Le nouveau professeur de potions

Chapitre 2

1613 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/04/2018 11:20

Derrière la porte, dans le cachot, Rufus parla sans quitter son ouvrage des yeux.


  • Alors tu en penses quoi de cette Minerva McGonagall ?


Silence. Rufus se tourna vers son chien en souriant.


  • Je ne dirais pas ça comme ça. Elle m'a tout de même accordé une chance.


Le chien s'éloigna un peu et se coucha dans un coin de la pièce de façon à embrasser d'un seul regard une vue sur le chaudron fumant et sur la porte fermée.

  • Ne fais pas cette tête, Nostro. J'avais lu quelque part que la directrice de Poudlard était une animagus. Mais ne fais pas ton vieux chien à vouloir lui aboyer dessus juste parce qu'elle sent si fort le chat que même moi je l'ai perçu. Tu crois qu'elle le sait ?


Mais Nostro ne « répondit » rien, il s'était déjà endormi. Rufus tourna trois fois sa potion dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et sourit. Ce n'était pas souvent qu'il voyait son ami dormir. Généralement son compagnon restait toujours alerte, qui plus est dans un lieu étranger. Mais Poudlard était sûrement l'un des lieux les mieux protégé du monde des sorciers, même Rufus le sentait.


Toute la nuit il s'affaira à sa potion, ajoutant les ingrédients, tournant, coupant, broyant, écrasant, réduisant le feu. Tantôt les actions devaient être vives, tantôt elles demandaient la plus grade patience du monde. Durant un temps de repos de sa potion, aux alentours de l'aube, Rufus s'éclipsa dans la réserve pour admirer plus d'ingrédients qu'il n'avait pu en voir de toute sa vie.


C'était la première fois qu'il réalisait une potion de ce niveau. Il avait changé une ou deux proportions d'ingrédients avec pour espoir que cela réduirait le temps de repos nécessaire. Lorsqu'il fermait les yeux il voyait clairement son chaudron, il pouvait y ajouter n'importe quel composant et il n'avait qu'à attendre le résultat.


Rufus était bien conscient que sa technique de visualisation mentale ne valait pas l'expérimentation mais jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais eu les moyens ni de s'acheter le matériel, ni de s'acheter les ingrédients. Mais Rufus avait confiance en lui-même, ses améliorations allaient fonctionner, elles devaient fonctionner.


Lorsqu'il retourna dans le laboratoire il vit que Nostro était toujours endormi. Il semblait récupérer de tout le manque de sommeil dont il avait souffert ces dernières semaines qu'ils avaient quitté le Chemin de Traverse pour se rendre ici.


Rufus n'avait qu'un seul souvenir sans Nostro et c'était celui précédant leur rencontre, Rufus devait alors avoir 4 ou 5 ans. Nostro était venu jusque dans l'orphelinat pour lui tenir compagnie. Une fois qu'il avait été à ses côtés, les gardiennes avaient arrêté de le punir. Avant Nostro elles le punissaient tous les jours car autour de lui des choses étranges arrivaient. Rufus en avait simplement marre qu'on le tape et qu'on le blesse sans raison.


Ne t'inquiète pas je te protégerais. Voilà ce qu'avait dit Nostro dans sa tête. Nostro était peut-être un chien mais Rufus l'entendait lui parler dans son esprit, avec le temps il avait appris à lui répondre et, au fil des années,il avait même commencé à entendre la « voix » des autres, même quand ils avaient la bouche fermée.


Rufus avait aussi appris l'inverse pour cacher à Nostro lorsqu'il était triste. Ce dernier aussi était doué pour cacher les choses. Alors ensemble ils avaient quitté l'orphelinat et s'étaient cachés. Ils s'étaient installés au Chemin de Traverse pour que Rufus puisse se glisser le soir chez Fleury et Bott pour lire, il faisait attention aux livres et les rangeaient toujours avec le plus grand soin.


C'est comme ça que Rufus avait découvert les potions. Le sujet lui avait tout de suite plu. Avec le temps il avait réussi à gagner la confiance du protectionniste de la rue et était parfois autorisé à lui donner un coup de main contre une petite pièce. Rufus ne disait jamais non que ce soit pour les potions ou pour le ménage …


Alors quand il avait lu que Poudlard recrutait un professeur de potions il s'était mis en route sans hésiter une seule seconde. Et Nostro l'avait suivi. Maintenant il était complètement épuisé, pauvre chien. Parfois Rufus s'en voulait de lui en faire voir des vertes et des pas mûres … mais jamais longtemps car il savait que le chien ne l'aurait quitté pour rien au monde.


Ses pensées furent interrompues par un crac sonore et l'apparition d'un elfe de maison. Le geste que Rufus était en train d'effectuer n'en fut pas affecté et il tourna encore une fois la potion d'une moitié de tour. Nostro avait bondi sur ses pattes, prêt au combat.


