Triangle maudit

Chapitre 6 : Faux pas

1602 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/08/2021 13:35

Cela faisait à présent 4h passée au poste, à subir les interrogatoires de la police. Hema n’avait pas décroché un seul mot depuis.

 

 

 

Je fixe les murs, vidée de toute force. Je ne comprends pas pourquoi je suis encore ici, pourquoi ils me gardent captive alors que, de toute évidence, je n’ai rien à voir avec ce meurtre.

La terrible sensation d’emprisonnement fait remonter en moi de douloureux souvenirs. Mes mains se crispent sur mes genoux, mes ongles rentrent dans mes chaires, la douleur me faisant un peu oublier ma situation.


La porte s’ouvre, l’officier chargé de m’interroger entre.


-         Alors, toujours décidée à ne rien nous dire ? Tu sais tu peux parler librement ici, il n’y a que toi et moi. Je te promets que tout ce que tu diras restera entre nous.


Je le regarde, il me prend vraiment pour une imbécile ou quoi ?

Son regard soutient le mien, nous restons un moment à nous dévisager.


-         Tant pis pour toi, tu risques gros à présent. Fini par lâcher l’officier.


-         Elle ne risque absolument rien ! La porte vient de s’ouvrir de nouveau, laissant entrer l’agent Crowford.


-         Le FBI reprend l’affaire, ce n’est plus du ressort de la police. Ajoute Crowford à l’attention de l’officier.


-         Nous étions les premiers sur les lieux, il est hors de question que le FBI s’en mêle. L’officier de police commence à sortir de ses gonds.


Crowford sort alors un papier qu’il soumet à l’officier, puis se dirige vers moi.


-         Détachez-la immédiatement. Ordonne Crowford.


Désormais, l’enquête est aux mains du FBI, celle-ci étant reliée aux précédentes ; l’officier n’a donc d’autre choix que de me détacher.


Arrivée dans le bureau de Crowford, je m’effondre en pleure, les nerfs lâchent.

Passage obligé, je déballe à Croxford les moindres détails de cette matinée, mes études à la bibliothèque, l’alarme, le cadavre. Tout, je n’oublie aucun détail.

Silencieux, Crowford prend note chacun de mes mots, et lorsque je fini il ne pose aucune question. Il attend en silence que les larmes aient fini de m’ébranler. Voyant que la crise ne passe pas, il finit par décrocher son téléphone.


Je ne prête aucune attention à son appel. Mais peu de temps après, c’est le Docteur Lecter que je vois débarquer dans le bureau.



Pendant ce temps,



L’appel de Crowford me mit en joie, je m’attendais, bien entendu, à cet appel mais je ne l’imaginais pas aussi tôt.


Lorsque je pousse la porte de son bureau, je la vois, elle est là toute tremblante. Le corps recroquevillé sur elle. Tel un petit animal blessé.

A présent, elle est tout ce que je voulais, tout ce pourquoi j’ai fait ces choses. Le concierge n’était qu’un instrument de mon dessein.  Un ustensile pour arriver à mes fins.


Je salut avec courtoisie Crowford et m’assoie prêt de ma proie. Son corps continu de trembler.

Délicieux.


Hema relève les yeux dans ma direction, une lueur scintille alors dans son regard, je suis son sauveur, celui qui lui fera oublier tout le mal qui la ronge. Sa lèvre inférieure tremble légèrement, comme pour retenir un énième sanglot.


J’enlace alors mes bras autour d’elle, enfouissant sa tête contre mon torse. C’est tout ce qu’elle voulait.

Hema s’abandonne à son chagrin, lasse de toute cette folie.

Avec la permission de Crowford, je la ramène à mon cabinet, car après tout, toute bonne thérapie à besoin d’un endroit approprié.


Quelques temps après.



Voilà, le verdict est tombé, je souffre, d’après le Docteur Lecter, d’un choc post traumatique. A vrai dire, cela ne me surprend guère, mais je dois avouée avoir été troublée par ce diagnostic.


-         Et maintenant ? Demande-je d’une voix faible.

A présent, je m’en remets au bon soin du Docteur.


