Le Petit Chaperon Spirituel

Chapitre 1 : Petit Chaperon Spirituel

Chapitre final

3254 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/01/2024 15:37

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum fanfictions.fr, Réécriture d’un conte (février 2017)



Le Petit Chaperon Spirituel




Par un beau jour de novembre 2000, récemment mariée à Jim, je me rends dans ma boutique d’antiquités. Au moment où je veux ouvrir la porte, j’entends, derrière mon dos, une petite voix fluette d’une fillette de douze ans me chuchoter :

— Quelqu’un peut m’aider ? Quelqu’un m’entend ou me voit ?

Je me retourne, étonnée et intriguée, pour me trouver nez à nez avec un esprit errant d’une fillette de douze ans vêtue d’un chaperon vert, aux grands yeux bruns étonnés, quelques mèches brunes rebelles sont visibles sur son front, lui donnant un air d’ange effrayé, m’intriguant. Je lui murmure maternellement :

— Mon enfant, ma petite, quel est ton nom ? Pour quelle raison es-tu encore parmi les vivants ?

— Je suis Mireille, surnommée le Petit Chaperon, mais mon chaperon n’était pas rouge, comme raconte le conte, mais vert. Et je demeure encore parmi les vivants pour raconter enfin mon histoire. Tout le monde connaît l’histoire du petit Chaperon rouge, mais personne ne connaît la vérité. Moi, je vais vous la dire ! affirme avec certitude la fillette, regard brillant de fierté, poitrine gonflée de joie, sourire aux lèvres.

— Très bien, soupire-je, mais ne veux-tu pas en discuter dans ma boutique ? C’est plus agréable.

Mireille opine du chef à mon intention et se déplace immédiatement près du comptoir, m’attendant patiemment. Je rentre dans la boutique et salue mon associée, Andréa Marino. Je m’installe dans l’arrière-boutique pour discuter tranquillement avec le Petit Chaperon Vert. L’esprit errant, comprenant mon intention, m’attend déjà depuis quelques minutes entre des meubles et d’autres objets d’antiquités de mon entrepôt. Heureusement, j’allume toutes les ampoules, évitant une ambiance sinistre et horrifique. Je m’assois confortablement devant Mireille. Cette dernière s’assoit également et me fixe de ses grands yeux enfantins. Je lui demande :

— Mireille, veux-tu me raconter ton histoire, ta version du célèbre conte, puisque je l’ignore ?

— Oui, madame …

— Madame Mélinda Gordon, répondis-je avec un sourire.

— Mélinda, murmure-t-elle, effrayée, tournant la tête à droite et à gauche, je pense pas qu’il soit une bonne idée de rester ici… J’ai remarqué la présence de la sorcière de mère-grand là-bas.

Elle indique du doigt un mur de briques dans l’entrepôt. Tournant ma tête vers cette direction, je constate une vieille femme courbée par l’âge, son visage n’est que rides, ses quelques cheveux blancs qui parsèment son crâne sont cachés par un fichu rouge vermeil, vêtue d’une ample robe beige et de petites chaussures bleu marine, ses yeux bruns myopes brillent de malice et de fourberie, elle n’inspire jamais confiance, pense-je, elle serait tout juste bonne au rôle de la sorcière dans Hansel et Gretel. La vieille femme éructe, de sa voix rauque :

— N’oublie pas, petite, tu m’appartiens… Tu es avec moi pour l’éternité… Viens, ici !

— Madame, m’immisce-je dans la conversation, confuse. Ayez la politesse élémentaire de vous présenter, je ne vous connais pas et vous ordonnez à cette pauvre Mireille de rester auprès de vous, comme si vous la connaissiez !

La sorcière, étonnée de mon audace, s’approche de moi, me fixe, m’observe, m’analyse, sensation désagréable et très intimidante. Lorsque je croise le regard de la vieille, mes yeux s’écarquillent de l’horreur et de la cruauté lisibles en eux, je recule, instinctivement, de deux pas, le cœur battant à la chamade, retenant une envie irrépressible de vomir. Elle éclate de rire, un rire qui me donne une sueur froide dans le dos, et affirme :

— Son âme immarcescible m’appartient… 

Elle indique d’un geste de la tête Mireille, dans un coin de l’entrepôt, effarée.

