VAVOOM~Ineffable Kinktober 2023đ
J 19 : Sensory deprivation / Silence ~ Privation sensorielle / Silence
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Cela durait depuis combien de temps ? Des heures ? Des jours ? Quand mĂȘme pas plus⊠Si ? CâĂ©tait difficile Ă dire. Aziraphale lui avait demandĂ© de lui faire confiance et comme toujours, il lâavait fait ! Il sâĂ©tait abandonnĂ© entiĂšrement Ă lâAnge et comme Ă chaque fois quâil le faisait, il se sentait paradoxalement plus libre quâil ne lâavait jamais Ă©tĂ©. Accorder ainsi une confiance sans demi-mesure Ă Aziraphale Ă©tait, au-delĂ dâune marque dâamour Ă©vidente, le tĂ©moignage dâune dĂ©votion quasiment blasphĂ©matoire⊠Il attendait donc patiemment, Ă genoux sur un confortable coussin en velours, les yeux bandĂ©s et les poignets attachĂ©s devant lui avec son propre foulard, ses mains jointes reposant sur ses cuisses en une priĂšre silencieuse.
Il Ă©tait complĂštement nu, mais ses cheveux dĂ©tachĂ©s habillaient le creux de ses omoplates de boucles rousses sur lesquelles se reflĂ©taient les dĂ©licates flammes qui dansaient dans la cheminĂ©e que lâAnge avait miraculĂ© et devant laquelle il avait installĂ© son soumis.
Crowley nâentendait rien, du fait dâun petit miracle, en revanche il pouvait parler. Il pouvait toujours parler, de façon Ă pouvoir signaler le moindre signe dâinconfort, de douleur ou de peur. LâAnge lui laissant, Ă tout instant, la libertĂ© dâinterrompre le jeu. NĂ©anmoins, comme Ă chaque fois, le DĂ©mon demeurait silencieux. Il nâavait aucune question Ă se poser lorsque lâAnge prenait toutes les dĂ©cisions et câĂ©tait si libĂ©rateur pour lui que le jeu nâĂ©tait jamais assez longâŠ
Aziraphale se dĂ©plaçait dans la piĂšce dans un silence miraculeux, tournant autour du DĂ©mon, si sagement disposĂ© Ă lui obĂ©ir. La PrincipautĂ© Ă©tait restĂ© trĂšs longtemps en bas de lâĂ©chelle dans la hiĂ©rarchie cĂ©leste et il sâĂ©tait vu donner des ordres toute sa vie. Toute sa longue, trĂšs longue vie ! Aussi, lorsque sa relation Ă©tait devenue sĂ©rieuse avec Crowley et quâils avaient commencĂ© leurs jeux Ă©rotiques, prendre la position dominante lui avait paru incongrue. Il sâĂ©tait montrĂ© maladroit les premiĂšres fois, indĂ©cis et sceptique⊠Et puis Crowley lâavait encouragĂ©, complimentĂ©, obĂ©it. Et Aziraphale avait aimĂ© ça ! AprĂšs quelques hĂ©sitations, il avait aimĂ© voir le DĂ©mon se plier Ă sa volontĂ©, se laisser attacher, guider, punir⊠De douces punitions qui allaient toujours de pair avec une stimulation sexuelle des plus sensuelles !
Il aimait se sentir ainsi investi dâun pouvoir qui, sâil nâavait rien de divin, avait tout dâun miracle. CâĂ©tait un miracle quâun ĂȘtre tel que Crowley, si impĂ©tueux, si irrĂ©vĂ©rencieux, si tentateur et rebelle, sâabandonne sans le moindre questionnement, sans la moindre rĂ©serve Ă un ĂȘtre tel que lui. Un Ange sans valeur, mĂ©prisĂ© par les siens, discret, toujours plongĂ© dans ses livres et gourmand. Si gourmand que son incarnation souffrait dâembonpoint et que sa peau, moins souple au bout de 6000 ans, Ă©tait livrĂ©e aux vergetures qui couvraient son ventre gĂ©nĂ©reux et ses cuisses charnues.
Et pourtant il Ă©tait lĂ , lâAnge DĂ©chu, le Serpent du Jardin dâĂden ; Ă genoux devant lui depuis trois jours, attendant dans un silence et une immobilitĂ© parfaite, le moment oĂč lui, Aziraphale, lui donnerait lâautorisation de bouger, de voir, dâentendre, de ressentir, de jouirâŠ
LâAnge Ă©tait grisĂ©, gonflĂ© de fiertĂ© Ă lâidĂ©e, non pas de ce pouvoir, mais de cette confiance sans limites, de cet amour sans faille. Sâapprochant de Crowley, il fit dĂ©licatement glisser le bandeau qui couvrait ses yeux jaunes, aux pupilles fendues, qui le fixĂšrent immĂ©diatement, pleins de reconnaissance.
â Bonjour, mon rossignol⊠Tu as Ă©tĂ© si patient, si obĂ©issant, si parfait pour moi⊠Comme toujours. Maintenant, tu peux parler !
â Tu mâas manquĂ©, mon ange !
â Je ne suis jamais parti⊠Je ne partirai jamais !
***** Hum⊠Bon lĂ jâavoue, la derniĂšre phrase est un baume de cicatrisation Ă ce satanĂ© Ă©pisode 6, je vous le laisse pour panser vos blessures *****