-         Maintenant Hema, il va vous falloir beaucoup de repos, mais aussi une bonne thérapie. Il Va falloir que vous réussissiez à surmonter vos peurs.


-         Plus facile à dire qu’à faire, en d’autres termes rien de nouveau par rapport à ce que je fais déjà. Je réponds, avec une pointe de déception dans la voix.



Lecter me sourit alors.


-         J’ai peut-être une solution. A ces mots, Lecter sort de la poche de sa veste une pilule blanche qu’il pose avec soin sur la table qui se trouve entre lui et moi.


-         Des études ont montré que revivre certains évènements peuvent aider les personnes à surmonter leurs traumatismes. Poursuit-il.


-         Je n’ai aucune envi de revivre tout ça. Mon ton commence à monter.


-         Du calme Hema, je serai là, je vais vous accompagner, ensemble. Une prise, une seule séance, je ne vous lâcherai pas, sous aucun prétexte. Une bonne fois pour toute, nous allons affronter ce qui est resté enfoui lors de votre enlèvement. Lecter me regarde, je pense qu’il se veut rassurant.


Un long silence.


-         J’accepte. Mais une seule fois.


Pour seule réponse, Lecter me montre toute l’étendue de son sourire. Un frisson me traverse le corps, je n’aime pas beaucoup la façon dont mon psychiatre se réjouit de me droguer. Mais j’accorde toute ma confiance à Hannibal, je sais que jamais il ne me fera de mal.


La séance peut alors commencer.


Après la prise du cachet, je sens mon corps peu à peu s’engourdir. Je m’allonge sur le canapé et laisse mon corps sombré.

Hannibal me guide de sa voix, nous traversons ensemble les différents souvenir qui me viennent.

Mais très vite la séance prend une tournure particulière, à laquelle je ne m’attendais pas.


-         Vous êtes sur les bancs de la faculté de la Sorbonne, à Paris. Commence à me dire Lecter.

Dans un état second, je lui décris dans les moindres détails, chaque scène et chaque souvenir qu’il fait ressusciter en moi.

Et puis soudain nous y sommes, ce fameux soir, cette fameuse nuit d’horreur.

Lecter continu son monologue pour me faire entrer dans ce souvenir que j’avais enfoui au plus profond de moi.

Un élan de lucidité me pousse à me débattre, je gémis, j’essai de me retourner. Mon corps semble peser une tonne. Je secoue la tête pour tenter de faire taire sa voix. La voix d’Hannibal qui essai de m’emmener loin, très loin dans les recoins de mon esprit.


Et je fini par me redresser, transpirante et haletante. Mon cœur est sur le point d’exploser, prêt à bondir de ma poitrine.

Je me tourne vers le Docteur Lecter, le regard noir emplit de dégout.

-         Comment avez-vous pu ? Je n’attends pas de réponse, à vrai dire, je ne veux même plus l’entendre.

J’attrape mon manteau et me dirige vers la porte.


-         Hema, je suis désolé. Je ne voulais pas. Essai de se défendre Lecter.


Des larmes de rage commencent à couler. Je défonce la porte du cabinet et sort, croisant alors Will qui attend probablement son rendez-vous.


-         Hema que se passe-t-il ? Me demande Will.


-         Cet homme est un monstre ! Je hurle sans me retourner, ne voyant pas que Lecter assiste, impuissant, à toute la scène.


Je fini par me mettre à courir, voulant partir le plus vite possible de cet endroit maudit.

Plus jamais je n’y remettrai les pieds.



A cet instant.



Will se rue alors sur Lecter et le saisi par le col de sa chemise impeccablement repassée.


-         Que s’est-il passé, que lui avez-vous fait ? Demande Will sur un ton de menace.


-         Tout cela ne vous regarde pas, de plus je suis tenu par le secret médical. Hannibal reste stoïque.  


Fou de rage, Will le lâche. Impuissant, il regarde Hema partir. Son cœur se sert. Toute son âme lui hurle de la rejoindre.

Jamais il n’avait ressenti tant de sentiments mélangés. 

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