Non Déclaré

Chapitre 14 : Chapitre Quatorze

4434 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/01/2020 19:41

Harry n'avait pas vu Severus depuis qu'il était revenu à Poudlard. Il présumait que le professeur était occupé à travailler sur une potion dans son laboratoire. Mais maintenant que c'était l'heure du dîner, il était sûr qu'il allait pouvoir le voir dans la Grande Salle. Son cœur commença à battre dans sa poitrine alors qu'il pensait à comment ce repas allait se passer. Il prit la décision de ne pas lever les yeux une seule fois vers Severus. Et, il espérait que le professeur ne l'observerait pas non plus. En fait, il était presque sûr que Severus aurait déjà décidé de ne pas faire attention à lui, donc Harry était résolu à en faire de même, et à garder toute son attention sur ses amis à sa table.

« …viens ? demanda finalement Ron, faisant un signe de main devant son visage pour le sortir de sa transe.

— De qu– ? Oh, ouais. » Harry sauta de son lit et suivit Ron et les autres garçons jusqu'à la Salle Commune, rejoignant les autres Gryffondors qui sortaient par le portrait pour aller dans la Grande Salle.

Quand ils arrivèrent dans la Salle, Harry regarda involontairement en direction de la table des professeurs. Vraiment, se dit-il après coup, c'est pas comme s'il y avait autre chose à voir. Il aurait levé les yeux dans cette direction même si lui et Severus n'étaient pas… pas ce qu'ils étaient. Bien sûr il surprit immédiatement le regard de Severus, et celui-ci sembla se détendre imperceptiblement – juste suffisamment pour qu'Harry puisse avoir une idée de ses pensées : le souvenir de leur dernière journée passée à Poudlard avant les vacances de Noël. Harry rougit et détourna le regard, se dépêchant de prendre place à la table des Gryffondor.

Il avait l'impression d'avoir passé un long moment à manger et à discuter quand Hermione fronça les sourcils et attira son attention.

« Je me demande ce qui se passe avec le Professeur Snape ? dit-elle d'un ton suffisamment bas pour qu'Harry soit sûr que seul lui et Ron l'avaient entendue.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il, faisant particulièrement attention à ne pas tourner la tête à l'instant même. »

Ron fronça les sourcils à la manière d'Hermione. « Il complote probablement pour envoyer Harry en retenue pendant le reste de l'année, murmura-t-il sombrement.

— Est-ce qu'il me regarde ? » Harry lutta contre le désir presque incontrôlable de se retourner pour voir Severus.

« Pas juste regarder, mec. » Ron se pencha par-dessus la table pour s'approcher d'Harry. « Il te fixe.

— On dirait qu'il pense à quelque chose de très sérieux. » Le regard d'Hermione passait de Severus à Harry en permanence.

— Est-ce qu'il a l'air en colère ? demanda Harry. » Hermione nia d'un mouvement de tête. « Vindicatif ? Énervé ? Furieux ? » Hermione continuait à dire non de la tête, et Harry ne tenait plus. Il se promit de ne se tourner qu'un instant pour voir l'expression sur le visage de Snape, et de se redresser immédiatement après. Il prit une profonde inspiration et regarda par-dessus son épaule vers la table des professeurs, mais entre temps, l'homme avait déjà tourné son attention ailleurs. Harry soupira.

« Tu crois qu'il va te donner encore plus de retenues ? demanda Ron en plantant ses dents dans une cuisse de dinde.

— Sais pas, répondit honnêtement Harry. Je ne l'en blâmerai pas, mais peut-être que mes retenues pendant les vacances lui ont suffi. » Secrètement, Harry espérait que leurs moments d'intimité avaient racheté ce qui lui restait de retenues, et il se dit même que peut-être, Severus ne voudrait pas continuer à lui donner des retenues, puisque ce serait une véritable mise à l'épreuve pour eux deux que de rester séparés. Il n'y avait pas besoin de se rajouter la tentation en plus. « Je lui demanderais demain après le cours de Potions.

