Le Temps de la Nuit

Chapitre 20 : Rise of Madness

Chapitre final

5019 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/12/2016 18:29

Les deux amants retrouvés s'enfonçaient dans la nuit, sans parler. Jérôme observait tout, avec plus d'efforts qu'Annie, il ressentait une nouvelle fois Gotham. Quel bonheur de déambuler à nouveau dans cette ville engendreuse d'hommes et de monstres. Si longtemps enfermé dans la mort, si longtemps enfermé dans Arkham Jérôme retrouvait enfin la vie. Il avait l'impression de retrouver des démons perdus, qui lui avaient jusqu'alors manqués. Il se sentait prêt à tout recommencer. Sans Galavan, face à James Gordon, face à cette ville. Et il avait eut tout le temps d'y penser.

Voyant Annie se décaler de trop pour prendre une route qui ne lui convenait pas, il l'appela.

-        Arley, suis-moi.

Elle ne posa aucune question, et revint machinalement vers lui. Il lui semblait qu'elle ne se rendait même plus compte qu'elle lui obéissait. Annie était désormais à lui, comme il l'avait projeté depuis qu'il l'avait trouvé dans cette usine. Elle était sa chose, car c'était grâce à lui qu'elle était devenue ainsi. Strange l'avait juste améliorée, il lui avait facilité la tâche, d'une certaine manière. Jérôme lui avait fait croire, et ce dès le commencement, qu'elle dépendait de lui. Et tout avait fonctionné à la perfection.

Annie était l'Arlequin à son rire.

 

Jérôme entra dans un immeuble géant. Il monta les escaliers, sans s'arrêter, à un rythme régulier, toujours suivi par Annie. Avant de sortir par la porte qui donnait sur le toit, il se tourna pour regarder Annie. Il lui tendit la main, qu'elle observa quelques secondes pour l'attraper ensuite avec curiosité. Il ne s'expliqua pas. Mais Jérôme savait que les actions physiques mettaient en confiance, et qu'il serait bien plus persuasif avec ce geste.

À la vue lointaine de Gotham brillante dans la nuit, un rictus éclaira le visage du rouquin. Il avançait lentement vers le bord du toit. Il avait rêvé de cette vision, irréelle, sa glorieuse Gotham. Ils restèrent de longs instants à s'imprégner de chacune de ses ombres. Il se sentait renaître, prit d'une fureur meurtrière, qu'il aurait facilement put laisser s'abattre sur la ville.

-        Regarde, dit-il alors pour attirer l'attention d'Annie.

Celle-ci s'avança imperceptiblement.

-        Cette faible Gotham, commença-t-il. Tu t'en souviens, comment on pouvait la mener à notre guise ? Qu'elle était belle à cette époque…

Il paraissait en effet que cela faisait des années que Jérôme avait semé la terreur sur la ville. Il sentit le regard d'Annie se tourner vers lui.

-        Elle nous attend, dit-il, elle a besoin de voir son vrai visage. J'ai été tué par erreur, et ça ne recommencera pas. Nous allons offrir à cette ville un peu de magie, la relever de ses cendres, pour quelle brûle avec une bonne raison.

Il aimait s'entendre, il adorait ses propres paroles, et le regard idolâtre que lui portait Annie, qui croyait à chacun de ses mots, ne pouvant croire autre chose.

-        Je suis le dernier espoir de cette ville, continua-t-il les yeux dans le vague. Je suis son dernier Joker.

Il se tourna vers Annie, sans vraiment savoir pourquoi, la surplombant de toute sa hauteur, et de ses épaules larges. Un léger sourire à peine visible dans la pénombre apparut sur le visage reposé de cette dernière.

-        Ça sonne bien, dit-elle d'une voix basse et calme. Le Joker et l'Arlequin de Gotham.

