Non Déclaré

Chapitre 11 : Chapitre Onze

5266 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/01/2020 10:49

« Hermione. » Harry se pencha vers elle pour parler à voix basse. « Est-ce que tu penses que je pourrais parler avec toi, seul à seul, pendant une minute ? Après le dîner ? »

Hermione lui lança un regard interrogateur, jetant un coup d’œil autour d’eux pour voir si quelqu’un d’autre à la table avait entendu. « Bien sûr, Harry, répondit-elle doucement. Est-ce que tout va bien ?

— Ouais. » Harry lui fit signe qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. « J’ai simplement une question à te poser. »

Hermione hocha gentiment la tête. 

« …mais devoir rester ici… racontait Ron. Je souhaiterai vraiment que tu puisses venir passer toutes les vacances avec nous. »

Harry sourit à Ron. « Ne t’inquiète pas pour moi. Tout va bien se passer. Je vais avoir assez à manger, donc ta mère sera satisfaite, et je vais devoir continuer mes retenues avec Snape, donc je vais pouvoir prendre de l’avance sur le programme du nouveau semestre, Hermione. 

— S’il continue à te donner des retenues pendant que tu es en vacances, alors Snape est encore plus un connard que ce que je pensais, grimaça Ron.

— Eh bien, j’espère que si je continue pendant les vacances, il ne sera pas trop réticent à l’idée de me laisser aller au Quidditch, quand les entraînements vont devoir reprendre, assura Harry à Ron. Je préfère passer un peu de mon temps libre maintenant en retenues que d’avoir à manquer des entraînements ou des matchs.

— C’est pas faux. » Ron acquiesça, prenant une grosse bouchée de dinde.

« Je pense que c’est une attitude très responsable et très mature, Harry, approuva Hermione. Je pense que ça en dit beaucoup, que tu sois prêt à accepter les conséquences de tes actions.

— Tu ne peux toujours pas nous raconter alors ? tenta encore une fois Ron.

— Non, leur refusa encore Harry. Je ne peux toujours pas. »

Alors que le dîner touchait à sa fin, Harry attira l’attention d’Hermione et chuchota : « Salle sur Demande ? »

Elle hocha la tête. 

Quand les élèves se mirent à remplir la Grande Salle, Harry vit Hermione se pencher vers Ron et lui murmurer quelque chose à l’oreille. Ron se tourna vers lui, et fit un hochement de tête bref. Il partit, et laissa Hermione pour parler seule à seul avec Harry.

Ils allèrent ensemble jusqu’à la Salle sur Demande, et se glissèrent à l’intérieur, avant de s’installer tous les deux dans les fauteuils cosy qui étaient apparus. 

« Quel est ton problème, Harry ? demanda Hermione avec inquiétude. 

— Oh, il n’y pas vraiment de problème, j’ai juste besoin de ton aide. » Harry essayait de ne pas paraître embarrassé. « Tu sais que tu es toujours bonne pour ce genre de choses – je veux dire, je ne peux pas demander à Ron, et – je ne suis pas sûr de savoir avec qui d’autre je pourrais vraiment en parler. »

Une expression de concentration intense apparut sur le visage d’Hermione, assez semblable à celle qu’elle empruntait d’habitude quand elle affrontait une tâche particulièrement difficile en cours. 

« Alors heum, commença maladroitement Harry, comment est-ce que quelqu’un pourrait savoir si, tu sais, s’il était – s’il était gay ? »

Il y eut un moment de silence avant qu’Hermione n’affiche un sourire espiègle. « Tu penses que tu es gay ? »

Harry avait ramené ses jambes sous lui, et il fixait ses genoux, jouant avec ses ongles. « Je ne sais pas. Je ne pensais pas, mais… comment est-ce que je pourrais savoir ? Je veux dire, je m’en sortais bien avec Ginny, et je pensais que Cho était mignonne.

— Est-ce que tu as été attiré par d’autres filles ? lui demanda Hermione avec un air clinique. 

— Pas pour l’instant, non. Mais, je veux dire, est-ce que les gens peuvent juste passer de l’un à l’autre comme ça ? Comme si un jour on pouvait être attiré par une fille et le lendemain par un mec ? Est-ce que c’est censé marcher comme ça ? » Harry leva une main et se la passa dans ses cheveux ébouriffés. 

