L'amitié décisive

Chapitre 1 : L'amitié décisive

Chapitre final

2867 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/03/2025 12:48




Cette fanfiction est une tentative à la participation au Défi du forum de Fanfictions.fr « L’Omnibus des frangibus (mars à avril 2025) ». Seul le premier niveau est respecté. 





2 septembre 1991, à la cour de l’école secondaire de Grandview.


C’est la pause. Melinda Gordon retrouve Alexis Fogarty, une camarade de classe. Les deux fillettes, âgées de douze ans, suivent leurs cours ensemble. Melinda a un don, celui de voir les esprits errants. Ce don, elle l’a hérité de sa mère, Elizabeth, et de sa grand-mère maternelle. Depuis son tendre âge, la jeune passeuse d’âmes sait, éduquée par sa grand-mère, qu’elle doit aider les âmes à quitter définitivement le monde des vivants. Lorsqu’elle commence à fréquenter l’école, la petite Melinda n’a pas vraiment d’amis, car elle pense que son don n’est pas extraordinaire que cela le paraît et que tous les autres camarades de classe voient aussi les esprits. Lorsqu’elle a compris qu’elle seule peut voir de telles entités, elle décide de révéler son don qu’à sa meilleure amie, Alexis Fogarty, une joyeuse fillette blonde de son âge, qui lui inspire confiance.


Melinda, avec son manteau vert par-dessus son uniforme, accourt rapidement auprès d’Alexis. Elle remarque qu’à la droite de sa camarade de classe, un esprit errant les regarde en silence : un homme d’âge mûr, blond, vêtu d’un complet vert olive, d’une chemise blanche et de souliers vert olive.

Melinda murmure à sa camarade : – Alexis…

– Tu peux m’appeler Lexie…

– Est-ce que tu vois le monsieur à ta droite ?

La fillette aux cheveux clairs tourne légèrement sa tête vers ladite direction et, comme elle ne voit pas l’esprit, elle ramène son attention sur Melinda. Cette dernière poursuit : – C’est un esprit errant… Malheureusement, Lexie, je vois les esprits… Je les vois comme je te vois…

Alexis secoue sa tête blonde et réplique : – Wow ! C’est incroyable !

– Mais, s’il te plaît, ne le dit pas aux autres qui pourront se moquer de moi…

– D’accord… Ainsi, tu dis qu’un esprit errant me suit…

La passeuse d’âmes en herbe hoche la tête et s’adresse à l’esprit : – Monsieur, quel est votre nom et pourquoi restez-vous encore parmi les vivants ?

L’homme répond d’un ton sérieux : – Je suis Donovan Fogarty, le grand-père d’Alexis. Je veux simplement qu’elle porte, si elle est sage, la bague de mon épouse lorsqu’elle aura dix-huit ans.

Melinda tourne sa tête vers sa camarade : – Lexie, le monsieur est ton grand-père, Donovan Fogarty. Il veut que tu portes la bague de sa femme, si tu es sage, lorsque tu auras dix-huit ans.

L’interpellé, étonnée, réplique : – Qu’est-ce que c’est que cette histoire de la bague de ma grand-mère ? Peux-tu lui demander ?

– Il entend ta question.

L’esprit errant répond : – C’est une bague en or avec un chaton en émeraude.

La jeune passeuse d’âmes répète les propos de l’esprit à son amie. Cette dernière demeure silencieuse et pensive pendant quelques minutes puis affirme d’un air joyeux : – Tu dis vrai, Mel ! L’histoire de la bague de ma grand-mère, je l’ai entendu de mon papa !

Depuis cet événement les deux fillettes sont devenues de très bonnes amies. De sorte que Melinda se confie à Alexis pour résoudre certaines requêtes des esprits errants qu’elle rencontre dans la cour de récréation ou dans le corridor de l’école : un gamin qui veut retrouver son ballon préféré ; un vieil homme qui veut que sa petite-fille soit une bonne élève. Alexis l’aide à trouver certains de ces objets voulus par les esprits, même si elle trouve bizarres certaines demandes. 



