Les vacances de l'Antéchrist

Chapitre 1 : Les vacances de l'Antéchrist

Chapitre final

2159 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/07/2025 16:04

Cette fanfiction participe au défi d’écriture « Mots et maux estivaux » (juillet 2022) du forum Fanfictions.fr.

Catégorie deuxième chance

Liste des mots imposés :

température / tempérament - pâtés de sable / pâte sablée - joli transat / mauvais transit - sandales / dent sales - coquillages / coquillettes

bikini / pique-nique - paillote / papillote - estival / festival - palmier / palier - glace / garce

(en gras dans le texte)





Ça s'agite dans tous les coins de la maison, ce matin. Les parents vérifient les bagages, coupent le gaz, l'eau et l'électricité, laissent un mot pour Mr Gardner, le voisin qui doit passer arroser les plantes.

– Adam, ta valise est prête ? crie Maman. On part dans dix minutes !

– Ouais M'man, c'est bon ! je réponds du palier, à la porte de ma chambre. J'arrive !

On a loué un bungalow au bord de la mer, pour une semaine, à Pevensay Bay. Un peu plus de deux heures de route, Toutou va adorer. Il aime bien les voyages en voiture. Roulé en boule sur la banquette arrière, il s'endort à peine la Morris démarrée. C'est tout juste si on doit pas le secouer pour le réveiller une fois arrivés. À croire que ça le berce.

Une semaine à la plage, ça va être le bonheur !


Arrivés à destination, c'est le paradis. Ce chalet, c'est comme une grande cabane en planches comme celles qu'on fabrique à Hogback Wood, mais version luxe. Tu sors, t'es sur la plage, imagine un peu ! Une fois dedans, où que tu regardes, tu vois la mer ! Chouette idée qu'ils ont eue là, les parents ! Sept jours à jouer dans le sable et dans l'eau, et à me vider la tête, j'espère. C'est que mes dernières aventures à Tadfield n'ont pas été de tout repos. Et j'espère que je vais arrêter de faire des rêves bizarres, la nuit...

Papa et Maman sont aux anges. À l'intérieur, même si c'est pas très grand, y'a tout ce qu'il faut. Je visite ma chambre pendant que M'man inspecte la cuisine et que P'pa vérifie le nombre de chaînes disponibles à la télé. On a même une grande terrasse qui fait tout le tour de l'appartement ! Et il fait beau. Il va faire un temps estival toute la semaine d'ailleurs, selon les parents qui ont consulté la météo. Oh ! J'ai une idée ! Je vais écrire un journal, comme ça je serai sûr de rien oublier pour raconter aux copains au retour...



♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥



Journal d'Adam Young, jour 1, samedi 13 juillet 2019.


Aujourd'hui on est arrivés à Pevensay Bay, dans un bungalow au bord de la mer. On s'est installés, puis je suis allé courir un peu sur la plage, qui est vachement grande. La mer était très loin et j'ai dû courir longtemps pour y arriver. Au début j'ai trempé juste mes pieds, et elle était tellement froide ! Mais finalement, c'est pas si terrible une fois qu'on y est habitué. Au bout d'un moment, j'avais de l'eau jusqu'aux genoux et la température avait l'air déjà plus acceptable.



Journal d'Adam Young, jour 2, dimanche 14 juillet 2019


C'était l'éclate aujourd'hui ! J'ai passé l'âge des pâtés de sable, mais je me suis bien amusé tout l'après-midi dans les vagues avec ma nouvelle planche de surf spéciale-junior, décorée d'un splendide Spiderman en pleine action. J'ai insisté, pour Spiderman. Elle était plus chère mais j'ai promis d'être très sage toute la semaine, d'aider à la vaisselle et tout, alors les parents ont fini par flancher. Après, j'ai recherché sur le sable des coquillages rares pour ma collection. Et puis j'en ramènerai aux copains. Wensleydale saura sûrement les noms. J'en ai ramassé plein, des trop jolis, c'est cool.