— … Vous n’avez pas à vous ingérer dans mes affaires… continue-t-elle, mine assombrie et ton glacial. Sinon, je peux toujours vous faire regretter votre curiosité…

Mais, avant qu’elle fasse un geste vers moi, une paire de bras d’homme vêtu d’un complet beige et d’une chemise blanche aux airs bienveillants la retient et l’entraîne de l’autre côté du mur en briques montré par le Petit Chaperon. Encore sous l’effet de la peur, je fixe Mireille et le mur alternativement sans dire un mot.


Quelques minutes plus tard, je chuchote à la fillette :

— Mireille, nous remonterons derrière le comptoir ou dans le parc pour discuter tranquillement, sans être dérangées par une vieille sorcière. D’ailleurs, qui est-elle ?

Le Petit Chaperon me fixe incrédule.

— Elle est ma mère-grand, la sorcière.

— Sorcière ? m’étonne-je. De mémoire, votre pauvre grand-mère était malade.

La fillette rit, un rire cristallin qui me fait sourire, avant de me répondre.

— Madame, ma mère-grand était une vieille sorcière qui jouait l'impuissante à se mouvoir… Elle était certes malade, mais pas comme elle le prétendait, immobile dans son lit…

— D’accord, Mireille. Allons dans le parc, je te rejoins.

La fillette se déplace en un clin d’œil à la destination, m’attendant avec impatience. J’arrive en quelques minutes devant elle, m’assoyant sur un banc.

— Alors, Mireille, veux-tu bien me raconter ton histoire ?

— Oui… Ma mère-grand est une vieille sorcière malade…

— Sorcière ? l’interroge-je-t-elle, intriguée.

— Oui, une sorcière, puisqu’elle retenait des âmes près d’elle par toutes sortes de sortilèges noires… Ces âmes, je l’ai compris à ma mort, lui servent d’échappatoire à ses démons et pour communiquer avec des lointains amis et connaissances…

— Pouvais-tu voir les esprits errants, les âmes perdues ? Avais-tu cette capacité, à mon instar, de voir d’autres entités ?

— Oui, raison pour laquelle j’étais contente de ne pas rendre souvent visite à mère-grand. J’ai peur de ses démons…

— Laissons ces détails de côté et explique-moi ta version du conte, Petit Chaperon Vert.

— Un jour, ma mère, entendant des voisins le mauvais état de santé de mère-grand, la prit en pitié. Elle était devenue presque paralysée, clouée à son lit, disait-on. Ma mère m’envoya chez elle pour lui apporter des petits pains et du petit beurre, mais elle habite très loin, dans le village voisin. Pour arriver jusqu’à elle, il faut traverser une forêt, endroit dangereux et peuplé de créatures malveillantes, surtout le Loup. Celui-ci est complice avec mère-grand, je l’ai saisi à ma mort et à partir des propos de mon père…

— Complices ! m’étonne-je, me relevant du banc.

— Oui, complices, me confirme-t-elle. Complicité parce que le Loup trouve les âmes à mère-grand.

— Étrange, commente-je, dubitative. Mais continue ton récit, petite.

— Ma mère me remit mon chaperon vert et me conseilla de ne parler à personne dans la forêt et d’éviter surtout le Loup, créature particulièrement malveillante intéressée par les petits enfants. Je partis en direction de la forêt, avec les réserves de pains, de beurres, de confitures de framboises, d’eau et de brioches. Me promenant dans le bois, écoutant le doux chant des oiseaux et le vent, je remarquai que j'étais suivie.

— Le Loup ?

— Exactement. Je me retournais et je discernai le Loup, cet être…

— Voulez-vous dire cet être là-bas ?

Je lui indique d’un geste de la tête un être à la fourrure grise, aux pattes griffues, aux yeux jaunes perfides et calculateurs, au sourire mesquin qui camoufle difficilement une rangée de dents pointues près du parc pour enfants. La fillette tourne la tête vers la direction indiquée, blêmit et répond dans un souffle :

— Oui…


Le Loup, nous repérant, s’avance vers nous.