« Est-ce qu’il y a un garçon que tu trouves intéressant ? continua-t-elle

— Euhm, je pense que oui. » Harry rougit. « Il m’aime, clarifia-t-il.

— Comment est-ce que tu sais ça ? » Elle plia ses mains sur ses genoux. 

« Je – J’ai en quelque sorte – je l’ai entendu en parler à quelqu’un d’autre, mentit Harry. » Enfin, ce n’était qu’un demi-mensonge. 

« Et, qui est-ce ? » Hermione ne pouvait pas cacher sa curiosité.

« Je ne peux pas te le dire. » Harry se rendit compte qu’il aurait aimé pouvoir. « Mais la dernière fois, je l’ai en quelque sorte embrassé, termina Harry en fixant ses genoux.

— Tu l’as embrassé ? fit Hermione d’une voix perçante. » Elle porta ses mains devant sa bouche sous le choc.

« Ouais. » Harry leva les yeux, souriant malicieusement à l’air de surprise comique sur son visage. « C’était pas quelque chose que j’avais prévu – qu’on avait prévu, ou quoi que ce soit. Je n’y pensais même pas quand c’est arrivé. C’était juste – je n’ai même pas décidé de le faire. J’ai juste – il était là et je pouvais le sentir – et je ressentais, bégaya-t-il. » Il regarda Hermione pour obtenir de l’aide. Ses yeux pétillaient d’excitation. « C’était juste tellement bien, fit-il d’un ton suppliant. » Il voudrait tellement qu’elle puisse comprendre. « C’était tout ce que j’avais ressenti pour Cho ; ou pour Ginny. Mais maintenant, c’était avec lui. Qu’est-ce que qui ne va pas avec moi, Hermione ? Est-ce que – tu penses que quand je suis mort, quelque chose – quelque chose aurait changé chez moi ? »

Un rire s’échappa d’Hermione. « Oh, Harry. » Elle se leva et s’avança jusqu’à son fauteuil, elle fit un vague mouvement de baguette et l’élargit suffisamment pour qu’elle puisse s’asseoir juste à côté de lui. « Il n’y a rien de mal chez toi. Mourir ne t’a pas changé. Beaucoup de personnes trouvent à la fois les hommes et les femmes attirants. Pour une raison quelconque, tu ne penses plus aux filles de cette manière. Peut-être que ça a davantage à voir avec toutes les épreuves que tu as traversé – tu n’es conscient de ces sentiments que maintenant – mais ils ont toujours été là. » Elle passa un bras par-dessus ses épaules. « Je suis surpris que tu aies même tenté quelque chose pour Cho ou Ginny pour être honnête. Je dois l’avouer : je pensais que tu étais complètement gay. »

Harry s’écarta abruptement. « De quoi ? Mais pourquoi diable tu as pensé ça ?! »

Hermione prit un air coupable. « Oh, les filles ont seulement un sixième sens pour ce genre de choses. Après le désastre qu’a été Cho, j’étais vraiment surprise que tu te mettes avec Ginny. Mais quand tout a été terminé, elle et moi avons eu une petite discussion, et, même elle pensait que tu n’étais pas complètement hétéro.

— Donc, tu l’as vraiment convaincue de rompre avec moi ? bouda Harry. 

— Mais non, protesta Hermione. Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Écoute, c’est seulement que – nous en avons juste parlé ensemble. Ça l’aidait d’avoir quelqu’un avec qui en parler. Mais elle aurait fini par en arriver aux mêmes conclusions toute seule. 

— Mais comment est-ce que je vais faire pour être vraiment avec quelqu’un, un jour ? Si à n’importe quel moment mon corps peut décider de commencer à apprécier un genre totalement différent. » Harry essayait de lutter contre la panique et les larmes. « Qui voudrait être avec quelqu’un qui pourrait les quitter du jour au lendemain, sans raison ?

— Oh, Harry. » Hermione le prit dans ses bras. « Je ne pense pas que ça va se passer comme ça. Je pense que tu vas pouvoir vivre ta vie comme n’importe quelle autre personne. Si tu es avec quelqu’un mais que ça ne marche pas, tu rompras. Et si tu tombes amoureux et que c’est la bonne personne, tu resteras amoureux. Je ne pense pas, qu’au hasard, tu vas te mettre à arrêter d’aimer quelqu’un ou à ne plus être attiré par cette personne. Je ne pense pas que ça marche de cette manière.