Pendant ce temps-là, M'man, allongée en bikini sur un joli transat aux rayures marines, feuilletait le dernier numéro de son magazine (Cosmopolitan je crois, j'en ai vu traîner dans le bungalow), et P'pa, couché sur sa grande serviette décorée de palmiers, se laissait dorer au soleil, un chapeau de paille rabattu sur la figure. Je suis sûr qu'il a piqué un petit roupillon. Ça leur fait du bien à eux aussi, de décompresser un peu. M'man est sans arrêt à faire à manger, le ménage, les courses, la lessive, m'aider à mes devoirs, tout ça. Toujours sur le qui-vive. C'est usant, mine de rien. Pepper a dit que ça s'appelait "la charge mentale". Je me demande où elle a chopé ça. Et P'pa, après sa semaine de boulot, il faut qu'il s'en rajoute aussi, le week-end. C'est un maniaque, je vous dis ! Déjà qu'il bichonne la carrosserie de la Morris, lavée, séchée, lustrée tous les dimanches, il supporte pas une tondeuse à la lame couverte de bouts d'herbe ou un râteau aux dents sales, et faut qu'il nettoie ses outils à chaque fois qu'il s'en sert. Je l'aide des fois, pour la pelouse.



Journal d'Adam Young, jour 3, lundi 15 juillet 2019


Tous les jours, à l'heure du goûter, j'ai droit à une glace. Il y a une vendeuse ambulante qui en propose aux touristes. Elle longe la plage d'un bout à l'autre avec sa grande glacière en bandoulière, en sandales pour pas se brûler les pieds (ou se blesser sur un morceau de verre, je suppose). C'est Brian qui serait content ! Même si elle n'a pas la place pour trente-neuf parfums... Moi, je m'en fiche, c'est vanille que je préfère, et elle en a toujours.

Mes copains me manquent un peu, bien sûr. Ce que j'aimerais, c'est qu'on parte ensemble, tous les quatre, quand on sera plus grands. On s'amusera bien, ce sera chouette !


Toutou reste à l'appartement. La plage, c'est interdit aux chiens. Dommage, je pourrais lui lancer un bâton dans l'eau, il adorerait courir dans les vagues pour aller le chercher. C'est malheureux quand même. Allez pas me dire que les animaux polluent plus que les humains ! Pft...

Il est trop content quand on rentre de la plage. C'est un festival de jappements surexcités, il court de l'un à l'autre, il demande qu'on joue avec lui. Brian dit qu'il a "un tempérament facétieux". Bah, c'est juste qu'il aime s'amuser, comme moi. Je l'adore, mon petit chien.



Journal d'Adam Young, jour 4, mardi 16 juillet 2019


J'en ai marre. Depuis qu'on est arrivés, pas moyen de manger un truc bon à la maison. « Ton père a un mauvais transit », qu'elle a dit M'man. Le poisson en papillote avec des brocolis à la vapeur ou des lentilles, ça va bien cinq minutes ! Elle dit que c'est pour le bien de tous, et que de toute façon elle va pas faire deux menus. Elle lui fait aussi des tisanes aux graines de lin et à l'ortie. Beurk ! Y'a que ses tartelettes aux pruneaux, celles avec la pâte sablée, que j'aime bien.

Moi ce que j'aimerais, c'est un bon hamburger. Ils en vendent au bord de la plage, dans une espèce de paillote. Et des frites aussi. Mais pour l'instant, il faut manger diététique et équilibré. La barbe...



Journal d'Adam Young, jour 6, jeudi 18 juillet 2019


J'ai pas écrit hier, j'étais pas d'humeur. On devait aller visiter le château de Pevensay, et emmener un pique-nique. Chouette idée ! En plus les animaux ont le droit d'entrer, bonne nouvelle pour Toutou. J'aurais quand même préféré que les copains soient là, on aurait pu jouer aux chevaliers, on aurait trouvé des bouts de bois pour faire des épées et on aurait fait un tournoi... Bref, j'étais content et j'espérais un énorme sandwich poulet-avocat, avec plein de mayonnaise qui dégouline. Et aussi un paquet de chips croustillantes et salées à point. Et une brique de jus de fruit bien sucré. Mais non, bien sûr ! M'man avait prévu des bâtonnets de carotte et de concombre, à tremper dans du yaourt nature 0% battu avec du jus de citron, et aussi une délicieuse (trop pas) salade de pâtes aux tomates confites et courgettes. Et encore, je vous raconte pas les pâtes ! Des coquillettes à la farine de drêche ! C'est tout marron, ça fait vraiment pas envie ! « C'est français. J'ai eu un mal fou à en trouver, heureusement qu'ils en avaient au "Terroir Gourmand". C'est riche en fibres, et plein de minéraux. » qu'elle a dit M'man. Et de la pastèque en dessert. Avec plein de pépins, pire que les pommes. Bonjour le festin... Les français sont bizarres, tout de même. Mais pourquoi je m'étonne ? Ils mangent des escargots et des cuisses de grenouille, alors bon...


