Mythologie au rendez-vous

Chapitre 3 : Course contre la montre, course contre un monstre ou habile faux-semblant ?

5686 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/11/2023 20:34

Mélinda, ayant compris qu'il faut qu'elle retrouve la mystérieuse Anastasia Vladimirovna Bogolepova, ne sait guère par où commencer... Surtout que l'absence de tous documents relatifs à son existence la laisse très embarrassée... La jeune mère appelle Élie James pour lui expliquer le cas d'Arès, d'Ivan Petrovich Pavlov et d'Anastasia Vladimirovna Bogolepova plus en détail. Le professeur de psychologie, de meilleure humeur que lors du premier appel une semaine plus tôt, est tout aussi perplexe de la situation. Surtout que la plus grande énigme est la réincarnation de cette militaire russe, collègue d'Ivan Petrovich Pavlov, ou plutôt, selon son ami, de son nouveau nom d'emprunt. Dès que chacun a raccroché leur téléphone, Mélinda discerne Arès en discussion animée avec le militaire. Ce dernier s'éclipse rapidement, ayant perçu la colère du dieu pense la mortelle... Mais surtout par politesse et respect de la hiérarchie militaire... Il ne veut pas tester la colère de son supérieur, alors il fait marche arrière... Arès soupire avec un petit sourire narquois aux lèvres et murmure :

— Il est entêté ce militaire... J'ai beau essayer de le raisonner, mais il ne m'écoute pas... Je lui ai bien expliqué que les corvées et les prisons ne me font pas peur... ni le goulag d'ailleurs... En réalité, il ne doit pas s'inquiéter pour Anastasia Vladimirovna Bogolepova, elle saura se défendre... Et je sais, maintenant, que ce militaire soviétique ne l'aimait pas... Je l'ai tué par jalousie, parce que j'étais fou amoureux d'elle, ma déesse bien-aimée... Et j'avais mal interprété son comportement, en soupirant jaloux que j'étais...

— Voulez-vous dire qu'Anastasia Vladimirovna Bogolepova est une déesse, d'où l'impossibilité de trouver une trace de son existence dans les archives ? Ou vous parlez en métaphore parce que vous l'aimez ?

Le dieu s'assoit à côté de la mortelle, soupire, prend une grande inspiration et affirme posément et énigmatiquement :

— Vous le saurez rapidement... Mais pour moi, elle est une déesse... Elle est ma reine, ma déesse, mon amour... Je regrette ne pas l'avoir pour épouse... La pomme d'or lui revient, même s'il existerait une déesse encore plus belle... Mais je vous laisse... J'ai un entraînement qui m'appelle.

Et le dieu s'en va, non pas sans avoir donné une bénédiction à la famille de Mélinda.


Dès qu'il est parti, le militaire soviétique se matérialise à sa droite, saluant la chuchoteuse d'esprits. Cette dernière lui demande :

— Sérieusement, Ivan Petrovich, vous savez que n'importe quelle punition des hommes n'effraye pas Arès, un dieu grec endurci à toutes les horreurs. Il ne sert à rien de le poursuivre, sauf si vous voulez perdre votre âme. N'oubliez pas qu'il est un dieu, certes inférieur à Dieu et à ses Anges, mais il a une force supérieure à vous. Ce relève du miracle que vous soyez encore vivant après autant d'acharnement... Comme quoi un dieu amoureux est toujours plus indulgent... Aussi, il ne sert à rien de protéger la réincarnation d'Anastasia Vladimirovna, si elle est mortelle, seul Dieu et les Anges peuvent l'aider, si elle est une déesse, comme Arès, elle saura se défendre adéquatement... Et Arès n'a aucunement désiré votre épouse, mais bien une femme célibataire, votre collègue. Votre acharnement n'a pas lieu d'être.

Après quelques minutes de réflexion, le militaire russe répond :

— Votre raisonnement est exact... À vous entendre, ma colère est tombée... Même si que ma colère n'était plus depuis longtemps, pour être honnête... À côtoyer Arès au quotidien pendant plus de soixante ans, j'ai remarqué des facettes de sa personne et je l'ai même pris en pitié... Mais ça ne change pas à mon inquiétude pour la pauvre Anastasia Vladimirovna... Déesse ou mortelle... Vous êtes un vrai ange, Mélinda Gordon... Mais vous m'avez intrigué... Vous suggérez qu'Anastasia Vladimirovna serait une déesse... Ma protectrice, Athéna, me l'avait dit aussi... Je ne l'aurai jamais pensé. Je vais encore rester tant que vous ne me confirmez pas la nature réelle de ma collègue, mortelle ou déesse. Si elle est une déesse, j'aimerai bien savoir laquelle. Et je ne m'en vais pas tant qu'Anastasia Vladimirovna est en danger d'Arès. Ce dernier m'a l'air très obsédé par elle.

