Mad Love (Jerome Valeska)

Chapitre 1 : Lila Valeska

2972 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 11/11/2016 12:42

Salut tout le monde !


J'interviens pour un petit avertissement, mais rien de grave : voilà je reprends donc l'univers du Cirque Haly, connu dans la série et dans les Comics. Bon, j'ai changé quelques trucs, ainsi le cirque ne fera pas de grands voyages jusqu'en Europe (désolée pour les puristes :') ) pour des raisons pratiques. J'ai établi une boucle que le cirque suivra tout au long de la fic, et qui commence bien entendu à Kansas City (ville énoncée par Jérôme dans la série).

Aussi, en faisant quelques recherches, j'ai vu que Gotham pouvait ou se trouver à New York City ou à Chicago, et me demandez pas pourquoi, mais je l'ai placée à Chicago x) Voilà, je vous embête pas plus avec la géographie.


Pour ceux qui ont lu mon autre fic sur le même thème, Le Temps de La Nuit, c'est tout à fait un autre style. Je trouve moi-même le récit assez étrange en fait xD Je garde quand même un grand attachement à la psychologie des personnages :3


J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture :3



* * *



Les bruits des autres enfants riants et joueurs entrèrent dans la caravane. Les sons étaient lointains, et envahissants. Deux petits yeux bleus dépassèrent de la fenêtre, surplombés pas de courtes mèches rousses. Le visage curieux, l’allure incertaine, le garçon restait caché derrière cette vitre, invisible d’abord. Il regardait les petites jambes des autres garçons courir en évitant les flaques, remuant la poussière, titillant un pauvre chat qui se retrouvait coincé entre tous ces corps.


Le pauvre animal sifflait entre ses dents, pour faire fuir ses agresseurs, mais rien n’y faisait. Il recevait les cailloux, les coups de pieds, sous les rires affreux des enfants sauvages et insensibles. Le rouquin observait la scène, se demandant qui était le plus idiot. Le chat, qui ne bougeait pas, ou les enfants, qui le martyrisaient. Une voix de femme retentit entre tous les cris, laissant loisir au chat de se libérer sous la surprise des enfants. La femme, à la voix haute, au regard dédaigneux, ordonna aux enfants de se disperser, menaçant de laisser son serpent se jeter sur eux. Sheba n’était pas méchante, mais elle était impressionnante. Lila Valeska adorait son serpent, elle l’avait elle-même dressé. Elle avait la démarche titubante, surement soulée depuis la veille.


Sachant pourtant qu’elle n’en ferait rien, les enfants s’enfuirent dans un mélange de cris et de rires. Le chat se cacha sous une caravane, le cœur battant, les yeux humides et les griffes sorties. En voyant sa mère se rapprocher de la caravane, Jérôme s’éloigna de la fenêtre, pour se laisser tomber dans un coin de sa petite chambre. Elle avait été absente toute la nuit, et la voilà qui rentrait au milieu de la matinée. Il ramena ses genoux à sa petite poitrine, comme un petit animal le ferait en se dissimulant derrière ses allures disgracieuses. Il attendait toujours l’arrivée de sa mère avec une certaine appréhension, ne sachant pas réellement comment elle se comporterait ce jour-ci par rapport au jour précédent, en fonction du compagnon nocturne qu’elle avait pu trouver. Lorsque ledit compagnon, n’importe qui soit-il, n’était pas dans la caravane, dans la chambre de sa mère, collée à la sienne.


La porte de la caravane fut ouverte avec brusquerie, et refermée dans un claquement sourd.

-         Jérôme ! appela la voix alcoolisée de sa mère.


Le cœur du jeune garçon fit un bond puissant dans sa poitrine, et il se releva en s’aidant du mur. La nuit avait été longue. Il se déplaça timidement jusque dans la cuisine, où était assise sa mère, la tête enfouie dans ses bras. Jérôme resta planté là, en attendant qu’elle lève la tête.