                                                               *

                                                             * *



2 octobre 1991, à la cour de l’école secondaire de Grandview.


Melinda Gordon, une fillette de douze ans, profite de la pause pour se reposer du cours de littérature. Elle serre son manteau vert contre elle pour couper le vent et se dirige d’un pas sûr près d’un module à jeux, où un esprit errant, celui d’une fillette de son âge, aux yeux brun noisette et aux cheveux noirs comme l’ébène. Vêtue d’un chandail polo blanc et d’une jupe bleu marine, elle la salue : – Bonjour, Melinda !

L’interpellée la salue en retour : – Bonjour, Sarah !

L’esprit errant, que la jeune passeuse d’âme a remarqué depuis le début de l’année scolaire, était une élève qui hante le module à jeux, lieu de sa mort. Elle s’appelle Sarah Grant. Melinda et Sarah sont devenues amies après une conversation autour de jeux enfantins.

Elles engagent une conversation sur les devoirs de mathématiques pour la semaine prochaine.


Melinda remarque du coin de l’œil Alexis Fogarty, une camarade de classe à laquelle elle a révélé son don. Alexis est une blonde aux yeux bleus, vêtue de l’uniforme de l’école, par-dessus duquel elle met un manteau bleu. Elle court jusqu’au module à jeux, ayant repéré la brunette. Elle crie : – Mel ! Que fais-tu ici ?

Melinda répond simplement d’une voix fluette : – Je discutais avec Sarah, mon amie esprit…

Alexis, les sourcils levés : – Et alors ?

Melinda hausse nonchalamment les épaules puis affirme : – On discutait des numéros du devoir de maths pour la semaine prochaine…

Sourire moqueur au visage, la blonde dit d’un ton traînant : – Ainsi, tu utilises les esprits pour tricher ?

Moue renfrognée, la jeune passeuse d’âmes croise ses bras sous sa poitrine et proteste : – Non ! Lexie, tu sais que je ne triche pas !

– Disons que maintenant j’ai des doutes… À moins que tu as inventé cette histoire pour ne pas jouer avec les autres camarades…

Sarah tire la langue à Alexis puis disparaît de la vue de Melinda. Cette dernière foudroie la blonde du regard.

L’élève aux cheveux clairs, étonnée, s’éloigne de la brunette et accourt auprès d’un groupe de fillettes au centre de la cour. Melinda les regarde de loin. Tout à coup, la cloche sonne. C’est la fin de la pause. Tous s'engouffrent dans la porte pour filer rapidement à leur casier afin de prendre leurs cahiers et étui à crayons pour leur prochain cours.



Le lendemain, à la pause entre deux cours, Alexis aborde Melinda dans la cour de récréation : – Mel, veux-tu m’aider avec des esprits ?

Intriguée, les sourcils levés, les yeux écarquillés, la jeune passeuse d’âmes balbutie : – Oui… Où ça ?

Sur un ton sérieux, son interlocutrice répond sans cligner des yeux : – Dans les vestiaires des filles, près du gymnase. J’entends des bruits bizarres, des portes qui s’ouvrent et qui se ferment par elles-mêmes…

Elle manifeste sa compréhension d’un mouvement de tête positif. Et les deux fillettes se rendent dans le vestiaire en question. À peine le jeune passeuse d’âmes y entre qu’une dizaine de fillettes, cachées sous des grands draps blancs jetés par-dessus leur tête, la saluent en ces termes : « Bou ! Nous sommes les revenantes des vestiaires ! »

Melinda, les yeux comme des soucoupes, les regarde d’un air étonné. Elle comprend aussitôt qu’il ne s’agissait pas de vrais esprits, mais des écolières qui lui jouaient un tour. Moue de mécontentement au visage, elle réplique : « Très drôle ! Mais ils sont des vivants et non des esprits… »

Melinda se retourne vers Alexis, les bras croisés sous sa poitrine, pour la foudroyer du regard. La blonde éclate d’un rire méchant, et la brunette, au bord des larmes, sort précipitamment des vestiaires pour revenir dans la cour d’école. Sarah apparaît devant elle, les yeux grands ouverts, les sourcils levés d’étonnement. Melinda lui explique d’un ton bourru ce qui s’était passé puis elle commence à pleurer à chaudes larmes, blessée d’avoir été l’objet de moqueries de celle qu’elle croyait être son amie.

