Mad Love (Jerome Valeska)

Chapitre 3 : La poignée de main

1359 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 20/11/2016 11:55

Jérôme fut réveillé, par des sons qui ressemblaient à ceux d’une altercation au dehors. Il cligna plusieurs fois de ses yeux fatigués par les larmes de la veille, encore légèrement rougis, et sortit sa tête. C’était une nouvelle bagarre entre les deux familles du cirque. Apparemment, l’un avait volé quelque chose à l’autre. Jérôme soupira, et il se leva pour se rendre à la cuisine.


-         Te voilà, toi, dit sa mère avec indifférence. Je vais sortir. Tu feras la vaisselle.


Jérôme ne répondit pas. Il reçu une madeleine à la figure.


-         Tu as compris ?


Il hocha positivement la tête, et attendit que sa mère lui tourne le dos, ignorant ses marmonnements insultants. Sans sourire, il leva les yeux pour regarder autour de lui et découvrir le tas de vaisselle qui l’attendait. Il se mit directement à l’ouvrage, sans broncher. Un fois terminé, il s’assit à table pour prendre son petit déjeuner. Avant qu’il ne puisse finir, on toqua précipitamment à la porte. Il ouvrit, hésitant. C’était Kaysha, le regard alarmé.


-         Jérôme ! il faut que tu m’aides !


Se sentant agressé, sans l’être pour autant, il recula d’un pas pour retrouver la chaleur de la caravane.


-         C’est Shamallow, continuait-elle comme si elle allait pleurer, les garçons l’ont prit !


Jérôme ne trouvait rien à répondre, prit de court. Kaysha fronça les sourcils, et lui empoigna le bras pour lui faire descendre les marches. Il se retira.


-         Je peux pas t’aider ! s’écria-t-il.


Kaysha le regarda un long instant. Elle n’ajouta rien, ne comprenant pas le garçon devant elle, et fit demi-tour pour s’élancer en courant là où devaient sûrement se trouver les garçons. Jérôme la regardait partir, une totale impression d’impuissance lui tombant soudainement sur les épaules. Il vit Kaysha tourner une dernière fois la tête vers lui, le regard accusateur. Perturbé, Jérôme s’en retourna vers sa caravane. Mais en posant la main sur la poignée, il s’arrêta pour se retourner une nouvelle fois. Il dévala les escaliers, et prit le même chemin que Kaysha. Il entendit des cris et des exclamations retentir au fur et mesure qu’il avançait.


-         Si tu me le rends pas, je te casse la gueule !


C’était la voix de Kaysha. Sans qu’il n’accorde aucune crédibilité à la menace, Cole attrapa Kaysha et la jeta sur le sol. Jérôme observait la scène, perturbé. Caché derrière une caravane, il n’osait plus bouger. Kaysha se releva et courut contre Cole en le prenant par la taille pour le faire tomber par terre. De la même manière que la première fois, les deux enfants se retrouvèrent à se bagarrer sans qu’on ne puisse définir l’un et l’autre. Sans s’en rendre compte, Jérôme se dégagea de sa cachette et s’avança tout doucement, sans être vu. Kaysha laissa Cole sur le sol, presque inconscient. Elle se dirigea droit sur le garçon qui tenait son chat.


-         Rends le moi !


Le garçon hésita quelques instants. La jeune fille n’attendit pas plus, et prise d’une fureur incontrôlable, elle se déchaina sur le petit blond qui portait Shamallow. Elle lui arracha l’animal qui s’enfuit, et lui enfonça son poing dans le ventre. Un adulte que Jérôme ne connaissait que de vue intervint et attrapa Kaysha par la nuque pour l’emporter avec lui. Du sang coulant d’une de ses narines, Kaysha le suivit en regardant le groupe de garçon d’un œil menaçant. Son regard dévia vers Jérôme, et elle fronça les sourcils en le voyant. Elle effaça le sang sous son nez d’un revers de main. Honteux, Jérôme se dissimula à nouveau pour ne pas être vu des garçons.


***


Jérôme retrouva Kaysha penchée sous une caravane. Il s’approcha tout doucement. En l’entendant, elle leva les yeux sur lui. Ses cheveux cachés dans une casquette, et un pansement sur le nez, son visage d’abord étonné se changea en des traits coléreux. Elle lui passa devant en le bousculant avec son épaule.


-         Kaysha… commença-t-il.

-         Qu’est-ce que tu veux ?! demanda-t-elle sans le regarder. Shamallow ! appela-t-elle. Je suis occupée, là, souligna-t-elle comme si son manque de considération n’était pas significatif.

-         Je peux t’aider ? demanda-t-il timidement.


Elle haussa les épaules en se penchant sur une autre caravane. Sans parler, les deux enfants cherchèrent l’animal de longues minutes.


-         Je l’ai trouvé ! s’écria Jérôme avec succès. Il est là !


Kaysha se précipita vers lui, et découvrit en effet le petit chat apeuré, ramassé sur lui-même.


-         Shamallow, viens s’il te plaît, supplia-t-elle, ils sont parti, il ne va rien t’arriver.


Le chat feula en leur direction.


-         Attends-moi, j’ai une idée.


Le petit rouquin se leva et courut jusqu’à sa caravane pour revenir avec une boîte bleue. Il l’ouvrit et l’odeur de la sardine envahit rapidement l’atmosphère. Jérôme le posa devant la caravane,

et ils se reculèrent. Le chat finit par sortir de sa cachette. Lorsqu’il eut terminé le poisson, Kaysha le prit entre ses mains. Après l’avoir longuement ignoré, elle se tourna vers Jérôme.


-         T’es pas si idiot, finalement.


Le garçon sourit timidement.


-         Mais je vais pas te remercier. Si j’avais pas retrouvé Shamallow, c’est à toi que j’aurais cassé la gueule.


Elle laissa tomber le chat sur le sol, et elle lui tendit la main. Le garçon la serra tranquillement.


-         Fais pas cette tête Valeska ! s’exclama-t-elle avec un sourire.

-         Wade !


Kaysha se tourna immédiatement. Les deux enfants trouvèrent le père de Kaysha qui l’attendait.


-         Wade ? interrogea Jérôme en regardant la jeune fille.


Elle eut un petit sourire gêné.


-         Mon nom de famille, expliqua-t-elle.


Ce nom exprimait étrangement la masculinité de Kaysha. Elle fila ensuite vers son père. Christopher la regardait courir vers lui avec un sourire paternel. Jérôme envia quelques instants cet échange invisible et silencieux. Empli de désillusions, il s’en alla par le chemin inverse. Jérôme marchait avec une sensation étrange. Il avait l’impression, pour la première fois dans sa courte vie, qu’il y avait un vide en moins. Il ne savait pas si c’était bien ou mal, utile ou inutile, mais elle était nouvelle et cela lui suffisait déjà.


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