— Je n'arrive toujours pas à croire qu'on soit toujours tous dans son cours. » Ron secoua la tête avec incrédulité.

« Moi, je peux, fit Hermione avec un petit air de supériorité. C'est ce qui arrive quand vous faites vraiment des efforts dans vos révisions.

— Qu'est-ce qui arrive ? demanda Harry perplexe.

— De bonnes notes, répondit-elle avec assurance. Et si on veut que ça continue, on va avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil. » Elle leur jeta un regard qui en disait long. « Donc, pas de promenade dans les couloirs, Harry. Et on ne reste pas tard à discuter dans le dortoir, ajouta-t-elle en se tournant vers Ron.

— Quoi ?, lui répondit-il avec un sourire coupable.

— Allez, venez. » Hermione se leva de la table, et leur fit signe de la suivre. On a encore quelques heures avant le couvre-feu pour réviser, avant qu'on ne doive aller se coucher. Par quelle matière voudriez-vous commencer ? »

Harry et Ron grognèrent de concert, et échangèrent un regard affligé.

« Eh bien, lâcha Hermione, puisque ce sera la première matière qu'on aura demain matin, ce sera Métamorphose. »

Et sur ce, ils partirent tous les trois en direction de la Salle Commune, Harry oubliant complètement de jeter même un dernier regard à Severus, à la grande table.

— O —

« Comme je l'avais prévu. » La voix de Snape, basse et déterminée, s'insinuait à travers les cachots comme une couleuvre entre les hautes herbes. « Vous n'avez pas tous été suffisamment talentueux pour être considéré aptes à obtenir vos examens d'ASPICs de potions. »

Harry regarda le reste de la classe et remarqua que quatre des élèves étaient partis. Un Serpentard, un Serdaigle, et deux Poufsouffles. Ce qui ne laissait plus que lui, Ron et Hermione en Gryffondor, Draco et son partenaire pour Serpentard, trois Serdaigle et deux Poufsouffles. Harry se sentait tout fier de savoir que sa maison était la seule à n'avoir perdu aucun membre suite à l'examen de fin de semestre.

« Vous avez tous eu des devoirs à rédiger pendant les vacances. J'espère que vous avez passé suffisamment de temps à vous en occuper ? Oui ? Très bien, Accio devoirs ! » Snape tendit la main et les dix rouleaux de parchemin volèrent jusqu'à sa paume tendue. Harry espérait que les soixante centimètres qu'il avait écrit sur l'ajustement des antidotes pour prendre en compte diverses allergies serait au goût de Snape. Harry avait pensé que pour tout le reste de l'année, s'il continuait à penser à Severus en tant que Snape, ce serait plus simple d'oublier ce qui s'était passé entre eux pendant le précédent semestre.

« Je vous avais aussi demandé de passer un temps significatif à vous familiariser avec la potion pour réduire les hémorragies internes. Ce sera votre tâche pour aujourd'hui. Vous allez en brasser suffisamment pour pouvoir décanter deux fioles. Si votre essai est d'une qualité suffisamment adéquate, votre seconde fiole sera envoyée à Madame Pomfresh pour les réserves de l'infirmerie. Vous avez deux heures. » Snape invoqua un sablier, et le tapa une fois avec sa baguette pour que le sable commence à s'écouler. « Commencez ! »

Harry était content que lui, Ron et Hermione aient passé du temps tous les jours à s'occuper de leurs devoirs pour toutes les matières. Il se sentait raisonnablement préparé pour essayer cette potion. Tout le monde devait s'en occuper de son côté ils n'étaient pas en duo aujourd'hui. Il ouvrit son manuel de cours sur la page appropriée, et partit réunir tous les ingrédients nécessaires. Il était capable de se concentrer intensément sur sa propre potion, ne jetant que quelques coups d'œil à Ron et Hermione de temps à autre. De ce qu'il pouvait voir, sa potion était légèrement meilleure que Ron, mais pas aussi parfaite que celle d'Hermione. Lorsque les deux heures furent écoulées, Harry avait transvasé sa potion dans deux fioles et commença à nettoyer sa table.

