Aide inattendue

Chapitre 1 : Surprise

Chapitre final

4994 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/11/2023 01:45

Aide inattendue

1.Surprise



Initialement, cette fanfiction devait participer au Défi d'écriture du forum Fanfiction.fr Ateliers des fanfics sous le sapin (novembre à décembre 2023) pour le Secret Santa, mais finalement, je l'ai convertie en un seul chapitre que je donne en cadeau à tous les lecteurs de la série Ghost Whisperer et aux amateurs du fantastique, de la mythologie et des créatures folkloriques.

Un petit spécial pour mon non-anniversaire (ou pour mon anniversaire à venir). Lisez-la le 25 décembre ou le 7 janvier, pour votre anniversaire ou pour toutes autres occasions. À vous de décider.





— Est-ce qu'on a bientôt fini avec ces préparatifs ? geint pour la millième fois Délia Banks, l'associée de Mélinda Gordon à la boutique d'antiquités. La chuchoteuse d'esprits soupire d'entendre son associée et lui répond invariablement avec un ton joyeux pour l'encourager :

— Nous avons encore un peu de travail... Un dernier effort... Allez-y ! Vous êtes capable Délia Banks !

Et elles continuent à sortir les meubles et les chaises pour le préparatif du mariage de Tricia et d'Hunter Clayton. La fiancée est une amie d'enfance de Jim. La chuchoteuse d'esprits est ravie que Tricia se remariera bientôt après neuf ans de veuvage.


En ce sept novembre deux-mille-huit, Mélinda est dans sa boutique avec son mari et Délia Banks, qui ne cesse de se plaindre, aidant aux préparatifs du mariage de Tricia. Soudainement, Tricia et son fiancé, Hunter Clayton, rentrent dans la boutique pour aider aux préparatifs et surtout pour s'informer des derniers détails de la cérémonie. La chuchoteuse d'esprits constate que les fiancés ne sont pas seuls, un esprit errant les suit. Un garçon de douze ans aux yeux et aux cheveux bruns très fâché contre le fiancé ne cessant de lancer des imprécations sur lui et ne cessant d'informer Tricia de se méfier de lui. Le garçon habillé d'une chemise rouge et d'un pantalon bleu marine a une jambe protégée dans une boîte métallique, peut-être, pense Mélinda, a-t-il une dystrophie musculaire ou une maladie, le pauvre. L'esprit errant s'en va dès qu'il ressent le regard de la chuchoteuse d'esprits sur lui. Jim présente à sa femme son amie et son fiancé. Une fois les présentations faites et les échanges de politesses, Mélinda les informe de la progression des préparatifs. Tricia invite Jim et Mélinda au chalet proche de la rivière dans la ville voisine, endroit de la cérémonie du mariage, pour installer tous les meubles. Ils acceptent.


À leur arrivée au chalet, Mélinda ne peut s'empêcher de contempler la beauté du paysage automnal qui se présente à son regard. Des arbres aux feuillages qui rougissent, un vent agréable, tempérant la chaleur du soleil, et les oiseaux qui chantent donnent une ambiance apaisante au chalet. Elle est sortie de sa rêverie par son mari. Main dans la main, Jim et Mélinda flânent sur le chemin qui mène à la résidence, contemplant la beauté et la splendeur du paysage, tout en discutant du cas de l'esprit errant rattaché aux fiancés. Dès leur arrivée dans la demeure, Mélinda note la présence de l'esprit errant du garçon en conversation avec la fille de Tricia, Nathalie. La chuchoteuse d'esprits s'approche de la fillette et lui demande si elle entend ce que l'esprit errant lui communique. Avant qu'elle ne réponde, sa mère, ayant entendue la question, affirme :

— S'il vous plait, Mélinda, n'entretenez pas l'ami imaginaire de ma fille… Elle a une bonne imagination… Inutile de lui faire croire qu'il est réel.

— Ainsi, s'offusque l'esprit errant, grandement irrité, je suis imaginaire ? Tricia, mon amie, tu me déçois énormément ! Ne te rappelles-tu pas notre amitié ? Viens jouer ! Arrête d'être trop sérieuse !

Et l'esprit errant s'en va.

— Tricia, votre fille voit un esprit errant qui veut jouer avec vous… Il ne semble pas apprécier votre fiancé et veut vous avertir par un jeu. Mais, Nathalie, peux-tu nous dire comment il s'appelle ?