Il parle ainsi et s'en va.

Mélinda soupire et reprend ses tâches ménagères, tout en veillant sur Aiden. Le soir, une fois qu'elle a expliqué l'étrange conversation avec Arès et le militaire soviétique à son mari, ce dernier est intrigué et lui suggère de faire preuve de prudence si elle parvient à retrouver la Russe. Que cette dernière soit mortelle ou déesse, il ne faut pas la froisser ou la faire peur inutilement. Contente du soutien de son mari, le couple s'endort dans leur lit. Mais la nuit de Mélinda n'est pas tranquille.

Elle rêve qu'elle est à Moscou, vêtue comme un soldat. Elle fait un salut militaire à Anastasia Vladimirovna qui passe proche d'elle. La mystérieuse Russe lui rend son salut. Elle remarque dans son regard une tristesse et une intemporalité étourdissante... Comme le regard d'Arès, en moins l'agressivité et la jalousie bien sûr. Mais Mélinda détourne rapidement son regard et sourit lorsqu'elle l'encourage en pensant à sa famille et à sa mère patrie, la Belle et Grande Russie. Cette Anastasia a une belle voix convaincante, qui motive Mélinda à se battre et ne pas céder le terrain à l'ennemi nazi. Anastasia Vladimirovna Bogolepova s'éloigne de la chuchoteuse d'esprits, la laissant avec un moral très élevé pour se battre. Elle se prépare au combat en pensant à sa famille et à sa patrie.

Fin du rêve.

La chuchoteuse d'esprits pense que la mystérieuse Anastasia Vladimirovna Bogolepova n'est qu'un nom d'emprunt d'une déesse, mais laquelle ? Sa première pensée d'une déesse militaire est Athéna... Mais elle ne peut concilier une équation entre la déesse de laquelle Arès est fou amoureux et Athéna... Ce que la jeune mère considère comme insensé... Sauf si c'est une autre déesse, mais laquelle ? Mélinda est exaspérée d'Arès et du militaire soviétique, ne sachant aucunement comment les aider. Elle se lève pour prendre une gorgée d'eau dans la cuisine.

Elle est attendue par un beau homme à la chevelure dorée et aux yeux bleus, vêtu d'un complet blanc, et a pour seul bijou brillant une alliance d'or, et une femme qui lui ressemble, sa sœur pense la mortelle, vêtue d'une robe beige qui lui arrive au-dessus des genoux, un arc et un carquois plein sur le dos et, pour seul bijou, une alliance en platine et des boucles d'oreilles en argent. Les alliances divines brillent d'un éclat particulier à la lumière du clair de lune qui s'infiltre derrière les rideaux de la fenêtre, donnant un aspect irréel, féerique, à la scène et aux invités, donnant l'impression d'être dans un conte de fée ou un rêve, et non dans le monde réel, en état de veille. La mortelle demande aux immortels avec beaucoup de prudence :

— Qui êtes-vous ? Sans paraître malpoli ou vous manquer de respect.

— Nous sommes les jumeaux les plus célèbres de l'Histoire, Apollon et Artémis, répondent à l'unisson les deux déités.

— D'accord... Mais pourquoi venir chez moi ? En quoi puis-je vous aider, moi, une mortelle ?

— Mon frère m'a demandé de vous bénir... Vous permettant d'acquérir une habileté fort pratique pour plus tard...

Et la déesse joint le geste à la parole.

— Et, complète Apollon, cette bénédiction de ma sœur, à laquelle je joins la mienne, vous permettra de reconnaître instantanément les plantes et les champignons comestibles et dangereux... en plus d'une vue acérée. Vue qui vous permet de saisir dans l'être même la réelle nature de votre interlocuteur mortel... Une manière d'avoir un don d'archer détourné... Sauf si vous êtes intéressée à cet art ? Nous serons vos professeurs. Les meilleurs en plus!