— Mais ça pourrait ! » Harry essaya de dégager la main qu’elle tenait. « Comment est-ce que je pourrais entamer une relation avec quelqu’un, sans même savoir si je pourrais y rester ? Comment est-ce que je peux le contrôler ?

— Harry, fit-elle en essayant de l’aider à se calmer. Tu t’inquiètes pour rien. C’est l’amour. Ce n’est pas une chose que tu peux contrôler. Regarde déjà comment ça se passe avec ce garçon. Et si ça se passe bien – reste avec lui.

— Mais je ne veux pas le blesser, Hermione, chuchota-t-il.

— Alors sois honnête avec lui. Personne ne peut t’en vouloir si tu es franc, suggéra-t-elle. Mais je pense que tu t’inquiètes pour des choses qui ne devraient pas t’inquiéter. 

— Tu ne parleras de ça à personne, n’est-ce pas ? » Harry leva les yeux vers elle, soudainement nerveux. 

« Bien sûr que non ! » Elle le prit dans ses bras. « Et si tu veux me dire de qui il s’agit un jour, je garderai ce secret là aussi. »

L’expression d’Hermione se fit calculatrice. « Harry, est-ce que ce baiser a quelque chose à voir avec la raison pour laquelle tu dois aller à toutes ces retenues avec le Professeur Snape ? »

Harry ne parvint pas à contrôler la chaleur qui vint empourprer ses joues. « Je – ça – euhm, bégaya-t-il.

— Harry James Potter ! » Hermione se releva et le domina de toute sa hauteur. « Qu’est-ce que tu as fait ? »

Harry était tout à fait mal à l’aise. 

« C’est pas grave. » Elle agita ses mains en face d’elle. « Je ne veux pas savoir ! Seulement – je m’en fous de savoir si c’est une fille ou un garçon – seulement tu as intérêt à garder tout ça dans ton pantalon ! » Et elle se retourna et se dirigea vers la porte.

Harry était abasourdi, continuant à bredouiller derrière Hermione. 

 

— O —

 

C’était le premier lundi des vacances de Noël et le dîner venait de prendre fin. Harry se tenait devant la porte du bureau de Snape, ne portant qu’un jean et un tee-shirt à manches longues. Il tapa à la porte doucement. 

« Potter, fit Snape en passant la tête dans l’encadrement de la porte. Que faites-vous là ?

— Je viens pour ma retenue, monsieur, répondit Harry solennellement.

— C’est les vacances, répondit Snape comme si Harry avait pu ignorer ce fait. 

— Oui, monsieur, mais je suis parti du principe que cela ne signifiait pas que je n’avais plus de retenues. À moins que vous soyez occupé et que je n’aie pas à les faire. Mais puisque je le mérite, monsieur, je suis ici. » Harry regarda Snape avec assurance.

« Comme c’est… mature de votre part. » Snape essaya d’être méprisant, mais hésita un moment. Il ouvrit la porte plus largement. « Vous avez raison, vous méritez de passer vos vacances à subir ces retenues, confirma-t-il, invitant par la même occasion Harry à entrer dans son bureau.

« Si je m’excuse encore une fois, est-ce que vous me pardonnerez ? espéra Harry. 

— Je pourrais. » Snape lui tournait le dos, marchant jusqu’à son bureau. « Si vous vous excusiez suffisamment de fois.

— Je ne vous en voudrais pas si vous n’y parveniez jamais, dit Harry doucement, enfouissant ses mains dans ses poches. 

— Harry, soupira Snape en s’asseyant. Tu es la plus la plus naïve, et aveugle, et peu observatrice des personnes que je connaisse. »

Harry pensait que Snape s’était un peu emballé, mais il n’était pas sûr de savoir s’il devait se sentir insulté ou non. 

« J’en suis venu à la conclusion, après avoir passé plusieurs années à apprendre à te connaître, que lorsque tu fais quelque chose qui blesse quelqu’un, tu ne le fais pas par malice, mais par négligence. Je ne peux pas t’imaginer souhaitant du mal à quelqu’un qui ne l’aurait pas mérité, et si c’était le cas, je crois sincèrement que tu admettrais tes propres actions. Tu as dit que tu ne passais pas du temps avec moi en tant que chat pour me faire du mal, et je te crois. 

— Vraiment ? lâcha Harry, surpris. 