— Oui, il s'appelle Owen. Owen Grace de son nom complet.

— Mais Owen Grace était l'un de mes amis d'enfance, s'exclame, étonnée, Tricia.

— Tricia, laissons votre petite sous la surveillance de mon mari, le temps que nous nous promenons et que je vous pose certaines questions, intervient Mélinda, très intriguée d'avoir plus d'informations sur cet ami d'enfance de Tricia.

— Très bien, soupire la fiancée, exaspérée. Jim, veux-tu avoir à l'œil Nathalie le temps que nous discutons, ta femme et moi.

L'interpellé opine du chef et part s'amuser avec la petite en pensant qu'il espère bien un jour jouer ainsi avec ses propres enfants qu'il aurait de Mélinda… Une maison remplie d'enfants, au moins deux enfants, si ce n'est même plus… Pourquoi pas ? pense l'ambulancier. Il espère bien convaincre rapidement Mélinda d'avoir des enfants… Il désire ardemment en avoir… Pour enfin être père… Enfin avoir un garçon ou une fille qui l'appellera « papa ».


Simultanément aux rêveries de Jim, Mélinda et Tricia sortent à l'extérieur de la demeure, se promenant dans le bois environnant, écoutant le chant des oiseaux et le bruit des feuilles séchées sous leurs pieds. Après une randonnée d'une demie heure, la chuchoteuse d'esprits discerne, proche de la rivière, le même esprit que ce matin… Sauf qu'il n'est pas seul, un autre homme est à côté de lui. Mais le mystérieux homme s'éclipse rapidement avant qu'elle puisse enregistrer correctement son apparence. Elle se tourne vers Tricia et lui affirme poliment :

— Ne prenez pas votre fille pour folle. Son ami n'est pas imaginaire, mais bien réel. Il est un esprit errant. Et je le vois.

Tricia cesse de marcher, s'arrêtant dans son mouvement, et se tourne vers l'épouse de son ami, étonnée, sans mots pendant quelques secondes, et lui murmure :

— Vous êtes sérieuse. Ce n'est pas une blague.

— Non. Je suis très sérieuse.

— Tricia, intervient l'esprit errant, J'existe. Te rappelles-tu de moi ? J'étais ton ami… Viens jouer, comme lorsqu'on était enfant, les énigmes. Pourquoi être si sérieuse alors qu'un salaud te veut comme épouse… Et tu ne vois rien… Pourtant ça crève les yeux qu'il ment et qu'il te veut pour ton argent.

— D'accord, si vous le dites, approuve Tricia à la réponse de Mélinda.

— Tricia, Owen Grace veut que vous jouez avec lui à la devinette. Il le fait pour vous faire comprendre la réelle nature de votre fiancé, affirme sérieusement la chuchoteuse d'esprits à Tricia.

— Très bien ! J'y vais, mais où aller ?

— Dans la salle avec un meuble en bois du siècle passé, informe gentiment l'esprit qui disparaît, agitant des feuilles au passage.

Mélinda rapporte la réponse à la fiancée et remarque une présence féminine bizarre dans les bois, mais décide de l'ignorer. Les deux adultes reviennent au chalet dans cette salle mentionnée par Owen Grace.

La mystérieuse présence dans les bois n'est nulle autre que Baba Yaga qui cueille des champignons pour son repas.


En entrant dans le chalet, Mélinda salue Owen Grace qui l'ignore. L'esprit marche devant Tricia jusqu'à la pièce et ouvre un peu un tiroir pour le refermer aussitôt. La fiancée comprend qu'elle doit l'ouvrir, ce qu'elle fait. En l'ouvrant, un couteau bien aiguisé la blesse. Elle retire sa main, s'occupant de sa blessure, et ouvre encore plus le tiroir pour trouver une vieille photographie. Mélinda, intriguée, demande à la fiancée de lui identifier les quatre enfants. Elle l'informe sérieusement :

— À gauche, c'est Robert Langowski, un garçon qui avait l'habitude de venir jouer avec moi, mais je ne l'appréciais pas. Il était très méchant. Au centre, c'est moi. À ma droite, c'est une amie d'enfance, Amira Benyechou, aujourd'hui mariée à Ahmed Bensoussan depuis trois ans et mère de deux enfants. Et à la droite de cette amie, c'est un autre ami, malheureusement décédé trop tôt, Owen Grace.