Une fois ses pleurs calmés, Melinda se promet à elle-même d’être plus prudente lorsqu’elle informera quelqu’un au sujet de son don.




*

*  *




2 avril 1999, vers 21 h 00.


Le son des sirènes réveille Melinda, une petite brunette, vingtenaire. Intriguée de voir un ambulancier devant elle, elle demande ce qui se passe. L’homme lui tend sa main droite pour la faire sortir de son lit et répond clairement : « Un feu a été déclaré il y a quelques minutes dans un appartement au-dessus du vôtre. Nous procédons maintenant à l’évacuation de l’immeuble. Sortez immédiatement, vous n’avez pas une seconde à perdre ! » La brunette, un peu vexée du ton sur lequel l’homme lui parle, se lève néanmoins du lit pour enfiler ses pantoufles, n’ayant pas trouvé ses talons hauts. Ils sortent tous les deux de l’immeuble de l’appartement où elle vit depuis deux ans. Le jeune homme, un trentenaire l’amène jusqu’à une bande jaune puis dit d’une voix sérieuse : – Mademoiselle, veuillez rester derrière cette bande jaune, s’il vous plaît. 


Melinda passe sous la bande jaune pour être de l’autre côté, où se trouve rassemblé tous les gens, jeunes et vieux, qui occupent un appartement dans cet immeuble. Elle se retourne pour voir la porte d’entrée et elle regarde attentivement les va-et-vient des pompiers et des ambulanciers. Lorsque l’un d’eux sort avec un vieil homme, la femme extraordinaire remarque un esprit errant à sa droite. L’esprit errant, celui d’une vieille femme au visage ridé, vêtue d’une robe de nuit vert pâle, apparaît devant elle et s’exclame : « Vous me voyez ? » Melinda répond d’un mouvement positif puis demande en chuchotant : 

– Que voulez-vous ?

L’esprit répond d’une voix enrouée : – Mon mari est encore dans notre chambre, dans l’appartement dix-neuf… Il est encore vivant… Est-ce que quelqu’un peut le sauver avant qu’il ne soit trop tard ?

– Ne vous inquiétez pas, j’avertirai quelqu’un…

Et l’esprit disparaît de sa vue. Melinda, perplexe, regarde les va-et-vient des pompiers et ambulanciers. 

Comment leur dire qu’un homme peut être sauvé, mais sans mentionner que j’ai entendu l’information d’un esprit errant ? Simplement dire qu’un homme vivant se trouve dans l’appartement numéro dix-neuf. S’il me demande d’où je détiens cette information, je répondrai que je lui dirai un jour, mais pas maintenant.

Contente de son idée, elle s’avance d’un pas sûr vers un ambulancier, qui la pousse légèrement derrière la ligne et qui ajoute : – Je vous ai déjà dit de rester derrière la ligne !

Elle reconnut aussitôt qu’il s’agit du même homme que celui qui l’a fait sortir de son appartement. Elle s’éclaircit la gorge puis affirme : – Monsieur, vous n’oublierez pas un vieil homme qui est coincé dans la chambre de l’appartement numéro dix-neuf ?

Il hoche la tête et répond sèchement : – Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle. Je fais mon travail comme il faut. Assez parler !

Il lui tourne les talons et s’engouffre rapidement dans l'immeuble, pour y revenir au bout de quelques minutes en soutenant un vieil homme entre ses bras.

Melinda remarque qu’à ce moment précis, le même esprit errant apparaît à la droite du vieil homme. La femme s’approche de la passeuse d’âmes et murmure : – Merci, Madame ! Maintenant que mon George est sauf, je me sens très légère.

Melinda murmure : – Êtes-vous prête à quitter définitivement le monde des vivants ?