— Étranger, lui ordonne-je, que faites-vous ici ? Laissez-nous tranquille !

Étonné de mon audace, il me fixe et réplique, d’une voix rauque et grave, quasi sépulcrale :

— Madame, mêlez-vous de vos affaires et ne vous ingérez pas dans les miennes ! Vous ne connaissez rien de notre relation, n’est-ce pas Mireille ?

Le Petit Chaperon Vert tourne la tête en signe de négation.

— Vous, le Loup, éructe-je, outragée de l’outrecuidance de l’esprit errant de l’animal, laissez-moi tranquille ! Je ne fais que mon travail.

Ébahi, il me réplique :

— Très bien, je vous ferai regretter votre arrogance ! N’oubliez pas que la vengeance est un repas qui se mange froid !

Et s’évapore sous mes yeux. Je me tourne vers la petite et lui demande gentiment :

— Mireille, veux-tu continuer ton récit ou préfères-tu que je raconte le très célèbre conte et tu me corriges ?

— La seconde option, me répond le Petit Chaperon Vert.

— D’accord.


Je soupire et je pars dans ma boutique trouver le conte pour le lire. J’inspire avant d’ouvrir le livre et de narrer l'histoire.

Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien que partout on l'appelait le petit Chaperon rouge.

— Folles, ma mère, Agnès, et ma mère-grand, Catherine, mais surtout sorcières, elles ne supportèrent jamais que l’homme soit chef, m'informe Mireille. Mon père, Thomas, est mort peu après ma naissance, tué par l’art occulte de ma mère m’avait-il dit… Et le chaperon rouge était mon chaperon de tous les jours, le vert était pour les occasions spéciales, les fêtes et pour me rendre chez mère-grand.

— Effectivement, s’offusque une voix masculine derrière mon dos. Je confirme les propos de ma fille.

Je me retourne, intriguée pour noter la présence d’un grand homme aux mêmes yeux et couleur de cheveux que la petite, le même homme qui retient la grand-mère de m’étouffer. Je le salue d'un geste de la main. Le père de Mireille, mort jeune, a l’air sympathique et autoritaire, m’inspirant confiance. Il s’évanouit aussitôt qu’il termine son propos. Je continue le récit.

Un jour sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : « Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m'a dit qu'elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. » Le petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il est dangereux de s'arrêter à écouter un loup, lui dit : « Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma mère lui envoie. »

— Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le loup.

— Oh ! oui, dit le petit Chaperon rouge, c'est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du village.

— Hé bien, dit le loup, je veux l'aller voir aussi ; je m'y en vais par ce chemin ici, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. »

Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu'elle rencontrait.

Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la mère-grand ; il heurte : Toc, toc. « Qui est là ?

— C'est votre fille le petit Chaperon rouge (dit le loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie. »

La bonne mère-grand, qui était dans son lit à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. »

Le loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mangé.


— Permettez-moi de vous corriger, madame, intervient Mireille. Mon père, âme perdue, avait suivi le Loup et il ne contrefit pas ma voix, il entra normalement chez mère-grand : il est très familier avec elle, un ami. Il s’occupe de lui trouver les âmes perdues. Aussi, il ne mange pas la sorcière, mais bien un morceau de viande de sa chasse et ou de celle du Chasseur.

J'approuve d'un geste de la tête et continue à lire le conte.

Ensuite, le Loup ferma la porte et s'alla coucher dans le lit de la mère-grand, en attendant le petit Chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc. « Qui est là ? »

Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du loup, eut peur d'abord, mais croyant que sa mère-grand était enrhumée, répondit : « C'est votre fille le petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie. » Le loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit.


— J’étais effrayée, me précise le Chaperon Vert, parce que mon père m’avait informé que la sorcière était au sous-sol, performant un sombre rituel. Et le Loup était dans son lit, jouant la comédie, dans le but de m’attirer à lui. Il avait l'intention de me tuer et de retenir mon âme prisonnière.

Je hoche la tête pour signifier à l'enfant que j'ai entendu ses mots. Je continue ma lecture.

Le loup, voyant le Petit Chaperon entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. » Le petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : « Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !

