Eris Quod Sum

Chapitre 1 : Un septième départ

1861 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/09/2020 18:39

Le moteur à vapeur du Poudlard Express commençait à gronder, ici, dans l’enceinte secrète de la gare londonienne de King’s Cross. De voluptueux nuages d’un gris tamisé s’échappaient continuellement de la cheminée de sa locomotive écarlate pour aller embrasser la marquise quelques mètres plus haut.

Nous étions le 1er septembre et il était bientôt onze heures du matin. Le quai surélevé de la voie 9 ¾ était noir de monde et tous accouraient ci et là dans un tumulte croissant, bien que suffisamment contrôlé par les quelques agents chargés de la sécurité de la station. Pour Tom, ainsi que le reste des jeunes apprentis sorciers, il était enfin temps de dire au revoir à sa famille et de partir s’installer confortablement avec ses camarades et proches amis à l’intérieur de l’un des nombreux compartiments du train, dans lequel ses bagages et autres affaires importantes y étaient déjà entreposés.

Comme chaque année, Elizabeth, sa mère, essaya tant bien que mal de retenir les quelques larmes qui perlaient une à une sur ses pâles pommettes. Elle était si ravissante en ce jour de rentrée, comme tous les jours d’ailleurs. C’était bien certainement une femme qui prenait soin de son apparence. Elle fourra discrètement l’un de ses petits mouchoirs dans une poche de son manteau en laine avant de tomber presque instinctivement dans les bras de son enfant. C’était devenu comme un rituel pour eux. Un rituel qui ne s’éternisera plus cependant, car aujourd’hui, il s’agissait de la dernière rentrée à Poudlard pour Tom. Le jeune homme enroula à son tour ses bras autour de sa mère et ferma les yeux.

Un septième départ, un dernier au revoir. Une ultime année à l’école des sorciers.

Plusieurs pensées, mélangées à de nombreux souvenirs, se bousculèrent dans la tête du jeune sorcier à cet instant. Un étrange sentiment, mélange de tristesse et de nostalgie, le frappa de manière inattendue. Alors que l’embrassade lui semblait être plus longue encore que celle des précédentes années, des images circulèrent dans son esprit, lui montrant en quelques fractions de seconde tous ces moments forts qu’il avait vécu ces six dernières années. Bientôt, des voix familières vinrent s’inviter dans ses visions : celles de ses parents dans un premier temps, puis celles de ses cousins, de ses amis, de ses professeurs. Il avait l’impression de revivre une partie de sa vie, mais de manière accélérée. Il assistait à nouveau à toutes ces rencontres, ces bêtises d’enfance et d’adolescence, ces épreuves et autres moments de peine, mais aussi de gloire qu’il avait vécu jusqu’alors.

Après de longues secondes de silence, Tom mit fin à l’étreinte en se décollant délicatement du corps de sa mère. Il ouvrit à nouveau ses yeux et peina également à cacher ses émotions.

Son regard se tourna ensuite lentement vers celui de son père, William, qui se tenait juste derrière son épouse. A moitié caché par d’épaisses volutes de fumée, son imposante stature se dévoila progressivement. Un large sourire affectif semblait se dessiner sur son visage. Un sourire que Tom rendit automatiquement tandis que son père venait à son tour l’étreindre, brièvement, mais avec force. En se retirant, William hocha la tête en fixant son fils des yeux, sans dire un mot. C’était comme s’il voulait lui assurer qu’il allait être à la hauteur cette année, et qu’il ne s’inquiétait pas pour lui.

Le petit frère de Tom, Samuel, suivait la même démarche et venait à peine d’en terminer avec Elizabeth.

Ayant trois ans de moins que son aîné, Sam s’apprêtait quant à lui à rentrer en quatrième année. Au fond de lui-même, Tom l’enviait grandement. Mais ce dernier savait que s’il lui disait ça ouvertement, Sam ne le comprendrait pas. Pourtant, il lui restait encore tellement de choses à découvrir, à apprendre, à vivre. Tom aurait tant aimé pouvoir rester encore quelques années à Poudlard, car, malgré certains défauts que l’on pouvait attribuer à cette école et à la scolarité de manière générale, il aimait être là-bas, et il y avait définitivement passé les meilleurs moments de son existence. Cependant, une part de lui savait pertinemment que rester à l’école indéfiniment n’était qu’un rêve bien trop futile. Étant donné qu’il avait atteint l’âge majeur, il lui fallait désormais penser à son avenir, à ce qu’il voulait faire plus tard, dans le si vaste monde des adultes. Heureusement pour lui, les ambitions ne lui manquaient pas. Et ces dernières avaient déjà commencé à germer dans sa tête vers la fin de sa cinquième année.

