L'Abysse marin de mon passé
Chapitre 0 : L'Abysse marin de mon passé
514 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 08/09/2025 00:02
Je tombe, et je ne veux plus m'arrêter de tomber. Il y a quelques instants, je me débattais pathétiquement pour revenir à la surface, mais quel est l'intérêt maintenant ? Les profondeurs sous-marines sont sombres... mais si réconfortantes.
La Lune commençait à se dissimuler derrière les vagues, comme si elle savait qu'elle serait la dernière lumière que je verrais avant de sombrer totalement. Tel que je le faisais enfant, je la caressais fragilement du doigt, pour la réconforter.
Ce monde que mon âme repoussait, me paraissait déjà si loin. "Je veux rester ici... je n'aurais plus à souffrir. Je suis si fatigué..." pensai-je, en sentant mes yeux s'allourdir.
Des bruits interrompant subitement mon sommeil, me forçaient à me retourner.
"K–Ka....ya... Kae...ya... s'il te... plaît... Révei– toi... Ka–"
"..."
Persistantes, j'entends encore des voix qui m'appellent en boucle... peut-être inquiètes, peut-être frustrées. Je ne sais pas et je ne veux pas savoir. Le silence est tellement lourd que même ces voix bruyantes sont étouffées.
Puis, plus rien.
Plus jeune, je me suis demandé ce qu'il y avait sous l'eau, mais j'avais trop peur de regarder, et puis, j'avais encore l'espoir aussi brillant qu'une étoile dans le ciel de tout retrouver... ma famille, ma vraie famille.
Je me souviens qu'après mon abandon, je me suis retrouvé dans un état similaire. Il y avait cependant une différence : je cherchais toujours à remonter. J'étais si naïf.
Quand j'essayais de me rappeler à quoi ressemblait ma mère ou mon père, l'angoisse m'envahissait et... je me demandais sans arrêt, "Est-ce que je mérite vraiment de retrouver mon bonheur ? Et si c'était ça, la raison pour laquelle il m'a abandonné ?". Avoir une réponse me terrifiait, alors je préférais fermer les yeux et tout oublier.
À présent, je peux enfin embrasser cette réponse, même si mon cœur se brise un peu plus, à chaque fois que je tente de la serrer dans mes bras.
Ah– Je continue de sombrer dans ce vide. Je ne vois plus rien. Je ne sais plus combien de temps est passé depuis que je suis ici... Je ne sais pas exactement pourquoi, mais des larmes ne cessent de couler... mais dans ces profondeurs silencieuses sont-elles vraiment des larmes ?
La tristesse de la mer ne faisait qu'un, avec ma peine. C'était si intense, si douloureux... un peu dans la gorge, un peu dans mes poumons, un peu dans mes doigts, et énormément dans mon cœur.
La froideur de l'eau traînait sur mon corps, comme un vent d'hiver qui enveloppait les fleurs de sa neige. Elle me rappelait... mon oeil divin, hors de ma portée, qui clignotait tel un jouet pour enfant cassé.
Mes paupières tombaient petit à petit, sans que je puisse les arrêter et... ma vision s'effaçait lentement, me montrant tout ce monde comme un épais brouillard.
"Enfin... Je peux, enfin... dormir." murmurait mon âme, fragilisée par la solitude.