Eris Quod Sum

Chapitre 5 : Un autre tournoi

2040 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/09/2020 18:46

Après avoir laissé les calèches à l’extérieur du château, le gardien des Clés et des Lieux, le concierge, ainsi que d’autres officiels du personnel de Poudlard s’occupèrent d’emporter les valises des jeunes sorciers en direction de leurs dortoirs respectifs tandis que les préfets les guidèrent dans le Hall d’entrée, à l’intérieur duquel se trouvait, au pied d’un grand escalier fait de marbre, les grandes portes en bois menant à la Grande Salle. Tous s’empressèrent à l’intérieur de celle-ci. Les élèves s’installèrent sur les bancs de l’une des quatre longues tables en fonction de leur maison. La table de Serdaigle se situait au centre, côté droit, entre celle de Gryffondor et de Serpentard.

Avec Mark et le reste de son équipe, Tom s’installa auprès de son frère Sam, qu’il n’avait pas revu depuis leur départ à King’s Cross, et sa cousine Rebecca, accompagnée de son petit frère Wesley et de sa petite sœur Abigail. Enfin réunis, ils échangèrent quelques mots ensemble en attendant l’arrivée du directeur et des professeurs. Ces derniers arrivèrent après quelques minutes et s’installèrent confortablement sur leurs sièges habituels derrière la Grande Table, qui était située en hauteur, au fond de la salle, et qui faisait quasiment toute la largeur de celle-ci.

Alors qu’un silence de cathédrale demeurait à présent dans la Grande Salle, le directeur adjoint pénétra à son tour dans la pièce, suivi par l’ensemble des élèves de première année. Comme chaque année, la Répartition allait avoir lieu. Lorsqu’ils furent appelés, les jeunes sorciers s’avancèrent et s’assirent sur un petit tabouret avant d’être coiffé du Choixpeau magique, qui désigna la future maison pour chacun d’entre eux.

Tom se remémora du moment où c’était lui qui était assis là, sur ce même tabouret, à la fois anxieux et impatient de connaître sa maison. Cela lui paraissait si loin, désormais. Il était une tout autre personne à l’époque. Bien plus timide qu’aujourd’hui, il avait passé l’entièreté du voyage entre Londres et Poudlard en compagnie de Rebecca, alors sa seule famille. Au cours de la Répartition, elle était passé avant lui, et le Choixpeau n’avait pas hésité une seule seconde en l’envoyant chez Serdaigle. Après tout, ses parents faisaient tous deux aussi parti de cette même maison, et Rebecca avait définitivement les traits d’une élève de Serdaigle.

Cependant, lorsque ce fut au tour de Tom, la décision exigea plus de réflexion. Le Choixpeau pensait dans un premier temps l’envoyer chez Gryffondor, la maison qui avait recueilli son père. Et, nul doute, Tom avait bien hérité du courage et de la détermination de William, mais il partageait aussi la curiosité et l’intelligence de sa mère qui, elle, était une ancienne élève de Serdaigle. Lorsque le Choixpeau sentit le conflit, il ne put s’empêcher d’interroger Tom. Ce dernier lui avait alors candidement révélé qu’il préfèrerait aller chez Serdaigle, là où Rebecca venait d’être envoyé, car il craignait se retrouver seul lors de ses premiers jours à Poudlard. Le Choixpeau avait hésité encore quelques secondes avant de finalement scander le nom de la maison à l’aigle de bronze.

Que les choses auraient pu être différentes chez Gryffondor, pensa Tom tout en se focalisant de nouveau sur le présent.

Une fois la longue cérémonie terminée, le directeur, Octavius Featherstone, se leva de son siège et écarta majestueusement ses bras en souriant.

« Chers élèves, je vous souhaite la bienvenue ! annonça-t-il à haute voix. Maintenant que nous sommes tous confortablement installé et que les élèves de première année ont tous été répartis dans leurs maisons, j’aimerais faire une annonce particulière. »

Il s’arrêta un moment et balaya la Grande Salle d’un regard énigmatique. Pas de doutes, même si son imposante stature ainsi que sa puissante voix y contribuait grandement, cet homme savait se faire respecter et captiver l’attention de ses élèves : toutes les oreilles étaient tournées vers lui, chacun retenait son souffle et s’impatientait quant à la suite du discours.

« Cette année, reprit-il, marquera pour la première fois depuis de nombreuses années le retour d’un événement légendaire : le Tournoi des Trois Sorciers. »

Sur ces mots, la Grande Salle explosa. Les élèves se tournèrent les uns vers les autres et échangèrent des murmures aussi bruyants qu’ils pourraient réveiller un troll sévèrement assommé. Même s’il était dos à lui, Tom voyait déjà les yeux de son frère s’écarquiller. Cependant, son regard se tourna presque automatiquement vers celui de Mark. Le bras droit couché sur la table qui nous séparait, celui-ci le transperçait des yeux, stoïque. Tom avait du mal à deviner l’expression de son visage. Cachait-il simplement sa joie ? Faisait-il cela pour plaisanter, comme il avait toujours eu l’habitude de le faire ? Et Tom ? Qu’en était-il de son expression, à lui ?

« Pour celles et ceux qui l’ignorent, cette compétition réunit trois écoles pour une série d’épreuves magiques. Un seul élève de chaque école est choisi… »

La voix de Featherstone semblait peu à peu disparaître tandis que Tom essaya de décrypter les pensées de son camarade. C’était peut-être la plus belle amorce pour un discours de début d’année, pourtant, au fond de lui, Tom se fichait de l’écouter. Tous les apprentis sorciers un minimum informés savaient ce qu’est le Tournoi des Trois Sorciers. Plus que légendaire d’ailleurs, mythique ! C’était incontestablement le rêve de chaque génération, ici, à Poudlard, de pouvoir vivre un tel événement. Mais pourquoi maintenant ?