Elle tourna son regard vers les lumières vagues de la ville, qui faisaient briller tendrement leurs yeux. Il colla son visage à sa joue. Elle clôt ses yeux à ce contact, pour se concentrer dessus, et ne plus sentir toutes les odeurs qui se dégageaient de Gotham, des sons proches et lointains. Il prit ses joues entre ses doigts et fit pivoter sa tête vers lui, pour prendre sa bouche entre ses dents. Elle se retira, et prit le chemin inverse, pour redescendre nonchalamment les escaliers de l'immeuble. En sortant, ils entendirent distinctement les sirènes de police se promener dans la ville, alertées par la sortie des monstres. Jérôme s'arrêta et prit une grande inspiration en fermant les yeux.

-        Ce que j'adore ce son, dit-il.

Avant qu'il ne puisse rouvrir ses paupières, Annie lui posa ses pouces dessus tendrement, tout en caressant son visage de ses doigts. Elle l'embrassa, sans vraiment le vouloir, simplement pour entretenir un réflexe qui lui valait sa normalité, cette chose incompréhensible qui la faisait sentir humaine alors que tout lui criait qu'elle ne l'était plus depuis longtemps. Il ouvrit les yeux, pour tomber sur les siens, qui regardaient sa gorge.

-        Pourquoi ce visage si sérieux ?

La question était loin d'être de l'inquiétude. Simplement une remarque.

Il posa ses indexes sur les coins de sa bouche pour les étirer. Annie sourit timidement, en dissimula son visage contre son épaule, comme une enfant.

-        Allons-y, dit-il, on doit encore trouver un endroit où dormir.

Ils se rendirent dans un vieil hôtel de la ville. Le receveur dormait à moitié. En les entendant entrer, il ouvrit les yeux, pour retenir un cri horrifié.

Annie eut un grand sourire en voyant qu'il les reconnaissait.

-        Enfin ! S'exclama-t-elle. C'est vraiment agréable !

-        Bonsoir, continua Jérôme, on cherche une chambre de libre. Avec un lit pour deux. Et une bonne isolation des murs.

L'homme ne parlait pas. Tremblants dans ses vieux os usés, il tendit une clef à ses clients. Jérôme s'en empara rapidement, et fit passer Annie devant lui. Elle monta les escaliers en trottinant, vraisemblablement heureuse, dans une allure enfantine. Ils entrèrent dans la vieille chambre, abîmée et brunie. Jérôme lança les clefs sur l'unique meuble de la pièce, un petit bureau contre le mur, et étira ses bras pour se rendre vers la fenêtre.

Sans un bruit, Annie se glissa dans son dos et l'entoura de ses bras, pour poser sa tête sous sa nuque. Le jeune homme se retourna et s'empara du dessous de sa mâchoire. Jamais ils n'avaient autant attendu l'un de l'autre. Aucune parole n'était nécessaire à ce moment là, leurs visages parlaient pour eux. Elle posa une main sur le cœur de Jérome, et le sentit s'accélérer, chacune des pulsions s'inscrivait sur sa paume. Il effaça l'espace qui les séparait encore.

Désormais, il n'y avait plus rien entre les deux. Ni cet écart agaçant, ni les espérances contradictoires. Ils oublièrent la lointaine odeur de moisi, et Annie arrivait enfin à se concentrer seulement sur le corps en face d'elle sans se méfier de ce qu'il y avait derrière les murs. Elle posa un pied sur sa hanche et le repoussa. Il la regarda avec surprise, et elle se raccrocha à lui, passa ses lèvres sur son visage, dans son cou. Jérôme restait immobile en se laissant faire, le visage mi-exhalé, mi-inexpressif, comme s’il était lassé de ce qu’elle faisait, mais qu’il y prenait quand même un certain plaisir. Elle passa sa langue sur le bas de ses lèvres et remonta en frôlant son nez. Elle posa ses mains sur ses épaules et le poussa sur le lit. Ils retirèrent leurs vêtements avec hâte et précipitation et Jérôme fit basculer tout son poids de côté pour faire passer Annie sous lui. Elle en profita pour lui caresser le dos, et sentir chacun de ses muscles sous ses doigts, pour redécouvrir chacune de ses courbes masculines, plus humaines et moins bestiales que la première fois. Peut-être parce que depuis, elle avait apprit à le connaître, mieux que lorsqu'il était près d'elle.