— Merci beaucoup de la suggestion, décline la mortelle, mais je ne suis pas intéressée par l'archerie... Les armes ne relèvent pas de mes intérêts... Je ne m'intéresse pas à la chasse... Merci de votre aide et de votre bénédiction.

— Vous n'avez pas le choix, réplique énigmatiquement le dieu.

Apollon fait un geste de bénédiction et s'en va, suivi de sa sœur, tout en laissant un collier d'or et d'argent avec deux pendentifs, un soleil et une lune. La chuchoteuse d'esprits est plus qu'étonnée de cette visite inattendue et bizarre de dieux grecs au milieu de la nuit... Et ce, pour une bénédiction qui lui donne des capacités bien particulières et pour un collier... Elle soupire, comme si que sa vie ne lui était pas déjà compliquée avec son don d'interagir avec les défunts, pense-t-elle... La jeune mère prend le collier, le met sur sa table de chevet et revient dans son lit au côté de son mari et s'endort rapidement. Un sommeil sans rêve.


Le lendemain matin, la jeune mère et passeuse d'âmes, en allant au marché avec son fils entre les bras, salue Arès et Ivan Petrovich Pavlov. Le dieu lui affirme, avec une pointe d'arrogance et d'agressivité dans le ton :

— J'irai bientôt rejoindre ma déesse. Je sais où elle est...

— Où ?, l'interrompt Mélinda.

— Elle est à Vladivostok, en Russie... Au plaisir de se voir là-bas... Mais je vous le dis, elle sera mienne.

Sur cette phrase insolente, le dieu de la guerre disparaît soudainement, métamorphosé en un imposant vautour fauve. La chuchoteuse d'esprits, ne sachant comment interpréter les propos du dieu de la guerre, est très anxieuse pour la pauvre déesse. Elle observe le militaire soviétique et l'interroge d'une voix alarmante :

— À votre avis, dois-je m'inquiéter pour votre collègue Anastasia Vladimirovna ? Dois-je faire ce voyage jusqu'en Russie ?

— À entendre la réponse d'Arès, réplique l'esprit errant en faisant semblant de réfléchir, je m'inquiéterai sérieusement pour elle, déesse ou mortelle. N'oubliez pas qu'un dieu, en tant qu'homme, est toujours plus fort qu'une déesse, être féminin délicat, même si qu'elles ne sont pas à sous-estimer. Et Arès est un dieu bien entraîné, fort et puissant... Je ne pense pas que son arrogance et son agressivité laissent augurer un bon traitement de la déesse... Je crains qu'il ne la force à devenir sa femme... Et un dieu fou amoureux est près à tout pour arriver à ses fins... Il m'a bien tué pour se rapprocher de sa belle... À votre place, je ferai le voyage, pour au moins avertir Anastasia Vladimirovna de son prétendant trop sérieux. Et ainsi lui conseiller d'avoir proche d'elle des gardes du corps, des cousins, de la famille qui sauront intervenir si le dieu de la guerre fait un geste menaçant. Désolé, les tactiques militaires sont une déformation d'entendre ma protectrice en discuter constamment avec moi...

Mélinda réfléchit à la proposition de l'esprit militaire et la trouve juste. Elle lui affirme sérieusement :

— Ivan Petrovich, je me rends à votre avis... Je ne veux pas que la pauvre Anastasia Vladimirovna soit en danger de violence parce qu'Arès s'est emporté et veut la faire sienne à tout prix. J'en parlerai avec mon mari pour faire les achats des billets d'avion rapidement... Pouvez-vous divertir Arès pour qu'il n'arrive pas trop tôt à Vladivostok ?

— Non, je ne peux faire diversion... Il se rendra vite compte... N'oubliez pas qu'il ne se laisse pas facilement berné... Les millénaires d'expériences ne sont pas vaines... Mais je demanderai à ma protectrice si elle peut vous aider. Elle n'est pas Athéna, fille de Métis pour rien. Ma protectrice qui a bien battue à plates coutures Arès lors de la Guerre de Troie... Nous trouverons une manière rapide de vous amener à Vladivostok.

— Très bien, alors j'attends vos nouvelles rapidement. Merci de votre aide.

L'esprit errant s'évanouit et se matérialise devant sa protectrice immortelle.