-         Ça va, maman ? demanda-t-il avec l’inquiétude que tous les enfants ont devant leur parent malade.


Sa mère leva la tête pour le regarder, et se mit à rire en reconnaissant son visage.


-         Oh, oui, moi ça va ! s’exclama-t-elle. Mais toi, mon pauvre Jérôme, je sais pas comment tu vas faire pour survivre dans ce monde, avec cet affreux visage et ces yeux larmoyants.


La méchanceté de sa mère frappa Jérôme en plein dans l’âme, comme à chaque fois. Du haut de ses presque neuf ans, il n’avait rien à répondre, et attendait simplement qu’elle lui demande ce qu’elle voulait.


-         Va me chercher une bouteille chez Joey, dit-elle enfin, en lui tendant un billet.


Il baissa la tête avec soumission, et se dirigea tranquillement, sans aucun geste inutile, vers la sortie.


-         Ne traine pas ! le prévint sa mère.


Elle murmura un « crétin », que le garçon fit semblant de ne pas avoir entendu avant de fermer la porte derrière lui. Il marchait en laissant trainer ses pieds sur la poussière qui s’étalait sur ses vieilles chaussures. Il regardait obstinément le sol, comme s’il y trouvait une sorte de béatitude, une expression triste qui lui restait très souvent accrochée à ses traits du visage. Le dos courbé, le nez reniflant, il avançait.

Sous le calme soudain, le chat sortit de sa cachette pour se frotter aux jambes de Jérôme. Le jeune Valeska n’y fit d’abord pas attention, mais il se souvint du traitement que lui avaient infligé les autres enfants. Il examina le chat qui miaulait aux caresses. Il s’accroupit sur ses genoux et passa plusieurs fois sa main sur son dos. Comblé, le chat se tordait dans tous les sens, demandeur de douceur. Jérôme se redressa, n’oubliant pas pour autant l’ordre de sa mère, pour reprendre son chemin. Heureux, le chat le suivit jusqu’à la maison de Joey. Il toqua à la porte trois coups.


-         Qui est là ? demanda la voix du trentenaire.

-         Jérôme !


La porte s’ouvrit.


-         Ah, c’est toi, gamin. Tu viens pour ta mère ?


Il hocha la tête.


-         Tiens, dit-il en attrapant une bouteille de scotch, mais dis lui d’y aller mollo.


Jérôme s’empara de la bouteille à deux mains, trop lourde pour sa petite taille, et la traina avec lui sur la route du retour. Le chat le suivant toujours, miaulant de temps à autre en se collant à ses jambes ou en se frottant aux objets, il s’arrêta pour le regarder.


-         Part, vas-t-en !


Le chat s’assit. Jérôme lui projeta un peu de poussière avec son pied.


-         Tu vas te faire engueuler, si tu me suis ! Trouve quelqu’un d’autre !


Jérôme reprit la bouteille et s’enquit vers la caravane. Le chat se posta devant la porte, en attendant sûrement quelque chose. Mais le jeune garçon entra sans se tourner une nouvelle fois. Il posa l’alcool sur sa table, sans voir sa mère. Il fit le tour de la table sans un bruit, et vérifia les différentes pièces. La salle de bain était vide, les toilettes libres. Il entrouvrit la porte de la chambre de Lila Valeska, et la vit assoupie en travers du lit. Soulagé de la voir endormie, n’étant pas obligé de supporter ses caprices, il s’isola dans sa chambre, pour jouer avec ses petites figurines. Des dinosaures aux mâchoires acérées, de petits personnages, et un cheval noir, le Bucéphale de la légende, qu’il adorait tant pour sa force et sa liberté. Il le voyait ce cheval, galoper sur les pleines désertes d’Egypte, le son de ses géants sabots s’abattre avec cadence sur le sol et frapper sur son cœur. Une nouvelle agitation lui parvint depuis l’extérieur. Il leva les yeux, et passa sa tête par la fenêtre. C’étaient les mêmes enfants, qui jouaient avec le même chat. Jouaient. Six d’entre eux l’avaient coincé, et s’amusaient à lui jeter des cailloux. Seulement une septième s’efforçait de se mettre au travers des garçons pour rendre la liberté à la pauvre bête. Le plus grand poussa la jeune fille sur le sol. Elle se releva néanmoins, et poussa une nouvelle fois le garçon.