« Déposez vos fioles ici, en sortant de la salle, ordonna Snape, sans lever les yeux de son bureau, alors que les étudiants s'avançaient vers lui et alignaient les fioles sur le bord du bureau. » Harry traîna jusqu'à être le dernier, et il jeta un regard plein d'espoir par-dessus son épaule à Ron et Hermione, qui avaient été d'accord pour l'attendre à la sortie de la salle.

« Euh, monsieur ? » Harry posa ses fioles sur le coin du bureau, et essaya de ne pas trop gigoter alors qu'il regardait Snape.

« Oui, Potter ? » Le professeur leva les yeux sur lui, et observa le reste de la classe, notant que tous les autres élèves avaient quitté la pièce. Il fit un geste de baguette et la porte de la salle se ferma. Un autre mouvement, et Harry sut qu'un sort de silence avait été lancé. « Est-ce que tout va bien ? »

Harry ne pouvait pas contenir le sourire qui s'étendit sur ses lèvres, et la chaleur qu'il sentit dans son torse. Severus s'inquiétait pour lui. « Très bien, merci, assura-t-il à Severus. Je me demandais seulement… laissa-t-il en suspens. »

Severus soupira. « Nous avons parlé de ça, Harry. Tu ne dois plus venir me voir en dehors des heures de cours. Rien ne peut arriver jusqu'à ce que tu aies passé tes ASPICs. Je pensais avoir été clair là-dessus. » Severus se laissa aller en arrière et croisa les bras sur son torse, mais il était évident qu'il n'aimait cet arrangement plus que Harry.

« Oh, très bien, oui. Je veux dire, ça l'est oui. Je suis… » Harry bredouillait ses mots. « Clair, c'est clair. Mais ce n'est pas ce que je voulais te demander. »

L'expression de Severus montra un bref instant son soulagement et sa curiosité. Harry était sûr que le soulagement venait de ne pas avoir à essayer de le repousser. Il était presque sûr que Severus finirait par céder s'il le poussait même juste un tout petit peu. Mais il avait promis, et il voulait montrer à Severus qu'on pouvait lui faire confiance, et qu'il pouvait être adulte.

« Je me demandais seulement ce qui allait se passer pour mes retenues, monsieur, clarifia Harry. Vous n'avez jamais vraiment dit quand elles prendraient fin — vous avez seulement dit que je devrais être puni "jusqu'à nouvel ordre". Donc, je voulais m'assurer que si vous m'attendiez ce soir, je pourrais être là. »

Severus regarda Harry avec perspicacité. Il était clair qu'il essayait de comprendre ce que le jeune homme pouvait avoir derrière la tête. Il pensait que Harry essayait d'utiliser cette excuse pour se rapprocher physiquement de lui, une fois de plus.

« Vraiment, monsieur, promit Harry. Ce n'est pas pour ça. Je voulais vraiment être sûr que j'avais fait ce que vous pensez être juste pour rattraper… Pour mes erreurs. »

Severus se calma finalement, et se détendit, apparemment convaincu de la sincérité d'Harry.

« Eh bien. » Il se pencha en avant pour reposer ses coudes sur le bureau, et entrecroisa ses mains devant lui. « Je pourrais vous demander si vous avez appris la leçon, mais je crois que vous l'avez fait. »

À ceci, Harry, hocha du chef avec véhémence.

« Et bien que ça pourrait servir mes désirs égoïstes de vous avoir ici, avec moi –seul– pour quelques heures chaque soir, je dois admettre que cela pourrait grandement saper le self-contrôle que nous tâchons tous les deux de conserver. »

Harry laissa un petit sourire apparaître sur son visage. « Ce serait certainement le cas pour moi, monsieur.

— Je suppose que je pourrais aussi faire en sorte qu'un autre professeur puisse se charger de ces retenues. Ou bien Rusard, devisa-t-il. »

Harry sentit son estomac se nouer, et il arrêta presque de respirer.

