Au delà des apparences!

Chapitre 8 : Une rencontre inattendue

4436 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/03/2017 20:09

(suivez-moi sur mon blog: unedidobelle. be)

-         Tu as laissé ce pauvre garçon en plan ? S’exclame Charlotte.

-         Pauvre garçon ? Pauvre de moi surtout ! Tu n’imagines pas ce que c’était que de lui faire la conversation. Il ne sait rien faire d’autre que de se vanter… Il ferait un très beau couple avec Jessica.

-         Cela ne se fait quand même pas d’abandonner ainsi un garçon qui t’a invité.

-         Je n’ai pas de temps à perdre avec un tel imbécile. Je passe mon tour…

Charlotte et moi nous trouvons à la cafétéria de l’université. On déguste un boulet-frites tandis que nous discutons de mes déboires amoureux.

-         C’est de ma faute, je reprends, j’ai voulu aller trop vite avec le premier venu, ça m’apprendra.

-         Ne dis pas ça, je suis bien placée pour te dire qu’il faut parfois se casser les dents avant de trouver quelqu’un d’intéressant

-         Tu n’as pas tort.

En regardant par la fenêtre, je vois un garçon qui prend des photos. Je suis sûre de l’avoir déjà vu. Il prenait également des photos au festival de l’université. Il semble tellement concentré sur ce qu’il fait…

-         Tu m’écoutes ?

-         Oh désolée, Charlotte, j’étais dans la lune.

-         Dis plutôt que tu matais ce beau gosse de photographe.

-         Arrête un peu…

-         Tu rougis, c’est mignon ! Pourquoi tu n’irais pas lui parler ?

-         Et pour lui dire quoi ?

-         « Bonjour » par exemple

-         Oh non, ce n’est pas mon genre de courir après un garçon, je préfère laisser tomber. En plus, on ne devrait pas trop tarder, on a un cours de langue dans pas longtemps.

En sortant de la cafétéria, l’Iphone de Charlotte se met à sonner, elle prend l’appel et s’éloigne. Pendant ce temps, je sors de mon sac « Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos et je continue ma lecture. Elle finit par revenir vers moi, je ferme mon livre et le dépose à côté.

-         Alors ?

-         Alors, c’était Marc ! Il m’a dit qu’il ne pourrait pas me voir aujourd’hui malheureusement.

-         C’est dommage…

-         Oh ce n’est pas grave, on se verra une prochaine fois. On y va ?

-         Oui, j’arrive.

-         Il faut que je passe aux toilettes avant.

-         Moi aussi…Oh mince, j’ai oublié mon livre. Vas-y toujours, je te rejoins

-         Pas de souci.

Charlotte s’éloigne et moi je fais demi-tour pour prendre mon livre. Mais un garçon le tient et l’examine.

-         Euh, excuse-moi mais ce livre m’appartient…

Il se retourne et me sourit. Ce n’était pas n’importe quel garçon mais le beau photographe.

Comment décrire un tel garçon ? Beau, oui, il l’était indubitablement et je sais de quoi je parle, j’en ai croisé pas mal dans ma vie des beaux garçons mais lui, il avait quelque chose de différent, quelque chose de plus. Quelque chose que les autres garçons que j’ai pu rencontrer jusqu’à lui n’avaient pas. Il avait des cheveux noirs de jais mi long légèrement bouclés. Les yeux d’un bleu si pur qu’on aurait dit deux saphirs. Une dentition si parfaite que son sourire à lui seul vous fendait le cœur. Sa tenue semble négligée mais certainement étudiée. Un blazer noir, un jean délavé, comme chaussures, des Richelieus usées mais qui gardaient encore une certaine classe.

Et lorsqu’il pose son regard sur moi, j’ai la sensation que ses yeux transpercent mon âme.

Il me rend mon livre et pointe l’objectif de son appareil sur moi. Un flash apparaît et je sursaute de surprise

-         Que fais-tu ?

-         J’aimais bien l’expression de ton visage, j’avais envie de l’immortaliser, ça ne te dérange pas, j’espère ?

-         Euh…Non, je… Enfin…

-         Dis, cela te dirait de poser pour moi ?

-         Pardon ?

-         Ne t’inquiète pas, je ne fais pas de photos de nus ou dégradantes mais j’aimerais bien avoir un nouveau visage et je trouve que tu es très photogénique. Si tu veux, je te passe le nom de ma page sur Facebook, comme ça tu pourras voir si mon travail te plaît et si cela t’intéresse… Oh excuse-moi, j’oublie de me présenter, je m’appelle Matthieu et toi ?