La déesse de la guerre, en face de son homologue masculin, sourire aux lèvres lorsqu'elle voit son protégé, lui annonce, une fois qu'elle a entendue la décision de la chuchoteuse d'esprits :

— Je suis ravie que le plan fonctionne comme prévu. Arès et vous pourrez être des comédiens avec votre talent... Pour convaincre Mélinda de venir si rapidement à l'autre bout du monde... Même s'il est exact qu'Arès aime toujours Anastasia Vladimirovna, alias Aphrodite ?...

Le dieu se renfrogne au commentaire de la déesse.

— ... Allez ne te fâche pas, mon vieux collègue! ... Mais toi et Ivan Petrovich êtes parvenu à semer une telle conviction en Mélinda que j'en suis étonnée... C'est un tour de génie! Maintenant, il faut entraîner Mélinda et son mari... avec les armes... Ce que nous ferons à Vladivostok... Ainsi, avec trois mortels hors de l'ordinaire, notre protégé Élie James, Mélinda Gordon-Clancy et Jim Clancy, nous mettrons fin à ces nazis titanesques... Plan B, messieurs. Exécution! Nous nous revoyons à Vladivostok.

Le dieu et l'esprit errant font un salut militaire à la déesse qui leur rend le même salut et Arès ajoute :

— Je m'occuperai personnellement de l'entraînement de Jim Clancy... Il a déjà une bonne condition physique... Et Athéna, tu t'occuperas de l'entraînement de son épouse... Je sais que les deux archers l'ont bénie et lui ont donné arc et carquois sous la forme bien pratique d'un collier. Eux s'occuperont de l'exercice du tir à l'arc.

La déesse opine du chef.

Polkovnik, réplique poliment Ivan Petrovich Pavlov, faites attention pour ne pas trop surmener le mari de Mélinda Gordon... Il n'a aucune connaissance en maniement des armes... À l'exception du couteau bien aiguisé pour couper la viande, mais c'est pour la cuisine... Alors n'exagérez pas avec l'entraînement... Et n'oubliez pas qu'il a une femme aussi... ne gâchez pas leur obligation conjugale avec vos exercices en le laissant mort de fatigue à la fin de la journée.

Le dieu soupire et lui réplique amèrement :

— Merci de me le rappeler... Je ne suis pas sénile malgré mon âge vénérable de plusieurs millénaires... Ni si grincheux pour pourrir la vie de couple d'un homme marié! Je n'ai pas oublié que le mariage a aussi ses devoirs et exigences! Et inutile de me narguer indirectement... Je suis assez frustré sans cela! Ma déesse est tellement inaccessible!

L'esprit errant recule de sept pas pour ne pas subir les foudres de son supérieur.

— Le moyen le plus sécuritaire pour que notre protégé, la chuchoteuse d'esprits, son mari et leur fils viennent en Russie sans encombre est d'emprunter les talonnières, le pétase ailé et le caducée d'Hermès ou de demander à Zeus de les transporter dans des nuages... Quelle méthode vous semble la meilleure ?, demande la déesse aux yeux pers.

— Le moyen de transport le plus efficace, commente le dieu, sera de prendre un jet privé... Ainsi les mortels ne sont pas dépaysés et s'ils ont un mal de mer en avion, un mal d'avion ?, au moins, les pauvres mortels sur Terre ne verront pas du vomi se déverser sur leur tête au lieu de la pluie.

— Arès! Épargne-moi l'image! Ton discours est répugnant! Mais je dois reconnaître que tu as raison.

— Alors on choisit le jet privé ?, demande l'esprit errant.

— Exactement, confirme la déesse. Et je sais qui sera le pilote.

— Qui ?, interroge l'esprit errant.

Les deux divinités se regardent d'un air entendu avec un petit sourire de joie dans le coin des lèvres.

— Zeus bien évidemment, répond Athéna.

Arès éclate de rire en imaginant son père pilote et ajoute avec ironie :

— Et ma mère, Héra, est hôtesse de l'air ou co-pilote.

Soudainement, Zeus et Héra apparaissent sous forme d'aigle devant les deux déités militaires. Ils reprennent leur forme humaine et Arès, Athéna et l'esprit errant leur font un salut militaire. Zeus tonne :

— Fiston, ne te moques pas de ta mère ni de moi! Nous sommes sérieux! Ce n'est pas compliqué conduire un avion... J'ai eu suffisamment de temps pour m'exercer... Après ignore les quelques jets privés et avions commerciaux qui se sont écrasés au sol... Il fallait bien que je m'exerce. L'essentiel est que ces mortels ne soient pas réticents à venir... Je ne voudrai pas utiliser la force pour les amener à Vladivostok!