« …le tournoi se déroulera à Durmstrang, continua le directeur, et seuls les élèves de septième année auront la chance de pouvoir y aller et – s’ils le souhaitent, et surtout, s’ils en ont l’audace – d’y déposer leur nom dans la Coupe de Feu. »

Les yeux de Mark s’affaissèrent tandis que ses lèvres tentaient de former maladroitement un léger sourire narquois. Il semblait à la fois heureux et triste. Mais pourquoi triste ? Tom n’était pas non plus la personne la plus excitée de la Grande Salle, et pourtant il aurait dû l’être. Et Mark aussi, peut-être même davantage, le connaissant. Le tournoi se déroulera à Durmstrang, répéta Tom, plongé au plus profond de ses pensées. Cela voulait-il dire qu’ils passeraient toute leur année scolaire là-bas ? Bien sûr que oui. Ça s’était toujours passé comme cela… Et c’est à ce moment-là qu’il comprit.

« …ils resteront donc un mois à Poudlard, le temps de se préparer puis de se mettre en route vers Durmstrang, pour finalement y arriver le 30 octobre. »

Ces dernières paroles ne faisaient que confirmer ses craintes, et probablement, par extension, la gueule de chien battu que tirait Mark depuis un moment déjà. Un départ pour un aller simple direction Durmstrang en début d’année ? Merci, mais non merci, car cela voulait dire pas de Coupe de Quidditch des Quatre Maisons pour Tom et ses coéquipiers. Leur espoir d’ultime victoire venait tout simplement d’être annihilé. Pas de revanche cette année, pas de triomphe sur le podium, pas de célébration à multiples coups d’oreillers dans la figure le soir dans les dortoirs de l’une des plus hautes tours de Poudlard. Au lieu de cela, une année à passer dans les couloirs froids et lugubres d’un château paumé en plein milieu de l’Europe de l’Est, loin de son frère, loin de chez lui, loin de chez eux.

Notre équipe de Quidditch va devoir rapidement se reformer avec tout ça ! pensa-t-il dans un mélange de sarcasme et d’énervement. D’ailleurs, il ne savait pas comment ils allaient faire, étant donné que leur équipe était aujourd’hui intégralement composé de septième années. Le directeur adjoint ainsi que leur ancien professeur de vol leur avaient pourtant prévenu : même si cela n’était pas interdit, il était selon eux vivement déconseillé de composer l’équipe d’une maison avec des élèves issues d’une même année d’études. Cela leur avait valu, à l’époque de leur refonte, quelques reproches de la part des jeunes aspirants de chez Serdaigle, qui, désormais, se retrouvaient complètement pris au dépourvu puisqu’ils n’y étaient absolument pas préparés.

Tom quitta enfin le regard de Mark pour se tourner vers celui de ses autres camarades et coéquipiers. Alice, Tobey, Rachel, Adam… tous semblaient partager plus ou moins le même ressenti.

Lorsque Featherstone en eu fini avec son long discours, le banquet fut lancé et, comme chaque année, de nombreux plats recouvrirent par magie l’entièreté des quatre grandes tables de la Grande Salle. Mark observa cela avec un certain dégoût, l’annonce lui avait coupé l’appétit, et il n’était pas le seul. Rebecca – elle qui savait, comme tout le reste de sa famille, ô combien Tom était impatient à l’idée de pouvoir à nouveau espérer remporter ce fichu trophée et ô combien important c’était pour lui – posa délicatement sa main l’épaule de son cousin, comme pour lui dire qu’elle était désolée pour lui. Tom n’y voyait cependant aucun réconfort. La seule chose qu’il pouvait ressentir était un pénible sentiment de frustration et de trahison. Trahi par l’école, trahi par le Ministère de la Magie, trahi par tous ceux qui étaient derrière l’organisation soudaine et sans prévention de ce Tournoi des Trois Sorciers. On venait d’arracher quelque-chose en lui. Pourtant, le Tournoi des Trois Sorciers, ce n’était pas rien. C’était même un énorme privilège de pouvoir le vivre. Mais pourquoi maintenant ?

Soudain, quelque-chose vint silencieusement piquer la nuque de Tom, si bien qu’il en fit un léger bond de deux centimètres. En se retournant, il vit un avion – apparemment confectionné à l’aide du papier placé dans les corbeilles à pains du banquet – s’écraser au sol. En le ramassant, il y remarqua sur l’une des deux ailes un gribouillage qui lui paraissait étrangement familier. En l’observant de plus près, il put reconnaître le blason de la maison Poufsouffle. Il se redressa brutalement et scruta la table de l’envoyeur. Ses yeux s’arrêtèrent sur Galloway, qui, aussitôt, lui fit un signe de la tête. Ouvre-le, avait-il l’air d’épeler avec ses lèvres. Il venait de ranger délicatement sa baguette à l’intérieur de sa veste. Quel genre de poursuiveur a besoin de magie pour envoyer un objet sur une cible ? se moqua Tom intérieurement.

En dépliant le papier, il put y lire quelques mots de ce cher et tendre Robbie :

« On dirait bien que le match de l’année précédente restera le dernier que nous ayons disputé, toi et moi. Vraiment dommage… à moins que… tu sois d’accord pour un match non-officiel, que l’on pourrait organiser entre nos deux équipes. Accepte, et nous verrons qui de nous deux sera définitivement le meilleur sur le terrain, mais faisons cela au plus vite, Bronks, je te rappelle que l’on a juste un mois… »

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