— Déjà, commente Mélinda, avec un triste sourire aux lèvres, je peux confirmer que l'esprit errant que votre fille, Nathalie, voit, c'est votre ami d'enfance, Owen Grace… Mais, ça nous avance en quoi ?

— J'ignore, mais continuons le jeu, soupire la fiancée.

Mélinda discerne, dans un coin de son champ de vision, une forme masculine. Elle se retourne et tombe nez-à-nez avec ce qu'elle pense être un esprit errant — parce qu'elle est la seule à le voir et l'entendre — d'un homme de trente ans aux cheveux bruns et aux yeux noirs, aux traits du visage délicats et à l'air bienveillant, vêtu d'un complet gris du siècle passé. Les yeux de l'homme semblent vieux, très vieux, immortels, comme si son regard avait vu plusieurs vies humaines, en un mot, un regard millénaire. De lui se dégage une force qui impressionne Mélinda. Cette dernière est étonnée de la puissance de l'homme. Ce dernier ne lui lance que cinq mots avant de disparaître tout aussi mystérieusement qu'il est venu :

— Continuez à chercher, tout s'éclaircira.

La chuchoteuse d'esprits soupire d'exaspération devant le peu de collaboration de ce nouvel être et suit Tricia qui est partie dans une autre pièce.


En arrivant, Mélinda est accueillie par Tricia qui hurle de terreur, paniquée, en ouvrant une boîte qui contient son alliance, parce que des insectes en sortent, des milles-pattes, des punaises et des sangsues.

Mélinda demande, après l'écrasement des insectes sous le regard paniqué de la fiancée, surmontant son propre dégoût de ces insectes :

— Quel message veut bien nous communiquer votre ami ? Je ne comprends pas trop.

— L'indice, répond le mystérieux homme, soudainement matérialisé dans le coin droit de la pièce, toujours imperceptible et inaudible à Tricia, est dans les insectes sortis de la boîte.

— L'indice est dans les insectes qui sont sortis de la boîte, répète la chuchoteuse d'esprits, tout en réfléchissant.

— Ça veut dire, continue Tricia, que mon fiancé est à l'image de ces insectes répugnants, milles-pattes, punaises et sangsues ! J'ai horreur de ces bêtes. Et je ne vois pas le rapport avec Hunter.

— Donc, conclut Mélinda, quelqu'un de répugnant, misérable et minable qui ne veut que vider votre compte bancaire, un escroc.

— Mélinda ! s'offusque la fiancée, fâchée du résultat du jeu enfantin et incrédule de la vérité que recèle le jeu à énigmes. C'est terrible comme conclusion ! Je ne peux y croire ! Continuons le jeu.


Et Owen Grace les amène dans la chambre où les attend un immense serpent, effrayant la fiancée. Et ce serpent meurt écrasé sous les pieds du mystérieux homme que Mélinda a vu un peu plus tôt. L'épouse de Jim promène son regard du reptile mort à l'homme et lui demande :

— Et le sens de tout cela ?

— Je l'ignore, mais rien qui vaille, réplique Tricia.

— Il faut se débarrasser au plus vite de l'être au sang froid. Vous avez encore sept heures pour tout comprendre, chuchote-t-il sur un ton sérieux, tellement sérieux que l'épouse de Jim Clancy ressent un lourd poids sur ses épaules, comprenant la gravité et l'urgence de la situation.

Et l'homme disparaît. Mélinda rapporte les propos à Tricia.


Owen Grace, exaspéré de l'incrédulité de Tricia, guide son amie jusqu'à une autre salle pour qu'elle trouve un petit médaillon où sont gravées les lettres RL.

— Certainement des initiales de prénom et de nom, commente Mélinda.

— Oui, confirme le mystérieux homme. Lequel des individus sur la photographie d'enfance a ces initiales ?

— Robert Langowski, répond la chuchoteuse d'esprits, intriguée.

— Quel est le rapport entre Robert Langowski et mon fiancé ? demande Tricia, ne comprenant plus l'intérêt du jeu.

— Le seul rapport est que votre fiancé, Hunter Clayton, est un ami de ce Robert Langowski ou que votre fiancé se présente sous un pseudonyme. Il faudrait aussi vérifier s'il est réellement propriétaire du Axiom Steakhouse dans la ville voisine avec son ami Christopher Murray. Je demanderai à Jim de constater le fait, il a des amis dans la police qui l'aideront rapidement.