Le couple de dirigeants s'en vont. Ivan Petrovich Pavlov revient auprès de la chuchoteuse d'esprits pour l'informer du moyen de transport, bien sûr, en omettant plusieurs détails.


Mélinda remercie l'esprit errant militaire et revient chez elle après avoir fait les commissions. La jeune mère est sérieusement inquiète pour Anastasia Vladimirovna et attend avec impatience que son mari revienne du travail. Jim est arrivé beaucoup plus tôt du travail, suivi d'Athéna, qui lui explique que sa famille doit partir en Russie, à Vladivostok pour une durée indéterminée pour aider Anastasia Vladimirovna à ne pas tomber entre les mains d'Arès et pour que son protégé, Ivan Petrovich Pavlov, cesse de suivre le dieu de la guerre et part dans la Lumière. Le mari de Mélinda, ne voulant pas laisser sa femme partir seule dans un pays si lointain, informe la déesse qu'il viendra avec sa famille, son épouse et leur fils, à Vladivostok. Athéna, contente, opine du chef. La déesse explique au couple qu'Élie James viendra avec eux comme aide pour Mélinda. Le couple accepte l'explication de la déesse sans se poser plus de question ou douter de ses propos.


Soudainement, devant la maison du couple, un jet privé se matérialise. Le pilote et l'hôtesse de l'air invitent la famille à venir. Mélinda remarque que le pilote, un homme âgé de cinquante ans, aux yeux bleus électriques intemporels, à l'air nonchalant, aux cheveux bruns foncés parsemés de quelques cheveux argentés, vêtu d'une chemise bleu marine ornée de tous les insignes honorifiques et grades militaires qu'elle ne peut reconnaître, avec, pour seul bijou à sa main, son alliance d'or, est salué militairement par Athéna.

La déesse de la sagesse affirme :

— Mon Général, tout est prêt. Allons-y!

Le pilote, Zeus, claque des doigts et des entités humaines faites de nuages, des Néphélés, apparaissent et prennent les bagages des mortels pour les déposer dans le petit avion. Mélinda et sa famille suivent Zeus et Héra dans l'avion où les attend déjà Élie James.


Et ainsi Zeus, Héra, Élie James, Mélinda Gordon et sa famille se rendent en dix heures de vol à Vladivostok*. Une fois arrivée, Mélinda est accueillie par Ivan Petrovich Pavlov et Athéna. L'esprit errant lui annonce :

— Vous rencontrerez bientôt Anastasia Vladimirovna... elle habite dans cette ville, dans une charmante maison... Et Arès est au marché... Au revoir.

Il fait un salut militaire à sa protectrice et s'évapore. Mélinda, berçant son fils, remarque que Zeus, Héra et Athéna discutent entre eux un peu à l'écart, alors qu'Élie James, content de ne plus être dans l'avion, sort les bagages, aidé par Jim. Une fois la discussion des dieux terminée, Zeus et Héra disparaissent sous la forme d'imposants aigles royaux. Athéna s'approche de Mélinda et l'informe :

— Je vais vous bénir pour que sachiez toutes les langues de cette terre, ainsi vous pourrez comprendre et interagir avec tous les esprits errants et tous les hommes... Maintenant, retrouvons Anastasia Vladimirovna. Vite! J'ai repéré Arès là-bas!

Et la déesse, sous la forme d'une hirondelle, rejoint son collègue, toujours suivi de l'esprit militaire. Mélinda, avec son bébé entre les bras, Jim et Élie James accourent vers le marché. En se promenant dans le marché, Mélinda discerne une fort belle femme, élégante, grande, vêtue d'une longue robe jusqu'aux chevilles, une ceinture d'or autour de la taille qui rehausse sa gracieuse féminité... En un mot, la femme idéale, l'incarnation de la beauté féminine en son sommet. Cette femme se retourne pour faire face à la chuchoteuse d'esprits. Cette dernière la détaille : femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus clairs, aux traits délicats du visage et aux proportions équilibrées de son corps. Femme qui porte des boucles d'oreilles en diamants et en or, un fin collier autour du cou et une alliance en or et une bague de fiançailles comme uniques bagues à sa main droite. Son regard est tout aussi intemporel que celui d'Arès, d'Athéna, de Zeus et d'Héra... Une déesse pense la mortelle... Serait-elle la mystérieuse Anastasia Vladimirovna Bogolepova qu'Arès désire ardemment en faire son épouse ? Mais elle est déjà mariée... La femme, comme si elle avait lu ses pensées, s'approche d'elle et lui dit en russe d'une voix harmonieuse :