L’esprit errant hoche la tête et se tourne vers sa droite. Son visage s’illumine d’un large sourire et il disparaît enveloppé dans une lumière irréelle. Melinda est contente qu’un esprit errant soit parti dans la Lumière, lieu où vont les âmes après la fin d’une incarnation, lorsqu’elles quittent leurs corps et que rien ne les retient encore parmi les vivants. 


La brunette est sortie de ses rêveries par la même voix masculine : – Mademoiselle…

Elle tourne son regard vers lui et répond directement : – Melinda Gordon.

Un petit sourire furtif se dessine sur le visage de l’homme, qui semble être un trentenaire, étant donné les petites rides dans le coin de ses lèvres et de ses yeux. Il réplique : – Moi, c’est Jim Clancy, ambulancier…

Il fait une courte pause de quelques secondes puis ajoute, lueur de curiosité dans ses yeux bleus : – Puis-je vous poser une question, si ce n’est pas trop indiscret ?

– Oui…

– Comment avez-vous su pour l’homme de l’appartement numéro dix-neuf ?

Sourire énigmatique au visage, Melinda répond : – Je vous le dirai un jour…

– Bon d’accord… Alors, à la prochaine !

D’une voix songeuse, elle dit : – À la prochaine !

Cette fois, félicitations ! Tu as évité d’être prise pour folle ! 





*

*  *





5 septembre 1999, parc de Grandview, 13 h 00.



Melinda Gordon, vêtue d’un chandail blanc à manches longues, d’un patalon jeans et de talons hauts bleus, et Jim Clancy, vêtu de son uniforme d’ambulancier, sont assis sur un banc du parc. Il l’enlace tendrement. 

Voilà deux mois qu’ils sont ensemble, dans l’appartement de l’ambulancier. Et Melinda ne lui a pas encore révélé son don. Elle se dit à elle-même qu’elle le fera maintenant. 

Elle murmure à son oreille droite : – Jim, je dois t’avouer quelque chose…

Intrigué, les sourcils relevés, ses yeux bleus écarquillés de surprise, il réplique d’un ton chaleureux : – Dis-le, Mel… Tu sais que tu peux te confier à moi…

Encouragée par le sourire de son bien-aimé, elle dit en un souffle : – Est-ce que tu te souviens de notre première rencontre ?

– Oui !

Elle reprend son souffle et affirme d’un air sérieux : – Et bien, l’information au sujet du vieil homme de l’appartement dix-neuf, je la détiens de sa défunte épouse…

Devant les sourcils levés de Jim, Melinda ajoute : – … qui est un esprit errant…

L’homme, par un geste rotatif de sa main droite, l’incite à développer.

Elle poursuit, baissant les yeux pour ne pas affronter ceux de Jim : – Car j’ai un don particulier, celui de voir les esprits errants, les âmes des défunts qui, pour une raison ou une autre, ont des affaires à résoudre avec les vivants… Et ma tâche est de les aider à accomplir leurs dernières volontés, afin qu’elles partent dans la Lumière. En gros, je dois les aider à quitter le monde des vivants, car les esprits errants hantent un lieu, une personne ou un objet…

En espérant qu’il m’acceptera avec mon don… pense-t-elle, le cœur battant la chamade.

Jim l’embrasse sur ses lèvres pour la faire taire. Après le bisou, il s’exclame d’un air enjoué : – Mel, mais tu es vraiment extraordinaire ! Sache que je t’aiderai du mieux que je peux…

– Et bien, pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ?

Melinda baisse sa tête et murmure : – J’avais peur que tu te moques de moi…

Jim relève la tête de sa bien-aimée de sa main droite, la regarde droit dans les yeux et réplique : – Mel, tu sais que je te crois et que tu es sérieuse… Tu es fantastique !

Il l’embrasse sur les lèvres. Elle lui rend son bisou, contente qu’il ne soit pas moqué d’elle. Ils se lèvent du banc et se promènent – ou plutôt flânent – main dans la main dans le parc.


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