La fiancée soupire et approuve d'un geste de la tête les propos de la chuchoteuse d'esprits, même si elle ne comprend pas l'utilité d'une telle démarche le jour d'un mariage. Mélinda entend Owen Grace murmurer :

— Le jeu est terminé, il faut assembler les morceaux trouvés, comprendre adéquatement les indices avant qu'il soit trop tard. Vous avez encore cinq heures pour tout relier correctement. Bonne chance !

Il parle ainsi et s'en va. Mélinda rapporte la réponse à Tricia. Cette dernière demande à Mélinda d'inviter Jim pour essayer de comprendre le jeu et, surtout, pour vérifier le propriétaire de l'Axiom Steakhouse.


Sur le chemin du retour, en direction de l'entrée principale, Mélinda note la présence, proche de la rivière, du mystérieux homme du siècle passé. Ce dernier qu'elle considérait comme un esprit errant n'en est pas. Il est le génie protecteur du lac, ancien dieu du lac, le témoin de la mort d'Owen Grace, époux d'une Naïade. Cette dernière joue avec Nathalie proche du lac avec deux enfants, un garçon et une fille, âgés respectivement de douze et dix ans. Tricia, étonnée de voir sa fille jouer avec une femme qu'elle n'a jamais vu auparavant et des enfants tout aussi inconnus, demande à sa fille l'identité de la mère et des enfants. La fillette répond :

— Cette femme a pour nom Hélène, une Naïade, épouse de Scanthe, ou Mandre, mère de deux enfants, un garçon et une fille, George et Valérie, mes amis depuis un mois. Ainsi, j'ai trois amis, Owen, George et Valérie.

Tricia sourit à la joie enfantine de sa fille. Mandre s'approche de Mélinda et lui affirme :

— Je suis Mandre aujourd'hui. Avant sept cent ans, je portais le nom de Scanthe. Je suis le génie protecteur du fleuve. Et je suis témoin de la mort de ce pauvre garçon. Je vous montrerai sa fin.

Il demande à la chuchoteuse d'esprits de toucher une pierre proche du fleuve. Par ce geste, elle est transportée dans une vision.

Elle voit Owen Grace jouer avec Tricia. Robert Langowski et Amira Benyechou ont déjà passé la rivière sur des pierres. Tricia rejoint Amira et les deux filles installent une solide corde pour permettre à Owen de traverser sans difficulté. Mais, un jour, Robert, tout méchant qu'il est, coupe la corde. Alors Owen Grace essaie de marcher sur les pierres glissantes, mais il tombe rapidement par terre, sa tête frappe lourdement les pierres. Il est mort sur place.

Fin de la vision.

Mandre soutient Mélinda et lui murmure :

— Vous comprenez mieux la mort d'Owen Grace et la réelle nature de Robert Langowski. Ce dernier est le fiancé de Tricia.

La chuchoteuse d'esprits opine du chef, tremblante de l'effet de sa vision et à l'idée que son amie se mariera à un si mauvais fiancé dans moins de cinq heures, rejoint Tricia qui l'attendait proche du sentier.


Mélinda, Tricia et Nathalie reviennent au chalet pour trouver Jim. La chuchoteuse d'esprits explique à son mari le jeu de l'esprit errant. Jim fait une rapide recherche sur Internet pour essayer de trouver le mystérieux restaurant, mais il ne trouve rien. Comme s'il n'avait jamais existé. L'ambulancier est perplexe et appelle son ami policier Carl Neely. Ce dernier accepte de faire une rapide recherche sur Hunter Clayton et l'Axiom Steakhouse. Trois minutes plus tard, le policier informe Jim que le restaurant est inexistant et qu'Hunter Clayton est un pseudonyme.

Mandre est entré soudainement dans la salle, visible et audible pour tous les mortels réunis, et affirme avec certitude et force :

— Hunter Clayton est le pseudonyme de Robert Langowski. Ce dernier est un voleur, escroc, menteur et manipulateur. Il ne s'intéresse qu'au compte bancaire de Tricia Benhenia, veuve de Ahmed Sabourjian. Et il sait qu'elle est issue d'une famille aisée, puisque son ami, Christopher Murray, travaille comme conseiller financier à la banque de Greatview, la ville où vit Tricia. Il a vu la somme d'argent en banque du couple et informe son ami. Voilà comment Robert Langowski, qui a un dossier criminel pour fraude et escroquerie depuis un an, cherche à marier Tricia. Aussi, Robert Langowski est capable de tout pour arriver à ses fins. Un reptile sans émotion. Ne le sous-estimez pas.