« Mais peut-être que puisque je veux que vous gardiez une bonne impression de moi, je ferais mieux d'éviter, termina-t-il avec un sourire en coin. »

Harry voulait mettre fin à la conversation là, mais il savait qu'il devait convaincre l'homme de sa maturité et de ses regrets. « Monsieur, j'ai appris ma leçon, mais je comprendrais si vous pensez que je dois être davantage puni. J'assisterai à ces retenues avec la personne que vous choisiriez, si c'est ce que vous voulez. »

Severus haussa les sourcils à ceci. « Eh bien, eh bien, Potter, déclara-t-il sur le ton d'une légère surprise, qui aurait pensé que vous seriez finalement capable de devenir adulte ? »

Ils s'échangèrent un regard pendant juste un moment avant que le Serpentard ne rompe le silence, coupant court à la tension sexuelle qui aurait pu commencer à se construire.

« Non, pas de retenues, vous en avez fini. Vous pourrez dire à Mr. Weasley et au reste de votre équipe que vous êtes disponible pour les entraînements de Quidditch le soir, une fois que la saison aura repris. »

Harry écarquilla les yeux. « Monsieur, comment avez-vous… »

Severus ricana avant de se lever et d'emmener avec lui quelques-unes des fioles des étudiants pour les ranger. « Ah, Potter, bien que la jeunesse profite de nombreux avantages, il y a certaines choses qu'on ne peut apprendre qu'en vieillissant.

— Eh bien, merci, monsieur. » Harry acquiesça.

« Je vous en prie. » Snape laissa Harry remonter presque toute l'allée avant de dire doucement : « Bien joué, aujourd'hui. »

Harry quitta la salle de classe avec un petit soleil dans la poitrine, et l'envie de sautiller.

— O —

« Harry, est-ce qu'on peut parler un instant ? » Hermione le saisit par la manche alors qu'ils quittaient la Grande Salle après le déjeuner, tout juste une semaine avant les vacances de printemps.

« Bien sûr, accepta-t-il. » Et il attendit Ron pour suivre Hermione là où elle voulait les emmener.

Mais Hermione secoua la tête. « Ron sait que je veux te parler seul. »

Une alarme résonna immédiatement à ces mots. Quand Hermione vous prenait à part pour vous parler, c'était définitivement mauvais. Il la suivit jusqu'à se retrouver loin sur la berge du lac, la tension grandissant à chaque pas qu'ils faisaient en silence. Finalement, elle s'assit dans l'herbe et leva les yeux sur lui.

Harry se dit qu'il pourrait rester debout, mais savait qu'il y avait une certaine probabilité pour qu'ils restent là pendant un bon moment, alors il céda, et s'assit à ses côtés.

« Comment est-ce que tu vas, Harry ? lui demanda-t-elle sérieusement. »

Le jeune homme fronça les sourcils, confus. « Je vais bien, assura-t-il.

— Vraiment ? demanda-t-elle, le fixant avec assurance. Tu as l'air un peu sur les nerfs ces derniers temps. »

Putain. Est-ce que ça se voit ? Harry pensait avoir été plutôt décontracté en présence de ses amis, mais la vérité c'était que, plus il passait de temps à ignorer Severus, plus il devenait frustré. Et maintenant, avec seulement deux mois restants avant les ASPICs, il était convaincu que le temps ralentissait juste pour l'emmerder.

« Je vais bien, répéta-t-il. Je pense que je commence à m'inquiéter pour ces ASPICs un peu en avance, c'est tout. »

Hermione plissa les yeux. « Je pourrais croire ça. » Ses mains jouaient avec des touffes d'herbe. « Si ça n'allait pas contre tout ce que tu as pu dire, ou faire, ces sept dernières années. »

Oui bah, mes couilles, hein, pensa-t-il.

« C'est ce garçon que tu aimes, n'est-ce pas ? devina-t-elle.

— Tu es incroyable. » Il secoua la tête avec un petit sourire.

