De la neige à Noël

Cette Fanfiction participe au Défi d'écriture de Noël 2019, un Secret Santa, qui consiste donc à offrir une fanfiction à une personne tirée au hasard.

Cette fanfiction est donc un cadeau de Noël pour kitsune-aux-amandes

De la neige à Noël

Lily Evans regardait le cloitre du château par la fenêtre du couloir menant à la Grande Salle. James et Sirius s’y trouvaient et se tapaient leurs épaules de plus en plus fort. Une énième chamaillerie. Peter les retenait, mais c’était peine perdue, ses deux amis étaient bien plus grands et forts que lui. Comment James pouvait-il partager avec elle le poste de préfet-en-chef ? Pourtant, elle rougissait en le regardant. C’était stupide.

_ Il fait bon aujourd’hui, tu ne trouves pas ?

Remus Lupin avait débarqué dans son dos, il n’avait toujours pas quitté son corps d’adolescent. Il était grand, maigre et disproportionné. Lily haussa les épaules, leva les yeux vers le soleil toujours chauffant.

_ Pour un mois de décembre il fait peut-être même trop chaud, répondit-elle, soucieuse. Toujours aucune neige en vue.

_ En sept ans ici c’est la première fois qu’elle tarde autant.

Remus avait ce don-là. Une conversation banale telle que la météo pouvait éveiller en Lily un sentiment trouble. Tout semblait si sérieux quand c’était sa voix qui en parlait. Pourquoi n’y avait-il pas de neige cette année ? Mais son questionnement intérieur fut rapidement interrompu par un sourire malicieux de Remus.

_ Qu’est-ce qu’il y a ?

_ Je me demandais, comment cela avance entre James et toi ?

_ Quoi entre James et moi ?

_ Bah tu sais… Votre relation.

_ De quelle relation tu parles ? On est ami. Comme toi et moi, Remus.

_ Oui, oui.

Lily détestait ce « oui, oui ». Depuis deux ans, Lily savait que James n’était pas indifférent face à elle, mais jamais celle-ci n’avait envisagé autre chose qu’une simple amitié. Tout comme Severus, James était un être cher pour qui elle était prête à tout faire. Mais cela n’allait pas plus loin. Enfin, c’est ce qu’elle s’efforçait à penser.

James se tourna vers elle et Remus et leur lança un large sourire.

_ Tu sais, reprit Remus, la quête de la neige peut être un bon prétexte pour consolider une bonne amitié…

_ Tu me fatigues, Remus.

_ Ce n’est qu’une simple remarque, rétorqua-t-il, taquin.

_ Tais-toi ou je te fais perdre des points !

Remus leva les mains en signe de protection et parti vers ses amis avec un petit rire.

***

James faisait un tour dans la bibliothèque. À ses trois fidèles amis il avait dit que c’était pour réviser ses ASPIC. Bien sûr aucun des trois ne l’avait cru, c’était surtout pour observer Lily au travers d’un rayon de livres barbants et exaspérants. James n’en avait jamais eu besoin au cours de ces sept années passées à Poudlard et cela n’avait en rien empêché ses très bons résultats. Il aimait s’en vanter en disant qu’il avait un don naturel. Pourtant cela n’avait eu aucun impact sur sa relation avec Lily. Elle ne cessait de trainer avec ce ridicule Servilus. Ensemble ils allaient à la bibliothèque et y passaient des heures. Comment pouvait-elle supporter ça ? Surtout en si mauvaise compagnie.

Lily s’y trouvait évidemment. Elle était étonnement seule. Remus l’avait bien dit. Et comme celui-ci avait prévenu : elle lisait tous les livres qui s’approchaient du thème de la neige. Sa tête rousse était penchée au-dessus d’un bouquin aussi gros qu’une encyclopédie. Il avança vers elle de manière nonchalante et s’annonça en se raclant la gorge. Elle releva la tête en replaçant une mèche rousse derrière ses oreilles. Le cœur de James se serra en voyant ses yeux verts. Qu’elle était belle !

_ Qu’est-ce que tu lis ? demanda-t-il, innocemment.

_ Comme si Remus ne te l’avait pas dit !

Lily était loin d’être stupide. Elle savait très bien que James ne mettait jamais les pieds ici puisqu’elle s’y trouvait toujours et elle connaissait trop bien Remus.

_ La neige est donc ta nouvelle passion.

_ Une passion, non. Une inquiétude, oui. Tu savais que la dernière fois que Poudlard n’a pas vu de neige en décembre c’était en 1878.

_ Et il y avait une raison à cette absence de neige ? questionna-t-il en s’asseyant à sa droite et en se penchant sur le pavé de mots.

_ Oui. Marvolo Gaunt, un mage noir qui avait un contingent avec la direction de l’école de l’époque, Eupraxia Mole, a lancé un sortilège qui a tellement asséché l’air autour de Poudlard qu’aucune neige ni pluie ne pouvait tomber dans les environs.

_ Et toutes les autres années il y a eu de la neige ?

_ Oui, toutes.

