s’était dit, mais pas avant de laisser libre cours à sa propre fureur.

— Tu aurais dû rester ! avait-il insisté. Tes conseils auraient pu nous être utiles.

— Nous ne sommes plus dans les cités libres, mon dragon. A Port Real les putains ne font pas de politique. Dis-moi plutôt ce que le seigneur des fromages t’a révélé.

Rhaegar lui avait raconté en détail ce qu’Illyrio lui avait révélé sur le conflit entre Tyrosh et Myr, et sur le Compagnie Dorée ainsi que le dernier Feunoyr.

— Les coffres de Myr sont presque vides et Tyrosh est au bord de la banqueroute. La guerre se terminera aussi rapidement qu’elle aura commencé, mais nous utiliserons au mieux le délai qui nous est offert.

— Combien de temps ?

Il avait haussé les épaules.

— Deux ans, peut-être trois.

— Les mercenaires de la Compagnie Dorée sont des hommes comme les autres, lui avait-elle fait remarquer.

— Peut-être, mais c’est une armée compacte et entrainée. Et, quoi que nous fassions, nous restons plus faibles qu’eux.

Serala trembla mais se força à sourire.

— Tu trouveras une idée, mon amour. N’es-tu point le dernier dragon ?

Serala secoua la tête pour chasser ces souvenirs et se leva. Rhaegar gémit une nouvelle fois, mais continua de dormir tandis qu’elle s’habillait et montait sur le pont du navire. Jonothor était à la barre et ce dernier la salua d’un bref hochement de tête. Serala poussa un soupir puis se dirigea à la proue, désirant regarder l’horizon bleu.

Elle trouva Sandor Clegane en train d’aiguiser son estramaçon. Le Limier leva les yeux vers elle puis retourna à sa tâche. Serala s’adossa et observa l’océan. Pendant plusieurs minutes sa contemplation s’accompagna du seul bruit d’une pierre à aiguiser.

— Tu es la putain du prince ? demanda le Limier brusquement.

Serala se tourna vers lui en souriant amusée.

— Une putain que tu ne pourrais pas te payer. Et même si tu le pouvais, tu ne serais pas de taille !

L’acidité de sa voix l’avait sidéré. Jamais une fille de joie ne lui avait parlé ainsi. Elles étaient toujours déférentes et ne croisaient jamais son regard. Le Limier déposa son arme et la regarda dans les yeux.

— J’parle que pour dire les choses telles qu’elles sont…

— Je vois, dit-elle en l’observant avec des yeux limpides. Tu veux coucher avec moi ?

— Combien ?

— Pour toi, ce sera gratuit.

— Alors je ne veux pas de toi. J’couche jamais avec une femme pour laquelle j’n’ai pas payé.

— Intelligent, fit Serala en riant, tu as beau posséder une sale gueule, mais tu sais faire travailler ta tête, toi qu’on surnomme le Limier.

— Sans blague ? Eclaire ma lanterne.

— Les hommes sont tous les mêmes ! A Asshaï-lès-l'Ombre nous avons une déesse de l’Amour que des prêtresses servent en donnant du plaisir aux autres : hommes, femmes et même les enfants. J’étais une prêtresse avant de devenir Perle Noire à Braavos. Et j’ai vécu des histoires si étranges qu’elles pourraient effrayer les guerriers les plus endurcis.

— Raconte-moi tes histoires, la pria Clegane intrigué.

— Voyons voir… dit Serala en penchant sa tête de côté. Il y avait un homme marié qui venait souvent au temple. Je passais mon temps à lui sucer la queue parce que sa femme détestait le faire pour lui. Résultat, il l’a quittée et m’a demandée en mariage. Lorsque j’ai refusé, il s’est tranché la gorge avec un couteau rouillé. Pourquoi à ton avis ?

— Parce que tu sais sucer une verge ?

— Non, dit Serala avec un regard brillant, chaque putain sait sucer une verge. Moi je lui procurais un plaisir si intense qu’il en redemandait encore et toujours. Je l’ai d’abord dépossédé de sa dignité, de sa famille, et pour finir de sa virilité.

À cet instant précis, Serala avait disparu, pour faire place à une femme au regard dur, qui continua d’une voix glaciale :

— Je l’ai pompé jusqu’au trognon, jusqu’à ce qu’il me remercie et me demande de recommencer.

Elle poussa un soupir puis continua d’une voix plus douce :

— Bien d’autres ont essayé. Je me souviens d’une femme d’âge mûr, mariée à un boulanger, une mère de quatre enfants. Une ménagère honnête, une épouse dévouée, du moins c'est ce que tout le monde pensait, pourtant elle venait me voir parce qu’elle adorait gouter le vin sur mes tétons, elle passait son temps à me lécher la vulve, et tu sais pourquoi ? Parce que c'était son vice, elle me léchait les seins, les cuisses, le vagin et même le cul. J'étais sa tigresse, car je la faisais hurler chaque fois que je lui renvoyais ses vices à la gueule.

Serala éclata de rire et poursuivit en regardant le vide :

— Elle m'a proposé de partir avec elle aux cités libres, elle a même amassé assez d'argent pour qu'elle et moi puissions vivre comme des souveraines.

— Et t'as refusé ? demanda Clegane à voix basse.

— Franchement ! dit-elle en secouant la tête. Tu aurais suivi une femme qui a tué son mari et vendu ses propres enfants à un bordel d'eunuques ? Par amour, elle disait ! Elle l'a fait par amour. Cette ménagère et bonne mère de famille a détruit son foyer pour moi, c'est romantique tu ne trouves pas, Limier ?

Clegane ne répondit pas, et la jeune femme haussa les épaules.

— Elle s'est tuée ? demanda Clegane abruptement.

Elle éclata de rire et répondit d'une voix suave :

— Non c'est moi qui l'ai tuée, tu sais comment ? En lui demandant une autre preuve d'amour, je lui ai donné de la Mandragore Noire. Elle n'a pas hésité une seconde à boire toute la tasse, elle croyait que je la sauverais, et je parie qu'elle le regrette même si elle est morte.

Sandor la regarda avec des yeux étranges, puis déclara froidement :

— Tu n'es pas une putain, tu es une tueuse...

— Je t'aime bien Clegane, tu es intelligent. Un autre à ta place n'aurait pas hésité à me baiser.

— Et le prince ? Il te baise bien lui ? Pourquoi tu l'as pas rendu fou comme les autres ?

Serala détourna les yeux mais répondit après un bref moment :

— Parce que j'en suis folle amoureuse, il est ma chair, mon sang, ma vie.

Elle regarda Clegane dans les yeux.

— Et il m'a donné sa confiance, et elle m'est précieuse.

— Va falloir que tu m'expliques cela... j'comprends pas.

— Un autre jour peut-être, quand j'apprendrai à te connaître mieux.

Serala se pencha sur lui et l'embrassa sur la joue, puis le laissa planté comme un benêt. Il jura et continua d'aiguiser son épée.

 




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