En effet, Tom s’était très rapidement découvert au cours de sa scolarité une passion folle pour le sport, et, bien évidemment, pour le Quidditch en particulier. D’ailleurs, cette discipline l’obstinait tellement qu’il était prêt à tout pour faire partie de l’équipe officielle de Serdaigle, sa propre maison. Sa détermination avait finalement payé en troisième année, durant laquelle il avait pu obtenir l’un des trois postes de poursuiveur. Dès lors, il n’avait pas arrêté de s’entraîner, de s’exercer et de s’améliorer. Il lui arrivait même de délaisser certaines matières pour se concentrer davantage sur le Quidditch. C’en était devenue une maladie, une addiction. Il commençait déjà à se dire à l’époque qu’il avait définitivement trouvé sa voie. Ainsi, par le biais de grands efforts et d’un esprit d’équipe remarquable, lui et ses partenaires remportèrent cette année-là pour la première fois la Coupe de Quidditch des Quatre Maisons, considérée comme le Graal pour tous les élèves amateurs du sport au sein de l’école.

L’année suivante, son équipe avait malheureusement subit de nombreux chamboulements, avec notamment le départ de certains joueurs – dont leur capitaine – qui avaient terminé leur scolarité, et la grave blessure de leur gardien, qui était presque imbattable dans quasiment tous les matchs. La quatrième année était de fait une année de transition, durant laquelle Tom et ses camarades avaient passé la majeure partie de leur temps à reconstruire une équipe aussi solide que la précédente. Ils n’avaient donc pas remporté la Coupe pour une deuxième fois d’affilé.

Cependant, la cinquième année fut leur plus glorieuse : ils avaient remporté les trois matchs de l’année et battu à plate couture leurs adversaires sur des scores fleuves. Le titre de champion leur était donc bien évidemment revenu cette année. Ils étaient devenus irrésistibles, la meilleure équipe sur tous les plans. C’est à ce moment-là que Tom eut pleinement envisagé d’organiser sa future vie professionnelle autour de ce sport. Il pensait au départ simplement devenir journaliste sportif et travailler dans la presse spécialisée, mais beaucoup de ses proches l’avaient poussé à voir plus grand, en particulier ses parents qui rêvaient de le voir intégrer, à l’avenir, l’équipe nationale d’Angleterre et ainsi participer à de grandes compétitions.

C’est alors avec cet état d’esprit et cette ambition qu’il avait entamé sa sixième année, en ayant un seul objectif en tête : remporter pour la troisième fois la Coupe de Quidditch et ainsi augmenter son palmarès, dans le but de séduire ses futurs recruteurs. Malheureusement, les équipes des autres maisons étaient parvenus entre-temps à rehausser leur niveau de jeu afin de pouvoir à nouveau rivaliser avec Serdaigle, et la compétition fut plus difficile que prévue. Malgré tous leurs efforts – qui coûtèrent d’ailleurs à Tom une pénible séparation avec sa petite-amie, Eloise Davenport, qu’il fréquentait depuis sa quatrième année – les aigles bleus furent finalement vaincus de peu par l’équipe de Serpentard, qui s’était classée première avec seulement vingt points de plus que Serdaigle.

L’année précédente s’était donc conclue sur une note très amère. Au sein de l’équipe, tous étaient frustrés, voire agacés. Leur extrême confiance leur avait mené à sous-estimer aveuglement leurs adversaires, et c’est ce qui a en partie causé leur défaite. C’est pourquoi, avant de se quitter en toute fin d’année, Tom et ses coéquipiers s’étaient promis de prendre leur revanche lors de la prochaine et dernière compétition.

Alors que Sam venait de quitter les bras de son père, Tom lui fit un bref signe de la tête, indiquant qu’il était désormais temps de partir. Le cadet vint timidement se placer à ses côtés tout en lançant un dernier regard vers leurs parents, qui levèrent leurs mains en guise d’ultime au revoir. Tom plaça alors sa main derrière le dos de son frère avant de l’emmener avec lui vers l’une des nombreuses portes du train.

A quelques pas se trouvaient leurs cousins, Abigail, Wesley et Rebecca, accompagnés de leurs parents Richard et Margareth – ou Maggie – Rowner. Cette dernière était la sœur aînée d’Elisabeth. En remarquant Wesley, Sam retrouva le sourire et se précipita immédiatement vers lui pour lui dire bonjour. Wes était son meilleur ami, lui aussi rentrait en quatrième année. Abigail, que l’on surnommait Gale occasionnellement, était la plus jeune et rentrait en troisième année. Enfin, Rebecca avait le même âge que Tom et s’apprêtait donc elle aussi à passer sa dernière année à Poudlard. Tous faisaient partie de la maison Serdaigle, sans exception. D’ailleurs Rebecca en était la préfète-en-chef.

Alors que Tom s’apprêtait à suivre la démarche de son frère, il entendit derrière lui – malgré le brouhaha de la foule – une puissante voix qui lui était drôlement familière :

« Tom Bronks, te voilà mon salaud ! »

Il souffla du nez et rit brièvement avant de se retourner. C’était bien évidemment Mark, son ami de toujours, celui avec qui il avait passé le plus de temps durant toute sa scolarité et avec qui il avait fait les quatre cents coups. Son acolyte, son camarade mais aussi son coéquipier protecteur et batteur dans l’équipe de Quidditch. Il se tenait là, devant lui, droit comme un piquet, les bras écartés et un sourire presque moqueur qui lui montait jusqu’aux oreilles.

« Mark Myers ! répliqua Tom sur le même ton, ça me fait plaisir de revoir ta sale tronche. »

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