— Bonjour Mélinda Gordon-Clancy, vous formez un si joli couple avec votre mari et une si jolie famille avec votre fils, un vrai ange d'enfant. Et, pour répondre à votre question, vous avez vu juste en discernant ma divinité... Et l'un de mes noms d'emprunt était Anastasia Vladimirovna Bogolepova.... Sinon, je suis Aphrodite. Enchantée de vous rencontrer.

La déesse de l'amour tend la main pour serrer celle de la jeune mère qui ne refuse pas la poignée de main amicale. La chuchoteuse d'esprits se racle la gorge et affirme, murmurant à l'être immortel :

— Aphrodite, je suis ravie de vous rencontrer... Mais je dois, malheureusement, vous avertir d'un danger qui plane sur vous... L'un de vos anciens amants, Arès, vous désire comme épouse... et il est fermement décidé... Faites attention pour ne pas être seule avec lui... On ne sait jamais...Je détiens l'information d'Ivan Petrovich Pavlov, militaire russe de la Seconde Guerre Mondiale...

Aphrodite éclate d'un rire cristallin et lui demande :

— Êtes-vous sérieuse ? N'oubliez-vous pas que je sais me défendre, j'ai été militaire... Et même terrible guerrière...

— Aphrodite, insiste la mortelle, je suis très sérieuse et Arès ne semble pas blaguer.

— Bonjour Mesdames, lance une voix forte et masculine derrière le dos de Mélinda, voix qui ne peut qu'appartenir à Arès, Vous allez bien ?

La chuchoteuse d'esprits se retourne, tremblante de peur, pour constater qu'aux côtés d'Arès se trouve Athéna et le militaire soviétique. Elle ne sait pas de quoi elle est le plus étonnée, de la présence d'Athéna proche d'Arès, de la lueur de respect dans le regard d'Ivan Petrovich Pavlov ou du ton sans note agressive de la voix du dieu de la guerre. Comme Mélinda ne répond pas, Aphrodite le fait.

— Oui, Arès nous allons bien et j'ai bien ri de la blague de cette mortelle... Toi, Arès, mon ancien amant, me veux comme épouse, alors que j'ai déjà un mari ? Une farce.

— Je pense qu'il faut maintenant informer Mélinda Gordon de nos réelles intentions, annonce sérieusement Athéna. La pauvre, elle est très confuse.

— Veuillez bien m'excuser de vous interrompre, commente fâché Jim, mais de quoi parlez-vous ? Vous semblez nous cacher quelque chose ?

— Disons, le corrige Athéna, que nous vous cachons la vérité en prétextant une histoire d'esprit errant vengeur et d'un dieu de la guerre fou amoureux d'une mortelle ou déesse qu'il veut faire sienne pour vous attirer ici. Le meurtrier d'Ivan Petrovich Pavlov n'est pas Arès, mais le nazi de Tyr, un dieu germanique, et l'un de mes plus ennuyants prétendants... Mélinda vous n'avez que mal interprété l'identité du dieu meurtrier, leurrée par la comédie d'Arès et de mon protégé... Mais il est exact qu'Arès était jaloux d'Ivan Petrovich et qu'il voulait avoir Aphrodite pour épouse... Mais en plus de soixante ans, il s'est raisonné, surtout depuis 1970. N'est-ce pas mon vieux collègue ?...

Arès opine du chef. Et Aphrodite murmure pour elle-même :

— Mais il y a une autre déesse qui occupe son cœur...

Les deux dieux de la guerre ignorent la remarque de la déesse de l'amour, même si Arès a légèrement rougi au commentaire, et Athéna continue son monologue.

— ... En plus qu'ente-temps Aphrodite s'est mariée et est enfin fidèle à son mari!... N'est-ce pas la plus belle femme de Vladivostok et de la Russie, Miss Russia, ou plutôt Lady Russia ?...

Aphrodite opine du chef, contente.