_ Lily, déclara-t-il soudainement sérieux, je crois qu’on devrait en parler à Avery. Si c’est un sortilège qui est la raison de l’absence de neige, seul un professeur de Défense Contre les Forces du Mal peut faire quelque chose.

***

Le professeur John Avery était un homme si timide que le trouver en dehors des heures de classe relevait du défi de haut niveau. Lily et James prirent deux heures à le localiser. Il se trouvait devant la hutte du garde-chasse de l’école, Hagrid, afféré à des activités jardinières. Le professeur bégaya un bonjour à l’attention des deux élèves.

_ Professeur, commença Lily, vous ne trouvez pas qu’il fait bien trop beau pour un mois de décembre ?

_ Venez en aux faits, jeune fille. Je déteste qu’on tourne autour du pot.

Lily hésita longuement, mais la patience de James ne fut pas assez grande pour attendre qu’elle forme une phrase précise.

_ Nous pensons que Poudlard est ensorcelé et que c’est la raison de l’absence de la neige.

_ Les enfants ! L’hiver ne débute que le 21 décembre, tout cela n’est que phénomène météorologique.

_ Mais professeur… tenta de nouveau Lily, si c’était plus qu’un phénomène météorologique, comme en 1878…

_ Miss Evans ! Vous êtes une élève très douée, mais ne croyez pas que tout doit être sauvé de manière héroïque. Laissez le temps faire ce qu’il veut, je suis certain qu’après les vacances, à votre retour, le sol sera couvert de cette poudre blanche que vous semblez tant apprécier.

_ Professeur, essaya-t-elle encore.

_ Cessez ! C’est le week-end, j’aimerais être tranquille.

James fit une moue blasée à Lily et l’invita à laisser le professeur en paix d’un mouvement de tête.

_ Pourquoi les professeurs ne veulent jamais nous écouter ! se plaignit Lily en entrant dans la salle commune de Gryffondor.

_ C’est maintenant que tu t’en aperçois ?

_ J’ai un pressentiment, James. Je sais que tout cela n’a rien de naturel. Tu me crois ?

_ Je te crois. Et on va prouver à ce vieil Avery que tu avais raison ! Tu as tout pour être une héroïne !

Lily écarta légèrement les jambes, posa les mains sur ses hanches, leva le menton et déclara d’une puissante voix :

_ Moi, Lily Evans, je sauverai Poudlard de tous ces dangers !

James éclata de rire et elle l’observa discrètement. Quand son visage s’animait ainsi elle se disait que tout était aisé. Il baissa les yeux vers elle et elle détourna vite le regard. Deux élèves de cinquième année étaient en train de lire leurs lignes de mains. Elle posa la sienne sur le bras de James et déclara :

_ « Alors que les perles du ciel devraient rejoindre la terre, cet hiver le rouge deviendra son manteau. »

_ Qu’est-ce que tu racontes ?

_ Tu n’écoutes donc vraiment jamais en Divination ! Peter avait entendu cela dans sa boule divinatoire. C’est forcément de cela que ça parle.

_ Et qu’est-ce que je suis censé y comprendre ?

_ Laisse-moi y réfléchir.

***

_ Lily, je veux bien que tu penses que je suis un dur à cuire, ça me plait bien. Mais à vrai dire, je ne suis pas certain que les deux préfets-en-chefs fassent le mur et aillent dans la Forêt Interdite soit la meilleure de tes idées.

James suivait une Lily déterminée et qui marchait d’un pas rythmé en direction de l’orée sombre des bois. Pour la première fois, il trouvait une idée de Lily stupide. Certes brave, mais bien loin de ce qu’il imaginait de la fille qu’il aimait.

_ Lily si c’est ce que tu crois, on ne devrait pas y aller seuls.

_ James, tu me l’as toi-même dit : les professeurs ne nous écoutent pas et la prophétie évoque clairement du sang. D’où viennent tous les problèmes de Poudlard ? De la Forêt Interdite ! Alors, il est évident que l’on aille là-bas voir ce qui s’y trame et que l’on règle ce problème !

_ Comme si deux élèves allaient pouvoir régler un problème de ce genre, chuchota-t-il avant de reprendre à l’attention de Lily, et qu’est-ce qui te dit qu’il s’agit de sang ?

_ Un pressentiment !

_ Pourquoi les prédictions ne peuvent pas être moins dangereuses…

James continuait cependant de suivre la rousse Gryffondor. Grâce à la lumière procurée par le sortilège Lumos, les deux amis entrèrent dans les bois bordant le château de Poudlard. James senti ses poils sur ses bras se hérisser. Il n’avait mis les pieds ici qu’une seule fois et il trouvait que la Forêt Interdite était bien plus terrifiante que l’endroit où il se cachait avec Peter, Sirius et Remus lors de la pleine lune. Cela le faisait sourire que les élèves l’aient renommé la Cabane Hurlante. La maison délabrée n’avait rien d’hantée si ce n’est les courants d’air qui circulait à travers les vitres brisées.

Alors qu’ils marchaient sans bruit, leur pas firent soudainement quelques clapotis. Tous deux pointèrent leurs baguettes vers le sol et Lily poussa un cri strident.