Il serrait son corps de ses mains, pressé, mais retardant le moment qu'il adorait. Pressé mais patient. Après l'attente interminable, rythmée par les souffles enivrés, les baisers enflammés, et les regards accusateurs, il se posa entre ses deux cuisses, et entra en son corps. Le dos d’Annie se courba dans un même temps, instinctivement elle se saisit d'une poignée de ses cheveux, en le sentant dans le creux de son ventre. Elle souffla dans son cou. La tête de Jérôme était rabattue contre son épaule, un bras dans le dos de la jeune femme lui permettant de se maintenir au dessus d’elle. Il faisait aller et venir ses hanches, forçant sur ses reins, dans la danse houleuse et irréelle de l'amour.

Jérôme allait de plus en plus vite, emporté par la passion qui lui dévorait le ventre, retenant Annie. Les lamentations amoureuses de la jeune femme montèrent bien vite à sa bouche, sans qu'elle ne puisse comprendre leur origine. Elle oubliait tout. Son esprit fut moins lourd, et elle put abandonner toutes ces réflexions, tous ces maux qui la pourchassaient depuis que Strange s'était accaparé son existence. Seul le nom du garçon au dessus d'elle traversait son esprit, entêtant, si persistant qu'elle le prononça sans s'en rendre compte. « Jérôme ».

En l'entendant, le jeune homme redoubla d'efforts.

Ainsi l'un en l'autre, ne pouvant plus distinguer quelle parcelle de peau appartenait à l'autre, ils rattrapaient un temps oublié, un temps qui leur avait été volé.

Annie griffa le dos de Jérôme, la tête poussée en arrière sur le coussin, la nuque creusée, les doigts crispés, le plaisir à son comble.

Il s'arrêta subitement, en décontractant son corps au dessus de celui de la jeune femme. Il ne se retira pourtant pas tout de suite. S'appliquant à retrouver une respiration normale, moins saccadée, caressant le corps de son amante, mince et élancé, désirable. Encore.

Il se retira, pour s'allonger à côté, satisfait d'une chose pour laquelle il avait patienté, et pour avoir enfin répondu à des envies refoulées à de simples souvenirs. Annie ne bougea pas tout de suite. Le garçon s'allongea sur le ventre. Elle s'allongea à demi sur lui, en le caressant.

Plus tard dans la nuit, elle se leva pour passer son t-shirt et sa culotte. Rien n'avait changé. Ou presque. Elle se rallongea, dos à Jérôme. Ce dernier passa son bras autour de sa taille, et se rapprocha au plus proche de la jeune femme, sans qu'aucune parole ne soit échangée, depuis qu'ils s'étaient accrochés l'un à l'autre.

Elle s'endormit difficilement.

 

Les deux ne se réveillèrent que tard dans la journée qui suivit, Annie la première. L'heure n'existait plus, seul le temps semblait encore réel. Pour la première fois, elle regarda avec intérêt le visage endormi de Jérôme. Il n'était pas séduisant, ou charmant, ni même rassurant. Il était juste Jérôme.

Jérôme Valeska, le Joker de Gotham, le Prince du Crime. Celui que d’autres avaient encore l’habitude d’appeler « Clown ». Et elle savait qu'il leur ferait payer ce surnom, qu'il le rendrait digne à sa manière. Parce que Jérôme était amoureux de la vengeance, et s'il devait être un Clown, alors il serait le Prince des Clowns, celui que tout le monde craint.

Ses mèches rousses lui tombaient sur le visage, et se confondaient au coussin, comme si des flammes s'étalaient sur la house. Elle prit le temps d'imaginer les iris bleus cachés sous les paupières, et calqua sa respiration sur la sienne, lente, sereine. Elle posa sa main sur le torse qui se soulevait dans un rythme régulier. Elle se demandait où se trouvait le tueur à ce moment-là, sûrement toujours présent au plus profond de son âme, mais invisible aux regards indiscrets.