— C'est pour mieux t'embrasser, ma fille.

— Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !

— C'est pour mieux courir, mon enfant.

— Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !

— C'est pour mieux écouter, mon enfant.

— Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !

— C'est pour mieux voir, mon enfant.

— Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !

— C'est pour mieux te manger. »

Et en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le petit Chaperon rouge, et la mangea. Fin du conte !


Mireille me sourit et répond :

— Je vous précise la fin du conte. Informée par mon père, je n’étais pas dupe ! Je déposai les pains, les galettes et les confitures à l’endroit demandé, mais je ne me mis jamais au lit avec mère-grand. Je demeurai dans le cadre de la porte de la chambre et commentai les grands bras, les grandes oreilles, les grandes jambes, les yeux et les dents du Loup pour se moquer de lui. Je l’avais enragé. Il sortit du lit, dévoilant sa réelle nature, je me sauvai. Et il rencontra mère-grand, la renversant. Il tomba dans le processus, ne parvenant à me rattraper. Moi, je m’enfuyais pour revenir à la maison. Mon père m’avertit que mère-grand avait contacté le Chasseur, à l’aide de ses sombres esprits, pour qu’il me tue. Je l’avais rencontré, il m’aurait tué si mon père ne m’avait protégé en possédant le Chasseur. Il poussa ainsi son corps à tuer le Loup. Mère-grand était très enragée que je lui échappai si facilement, alors qu’aucune victime ne parvenait à s’enfuir de ses griffes auparavant. Elle appela plusieurs sombres esprits pour qu’ils me tuèrent dans mon sommeil. Mon père me protégea, mais en vain, il ne pouvait rien contre eux. C’est ainsi que je suis morte. Et le Chasseur, à sa mort, continua à vivre, âme perdue pendant quelques siècles avant de quitter les vivants. Il s’est récemment réincarné. Devenant un homme, Robert Langowski, surnommé Hunter Clayton, il est toujours aussi rapide sur l’arme. Méfiez-vous de ce monstre, s’il était prêt à me tuer, rien n’est sacré à ses yeux. Mère-grand, elle, demeura une âme perdue, souhaitant me retenir prisonnière et moi, je ne veux que trouver quelqu’un qui puisse m’entendre, pour raconter la réalité derrière le conte si célèbre. 

— Merci Mireille ! Mais comment pouvez-vous affirmer avec certitude que le Chasseur soit cet homme, Robert Langowski ?

— Ils présentent un même comportement et une même obsession pour la chasse et les armes.

— D'accord... Merci Mireille de m'avertir ! m'exclame-je, incrédule en mon âme de cette dernière information. ... Vois-tu une Lumière ?

Le Petit Chaperon Vert se tourne à ma droite, sourire aux lèvres, avec son père non loin d’elle. Les deux ont un immense sourire aux lèvres et des larmes dans le coin des yeux. Je suis également émue de leur joie et de leur visage serein.

— Au revoir et bon voyage. Vous avez enfin trouvé le repos éternel.

— Cette Lumière, madame, me répond le père, est tellement divine. J’entends le chant des oiseaux et ma mère m’attend, tellement ravie de me revoir.

Père et fille me sourient et partent dans la Lumière. Je lâche une larme de joie que j'essuie rapidement. Je reviens dans ma boutique d’antiquités ranger le conte enfantin, mais je ressens un regard insistant se poser sur ma nuque. Me retournant, le Loup m’adresse un sourire carnassier, sourire qui me donne des frissons, et me hurle :

— Le Petit Chaperon m’a échappé, mais je connais un moyen certain de vous faire regretter votre aide… N’oubliez pas que le Chasseur est mon ami aussi et qu’il peut toujours éliminer un être qui vous est cher… La chasse à l’homme est ouverte… L’homme est un loup pour l’homme.

Et le Loup s’évapore. Je reviens chez moi très perplexe et inquiète pour Jim, à l’idée qu’un fou sadique psychopathe inconnu l’assassine froidement parce qu’il est possédé par le Loup du conte enfantin qui veut se venger de moi.

Définitivement, les contes enfantins ne sont pas si innocents que je le pensais au début.

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