« Il te manque, n'est-ce pas ? Tu es frustré de ne pas pouvoir être avec lui ? » Elle posa sa main sur son genou.

« Ouais, admit Harry. Je le suis. Vraiment beaucoup. C'est comme si, plus j'y pense, et plus ça semble loin.

— Il te fait toujours attendre jusqu'à après tes ASPICs ? demanda-t-elle.

— Oui, soupira-t-il. Je veux dire, je comprends pourquoi, mais je souhaiterais que ça n'ait pas à être comme ça.

— Je sais, Harry, mais je pense qu'il a fait le bon choix. » Elle lui lança un regard apitoyé.

« Ah, pour les ASPICs, oui. » Harry se rappela une seconde trop tard que c'était l'excuse qu'il avait donnée à Hermione pour lui expliquer qu'il ne pouvait pas être avec Severus – ils devaient tous les deux étudier pour les ASPICs.

Elle eut un petit rire. « Oh, Harry. Je sais que ce n'est pas ça ! » Elle mit son bras autour de ses épaules, et se pencha contre lui, reposant sa tête contre ses épaules.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il prudemment. »

Elle le serra un peu plus dans son étreinte. « Honnêtement, Harry, tu devais bien te douter que je finirais par le découvrir ? le tança-t-elle légèrement. Il est un peu meilleur à ce jeu-là, mais de ton côté, c'était écrit sur ton visage. Tu ne pourras jamais faire carrière en tant qu'acteur.

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler. » Son pouls commençait à s'accélérer. Il était certain, certain, qu'elle n'avait pas pu découvrir qu'il aimait Severus ?

« Tu le regardes sans même le réaliser, parfois. Souvent, en fait. Et ensuite tu réalises que tu es en train de le fixer, et tu détournes le regard bien trop rapidement. Et puis, parfois, quand il dit quelque chose que tout le monde trouve absolument horrible, tu as ce petit sourire sur le visage, comme si tu savais que ce n'est pas ce qu'il pense, en réalité. » Elle leva la tête de son épaule.

Harry pouvait à peine déglutir.

« Je veux juste savoir. » Elle posa ses mains sur ses genoux. « Tu as dit que tu savais qu'il ressentait la même chose pour toi. Comment as-tu appris ça ? »

Harry pouvait à peine respirer, mais il savait qu'il ne pouvait pas le nier. Il aurait dû s'y attendre, de toute manière. Hermione était bien trop maligne pour son propre bien. « Je veux juste être sûr qu'on parle bien de la même personne, là, Hermione. Avec qui est-ce que tu penses que je suis ? »

Elle fit une pause, pour prendre une inspiration. « Le professeur Snape, fit-elle doucement. »

Son cœur tomba comme une pierre dans sa poitrine. Donc, elle savait. Ce qui voulait dire que quelqu'un d'autre avait pu le remarquer aussi. « Est-ce que quelqu'un d'autre sait ? lui demanda-t-il avec crainte.

« Je ne pense pas, lui assura-t-elle. Je te connais mieux que quiconque, et il est bien meilleur pour le dissimuler.

— Donc, tu penses qu'il ressent la même chose pour moi ? » Harry se demandait quelle était son opinion à propos des sentiments de Severus.

« Absolument, fit-elle en hochant la tête. On ne le voit pas : en fait, je parierais que personne ne peut le voir, mais quand tu ne le regardes pas, quand tu manges ou que tu travailles sur une potion, il te regarde. »

Vraiment ?

« Mais il ne t'observe plus pour trouver quelque chose à critiquer, maintenant. C'est plus comme s'il appréciait t'observer. Parfois, je peux même dire qu'il regarde d'autres détails que ton visage. Je crois qu'il aime tes mains. » Elle rougit légèrement.

« Tu remarques vraiment tout, Hermione. » Harry secoua la tête avec incrédulité.