Mélinda, Jim et Tricia, étonnés, ne disent pas un mot. Ils s'entr'observent le temps d'enregistrer l'information.

Après quelques minutes, Tricia explose :

— Quel salaud ! Je ne peux me marier avec lui ! Je vais annuler maintenant le mariage !

Elle sort en trombe de la salle pour rejoindre son fiancé à l'extérieur qui est impatient que les trois heures jusqu'au mariage arrivent bientôt. Jim et Mélinda la suivent et Mandre revient veiller son fleuve.


Tricia, face à Hunter, lui hurle, avec des larmes aux yeux :

— Hunter Clayton, ou plutôt Robert Langowski, j'annule le mariage. Salaud ! Escroc !

Le fiancé, ébahi de son audace, lui murmure gentiment :

— Ma Tricia bien-aimée, j'ignore quelle mouche t'a piquée, mais pourquoi ce coup de tête soudain ? Et je ne suis pas Robert Langowski, mais Hunter Clayton.

— Tais-toi menteur effronté et éhonté ! Dégage de ma vue, toi et ton ami, Christopher Murray. Déguerpissez avant que j'appelle la police pour vous expulser !

Le fiancé recule de quatre pas, soupire, résigné et indigné, et murmure, tout en lançant un regard haineux à Mélinda et à Jim :

— Très bien Tricia, je m'en vais. Au revoir !

Il parle ainsi, tourne le dos à son ancienne fiancée et se promène sur le sentier pour rentrer dans la cabane isolée dans un coin du chalet. Tricia voyant qu'Hunter est parti et que Christopher Murray a déguerpi du chalet se tourne vers ses amis et, émue, au bord des larmes, leur chuchote :

— Merci beaucoup Jim et Mélinda de me sauver d'un mariage malheur.

— Il n'y a pas de quoi, réplique doucement Mélinda, nous n'avons fait que notre devoir et je n'ai fait que comprendre les avertissements de votre ami d'enfance Owen Grace. Remerciez-le plutôt de se soucier autant de vous.

— Merci Owen, commente Tricia, d'une voix tremblante, encore secouée par ses pleurs, émue que son ami se préoccupe même d'outre-tombe pour elle.

— Maintenant, il faut tout ranger, ajoute Jim. Allons-y ! Commençons maintenant pour ne pas terminer trop tard.

Les deux femmes approuvent d'un geste de la tête et chacun range les divers objets, tables et chaises à leur place.



Cinq heures plus tard, la chuchoteuse d'esprits, ravie qu'Owen Grace ne dérangera plus Tricia et que cette dernière ne se mariera pas à un escroc, range les objets empruntés pour la cérémonie dans l'entrepôt de la boutique, aidée par son associée. Alors qu'elle rangeait des chaises, Owen Grace se manifeste devant elle, la mine très inquiète et très sombre, et lui annonce tristement :

— Dépêchez-vous d'arriver au chalet, proche d'une cabine en retrait. Robert Langowski attend votre mari avec une arme à feu !... Votre mari est en danger ! Je m'excuse de vous créer autant de tracas et de soucis.

L'esprit errant s'évanouit dans les airs, affolé de la situation. Mélinda, alarmée par les paroles de l'esprit, son cœur bat les milles à la seconde, ses mains sont moites et ses jambes flageolantes, se précipite sur le téléphone pour appeler Jim, mais il ne répond pas. Il a laissé le cellulaire dans la voiture. Elle appelle alors, dans sa panique, Carl Neely, leur ami policier, de venir avec elle au chalet de Tricia. Carl Neely, par le ton de la chuchoteuse d'esprits, voix qui était plus un hurlement paniqué qu'une conversation posée, comprend que la demande est sérieuse et qu'il est question de vie ou de mort.


Mélinda et Carl arrivent rapidement sur place. Et Mélinda est surprise de voir la cabine sur des pattes de poulet… Oui, des pattes de poulet. Elle se frotte les yeux, pensant qu'elle hallucine ou qu'elle a mal vu dans la pénombre. Elle regarde en direction de la fenêtre. Cette dernière est éclairée par l'ampoule de la cabine. Et la chuchoteuse d'esprits est morte de frayeur en discernant une autre silhouette en face d'Hunter Clayton en discussion animée, voire en dispute, avec lui… Et il pointe le fusil sur cette forme...

