Eris Quod Sum

Chapitre 4 : Débarquement précipité

1678 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/09/2020 18:45

« Alice, réveille-toi ! Cria Tom dans les oreilles de sa camarade tout en la secouant dans tous les sens, le train a pris feu ! On est à l’arrêt, dépêche-toi il faut qu’on y aille !

– Que… quoi ? se demanda-t-elle, encore à moitié endormie.

– Pour l’amour du ciel, lève-toi ! Tout le monde est déjà sorti, sauf nous !

– Que se passe-t-il ? lui questionna-t-elle alors qu’elle commençait à paniquer.

– Le train a pris feu, répéta Tom, il faut qu’on se bouge ! Allez, grouille-toi !

– Oh, merde ! cria-t-elle en se rendant pleinement compte, enfin, de l’urgence de la situation. »

Elle s’agrippa à lui tout en se levant avec une certaine difficulté, probablement due à cause du réveil un peu trop brutal qu’elle venait d’endurer. En la protégeant de ses bras, Tom la guida de son mieux à travers l’épaisse nappe de fumée qui avait envahie le wagon. Cette dernière était si dense qu’elle les empêchait de voir correctement ce qu’il y avait devant eux. Tom ne pouvait seulement discerner que quelques formes très abstraites du mobilier de leur compartiment. Faisant de son mieux pour éviter les obstacles sur leur route, il parvint finalement à trouver une porte menant vers l’extérieur.

« On y est presque, dit-il sereinement dans le but de rassurer Alice, toujours cramponné à lui. »

Il saisit la poignée de la porte à l’aide de sa main gauche puis fit un bref mouvement avec celle-ci afin de l’ouvrir. Il ne lui restait plus qu’à l’enfoncer en donnant un grand coup d’épaule et ils étaient enfin sorti. Il s’exécuta donc, tout en veillant à ne pas faire de mal à Alice.

Une fois ceci fait, ils posèrent pieds sur une surface anormalement surélevée et assez dure. D’ailleurs, Alice faillit en perdre l’équilibre, pensant peut-être à atterrir un peu plus bas et sur une surface un peu plus molle, probablement de la terre, ou quelque-chose qui s’en rapprochait. Non, la surface du sol sur lequel ils se tenaient était au contraire parfaitement plane, et grise comme de la roche. Ils s’avancèrent de quelques pas afin de s’éloigner du train. Alice releva la tête et remarqua l’imposante façade de pierre qui se trouvait devant eux. En se détachant délicatement de l’emprise de Tom, elle scruta une pancarte en bois suspendue à environ un mètre au-dessus d’eux. Tom l’observa à son tour et la lit dans sa tête : lieu de repos exclusivement réservé aux chauffeurs et mécaniciens.

Alice grimaça un moment puis fusilla Tom du regard en fronçant les sourcils :

« Mais… dit-elle, confuse, on est à la gare de Pré-au-Lard ? »

Tom n’eut pas même le temps d’acquiescer qu’elle se retourna vivement et posa ses yeux sur le train pour la première fois depuis qu’ils en étaient sortis. Ce dernier était en fait complètement intact, rien de plus ordinaire. Pas un seul signe d’incendie, aucune odeur de brûlé. La fumée qui était présente dans leur wagon s’était quant à elle déjà dissipée.

Alice lança un nouveau regard vers Tom, plus troublée que jamais. Aucun mot ne semblait vouloir – ou pouvoir – sortir de sa bouche. Tom commença à lui sourire, puis, progressivement, à se moquer d’elle ouvertement.

« Je t’ai bien eu, hein ? lança-t-il finalement en lui plaquant sa main sur l’une de ses épaules. »

Les yeux d’Alice gonflèrent et sa bouche fut désormais entre-ouverte. Elle semblait d’abord choquée, puis, après quelques secondes, rassurée. Elle ne quitta pas Tom des yeux pendant un long moment, mais elle restait néanmoins toujours là, en face de lui, immobile et muette. Il lui fallait probablement encore un peu de temps pour se rendre compte pleinement de la supercherie. Elle se retourna momentanément vers le Poudlard Express pour vérifier définitivement que tout allait bien, puis croisa à nouveau le regard de Tom. Ses lèvres commencèrent à dessiner un léger rictus, mais elle s’empêcha de rire.

Soudainement, elle se débarrassa de la main de son camarade – qui était encore posée sur son épaule – puis le frappa au niveau du torse avec une force surprenante.

« Espèce de… dit-elle avant de finalement se couper alors que Tom continuait, de son côté, à se moquer malgré la douleur inattendue que lui avait provoquée son coup de poing. »

Elle finit par sourire, puis rigoler brièvement en voyant Tom grimacer.