« Je pensais qu'il y avait quelque chose de drôle quand il a commencé à traiter tout le monde de manière aussi différente au début de l'année – en particulier toi, expliqua-t-elle. Je n'ai réussi à assembler les pièces du puzzle qu'il y a quelques semaines, cependant. »

Harry acquiesça.

« Donc, comment est-ce que tu as déduis ce qu'il ressentait ? Sûrement il n'a pas – Harry, il n'a rien tenté de physique, n'est-ce pas ? » Elle avait tout à coup le ton d'un professeur prêt à lui faire la leçon.

« Non, lui assura-t-il rapidement. Non, il n'a rien fait. Mais, ce que je t'avais déjà dit à propos de l'avoir entendu par hasard, c'était en partie vrai. Je l'ai entendu en parler à quelqu'un d'autre. »

Elle hocha la tête. « Donc, tu es allé le voir ? Comment est-ce que tu as réalisé ce que vous ressentiez l'un pour l'autre ? Oh ! » Elle écarquilla les yeux. « Est-ce qu'il sait ce que tu ressens ? Ou est-ce que c'est toi qui attends la fin des ASPICs pour le lui dire. »

— Non, je – nous… » Harry ne parvenait pas à trouver un moyen de s'expliquer. « Il m'a en quelque sorte découvert en train d'écouter aux portes, et on s'est un peu disputé. Je pense qu'on l'a compris à ce moment-là. »

Elle prit un air exaspéré. « Les retenues, soupira-t-elle d'un air entendu.

— Ouais, je les méritais vraiment, vraiment, répéta-t-il.

— Je suppose que oui, accorda-t-elle. » Elle fit une pause pendant un moment. « Donc, le chat à Noël. » Elle baissa les yeux sur ses propres mains, dans les herbes. « Est-ce qu'il venait de lui ? »

Harry hocha la tête, mais réalisa qu'elle ne pouvait pas le voir parce qu'elle fixait toujours le sol. « Oui, lui dit-il.

— C'était vraiment prévenant, dit-elle, levant les yeux sur lui. Mais pourquoi un chat ?

— Il – eh bien, il aime beaucoup les chats. » Essaya d'expliquer Harry. Elle avait été vraiment compréhensive jusqu'à maintenant, mais il était sûr que ça s'arrêterait là si elle savait qu'il était devenu un Animagus non déclaré.

« Hm. » Elle secoua la tête. « Je n'aurais jamais deviné ça. »

Harry rit. « Moi non plus, lui assura-t-il.

— Harry. » Elle le regarda dans les yeux. « Est-ce qu'il te rend heureux ?

— Oui. » Il acquiesça, et cette fois c'était lui qui fixait l'herbe. « Quand nous étions seuls, je ressentais – il me comprend, Hermione. Il me comprend comme personne d'autre. Et je le comprends aussi. J'ai besoin de lui. On a besoin l'un de l'autre. Je pense… Hermione. Je pense que je l'aime. »

Ses yeux s'écarquillèrent légèrement lorsqu'il fit cette annonce, mais ensuite elle corrigea son expression pour quelque chose de plus sérieux. « Eh bien, si vous êtes heureux ensemble, alors il n'y a rien à ajouter.

— Tu as l'air… d'accord… avec tout ça. » Harry semblait sceptique.

« Eh bien, j'ai eu quelques semaines pour digérer tout ça, admit-elle. Ce n'était vraiment pas le cas, au début. En particulier quand j'ai pensé qu'il avait pu te faire quelque chose – quelque chose qui aurait pu dépasser les limites d'une relation professeur-élève, clarifia-t-elle. » Harry pensa plus prudent de ne pas mentionner ces choses qu'il avait faites lui-même pour dépasser cette limite. « Mais plus je voyais la manière dont tu le regardes, et dont il te regarde, et moins je parvenais à me convaincre d'être en colère. Je veux dire, c'est vrai que ça reste le Professeur Snape, et que je ne comprends pas vraiment tout, mais je pense que je sais ce que tu veux dire à propos d'être capable de vous comprendre l'un l'autre. Il y a des choses que tu as vécues, des choses pour lesquelles je ne pourrais rien faire. Parce que ce que tu as traversé, je ne pourrais jamais le comprendre. Et s'il te comprend, alors tu as raison, tu en as besoin. Et si c'est romantique, eh bien tant que tu es heureux, c'est tout ce qui compte.