Il me tend la main. J’hésite un moment avant de la serrer. Sa main est à la fois douce et ferme. J’en ai des frissons. Je finis par lui répondre :

-         Oh euh… Anne…

-         Alors, enchanté Anne.

-         Non, je veux dire Anne-Sophie, je m’appelle Anne-Sophie et oui, ça m’intéresserait de voir ton travail, désolée je suis un peu déconnectée aujourd’hui…

-         Pas de problème, si tu veux je t’ajoute sur Facebook et je t’envoie le lien de la page, ce sera plus simple.

-         Oui, aucun souci. Mon nom sur Facebook c’est Anne-Sophie Duvivier…

Il sort de sa poche un smartphone et après quelques manipulations, il déclare :

-         Voilà, je t’ai envoyé une demande d’ajout.

-         Ok, il faut que j’y aille… A plus tard.

Je le laisse en plan et me précipite à l’intérieur du bâtiment où Charlotte m’attend de pied ferme.

-         Et bien, t’en as mis du temps ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? T’as l’air déboussolée, ça va ?

-         Je l’ai rencontré…

-         Qui ça ? Jésus ?

-         Non, non, ne dis pas de bêtises, j’ai rencontré Matthieu, le beau photographe.

-         Oh oh, tu m’en diras tant…

-         On devrait aller en cours maintenant

-         Tu ne devais pas aller aux toilettes ?

-         Tant pis, j’irai à la pause.

-         Faudra que tu me racontes cette fameuse rencontre, en tout cas…

Il est inutile de préciser que j’étais à moitié présente durant la séance. Mais que m’arrive-t-il ? J’ai des palpitations rien que de penser à lui. De mon Iphone, j’accepte son invitation. Je regarde sa page Facebook. Tout comme moi, il a énormément d’amis Facebook. Les personnes qui aiment ses photos personnelles et qui les commentent sont majoritairement des filles, tu m’étonnes… Je remarque qu’il se rend souvent à des concerts, il semble voyager pas mal également.

En rentrant à la maison, je me précipite sur mon Mac pour voir le lien que Matthieu a fini par m’envoyer pendant que j’étais sur le chemin du retour.

Sa page est suivie par un bon nombre de personnes et pour cause, ses photos sont magnifiques. Il n’y a rien à dire, il a vraiment du talent. Tout à coup, je reçois un message. C’est lui.

-         Alors qu’est-ce que t’en penses ?

-         Tu fais vraiment un travail remarquable.

-         Cela t’intéresse toujours de poser pour moi ?

-         Je ne sais pas si je conviendrai… Je n’ai jamais fait ce genre de photo.

-         Attends un moment et tu vas voir.

-         Attendre quoi ?

Au bout de quelques instants une nouvelle photo s’affiche sur sa page… C’est moi ! C’est celle qu’il a prise de moi tout à l’heure ! Je n’en reviens pas de l’effet. Je fais face à l’objectif et je semble éblouie, les yeux écarquillés, surpris comme si je regardais un ange. Il y avait une certaine candeur dans mon visage. C’était sublime.

-         Alors, revient-il à la charge, toujours pas convaincue ?

-         Je peux toujours faire un essai.

-         Je te propose qu’on fasse un shooting après les examens parce que pour le moment, je commence la bloque.

-         Oui, moi aussi, dis à ce propos tu suis quelles études ?

-         Je suis en 2ème master en journalisme et toi ?

On a parlé pendant un bon moment jusqu’à ce qu’il décide de passer outre sa bloque et de m’inviter à dîner. C’est vrai que le courant était vite passé entre nous et j’étais enthousiaste. Ou plutôt exaltée… On s’échange nos numéros et on se donne rendez-vous en ville vers la fin de la semaine.

 

Le jour du rendez-vous, je suis dans tous mes états, je ne me reconnais pas. Je sors pratiquement tout ce que j’ai dans mon dressing pour choisir LA tenue idéale. Que mettre ? Une robe, une jupe, un pantalon ? Et les chaussures ? Et ma coiffure ?

-         Oh lala !

-         Calme-toi un peu ! Sourit Charlotte.

On dirait que cette situation l’amuse particulièrement.

-         J’ai l’impression de devoir me préparer pour mon tout premier rendez-vous… et même pour mon tout premier rendez-vous amoureux, je n’étais pas comme ça. Guillaume était mignon mais je n’étais pas amoureuse de lui. Oh non, suis-je déjà amoureuse ?

-         Je l’ignore mais tu as l’air bien partie pour le devenir. En tout cas, ce rendez-vous sera décisif…

-         Pas besoin de me mettre la pression ainsi !