  • Bonjour.


L'elfe parut très surpris qu'on lui adresse la parole mais n'en fit rien.


  • Je viens apporter des sandwichs, sur la demande de madame la directrice.
  • Madame la directrice est trop aimable. Comment t'appelles-tu ?
  • Potty s'appelle Potty, monsieur. Il est le fils de Dobby, l'elfe libre.
  • Je suis très content pour ton père, Potty. Tu peux laisser les sandwichs où tu veux. Il y en a trop pour moi, tu peux en prendre si tu veux.


Potty mit la tête su le côté comme plongé dans une stupeur profonde, il semblait réfléchir mais le sourire aimable de Rufus le fit abdiquer. Il saisit un pain d'une main tremblante et regarda Rufus continuer sa préparation.


  • Tu peux t'asseoir Potty, et manger. J'ai lu que les elfes de maison était de nature soumise mais tu peux agir avec moi comme avec un égal. Je ne saurais pas plus te donner d'ordre que toi à moi.


Toujours légèrement hagard, Potty s'installa et mordit dans son sandwich. Il regardait Rufus avec grand intérêt mais glapit lorsque soudain Nostro sortit de derrière le bureau et se dirigea pour attraper à manger.


  • Monsieur ! Les sandwichs sont pour vous. Ils ne sont pas destinés à votre chien !
  • Nostro n'est pas mon chien. Il a veillé sur moi depuis que je suis enfant. Il est mon égal lui-aussi, déclara Rufus le rire dans la voix.


Cette fois-ci Potty se tut, les yeux perdus dans le vague, réfléchissait. Même l'approche de Rufus pour se prendre aussi un sandwich ne le sortit pas de sa transe. Rufus sourit. Qu'ils sont singuliers ces elfes de maison.


Le jeune potionniste retourna à son ouvrage, le pain entre les dents. Il dut admettre que cela faisait du bien de manger. Entre un remuage de liquides et un ajout d'ingrédients il prenait une bouchée. Dehors le jour devait être levé mais c'était impossible à confirmer du fond du château.


Ces cachots étaient humides, et comme ils se situaient en sous-sol il n'était pas dur d'imaginer qu'ils restaient frais tout au long de l'année. La lumière du jour n'y pénétrait pas. Autant dire que cet endroit était parfait pour la conservation et l'élaboration des décoctions magiques.


  • Je comprends pourquoi Severus Rogue avait choisi d'enseigner ici. Le laboratoire est idéal pour notre art.


Nostro l'écoutait vaguement, surtout concentré sur son bout de pain.


  • Tu te rends compte, Rogue, l'un des plus grands maîtres de potions de son temps à travailler ici. Il s'est sûrement tenu là où je me tiens en ce moment-même. Tu crois que si je demandais à la directrice elle accepterait de me parler de lui ?


Rufus se tourna vers son ami et soupira.


  • Pas besoin d'être toujours si désobligeant avec elle, c'est quand même la directrice de Poudlard, ce doit être une grande sorcière … Non ce n'est pas « juste » un chat. Je t'ai rarement vu aussi remonté contre un félin. La dernière fois ça remonte au temps où ce chaton t'avait pris pour sa mère. Or encore à l'époque j'avais réussi à te convaincre de le laisser tranquille.


Le chien se leva pour aller chercher un autre sandwich mettant fin à cette discussion sur ses antécédents embarrassants de « maman chaton ». Heureusement pour lui c'est ce moment précis que Potty choisi pour se « réveiller », enterrant définitivement le sujet de la boule de poils.


  • J'ai compris ! Comment vous appelez-vous monsieur ?
  • Rufus, et lui c'est Nostro, répondit-il en désignant le chien.
  • Monsieur Rufus, monsieur Nostro je vous considérerais à présent comme mes amis.


Rufus jetta un regard noir au canidé pour un commentaire que l'elfe ne pouvait, de toute façon, pas entendre. Il se retourna ensuite vers Potty.


  • Tu sais tu n'as plus besoin d'ajouter « monsieur ».
  • Monsieur Rufus est trop bon mais je n'oserais pas, répondit l'elfe en rougissant.
  • Bon alors je vais t’appeler monsieur Potty à présent, d'accord ?


Le visage de l'elfe devint rouge tomate et il agita la tête faisant battre ses oreilles.


  • Merci. Potty a du travail, il doit y retourner mais Potty est très heureux de s'être fait des amis.


Avant même qu'il ait pu répondre, Potty avait disparu. Rufus sourit donc à l'espace vide qu'il avait laissé derrière lui.


  • Je le trouve fort sympathique cet elfe de maison, déclara Rufus en regardant Nostro.


Le chien retourna s'asseoir près du bureau et ne « répondit » rien.


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