— Oui. » Snape hocha la tête. « Mais ta fougue va finir par te mener vers des problèmes dont tu ne pourras pas te sortir en faisant de simples excuses. En fait, c’est déjà arrivé par le passé. »

Snape ne dit rien, mais Harry savait qu’il faisait référence à l’incident qui s’était produit au Ministère, et à la mort de Sirius. 

« Tu dois apprendre à penser les choses complètement avant de les dire ou de les faire. Peu importe l’avenir que tu choisis, si tu échoues à apprendre cette capacité, à apprendre de tes erreurs, le seul résultat que tu obtiendras sera ton renvoi. Ou pire. » Snape le détaillait d’un œil critique. 

« Je sais, accepta Harry.

— Donc. » Le ton de Snape indiquait un changement abrupt de sujet. “Votre retenue, Monsieur Potter. Ce soir, vous ferez une liste de tout ce que vous aimez faire, avec une explication détaillée de la raison pour laquelle vous aimez ces activités. »

Harry était perplexe. « Vraiment ? C’est tout ? »

Snape eut un sourire en coin. « Oui, c’est tout. » Il agita sa baguette et un bureau apparut pour Harry, avec un parchemin et une plume. « Asseyez-vous, lui ordonna le professeur. Vous découvrirez que ça peut prendre un moment. 

—Très bien, monsieur. » Harry obéit en commença par la chose qu’il aimait le plus : voler.

Il avait été occupé à écrire pendant un moment, à propos de pourquoi il aimait voler, quand il sentit le regard du professeur se fixer sur lui. Il réalisa qu’il était en train de mordiller sa lèvre inférieure, et il leva timidement les yeux vers Snape, qui se détourna abruptement vers les copies d’examen qu’il était occupé à noter. Harry repensa à ce baiser qu’ils avaient échangé jeudi soir, et à sa conversation avec Hermione. Il étudia Snape pendant quelques instants de plus, essayant de jauger son attirance pour l’homme. Le regarder seulement ne suffisait pas à être excitant. Harry n’était pas sûr de ce qui rendait un homme attirant, mais il ne pensait pas que quoi que ce soit dans le visage de Snape puisse être considéré comme tel. Cependant, Harry devait admettre que ses yeux étaient intéressants. Il y avait beaucoup de choses que Snape parvenait à communiquer rien qu’avec son regard. Il l’observa corriger ses copies. Il avait de belles mains. Elles étaient élégantes d’une certaine manière. Avec des doigts longs et fins. Harry se souvenait de sa force quand Snape l’avait aidé à se relever. Il pensa à ce que ça pouvait être, d’avoir Snape au-dessus de lui. Il pensa à ce qu’il ressentait quand il était le Chat en sa compagnie, à quel point il se sentait bien avec lui. De penser à Snape de cette manière – de penser à qui il était, en tant que personne, ces pensées-là réchauffaient le cœur d’Harry, et sa mémoire se focalisa légèrement sur cette fois où il avait vu Snape appeler son nom dans son lit. Son entrejambe se sentit à l’étroit, et il remua, s’éclaircissant la gorge distraitement.

Snape leva les yeux. « Quelque chose ne va pas, Potter ?

— Rien, Monsieur. » Harry secoua la tête. « Est-ce que vous aimiez ma mère, Professeur ? lâcha-t-il brutalement. »

Le potionniste lui lança un regard indiscernable. « Je l’aimais, oui, mais pas de la manière à laquelle vous pensez, à mon avis. »

Harry essaya de donner un sens à ces mots. 

« Est-ce que vous aimez Miss Weasley ? répliqua Snape.

— Je, commença Harry, avant de froncer les sourcils, essayant de penser à la manière dont il pourrait expliquer ses sentiments. Oui, je l’aime, admit-il, mais pas comme une petite amie. Je veux dire, avant oui, mais plus maintenant. Je ne suis pas sûr de ce qui s’est passé. Elle est juste – Elle n’était pas ce dont j’avais besoin. »

Snape hocha la tête. « Je tenais énormément à votre mère, expliqua-t-il. Je l’aimais. Mais, elle n’était pas non plus ce dont j’avais besoin.

— De quoi aviez-vous besoin, monsieur ? » Les yeux d’Harry papillonnèrent jusqu’à ses mains. 