J'ai failli me mettre en colère et leur dire que j'avais quand même arrêté l'Apocalypse sur la base aérienne, nom d'un chien ! Avec l'aide de mes nouveaux amis Mr Aziraphale et Mr Crowley, c'est vrai. (D'ailleurs, je les ai plus revus, ces deux-là. Je me demande où ils sont passés.) Et que ça méritait un tout petit peu de gratitude et de considération. Je sais pas pourquoi, mais mon instinct m'a soufflé de rien dire, que ça vaudrait mieux pour tout le monde. Alors je l'ai bouclée, et j'ai fait semblant de me régaler (en vrai, j'ai filé la moitié de mon assiette à Toutou, qui était trop content).

En réalité, tout se calme de ce côté-là. Je fais même plus de rêves invraisemblables. J'ai l'impression de redevenir normal, c'est très reposant.



Journal d'Adam Young, jour 7, vendredi 19 juillet 2019


Dernière journée sur la plage. On a fait un gigantesque château de sable avec les parents. On l'a décoré avec plein de coquillages, des bouts d'algues, et des petits morceaux de bois.

Comme c'était le dernier jour, je suis sorti sans rien dire à la nuit tombée, avec Toutou, qu'il profite un peu lui aussi. Il a couru dans les vagues et s'est beaucoup amusé, évidemment, à massacrer notre magnifique château. Mais chut... Vous direz rien, hein ? Moi non plus...



♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥



– P'pa, M'man, je file à Hogback Wood retrouver les copains !

– Sois de retour à l'heure pour dîner ! me prévient Maman.

Je cours jusqu'au bois. On a rendez-vous à quatre heures.

– Salut Adam ! m'accueille Pepper. Alors, ces vacances ?

– C'était super chouette ! je réponds.

Brian et Wensleydale sont là aussi, évidemment. Je sors de ma poche ma collection de beaux coquillages, que j'étale sur une souche d'arbre.

– Celui-là, c'est un calliostome, déclare Wensleydale en le pointant du doigt. Ici, une fissurelle. Et là, une gibbule ombiliquée.

Il a l'air vachement sûr de lui !

– Mais comment tu sais tout ça ? je demande, ébahi.

– Mon père m'a passé sa collection entière de Tout l'Univers en dix-neuf volumes. C'est incroyable tout ce qu'on peut apprendre là-dedans !

– Ça existe encore, ça ? demande Brian, perplexe.

Le savant du groupe lui lance un regard hautain :

– Bah oui, Môssieur Brian, y'a pas que Google dans la vie...

– Bon, je fais, on a encore un mois de vacances. Faut qu'on planifie.

– Ouais, approuvent les autres de concert.

– Faut en profiter. Après, on rentre à l'École Secondaire. C'est du sérieux, poursuit Pepper.

– En tout cas, je suis bien content qu'on n'ait plus Mme Hellington, comme directrice. Quelle peau de vache, celle-là ! bougonne Wensleydale

– C'est sûr ! renchérit Brian. Qu'est-ce que j'ai pu être collé parce que j'étais en retard ou que j'avais des taches sur ma veste !

– Et moi parce que je bavardais trop ! Une fois même, elle m'a surpris en train de gribouiller une soucoupe volante dans la marge de ma feuille. Qu'est-ce que j'ai pris ! je rajoute.

– Et quand je lui ai fait remarquer que les baleines savent chanter, vous vous rappelez ? Elle était furieuse. Elle a dit que le cours de musique était pas fait pour parler des baleines, se souvient Pepper.

– "Ursula le lama", qu'on l'appelait entre nous. Toujours prête à cracher son venin sur nous autres, pauvres élèves innocents, s'insurge Wensleydale, les yeux au ciel.

– Une teigne, assure l'un.

– Une sorcière, rajoute l'autre.

– Une peste.

– Un monstre.

– Une mégère.

– Une garce.

– Ouais. À l'école des directrices, elle a dû apprendre "Colle tes élèves tous les jours. Même si tu ne sais pas pourquoi, eux, ils savent", conclut Pepper.

– Bon débarras ! on crie tous en chœur.




Et on s'élance en courant à travers la forêt, bien décidés à profiter de chaque instant de nos vacances...



Laisser un commentaire ?