-         Laisse-le ! cria-t-elle.

-         Sinon quoi ?


Elle se jeta sur lui, et ils se roulèrent dans la terre sèche. Un autre garçon attrapa le chat par la peau du cou. Jérôme observait la scène, sans agir. La fille se battait comme un garçon, n’hésitant pas à engager ses poings pour lui faire saigner le nez. Ses cheveux bruns se mélangeaient au sable, et ses yeux devaient sûrement la piquer. Une voix forte d’homme résonna dans le tumulte. Mais les deux enfants ne cessèrent de se battre.


-         Cole ! lâche-la !


Cole, qui était au dessus de la fille fut étonné, et cette dernière en profita pour le repousser et se retrouver dos à la poussière. L’homme attrapa le bras de la fille.


-         Kaysha ! arrête ça tout de suite.


Mais l’enfant n’arrêtait en rien de se débattre pour essayer de le griffer au visage.


-         Il veut tuer le chat ! se plaignit-elle.


Cole se releva. Mais l’homme ne laissa pas le temps ni à l’un ni à l’autre de parler.


-         Kaysha, tu rentres chez ton père ! Et toi Cole, tu me suis !


Kaysha se défit de l’emprise de l’homme en secouant son bras, et elle attrapa le chat entre ses mains, le retirant des griffes de l’autre garçon. Elle le plaqua contre son cœur, et elle s’enfuit sans plus attendre entre les caravanes, jetant avant tout un coup d’œil vers la caravane de Jérôme, où elle aperçu les yeux bleus percer la vitre. Elle ralentit quelque peu, avant de reprendre sa course, sans se retourner. En croisant son regard, Jérôme retira son visage de la vitre. Jérôme entendit sa mère se lever. Il se mit sur ses pieds et cacha immédiatement les jouets. Lila n’apparut pas pourtant, et il l’entendit essayer d’ouvrir la bouteille avec difficulté.


-         Jérôme ! appela-t-elle.


Machinalement, le garçon s’empressa vers la cuisine. Sa mère lui tendait déjà la bouteille. Il la prit avec précaution, et l’ouvrit pour elle, en y mettant toute la force d’enfant dont il était capable. Le bouchon céda dans sa main, et il rendit la liqueur à sa mère.


-         Hors de ma vue maintenant, je ne veux plus te voir.


Jérôme baissa la tête, craintif. Il prit le chemin de l’extérieur, pour se retrouver à nouveau dans la poussière, qui avait été remuée plus tôt par les deux enfants. Il déambulait tranquillement entre les caravanes.

Le cirque venait tout juste d’arriver en ville, une vieille ville pas loin du Kansas, dans le Missouri. Les habitués posaient leur caravane, exposaient les animaux, et accrochaient les ampoules de sorte à ce qu’elles traversent le cirque de tous les côtés. Jérôme adorait les voir briller, comme de petits soleils nocturnes. Il approchait du chapiteau, et entendait déjà la musique, les rires et les expressions de surprises s’en échapper. Il s’installa sur les gradins pour regarder les artistes s’entrainer. Un numéro de clown, assez effrayant à son goût malgré tout ; puis des galipettes, des sauts en hauteur, des tigres, tout un univers magique que Jérôme apprenait à détester.