Snape les ramena alors vers ses lèvres, pressant ses doigts en clocher, s’arrêtant, comme s’il pensait à la manière dont il allait formuler sa réponse. « J’étais – blessé. Je venais d’un endroit que votre mère n’aurait jamais pu comprendre. J’ai fait des choses – les choix que j’ai fait étaient ceux que votre mère était incapable de comprendre. Aucune explication n’aurait pu lui permettre de voir mon point de vue. Elle était seulement incapable de me donner ce dont j’avais besoin. »

Harry comprenait. « Mais, moi je le peux, fit-il doucement, regardant Snape dans les yeux. Je sais pourquoi vous avez pu faire toutes ces choses. Je sais – je comprends. Je – Je viens d’un endroit semblable, moi aussi. »

Le regard d’Harry fut pris dans celui de Snape pendant plusieurs battements de cœur. L’air dans la pièce semblait se faire plus dense. Harry pouvait sentir sa respiration plus laborieuse, erratique. 

« Arrêtez ça, Potter, dit finalement Snape d’une voix suppliante. » Harry remarqua que ses poings étaient serrés, qu’il les avait ramenés à hauteur de son bureau et que ses articulations étaient blanches. 

Harry écarquilla les yeux de surprise. « De quoi, Monsieur ? »

« Arrêtez – ça. » Snape fit un geste vague entre eux deux. « Je pensais avoir été clair quand j’ai dit que ça ne pouvait plus se produire. »

L’expression d’Harry devait exprimer la confusion qu’il ressentait. 

« Oh, pour l’amour de Merlin. » Snape leva les yeux au ciel. « Vous ne – vous n’avez pas la moindre idée de ce que vous – retournez simplement à votre liste, termina-t-il, exaspéré. »

Harry secoua la tête imperceptiblement, alors qu’il se penchait à nouveau sur son travail, incertain de ce qu’il avait fait pour irriter Snape. Il réalisa qu’il n’avait plus rien à expliquer sur le vol. Il pensa aux autres choses qu’il aimait faire. Il avait bien aimé faire partie de l’AD, en cinquième année. Il supposait que cela pouvait compter comme du tutorat – ou de l’enseignement. Il commença à expliquer pourquoi il avait aimé aider les autres à apprendre à se défendre. 

« C’est assez pour ce soir, Potter, fit Snape après quelques temps, interrompant la concentration d’Harry. »

Le Gryffondor se redressa et s’étira, laissant s’échapper un grognement. Il vit le regard de Snape détailler avec appréciation ses formes, et il eut un sourire en coin.

« Laissez votre travail avec moi. » Snape tendit la main pour récupérer son parchemin, et Harry obéit. « Vous êtes libre de partir. »

Harry traîna devant son bureau. « Euhm, très bien, monsieur. » Il fit un pas en arrière. 

L’expression du Serpentard trahissait encore un conflit intérieur. À propos de quoi, Harry n’était pas sûr. Finalement, il se retourna et marcha jusqu’à la porte du bureau. Sa main était sur la poignée quand il entendit la voix de Snape juste derrière lui.

« Harry. » Cette voix grave et veloutée le fit frissonner. 

Harry se retourna et se trouva face à face avec lui. Il doutait qu’un jour il deviendrait aussi grand que Snape l’était, mais il grandissait encore, et le Serpentard ne pouvait plus le dominer. Sa respiration se bloqua dans sa gorge quand il reconnut le désir brillant dans les yeux de l’autre homme. Ses yeux se baissèrent sur sa bouche, avant de revenir sur ces pupilles sombres. Harry n’hésita qu’un moment avant de se pencher en avant et d’effleurer ces lèvres d’un baiser. 

Snape émit un grognement profond, et passa un bras derrière le dos d’Harry, les pressant l’un contre l’autre. Ses lèvres capturèrent celles d’Harry, avant qu’elles ne se meuvent l’une contre l’autre, en un fouillis de lèvres, de dents et de langues. Harry s’agrippa aux robes de Snape et se sentit poussé contre la porte. Soudainement, le professeur se recula. 

« Partez, expira-t-il. Je ne peux pas – nous – ceci – partez. » Il s’essuya la bouche.

Le visage d’Harry s’assombrit et il se sentit impuissant. Son pantalon était inconfortablement étroit, et il était déçu que Snape refuse de résoudre son problème. Une partie de lui était certaine que s’il insistait, il pourrait facilement le faire céder. L’autre part de lui – la plus petite décidément – se souvenait qu’il avait promis à Snape d’attendre jusqu’aux ASPICS. Il se demandait si un seul d’entre eux allait être capable de supporter cette torture si les retenues continuaient. 