— Je souhaiterais que tout le monde soit aussi compréhensif, murmura Harry. Je suis presque sûr que Ron n'y comprendra rien du tout.

— Tu serais surpris. » Elle avait un sourire en coin. « Je pense qu'il s'est adouci cette année, depuis que le professeur Snape est plus tolérant envers tout le monde. Je ne pense pas qu'il puisse l'apprécier un jour, et je ne pense pas qu'il sera ravi quand il l'apprendra, mais il finira par l'accepter.

— Je ne veux vraiment pas que qui que ce soit l'apprenne avant les ASPICs, par contre, expliqua Harry. Je ne voudrais pas que qui que ce soit pense qu'il s'est passé quelque chose qui pourrait coûter son travail à Severus. »

Hermione eut un grand sourire.

« Quoi ?

— Tu l'as appelé Severus, fit-elle avec un grand sourire. C'était mignon. »

Il haussa un sourcil.

« Tu as le même air que lui quand tu fais ça, fit-elle en rigolant. » Elle reprit son sérieux. « Je comprends, et je pense que c'est une idée sage, accorda-t-elle. Ça va déjà être assez sensationnel quand ça va se savoir tu ne veux pas lui rajouter d'ennuis en plus. »

Ils s'assirent en silence pendant quelques minutes.

« Est-ce que tu as pris le temps de penser à ce que tu voudrais faire après les ASPICs ? demanda Hermione. »

Harry soupira. « Sev – le Professeur Snape m'a aidé avec différents choix de carrière. »

Hermione parut un peu surprise.

« Ouais, ça a été ma réaction aussi. Je pense qu'il voulait me donner un bon coup sur la tête pour ça. Il a commencé à m'aider pendant les vacances d'hiver. Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'en occuper davantage depuis, parce qu'on s'évite.

— Est-ce que ça t'a aidé ? demanda-t-elle.

— Il y a définitivement des pistes qui ont l'air d'être intéressantes, maintenant que mon cœur n'est plus fixé sur les Aurors, expliqua-t-il. Il y a d'autres postes intéressants au Ministère qui ont à voir avec la Défense. Enseigner n'a pas l'air d'être une trop mauvaise idée non plus. Et puis il y a quelques opportunités intéressantes à travailler dans les relations entre moldus et sorciers. Mon expérience avec les Dursley a été un tel désastre, je pense qu'il pourrait être bien d'aider les Nés-Moldus et leurs familles à s'acclimater mieux au monde sorcier.

— Toutes ces idées ont l'air très bonnes, Harry. » Hermione lui tapota le genou. « Si tu le souhaites, je serais heureuse de regarder ça avec toi, et de voir si je peux répondre à certaines de tes questions.

— Merci. » Il lui sourit chaleureusement.

« On ferait mieux d'y aller maintenant. » Elle se releva et épousseta ses robes. « Les cours reprennent dans dix minutes.

— Hey, Hermione. » Harry l'appela après qu'elle se fut éloignée de quelques pas de lui. Elle se retourna. « Merci. Pour tout. D'être aussi compréhensive. D'être toujours là pour moi. Je ne pourrais pas rêver avoir une meilleure amie.

— Oh, Harry. » Elle revint vers lui et lança ses bras autour de lui, l'étouffant presque avec son étreinte. Quand elle s'éloigna, Harry pouvait voir des larmes sur ses joues. Elle eut un faible rire et les essuya.

« Viens, maintenant, fit Harry. Ron va vouloir m'arracher la tête s'il apprend que je t'ai fait pleurer ! »

Elle s'essuya à nouveau le visage, et puis se saisit de sa main, l'attirant le long du lac pour remonter jusqu'au château.

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