— ... Et Ivan Petrovich Pavlov, à sa mort, est encore resté parmi les vivants sur l'ordre de son supérieur, Arès, parce que moi et mon vieux collègue savions qu'il nous aidera pour vous attirer à nous... Plan machiavélique réalisé par Arès et moi conjointement pour vous amener de gré ici. Les tactiques militaires sont nos affaires! ...

Les deux dieux de la guerre se donnent un high five, fiers de leur stratégie commune qui fonctionne si bien. Faisant rire Aphrodite, les mortels et l'esprit errant de l'attitude enfantine des dieux.

— ... Mais il faut féliciter les talents de comédien d'Arès et d'Ivan Petrovich Pavlov... Sans eux, le plan n'aurait pas fonctionné... Et, pour vous, Élie James, je vous aurais fait mon protégé de toute manière, indépendamment de notre plan...

— ... Et, continue la déesse sur un ton froidement sérieux qui donne un frisson dans le dos des mortels, nous avons besoin de votre aide si vous ne voulez pas que le chaos règne... Il faut conjuguer nos forces pour vaincre les nazis qui se sont réveillés et qui se réunissent à intervalles réguliers depuis la chute du Troisième Reich...

— Pardonnez de vous interrompre, ma protectrice, commente le psychiatre pour faire tomber la tension, mais ce qui a été dit en psychothérapie est vrai ou une immense farce ?

— Pour être honnête, c'est vrai...

La déesse baisse ses yeux de peur que son regard ne trahisse ses émotions.

— ... Tout ce qui a été dit est vrai... Autant que vous êtes mon protégé depuis plusieurs générations que mes craintes et effusions de larmes... Mais ne le dites à personne... En venant à vous, c'était faire d'une pierre deux mouches... Mais ne bavardez pas aux environs, pas même à l'herbe et aux plantes... Rappelez-vous des oreilles d'âne de Midas! Je ne veux pas que tout le monde sache notre psychothérapie et mes problèmes...

— Ne vous inquiétez pas, le secret professionnel est pris très au sérieux. Ce qui a été dit au cabinet du psy demeure là-bas... Heureusement, les Observateurs ne sont pas des bavards, sinon tout le monde l'aurait su depuis longtemps...

Athéna rougit de honte à l'idée que tous les vivants sachent ses problèmes... Mais Mélinda sauve la pauvre déesse de l'embarras en demandant :

— Désolée d'interrompre votre discussion, mais, si j'ai bien compris, Athéna, Arès et Ivan Petrovich Pavlov ont joués la comédie pour m'attirer ici? Pour quelle raison ? Pour une aide ponctuelle! Pour nous utiliser une fois et nous jeter après! Je me sens bernée, je ne suis pas un jouet entre vos mains!

— Et, ajoute Élie James, j'aimerai savoir l'utilité d'un entraînement militaire trop strict... J'espère que ce n'est pas uniquement pour votre plaisir sadique de dieux qui n'ont rien à faire ?

Les deux protecteurs du professeur de psychologie foudroient du regard le pauvre mortel qui recule d'un pas. Et Arès répond de sa voix de stentor :

— Écoutez mortels particuliers, l'idée de vous amener ici est de vous entraîner à être des militaires pour que nous partons en mission en Grèce dans certains coins du pays où se réunissent les Titans et quelques sombres esprits... Ma collègue et moi avons suivi leur évolution depuis la chute du Troisième Reich... Et notre idée est de tuer leur complot dans l'œuf. Vous rappelez-vous que lors de la Titanomachie, il nous était impossible de gagner sans le concours d'un mortel particulier, Héraclès ? N'est-ce pas ? ...

Les trois mortels et les deux déesses opinent du chef.