Les tressaillements du réveil firent légèrement sursauter le jeune homme. Sa bouche s'entrouvrit et son visage exprimait tout à coup la souffrance, les sourcils froncés, le nez plissé.

Sa respiration se fit plus rapide. Les yeux clos, l'esprit divaguant dans ce monde unique, qui n'appartenait qu'à lui. Le monde illusoire de ses cauchemars.

Ses yeux s'ouvrirent, sans brusquerie. Il sentit la jeune femme éveillée à côté de lui.

-        Réveillée, Arley ? Demanda-t-il, encore ensommeillé.

Elle lui répondit positivement, en ignorant le cauchemar. Il connaissait ses rêves, il était tout à fait inutile de les lui citer. Elle se leva, pour se diriger dans la salle de bain. Jérôme s'assit sur le lit, le bas du corps recouvert par la couverture.

-        Bien calme, la liberté, fit-il remarquer en passant une main dans ses cheveux.

Annie passa la tête par la porte pour regarder le garçon. Il se laissa tomber sur le lit sans la voir. Elle se dirigea vers lui, lui colla un baiser sur la joue, et s'empara du téléphone posé sur la table de nuit, en passant son bras au dessus du jeune homme.

-        Un petit déjeuner s'impose, lâcha-t-elle.

Il ne répondit pas, et se contenta de bailler. Elle posa ses jambes nues au dessus de son torse.

-        Ouiiiiii, dit-elle en entendant la voix du vieil homme, vous devez vous souvenir de nous, nous sommes la chambre dix !

Elle avait adopté une voix aiguë et excessivement féminine, narquoise. On bredouilla de l'autre côté de l'appareil.

-        Ce sera un petit déjeuner pour deux ! Avec des pâtisseries françaises, et du chocolat chaud... des fraises !

Annie s'abattit sur le lit en tirant sur le téléphone.

-        Et du jus d'orange ! Oh ! Et des marshmallow !

-        Il va pas tout retenir, ronchonna Jérôme en fermant les yeux.

-        Ramenez tout ça le plus vite possible !

Elle se courba en avant pour poser le téléphone sur son socle.

-        Des marshmallow qu'on fait fondre dans le chocolat... commença-t-elle à rêver.

Jérôme poussa les jambes d'Annie, et se leva subitement, dans son manque usuel de délicatesse.

Ce n'est que longtemps après qu'on toqua à la porte. Le vieux concierge tendit à Annie un plateau plein, qu'elle accueillit avec une pleine satisfaction. Elle lui attrapa la joue pour la pincer, et ferma la porte derrière elle après l'avoir gracieusement remercié. Elle posa le plateau sur le lit.

-        Oh regarde, il est adorable, il a même mit le journal !

Elle ouvrit immédiatement le paquet de bonbons mous et en jeta quelques uns dans son chocolat. Elle le regarda, contenté, en frappant dans ses mains. Jérôme s'assit enfin côté d'elle en attrapant une pâtisserie. Elle prit le journal.

-        Pingouin de retour... murmura-t-elle en avalant une gorgée du chocolat. Tiens, le docteur du gcpd enfermé. Il a dû entrer à Arkham après que je sois allée à Indian Hill, devina-t-elle. Strange arrêté, ils ont pas perdu de temps.

Une fois le ventre rempli, Annie se tourna sur Jérôme pour passer ses doigts sur ses clavicules. Il faisait semblant de ne pas la voir, faisant de temps en temps couler son regard curieux sur les traits de son visage. Le soleil de la fin d'après-midi s'écoula lentement sur les peaux presque nues des deux amants, envahissant la chambre d'une lumière encombrante, qui faisait briller la poussière. Annie s'amusait à la faire voler entre ses doigts, lorsqu’elle ne s’amusait pas à passer ses mains sur le corps frissonnant du rouquin.