-         Pas besoin de t’énerver non plus, j’ai essayé de t’aider mais tu ne veux rien entendre.

-         Me dire d’être « juste moi-même » n’est pas un conseil pour moi !

-         C’est un conseil si tu prends un peu de recul…

-         Oui, c’est vrai tu as raison.

-         Ne mets pas de robe, je trouve que ça fait un peu trop vu le genre de garçon. Pas de jupe non plus vu le temps qu’il fait en ce moment… Il faudrait que tu sois à la fois chic et décontractée, je pense que ça lui plaira.

-         T’as raison. Je vais mettre un pantalon et des talons

-         Et bien voilà, t’as déjà fait une première sélection et pour tes cheveux, je les laisserais détacher à ta place. Tu as des cheveux magnifiques, montre-les.

-         Merci pour ton aide, j’ignore ce que je ferais sans toi.

Une fois prête, je me rends au point de rendez-vous qu’on s’était donné. Je remarque que je suis un peu en avance. Une première pour ma part mais je n’attends pas trop longtemps avant de le voir arriver. Mon cœur palpite, je tremble à l’intérieur lorsque je le vois s’approcher de moi. Il est toujours aussi séduisant que la première fois où je l’ai vu.

Arrivé à ma hauteur, il me prend les deux mains et m’embrasse tendrement sur la joue avant de déclarer :

-         Je vais t’emmener manger des frites mais je te promets que ce sont les meilleures que tu n’auras jamais goûtées.

-         On est en Belgique, ça ne doit pas être trop loin alors…

-         Prépare-toi à marcher un peu quand même

-         Allons-y !

Je le suis à la fois confiante et angoissée. J’espère que ce premier rendez-vous se passera bien. Cela dit, je n’arrive pas à y croire qu’un garçon m’invite à manger une frite. J’ai plutôt l’habitude qu’on me sorte le grand jeu. Pourtant, je préfère largement la simplicité si la compagnie est agréable et lorsque je regarde Matthieu, lorsque je l’entends parler, je ne doute pas une seconde que je vais passer un bon moment. Pourvu que lui aussi soit charmé…

Je constate très vite qu’on marche plus longtemps que je ne l’avais imaginé

-         Où tu m’emmènes ainsi ?

-         Tu verras…

Le souci c’est que je commence à avoir mal au pied avec ces talons, si j’avais su, j’aurais opté pour des chaussures plus confortables. D’autant plus qu’il marche relativement vite alors j’ai un peu de mal à le suivre. Il regarde dans ma direction donc, j’essaye de garder le sourire

-         Tout va bien ?

-         Oui, ça va.

Seulement, au moment où je lui réponds cela, je manque de peu de me casser la figure. Ni une ni deux, Matthieu se précipite sur moi pour m’aider à me relever.

-         Tu t’es fait mal ?

-         Non, ça ira, je mens, je n’aurais pas dû mettre ces fichus talons

-         Je suis désolé de te faire courir ainsi.

-         Ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas, on continue ?

Il semble réfléchir un instant avant de proposer

-         Je pourrais te porter…

-         Pardon ?

-         Oui, sur mon dos ! On est presque arrivé mais je vois bien que tu t’es fait mal et je ne tiens pas à ce que tu souffres le martyr juste pour des frites même si selon moi, elles en valent largement la peine

-         Je trouve ça vraiment sympa de me proposer ça…

J’hésite un instant avant d’accepter

-         Allez, pourquoi pas !

En deux temps trois mouvements, je suis sur son dos.

-         Allez Hue cheval ! je plaisante.

-         T’es une comique toi !

On n’a pas arrêté de rire tout le long du chemin jusqu’à ce qu’on arrive devant une friterie qui à première vue semble quelconque. Cela dit, je ne veux pas juger à l’apparence, on verra si leurs frites sont aussi bonnes qu’il le prétend.

Une fois installés, on commande chacun un ravier et après avoir attendu que les frites refroidissent un peu, je dois dire qu’il ne m’a pas mentit en disant qu’elles étaient délicieuses.

-         Alors comme ça tu veux devenir journaliste ? Mais dans quel domaine ?

-         J’aimerais bien commencer par être un critique musical mais je ne suis pas sûr de vouloir faire ça toute ma vie, ce qui est certain, c’est que je tiens à choisir un poste qui me permettra de voyager, de découvrir le monde et de pouvoir en rendre compte aussi. Je ne finirai pas ma vie en Belgique, ça c’est certain.