Mélinda panique et crie au policier :

— Ne me dites pas que mon mari est dans la cabine ! Faites quelque chose !

Au moment où le policier voulait répondre, soudainement, elle entend une voix trop familière, celle de son mari derrière elle, lui demander d'un ton inquiet :

— Mél, es-tu correct ? À te voir, j'ai l'impression que tu as vu un cyclope ou une licorne ? Et que tu vis une crise de panique.

Elle se retourne, morte de terreur, son sang s'est glacé dans ses veines en entendant la voix de Jim qu'elle pensait mort, promène son regard de la cabine à son mari et lui affirme d'une voix étranglée par la peur et des larmes :

— Jim… Non ! Non ! Ne me dis pas que tu es mort… Je…

Elle éclate en sanglots. Son mari l'enlace tendrement pour la consoler et lui murmure :

— Ma chérie, pourquoi tant de larmes ? Je suis vivant… En chair et en os… La silhouette avec Robert Langowski est une femme et la figure masculine tombée par terre est un homme qui vit avec cette femme. Cette dernière est la propriétaire de la cabine. Même l'homme n'est pas en danger. As-tu vu qu'il a facilement désarmé l'ancien fiancé ? En réalité, la cabine est une maison sur des pattes de poulet… Lorsque j'ai vu la lumière, je suis entré et, en mettant un pied à l'intérieur, j'ai entendu Robert Langowski parler avec lui-même et une sombre silhouette dans un coin de la salle, une femme bien bizarre. Dans l'autre coin, j'ai vu un joli oiseau à voix humaine qui m'avertit de quitter immédiatement la cabine si je ne veux devenir la malheureuse victime de sa mère. J'ai couru le plus vite que je pouvais. J'étais mort de terreur devant cette apparition fantomatique, fantasmagorique, quasi irréelle dans la lumière du crépuscule… Et un oiseau au langage humain… J'ai pris mes jambes à mon cou et j'ai bien fait. À peine sorti, la cabane est devenue ce que tu vois…

Il désigne d'un geste de la main la cabane.

— Une maison surmontée de pattes de poulet… Elle me fait vaguement penser à la maison de la sorcière dans Hansel et Gretel… Sauf en plus sordide. Mais l'essentiel est que je sois vivant. Calme-toi mon amour.

Mélinda, encore sous le coup de la frayeur première, enlace son mari plusieurs fois pour être certaine qu'il soit en chair et en os et pour essayer de se calmer. Quelques larmes glissent le long de ses joues. Larmes que son mari essuie d'un geste de la main.

Carl Neely s'approche du couple, rassuré que son ami ambulancier ne soit pas dans la cabane, affirme sur un ton sérieux et professionnel :

— Je vais entrer dans la cabane, discrètement, pour ne pas affoler les pattes du poulet ou le propriétaire. Vous, restez à distance.

Le couple opine du chef. Et Jim continue à bercer son épouse contre lui pour faire tomber la tension accumulée en son cœur et en son âme.


Le policier avance à pas de loup jusqu'à la demeure de Baba Yaga, se demandant bien comment il va escalader des pattes de poulet géants. L'oiseau à voix humaine se présente devant Carl Neely pour se métamorphoser, sous ses yeux, en une belle femme svelte, élégante, vêtue d'une grande et longue robe blanche avec des motifs traditionnels bleus et rouges, aux yeux noirs comme la nuit et aux longs cheveux comme l'ébène. Il fait un pas en arrière, impressionné du spectacle et un peu effrayé de la créature en face de lui, et tambourine la manche de son arme de fonction en fixant l'être fantastique. Elle s'avance gracieusement devant lui et l'avertit d'une douce voix féminine qui l'incite à la croire honnête et sincère :

— Agent de l'ordre, vous ne pouvez venir ainsi. Il faut prononcer la formule consacré que je vous dirai pour amadouer le poulet et ma mère, Baba Yaga. Dites : « Petite isba, petite isba ! Tourne le dos à la forêt, le devant de mon côté. » Et l'isba, la maison, la cabane, peu importe comment vous l'appelez, redeviendra normale et vous n'encourrez pas la colère de ma mère.

La belle femme salue respectueusement le policier, reprend sa forme animale et s'envole.