 

Mais ce ne fut qu'avec le retour de la nuit qu'ils se sentirent prit d'un besoin irrésistible de se tourner vers leurs activités sanglantes. Annie regardait Jérôme de ce regard perturbant et suppliant, qui n'admettait aucune morale. Jérôme lui rendait alors ce regard, un rictus impitoyable affiché au visage.

-        Viens, on va se faire plaisir, un peu, dit-il en l'entraînant à le suivre.

Ils marchèrent sans précipitation dans les rues de Gotham. Il semblait chercher quelque chose. Un sourire s'étendit sur ses lèvres pour fendre ses yeux en demi-lunes inquiétantes.

-        Quel dommage qu'il soit ouvert si tard dans la nuit, fit-il avec sarcasme en tordant son cou vers Annie.

Un marchand de numérique en tout genre. Le cœur d'Annie s'accéléra à l'annonce de Jérôme. Ses yeux s'assombrirent, et son visage devint tout de suite plus assuré, capable de tout. Jérôme se mit à rire, sans raison, dans un élan de folie. D'un accord commun, ils entrèrent dans la boutique. Le vendeur était accoudé à son comptoir, le nez dans un journal.

La clochette tinta lorsqu'ils ouvrirent la porte, entrant à l'intérieur comme des spectres. Ils se traînèrent dans les rayons. Jérôme bougeait négligemment certains objets du bout du doigt, en l'attente du bon moment. Annie quant à elle, se contentait d'observer, les yeux malins, la bouche retenant un sourire malsain. Elle jetait de temps en temps son regard vers Jérôme, qui le lui rendait, complice.

Il se mit à siffloter, les yeux vers le ciel inapparent. Le vendeur leva les yeux sur les deux êtres. Annie le regardait déjà. Jérôme, baissa soudainement son regard en arrêtant ses sifflotements, et lui offrit un sourire exagéré.

-        Bonsoir, dit-il en penchant très légèrement la tête de côté, effrayant, les joues inélégamment creusées.

Le vendeur leva un sourcil.

-        Je peux faire quelque chose pour vous ? Grogna-t-il presque en reposant les yeux sur ses minuscules lignes.

Jérôme se racla la gorge, comme s'il réfléchissait.

-        Ça fait un bout de temps que j'ai pas fait ça, dit-il. Mais on perd jamais les vieilles habitudes, hein ?

Le vendeur leva une nouvelle fois les yeux.

-        'paraît, ouais. Vous voulez quoi ?

Jérôme serra les lèvres en bougeant très légèrement sa tête, tout en grimaçant, comme s'il ne savait pas trop comment annoncer la mort prochaine de l'affreux personnage en face d'eux. Il fit quelques pas en avant, passant le bout de son doigt inlassablement sur chaque objet qu'il voyait.

-        Je vous préviens, si vous voulez voler quelque chose vous êtes au mauvais endroit, les gosses.

Jérôme gardait son sourire figé. Lorsqu'il atteignit le comptoir, l'homme s'empara d'une arme qu'il pointa immédiatement sur le jeune homme. Celui-ci perdit son sourire.

-        Tant d'insécurité, soupira Jérôme en posant sa tête sur sa main, le coude sur le comptoir.

-        Nous sommes à Gotham, répondit le vendeur.

-        Vous ne me le faites pas dire, dit Jérôme en tournant soudainement sur lui-même avec théâtralité, en levant une main vers le plafond. Arley ? appela-t-il.

Cette dernière attrapa un quelconque appareil sur un des rayons et le lança à la figure du vendeur, qui laissa son fusil cracher une balle au plafond. Dans la même seconde, elle s'élança sur lui, passa par dessus le comptoir, profita de sa hauteur pour lui envoyer son pied dans les mâchoires, et lui retirer son fusil pour le lancer loin dans la pièce. Jérôme était allé fermer la porte du magasin à clef. Annie s’était assise sur le comptoir, les jambes pendantes vers l'homme à terre. Elle regardait ce dernier avec contentement et arrogance, en mordant sa lèvre inférieure. Elle entendit Jérôme revenir.