Il soupira finalement, résigné, et quitta le bureau du potionniste sans un mot. 

 

— O —

 

« Je pense avoir terminé, monsieur. » Harry leva les yeux vers Snape. On était vendredi soir et Harry avait passé les deux dernières heures à rédiger la liste des choses qu’il aimait faire. C’était sa première retenue depuis lundi ; Snape avait annulé toutes les autres – probablement à cause du baiser. Il avait dû se sentir plus calme, pour une raison ou une autre ce vendredi, et avait demandé à Harry de descendre à son bureau à sept heures. 

« Très bien. » Snape tendit la main pour qu’Harry lui remette son parchemin.

Ce que Harry fit, et il l’observa alors que Snape regardait rapidement son travail. 

« Maintenant, vous allez faire la liste de tout ce pourquoi vous vous considérez doué, lui ordonna Snape, toujours occupé à lire la réponse d’Harry.

— Très bien. » Harry commençait à réfléchir à sa liste. Voler, évidemment, fut le premier qu’il inscrivit. « Est-ce qu’il faut que je donne aussi une explication, monsieur ? 

— Hm ? » Snape tourna les yeux vers lui. « Non, faites-en seulement la liste. » Et il retourna à sa lecture. 

Voler, oui. Harry fixa le mot et essaya de penser aux autres choses pour lesquelles il était bon. Défense contre les Forces du Mal ; il avait toujours été plutôt bon pour ça. Il était capable de produire un Patronus depuis sa troisième année. Quoi d’autre ? La Défense avait été la seule matière dans laquelle il était parvenu à obtenir un ‘O’. Il l’ajouta donc à la liste. 

Il était nul aux échecs, et à peu près pour tout ce qui demandait un esprit logique. Il était incapable de jouer de n’importe quel instrument de musique et ne pouvait pas chanter juste. Il n’était pas particulièrement artiste, même s’il ne se débrouillait pas trop mal sur ses dessins de biologie. Il se demanda si le Quidditch pouvait compter comme un élément distinct du vol, et il décida de le noter. 

Vol. Défense contre les Forces du Mal. Quidditch.

Harry était déprimé. Il ne s’était jamais senti aussi douloureusement médiocre. Il ne pouvait même plus parler fourchelangue, maintenant. Pour quoi d’autre était-il doué ? 

Survivre… aux attaques… de Seigneurs des Ténèbres , inscrivit-il pour rire. Il comprit qu’il avait là un moyen d’emmerder Snape. Il sourit malicieusement. Vaincre… des Seigneurs des Ténèbres… écrivit-il sur la ligne suivante. C’était marrant. 

Se promener dans les couloirs après le couvre-feu sans se faire prendre.

Devenir un Animagus. 

Rater des Potions.

Rentrer par effraction dans Gringotts.

Chevaucher des dragons. 

Récupérer l’épée de Gryffondor.

Tuer des Basilics.

Accomplir des Prophéties.

Irriter Draco Malfoy.

Conquérir la mort.

« On s’amuse, Potter ? » La voix de Snape sans son dos le fit sursauter, et Harry fit une énorme rature en travers de son parchemin. 

« Désolé, monsieur. » Il commença à chiffonner son parchemin, mais Snape arrêta son mouvement en plaçant une main sur la sienne. Harry rougit et son cœur s’accéléra de se sentir Snape aussi proche de lui, et la chaleur de sa main sur la sienne. 

« Vous avez oublié un certain nombre de vos forces, fit Snape avec douceur. » Il relâcha la main d’Harry et se recula. « La loyauté. » Il s’avança pour faire face à Harry et se pencha en arrière contre son bureau. « La bravoure. » Il compta la liste sur ses doigts. « La courtoisie, l’humour, la persévérance…

— Mais ce ne sont pas des choses pour lesquelles je suis bon, argumenta Harry. Ce sont juste des traits de personnalité.

— Ce sont des choses pour lesquelles vous êtes bons à être, contra Snape. Elles comptent aussi quand vous devez choisir une carrière. 

— Une carrière ? » Harry était déconcerté.