— ... Alors Athéna, Miss Military Strategy, m'avait suggéré d'inclure immédiatement dans notre blitzkrieg deux mortels particuliers, Élie James et vous, Madame Gordon. Ainsi, nous sommes certains de réduire à néant ces nazis. Vous comprenez votre importance maintenant. Et n'oubliez pas que la Titanomachie, notre version de la Première Guerre Mondiale, immédiatement suivie de la Gigantomachie, notre Seconde Guerre Mondiale, avait semé bien du désordre sur Terre... Bien sûr, il y a les morts en moins de notre côté... Et vous, Monsieur Clancy, vous êtes ajouté à notre liste comme renfort et aide à votre épouse... Un homme de plus n'est pas à rejeter, n'est-ce pas Athéna ? ... Encore la bonne tactique militaire... Eh! Eh! ... En plus que c'est triste de séparer un couple si joyeux... Ensemble, c'est toujours plus efficace... Il n'y a pas la peur horrible de l'attente sans nouvelles... Comprenez-vous mieux maintenant Élie James la raison de votre entraînement et notre patronage commun ? Ce n'est pas seulement pour nous, les Olympiens, pour sauver nos derrières, mais aussi et surtout pour les hommes... Il y a déjà assez de guerres et de malheurs sans ajouter tous les coups bas des sales nazis titanesques... Mélinda Gordon, comprenez-vous mieux le sens du mot « élu » qu'un certain sombre imbécile d'esprit vous avez dit une fois, il y a longtemps ? Comment il s'appelle déjà...

— Romano, précise posément Athéna.

— ... Merci collègue. Vous aidez non seulement les esprits errants, mais les dieux aussi.

Les trois mortels sont sans voix, étonnés. Ils ne font que s'entr'observer. Ils ne disent pas un mot pendant quelques minutes, le temps que leur cerveau enregistre adéquatement l'information et qu'ils la prennent au sérieux. Les trois dieux ont un petit sourire en voyant leur expression d'étonnement et en lisant leur pensée à l'idée d'une coalition des Titans et de Romano pour semer le désordre dans le monde.

— Très bien!, commente Jim en tenant la main de sa femme entre ses mains en signe de soutien, Nous vous aiderons, tant qu'à venir à Vladivostok, tant qu'à être ici, si loin de notre maison. Nous nous soumettrons à l'entraînement, nous irons en mission avec vous et, après tout ça, nous retournons chez nous, vivre en paix. Correct pour tout le monde ?

Les dieux approuvent d'un geste de la tête le plan du mortel, tout en partageant un regard entendu entre eux.

— Mais Aphrodite, si la question n'est pas indiscrète, demande Mélinda intriguée, qui est votre mari ? Est-ce Arès ? Est-ce un autre dieu ou un mortel ?

— Mon mari depuis 1970 est Svarog, dieu slave de la métallurgie et du feu... Ensemble nous avons des enfants... Des vrais anges.

— Allez, Aphrodite, ou plutôt Anna Viktorovna, Arrêtez avec votre côté maternel sur-protecteur!, la nargue amicalement Apollon, soudainement apparu derrière Mélinda, Vos enfants sont grands depuis longtemps... Passons à l'entraînement! Mélinda Pavlovna, veuillez bien venir sur notre terrain d'exercice, ma sœur vous attend. Vous, Jim Clancy, serez entraîné par Arès. Athéna s'occupera de l'entraînement de Mélinda Pavlovna avec les armes, sauf si Aphrodite veut nous prouver qu'elle n'a pas perdue la main. Élie James, vous serez entraîné par vos protecteurs. Et le petit Aiden sera confié au bon soin d'Hestia, d'Héra ou d'une déesse disponible.

Mortels et dieux approuvent le plan d'action de l'archer divin et chacun des mortels se dirigent vers leur terrain d'entraînement tout en priant Dieu que toute cette folie termine bientôt. Ils espèrent bien revenir rapidement à la maison.


Les entraînements sont très difficiles pour Mélinda et Jim, jamais habitués à une telle rigueur militaire, mais ils se montrent des bons élèves. Leurs professeurs et entraîneurs, les dieux, sourient bien de leurs efforts, contents d'avoir de si sérieux élèves. Cinq mois plus tard, les mortels sont convenablement prêts pour leur mission.


Vers la fin de la période d'entraînement, Athéna annonce aux mortels, à la suite d'une discussion avec son collègue, Arès, qu'ils iront bientôt en mission spéciale en Grèce. Mission mythologique bien précise. Les seuls qui feront l'expédition sont les deux dieux militaires, Ivan Petrovich Pavlov et les trois mortels. Le bébé du couple restera à Vladivostok surveillé et nourri par Héra, Aphrodite et Artémis, des déesse qui savent bien s'occuper des petits enfants.




À suivre.


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*Je suis consciente qu'il est impossible de faire ce vol sans escale. De Paris à Vladivostok, il y a plus de vingt-sept heures de vol et il y a au moins trois escales, mais considérons que le jet privé est bien particulier.

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