-        Joyeux retour à la liberté, Jay', dit-elle malignement.

Le jeune homme la regarda quelques instants, et se pencha sur le comptoir pour regarder l'homme apeuré qui attendait de voir ce qui allait lui arriver.

-        Pour moi ? Fit-il semblant de s'étonner en posant ses doigts écartés sur son torse. C'est trop, fallait pas !

-        Vous êtes fous à lier, s'exclama l'homme à terre.

Jérôme éclata soudainement de rire, suivit d'Annie. Ils riaient à ne plus pouvoir s'arrêter. Ils riaient, sans comprendre pourquoi. Ils riaient, pour faire croire à leur cause.

-        On en sort, justement, répondit Jérôme en redevenant sérieux. Je te propose de mourir sans trop souffrir, ne suis-je pas une âme généreuse ?

L'homme écarquilla les yeux.

-        Ne lui ment pas, Jérôme, intervint Annie en descendant de son comptoir pour se mettre debout à côté de lui.

-        C'est vrai, répondit-il. Mourir, ça fait toujours mal.

Sur ces mots, il lui attrapa la gorge, pour le lever vers lui. Jérôme avait une force qu'on ne lui soupçonnait pas. Annie se sentit frémir en voyant les muscles des avants bras de Jérôme se contracter. Elle posa ses coudes sur le comptoir et appuya sa tête sur le dos de ses mains, en regardant Jérôme étrangler le vendeur qui s'agitait.

-        Je ferai t... tout ce que vous voudrez, essaya-t-il d'articuler tant bien que mal.

Annie rigola légèrement, moqueuse.

-        Contente-toi de mourir, dit difficilement Jérôme en soutenant la force dans ses avants bras.

Le poids de l'homme se révélant trop lourd, il le laissa tomber au sol, et, les bras tendus, le dos droit, le sourire glacé et inexpressif, Jérôme focalisa toute son attention dans son œuvre. Il jouissait du plaisir de retrouver le passé. Une fois l'homme immobile, Annie laissa tomber ses bras sur le comptoir en attendant que Jérôme se relève. Elle le regardait avec passion. Il porta ses mains proches de son visage, et inspira.

-        L'odeur de la mort...

Il resta ainsi. Puis il abandonna son visage sérieux pour regarder Annie, et prendre le chemin de la sortie. La jeune femme jeta un dernier regard sur le cadavre à ses pieds, à moitié dissimulé par le comptoir et rejoignit Jérôme. Ce dernier se mit à marcher d'un pas rapide, sans rien dire. De loin, elle reconnu le Pont de Gotham. Elle fronça les sourcils lorsque Jérôme s'arrêta en son milieu, en regardant l'eau toxique qui coulait en dessous.

C'est là que tout avait commencé, qu'il avait jeté avec négligence la hache qui avait servit à tuer sa mère. Il n'y avait plus de vie à ce moment-là, seulement les deux jeunes adultes qui attendaient patiemment une réponse à une question inconnue, sans qu'aucune expression ne traverse leur visage. Et encore moins du regret, ou du chagrin. Jérôme était revenu sur son passé, pour se persuader de son futur, ne considérant que de très loin ce présent fade. Il sentit Annie se rapprocher de lui, avec prudence. Elle ne le touchait pas, mais sa bouche s'ouvrit dans un premier temps comme si elle allait parler. Elle se ravisa, puis reprit.

-        Jérôme ? Demanda-t-elle la voix perdue.

-        Mh ? dit-il négligemment, trop occupé à penser.

Elle laissa s'effacer leurs deux voix, prit le temps d'écouter les eaux purulentes au dessous d'eux, et de jeter un rapide coup d'œil vers elles, pour continuer.

-        Je t'aime, annonça-t-elle comme si le poids de ce mot lui était insupportable.

-        Je sais, répondit-il avec un léger mouvement du menton qui lui faisait lever la tête imperceptiblement.