Snape roula des yeux. « Honnêtement, comment avez-vous pu défaire le Seigneur des Ténèbres, alors que vous ne pouvez même pas – oubliez. Pourquoi donc pensiez-vous que je vous avais demandé de faire ces deux tâches ? 

— Je n’étais pas vraiment sûr, admit Harry. J’ai juste fait ce que vous m’avez demandé. »

Snape croisa ses bras sur son torse. « Si vous ne voulez plus devenir un Auror, vous devez combiner vos intérêts et vos talents pour trouver un nouvel objectif à atteindre. »

Harry acquiesça. Ça faisait sens. Et puis il sentit une vague de désespoir le submerger. « Mais qu’est-ce qu’il y a ? s’écria-t-il. Vous avez vu mes listes. Qu’est-ce que je suis supposé faire avec ça ? Je suis – Je suis tellement moyen.

— Pour dire la vérité, répondit calmement Snape, vous avez oublié beaucoup de vos forces. J’ai vu vos notes aux BUSES. Vous avez obtenu des ‘E’ dans la plupart des matières que vous avez choisies. Vos compétences en métamorphose à elles seules sont suffisamment impressionnantes pour vous faire obtenir un apprentissage.

— Mais les ‘E’ ne sont pas si bons, contra Harry. Si c’était le cas, vous les accepteriez dans votre classe d’ASPICS. »

La remarque sembla forcer Snape à garder le silence. « Mes attentes sont anormalement élevées, finit-il par dire. Mais ça ne veut pas dire que vous ne montrez pas l’ampleur de vos compétences dans les matières où vous avez obtenu un ‘E’. Ce que vous avez accompli dans ces domaines devrait être pris en considération quand vous choisirez une carrière. 

— Mais je ne suis même pas sûr de ce qu’il y a d’autre à faire. Je me souviens de ces brochures qu’on avait regardé en cinquième année, et rien d’autre n’avait l’air intéressant, bouda Harry. 

— Peut-être que c’était parce que vous aviez déjà à l’esprit de devenir un Auror, suggéra Snape. Si vous deviez les regarder à nouveau, vous pourriez découvrir que votre intérêt envers certaines carrières a pu changer. »

Encore une fois, ces paroles étaient sensées. « Vous avez probablement raison, concéda-t-il. » Snape haussa un sourcil à cette déclaration. « Où est-ce que je peux en trouver ?

— J’en ai des copies. » Snape se releva et contourna son bureau, ouvrant l’un des tiroirs et en tirant une poignée de brochures. Il revint et les tendit à Harry. « Prenez votre temps, encouragea-t-il. Je serais ravi de répondre à n’importe laquelle de vos questions.

— Vraiment ? » Harry était surpris. 

Snape lui lança un regard qui empestait l’incrédulité. 

« Je veux dire, bredouilla Harry, merci. 

— Maintenant, partez. » Snape lui fit signe de quitter le bureau. 

Harry se releva, les brochures en main, et avança jusqu’à la porte. Snape ne l’avait pas suivi cette fois-ci. Il se retourna pour lui parler. « Euh, monsieur. Est-ce que vous pensez que ça pourrait aller si je redescendais plus tard en tant que – je veux dire, ça me manque d’être avec vous comme quand j’étais – est-ce que vous laisseriez entrer le Chat ? »

Snape écarquilla les yeux pendant un moment, mais l’air de surprise disparut rapidement de son visage. « Avez-vous la moindre cellule fonctionnelle dans votre cerveau, Potter ? » La voix de Snape était emplie d’une stupéfaction complète et totale. 

« Oh, je – désolé – oubliez ça. » Il secoua la tête et se retourna pour ouvrir la porte. 

Il entendit Snape soupirer. « Je suis à court de saumon, annonça-t-il d’un ton défait. Donc si vous avez faim, vous allez devoir vous débrouiller avec du thon. »

Harry se retourna pour faire face à Snape avec un sourire stupide.

« Ne vous faites pas attraper, Potter. » Snape se redressa et lissa ses robes. « Je ne suis pas enclin à partager mes – animaux, termina-t-il avec un ton étrange qu’Harry ne parvenait pas à identifier. Maintenant, partez. » Snape fit un signe de tête vers la porte.

Harry se sentait excité et rougit inexplicablement alors qu’il quittait le bureau de Snape et remontait jusqu’à la Tour, attendant avec enthousiasme de pouvoir retrouver la compagnie de Snape et du Chat.

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