Dans une semaine, ce serait son anniversaire. Personne ne serait là pour lui souhaiter, pas comme celui de Cole, qui avait réunit la moitié du Cirque devant un grand buffet. Non, l’anniversaire de Jérôme passerait inaperçu, même pour sa mère, un peu à la manière Harry Potter, pensait-il. Mais lui, au moins, il avait la chance d’avoir un destin hors du commun, et mieux encore, d’être magicien.

Pourtant, Jérôme adorait son anniversaire. Il aimait ce jour par principe, sachant pertinemment que tous les enfants l’attendaient avec impatience. Et il avait ce souhait, qu’à chacun de ses anniversaires on se rende compte de sa présence, et qu’on accepte son existence. Bien malheureusement, le rouquin n’était recevable au près de personne.


Quelques artistes quittèrent le chapiteau après leur entrainement, et il vit entrer une silhouette familière. C’était Christopher, le dresseur de chevaux, et le père de Kaysha. La fille le suivait, responsable d’un cheval blanc. Elle suivit son père qui en tenait deux autres au milieu de la piste. Il donna quelques ordres indistincts à sa fille, qui hocha la tête en en déplaçant précautionneusement avec l’étalon. Elle lui glissa quelques murmures dans l’oreille, et l’encouragea à lui obéir. Son père lâcha les licous des deux chevaux, sans que ces derniers ne bougent. Muni de sa longue cravache, il se recula, et tourna légèrement sa tête vers Kaysha pour lui crier quelque chose. Cette dernière lâcha le licou, et se recula. Christopher leva ses bras et sa cravache, jouant de son corps et de la puissance qu’il émanait, pour que les chevaux se dressent sur leurs jambes arrières.

Jérôme observait la scène avec un intérêt certain, admiratif, rêveur. Il ne se rendit compte que plus tard que Kaysha le regardait avec interrogation. Elle lui fit un « coucou » lointain avec sa main. Il n’y répondit pas, et s’en alla. Il sortit de chapiteau, et se mit à courir sans raison au milieu des caravanes, s’amusant à être poursuivit par un être imaginaire. Il sautait par dessus les obstacles, les flaques d’eau, grimpait sur les branches qui trainaient sur le sol.


Le soleil printanier déclinait lentement derrière le spectre de la ville, et il finit par reprendre le chemin de sa caravane, se parlant à lui-même pour s’inventer des histoires. Il ouvrit avec une lenteur absolue la porte, en essayant de ne pas la faire grincer. Avant qu’il ne puisse mettre un pied à l’intérieur, une main violente s’abattit sur son épaule pour le faire entrer avec force à l’intérieur. Ses pieds ne touchèrent plus le sol un moment, et ses yeux s’écarquillèrent sans qu’il ne puisse crier. Il fut jeté contre un mur, tapant dans une chaise au passage. Sa première réaction fut de se protéger le visage de ses bras, et de se laisser tomber sur ses genoux.


-         Qu’est-ce que tu faisais dehors ?!


Jérôme gémit très légèrement. Il osa découvrir ses yeux, pour regarder sa mère furtivement.


-         Je suis allé voir les entrainements, essaya-t-il de s’expliquer.


Avant qu’elle ne le frappe à nouveau, Jérôme s’élança jusque dans sa chambre pour se réfugier dans son armoire, et pleurer. Il sentait le liquide salé se déverser chaudement sur ses joues, sans qu’il ne puisse les contenir, accompagné de sanglots d’enfant blessé qu’il tentait d’étouffer. Il entendit sa mère crier sur lui, des meubles bouger, une bouteille tinter contre l’évier, et la porte de la caravane s’ouvrir puis se fermer. Il y avait une représentation, ce soir-là, et Lila Valeska devait présenter ses serpents au public. Sa mère une fois disparue, il put laisser libre court à ses sanglots qui lui secouaient tout le corps.

Dans une semaine, Jérôme aurait neuf ans. Et sa mère ne lui offrirait pas de cadeau, ne lui donnerait aucun baiser. Jérôme n’avait que des bleus sur le corps et des plaies dans l’âme.


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