C'était là la seule réponse qu'elle pouvait obtenir, car Jérôme ne pouvait pas aimer. Jérôme ne connaissait que la mort.

Elle comprit alors que l'amour ne rendait pas meilleur, comme la princesse et le prince de l'histoire, mais qu'il ne rendait pas pire non plus. L'amour confirmait simplement ce qu'elle était, consciemment ou inconsciemment. L'amour lui donnait la possibilité de s'accomplir.

Ainsi, comme elle avait toujours espéré ne jamais exister dans ces souvenirs insoutenables, Annie n'existait plus. Et elle comprit bien vite, que Jérôme aussi, avait abandonné son existence.





Voilà tout le monde ! Cette fanfic est enfin terminée :’) Je me rends compte qu’il n’y a pas tant de Jerome Valeska que ça, contrairement à ce que je pensais. Le personnage d’Annie m’a vraiment emballée, au fur et à mesure de l’écriture, et je l’ai vraiment développé, sans m’en rendre compte en fait x) Désolée pour ceux qui s’attendaient à plus de Valeska :’) Je vais remercier tout le monde d’avoir lu tout de suite, pour ceux qui veulent pas lire mes ptits délires : donc merci beaucoup d’avoir eu le courage de lire la fic jusqu’ici ! x)

Il faut dire que tout ne s’est passé comme prévu ! Les personnages sont carrément partis en cacawuète. Pour tout vous dire : Annie devait mourir dans d’atroces souffrances des mains de Jerome. Ce qui n’est pas du tout arrivé xD pleins de gens sont morts, mais pas ceux auxquels je m’attendais. Alors que je pensais fonder la fic sur le couple de mon OC et Jerome, j’ai finalement pas mal fait traverser l’univers de la série à mon perso, et ça m’a plutôt plu (J’adooore les personnages de Pingouin et de Jeri, dommage qu’on ne voit pas plus cette dernière).

Après, je pense que vous l’avez remarqué, mais la fanfic est vraiment basée sur l’aspect psychologique des personnages, et surtout sur celui d’Annie. C’était plus intéressant pour moi, parce que la personnalité des autres personnages est déjà plus ou moins établie avec la série. Je l’ai déjà rapidement évoqué lors d’un des chapitres – celui ou elle est à Blackgate, me semble-t-il – mais dans toute l’histoire Annie essaye de tout prouver aux autres et à elle-même : sa force, son indépendance, son statut de personne à part entière. Ce qui finalement, est remis en cause lorsqu’elle se trouve face à Jerome, puisqu’elle dépend de lui. Voilà pour la rapide analyse xD

Je ne sais pas si c'est nécessaire de le préciser, et si certains d'entre vous le feront, mais si vous avez n'importe quelle question à me poser, à propos d'incohérences ou je sais pas quoi, même des trucs à propos d'un perso, n'hésitez pas !

Ensuite, j’avais une dernière chose à préciser. J’espère que vous l’avez tous compris : Annie n’est pas la Harley Quinn, bien entendu #sansdec. Par contre, j’ai repris l’idée qui planait sur le personnage de Jerome, ce dernier avait été considéré comme le « lanceur » du mythe du Joker, et n’étant pas le Joker lui-même (explication qui date du début de la série, pendant les premières apparitions de Cameron Monaghan). Cette idée me plaisait pas trop, du coup j’ai fait de Jerome le Joker originel (sans tous les trucs de cicatrices et de maquillage, dans ma ptite tête c’est le genre de truc qui devait arriver plus tard, et pas directement à la sortie d’Arkham, même si décrire le nouveau physique de Jerome aurait été vraiment énorme), mais par contre, je me suis amusée à faire de Annie une première image de l’Arlequin qui accompagne le Joker.

Chu ptêtre un peu partie en cacawuète dans ma tête aussi, cela dit xD

Voilà voilà, je vais pas m’étendre plus :’) merci d’avoir lu jusqu’à la fin de la fic en tout cas ! Zoubis


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