Ils avaient toujours été très complice, tous les deux. La relation qu’ils entretenaient depuis qu’ils se connaissaient était pour le moins particulière : ils avaient sans cesse tendance à se taquiner, à se lancer des pics, à se faire des mauvaises blagues. C’était leur manière à eux de montrer qu’ils s’appréciaient l’un et l’autre. C’était comme s’ils jouaient à un jeu sans fin. D’ailleurs à chaque fois que Tom était avec elle, il avait l’impression de retrouver un caractère d’enfant, de retrouver cette oisiveté et naïveté d’antan. Bien sûr, il partageait des moments similaires avec Mark – ce dernier étant lui aussi un déconneur de première – mais au fur et à mesure des années, sa relation avec lui avait plutôt mûri, tandis qu’avec Alice, pratiquement rien n’avait changé.

« Attends une minute, dit-elle en reprenant un ton sérieux, comment tu expliques la fumée dans le compartiment ? Je ne rêve pas, il y avait bien de la fumée, non ?

– Non, tu ne rêves pas, lui assura Tom.

– Alors c’était quoi, étant donné qu’il n’y avait pas d’incendie ?

– Juste un petit sortilège d’écran de fumée, dit-il fièrement en tapotant sa baguette magique, rangée dans la poche intérieure de sa veste.

– Malin. Je dois reconnaître que j’y ai vraiment cru. Tu as fait fort cette fois-ci, Bronks.

– C’est notre dernière année, il fallait bien que je marque le coup, tu ne penses pas ?

– Soit. Mais saches que j’aurais ma revanche, tu ne perds rien pour attendre ! »

Ils rirent de plus belle avant de se décider enfin à partir rejoindre leurs coéquipiers – ainsi que le reste des élèves de deuxième à septième année – déjà en route vers les calèches.

Après les avoir rattrapés et expliqués la raison de leur retard, ils séparèrent comme chaque année leur équipe en deux et s’installèrent dans deux voitures différentes. Celles-ci étaient cette fois-ci recouvertes d’un toit, étant donné qu’il avait commencé à pleuviner en début de soirée. Mark, Alice et Caleb décidèrent d’accompagner Tom tandis que Rachel, Tobey et Adam vinrent s’engouffrer à l’intérieur de la voiture qui les précédait.

Comme tous les ans, ils contournèrent le lac de Poudlard, une vaste et profonde étendue d'eau de près de 800 mètres de diamètre située au sud du château et renfermant de nombreuses créatures magiques. Sur sa surface, les reflets éclatants de la pleine lune – mélangés aux impacts de la pluie sur l’eau – étaient presque hypnotisant. Bientôt, ils rejoignirent les remparts délimitant l’enceinte du domaine de Poudlard. Le dernier tiers du chemin qu’ils empruntèrent longeait ces hauts murs de pierre infranchissables. Plus tard encore, ils atteignirent finalement le portail permettant aux calèches de pénétrer dans le domaine. Celui-ci était situé au milieu d’un clairière à l’entrée de la Forêt interdite. Ses grilles – ouvertes pour l’occasion – étaient en fer forgé et flanquées de deux colonnes surmontées par des statues de sangliers ailés. Après les avoir franchies, ils remontèrent la colline sur laquelle se situait le château, leur destination finale.

Entre-temps, ils passèrent non-loin du stade de Quidditch de l’école, qui ne ressemblait – pour le moment – qu’à un vulgaire assemblage de poutres en bois, étant donné que ses tribunes et loges n’étaient pas encore décorées des couleurs des quatre maisons. A la vue de ses poteaux en or – de quinze mètres de hauteur en moyenne – surmontées par de larges anneaux, Tom ne put s’empêcher de sourire. Combien de fois avait-il pu envoyer le Souafle à l’intérieur de ces anneaux ? Un nombre considérable de fois bien sûr, mais il ne saurait aujourd’hui capable de donner une donnée bien précise. Son regard croisa celui de Mark – installé en face de lui – qui lut aussitôt instinctivement dans ses pensées et hocha la tête : lui aussi était impatient à l’idée de retrouver ce terrain qui leur avait tous manqué. Il était bien évidemment aussi déterminé que Tom à prendre leur revanche cette année.

Leur voiture s'arrêta finalement au pied du château, devant les imposantes portes d'entrée en bois de chêne qui se dressaient au sommet d'un escalier de pierre. Si leur voyage venait tout juste de se terminer, leur journée, elle, ne l’était pas. En effet, il leur fallait encore traverser le château et assister au banquet de la rentrée à l’intérieur de la Grande Salle, en compagnie du directeur et des professeurs de l’école. Mark ouvra vivement la porte de leur voiture et fut le premier à poser le pied dehors.

« Poudlard, nous voilà ! s’écria-t-il sous la pluie en agitant les bras. »

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