Carl Neely, ébahi de ce qu'il a vu, répète, incrédule, la formule et les étranges pattes de poulet de la maison disparaissent. La cabane reprend sa forme première. Arme à la main, l'agent de l'ordre entre avec beaucoup de prudence… Craignant de découvrir le fiancé agressif et fâché… En entrant, l'odeur de l'alcool agresse ses narines, il s'approche encore plus près de la fenêtre, mais le fiancé n'est pas dans la cabane… Personne n'est dans la cabane, à l'exception des bouteilles de whisky, de l'arme à feu et de l'ampoule, toujours allumée. Carl Neely est intrigué, confus, ne comprenant guère comment un homme qui était dans cette pièce quelques minutes plus tôt puisse soudainement disparaître sans que personne ne l'ait vu. Il appelle, par émetteur-récepteur, des policiers en renfort pour rechercher Robert Langowski dans la forêt avoisinante. Et personne ne le trouve. Comme s'il a simplement et mystérieusement disparu.


Alors que les policiers interrogent Carl Neely, Mélinda et Jim et recherchent Robert Langowski, Owen Grace et l'oiseau à voix humaine sur une branche d'arbre observent ce qui se passe. L'esprit errant, tout aussi confus que les trois vivants à leurs pieds, interroge l'oiseau :

— Bonsoir bel oiseau, pouvez-vous m'expliquer qui êtes-vous ? Et comment Robert Langowski a tout simplement disparu ?

L'oiseau, redevenu femme, la même femme qui a donné le conseil au policier, répond d'une voix mélodieuse :

— Mon enfant, je suis Maria la très sage, l'une des filles de Baba Yaga. Concernant l'escroc, il est toujours vivant, mais il est très loin d'ici. Ma mère vit en bonne entente avec un djiin depuis son voyage au Moyen-Orient. Et ce djiin, transformé en homme, a lu une berceuse au fiancé ivre qui s'est endormi après une dispute avec lui. Il l'a menacé de le tuer, mais n'oubliez pas que les djiins sont des êtres de feu, impossibles à tuer. Ma mère a appelé un hippogriffe qui amène Robert Langowski à l'extrême Orient.

— Mais comment votre mère est arrivée ici, dans ce coin perdu ? Il me semble qu'elle habite en Russie, non ?, s'étonne l'esprit errant.

— Oui, elle habite en Russie, mais avec les siècles, elle voyage beaucoup, visitant maints pays de l'Orient, de l'Occident, du Nord et du Sud. Depuis quelques années, elle demeure dans cette cabane.

— Merci de l'information, commente Owen Grace, trouvant bizarre de connaître l'existence de la sorcière folklorique slave aux États-Unis.

— Il n'y a pas de quoi jeune garçon. À la prochaine.

Et Maria reprend sa forme animale, murmure un chant joyeux et s'envole rejoindre sa mère.

Owen Grace sourit, heureux de l'explication de Maria et ravi que rien de mal ne soit arrivé à Jim Clancy. Il pense que Robert Langowski ne reviendra pas si facilement déranger Tricia. Il aura beaucoup de plaisir pour rentrer à Grandview sans papiers ni argent.


Une fois les interrogatoires des policiers terminés, l'esprit errant rejoint Mélinda au pied de l'arbre et lui relate ce que Maria lui a dit. La chuchoteuse d'esprits ne pouvait cacher son étonnement, mais elle se réjouit que tout se passe sans danger pour son mari, malgré la bizarrerie de la situation et de la présence très inattendue de Baba Yaga dans les environs de Grandview.


Deux heures plus tard, le couple revient dans leur maison. Owen Grace les attend sur le seuil, sourire aux lèvres, radieux. Il affirme :

— Je suis prêt à partir dans la Lumière maintenant. Je suis bien content qu'aucun mal ne soit arrivé à votre mari, Madame Gordon. Et mon amie Tricia ne s'est pas mariée à l'escroc de Robert Langowski. Au revoir.

— Bon voyage, réplique Mélinda, enthousiaste que tout se termine bien.

Owen Grace embarque dans la Lumière irradiant de bonheur. Mélinda sourit à son mari, l'enlace et part s'endormir dans leur lit. La chuchoteuse d'esprits ne peut exprimer sa joie et son bonheur de savoir son mari bien vivant. Sur cette joie d'un couple retrouvé, elle plonge dans les bras de Morphée.

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