-         J’aimerais bien voyager aussi, en fait, je pense faire le tour du monde pendant un an après l’obtention de mon diplôme mais je reviendrai vivre ici. Toute ma vie est ici après tout…C’est ridicule tu crois ?

-         Pourquoi ça le serait ? C’est ton rêve et moi, j’ai le mien. Cela dit, tu as raison de faire au moins une fois dans ta vie le tour du monde et je ne dis pas ça parce que j’aime voyager mais, c’est vrai après tout, on ne vit qu’une fois et ce serait dommage de ne pas en profiter de cette façon.

Je soupire, je me rends compte qu’après juin, il prendra le premier avion et je ne le reverrai certainement plus… J’ai l’impression que ce n’est pas le genre de garçon à s’attacher. Pourtant, j’ai envie de rester avec lui et de tenter quelque chose même si ce n’est que pour une courte durée. Fais-je une erreur ? Probablement…Car il est évident que si ce n’est pas encore le cas, je vais tomber amoureuse de ce garçon. Je ne crois pas l’avoir déjà été auparavant, j’ai apprécié la compagnie de certains plus que d’autres mais avec lui c’est différent…

-         Tu sembles ailleurs ? Me dit-il.

-         Ah bon ? Désolée, je réfléchissais… Donc tu es un fou de musique, il faut croire.

-         Affirmatif ! Si cela te dit, après on pourrait aller dans mon kot, je te ferai écouter quelques CD’s que j’ai… Attention, en tout bien tout honneur, ce n’est pas une entourloupe pour te mettre dans mon lit, promis !

-         Je te crois et je serais ravie de savoir quel genre de musique tu écoutes.

Le repas terminé, on prend un bus qui ne nous dépose pas loin de là où il kotte.

Lorsque je découvre où il vit en semaine c’est sans surprise que je vois une pièce sans dessus dessous.

-         Je m’excuse pour le bordel.

-         Il n’y a pas de souci.

Je vois sur une étagère quelques albums.

-         Il n’y a pas tout ici, évidemment. J’ai une véritable collection chez moi, j’ai juste pris les indispensables avec moi. Ce qui me plaît surtout c’est le rock alternatif, le rock indépendant aussi.

-         Rock psychédélique ?

-         Ouais, il y a Led Zeppelin, The Velvet underground, Pink Floyd et The Doors, j’aime assez.

-         The Beattles, The Who…

-         Evidemment, t’as l’air de t’y connaître, non ?

-         Un peu, mais pas beaucoup, sûrement pas comme toi.

-         Je te fais écouter ce que j’ai ?

-         Avec plaisir…

On passe tout notre temps à commenter la musique qu’il me fait écouter, à débattre sur les instruments utilisés, à parler de la nouvelle génération musicale. Je ne me rends même pas compte du temps qui passe, c’est dingue ! Il est déjà tard le soir lorsque je regarde l’heure mais je m’en moque, c’est tellement agréable d’être avec lui. Il finit par prendre son appareil photo et faire quelques clichés de moi. Je suis prise au dépourvu mais je joue le jeu. On finit sur son ordi pour regarder les clichés et je peux admirer plus attentivement son travail.

La nuit file à une vitesse, je finis par m’endormir sur son lit. Lorsque je me réveille, je le vois toujours éveillé sur son ordinateur portable.

-         Il est quelle heure ?

-         8h 31 exactement

-         Oh mince, j’ai passé la nuit ici, je n’en reviens pas.

-         Moi, ce qui m’étonne, c’est que j’aie pu passer la nuit avec une fille sans la toucher.

-         Oh !

-         Oui, je ne suis pas sûr que c’était une bonne idée de dire ça, finalement…

-         Non mais je m’en doute bien que ça doit être le cas, en tout cas, j’ai vraiment passé une bonne nuit ! Je me suis vraiment bien amusée.

-         On devrait remettre ça alors.

-         Sans hésiter mais je vais devoir y aller quand même.

-         Je te raccompagne ?

-         Tu dois être crevé.

-         Non, ne te tracasse pas pour ça, ça ne me dérange pas du tout.

Il regarde par la fenêtre et ajoute.

-         J’avais prêté ma caisse à mon voisin. Je vois qu’il est rentré donc, je vais aller lui réclamer mes clés puis je te raccompagne

-         Merci beaucoup, je t’attends, alors.

Les clés en poche, on descend et on monte dans sa voiture. Je lui indique mon adresse et il me dépose devant chez moi.

Dans ma chambre, je m’écroule sur mon lit. Je suis encore toute retournée des moments que j’ai pu passer avec lui…

 

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