_ Oh mon dieu James, qu’est-ce que c’est ?

La peur avait forcé Lily à se coller à son ami qui n’était pas plus rassuré qu’elle. Pourtant, il s’accroupit et avança la main vers le liquide gluant.

_ Si j’étais vous, Mister Potter, je n’y toucherai pas, fit une voix glaçante.

La voix en soit n’était pas si glaçante, mais Lily et James sentirent un frisson parcourir leurs dos en comprenant qui était la personne qui la poussait. Le directeur de l’école se trouvait derrière eux alors qu’ils étaient dans la Forêt Interdite, après le couvre-feu. La punition allait être rude.

_ Professeur Dumbledore, il faut qu’on vous explique, commença James.

_ De quoi s’agit-il ? demanda Lily, qui s’était ressaisie.

_ On ne sait pas encore. Des professionnels sont en train de faire des analyses.

_ C’est pour cela qu’il n’y a pas de neige ?

_ Il s’agit justement de neige… elle semble avoir subi quelques modifications. Les professeurs ont donc lancé un sortilège pour protéger le château. Aucune neige ne tombera sur celui-ci tant qu’on ne connait pas les propriétés de cette poudreuse.

_ Le professeur Avery était donc au courant.

_ Bien sûr ! Imaginez une seule seconde un professeur de Défenses Contre les Forces du Mal ne pas être inquiet de l’absence de neige à Poudlard ! Si des élèves s’inquiètent, les professeurs s’inquiètent aussi.

James se sentait idiot d’avoir douté des professeurs de la meilleure école de sorcellerie du monde.

_ Donc il n’y aura pas de neige, comprit tristement Lily.

_ Pas cette année. Maintenant les enfants je vais faire comme si je ne vous avais pas vu ici, vous allez rentrer au château et vous couchez.

_ Bien professeur, firent James et Lily d’une même voix, heureux de ne pas être en retenue le week-end suivant.

Lily fut bien silencieuse sur le chemin du retour. James savait qu’elle se réjouissait chaque année des premières chutes de neige et il aimait la voir sautiller de joie. Le rouge de ses cheveux contrastait si bien avec le blanc des flocons. C’était d’ailleurs lors du mois de décembre 1975 qu’il avait osé dévoiler ses sentiments à Lily. Mais celle-ci l’avait ignoré et ils avaient continué d’être de simples amis.

_ Cette année je ne serai pas une héroïne, prononça-t-elle finalement.

_ À ta place je ne dirai pas cela, je crois que j’ai une petite idée…

***

Pas de neige à Poudlard. C’était une vraie déception. Pas seulement pour Lily, mais pour de nombreux élèves. Peu à peu la triste rumeur se répandait à travers les couloirs du château. Le lendemain la plupart d’entre eux rentreraient chez eux sans avoir vu des flocons tomber sur le sol pavé du cloitre. Pourtant, Lily, James et leurs amis ne se laissaient pas abattre : chaque nuit depuis une semaine ils se levèrent et se retrouvèrent dans la salle commune pour travailler en secret sur la création d’une neige magique. Grâce aux talents de sortilèges de Remus, de potions de Lily, et aux esprits enfantins de Peter, Sirius et James les mille élèves de Poudlard se levèrent le samedi 17 décembre 1978 en voyant au travers des fenêtres une épaisse couche de neige sur les toits, les arbres, le sol, les bancs. Ils appelèrent cela la magie de Noël, mais le groupe des cinq et les professeurs savaient que cela leur était dû. James arriva près de son amie et déclara :

_ Tu es une vraie héroïne cette année.

_ Oh, tu en avais douté ?

_ Moi ? Pas une seule seconde !

Il sourit alors doucement et Lily se dit alors qu’il était temps qu’elle écoute son cœur. Elle regarda Remus qui, au loin, hocha la tête. Elle se dit alors qu’elle n’avait rien à perdre et qu’enfin elle allait s’avouer à elle-même ce qu’elle ressentait pour James. Après tout il était drôle, toujours présent, agréable et loin d’être idiot.

Elle ne pensait plus du tout à ce que Severus pourrait penser. Lui qui détestait tellement James. Bien sûr, elle savait qu’il n’avait pas été le plus sympathique avec son ami de Serpentard, mais peut-être que cela changera avec leur relation.

Et finalement elle fit le pas, finalement elle se décida et finalement elle l’embrassa. La surprise de James se fit ressentir. Ce n’était pas un long baiser, mais il fut suffisant pour lui montrer que ça y est elle était prête. James sourit largement et l’embrassa en retour. Les joues des deux préfets-en-chefs étaient rouges de joie, mais leur bonheur se mêla au bonheur des autres élèves qui rirent, jouèrent et crièrent leur joie de voir de la neige.

***

La Gazette des Sorciers arriva dans le foyer Evans. Pétunia appela sa sœur d’une voix serrée et Lily lu le gros titre du jour :

Le mystère de la neige rouge

Si vous vivez aux alentours Pré-au-Lard vous avez sûrement été interpellés par cette couverture rouge qui a couvert à partir de la nuit du 12 décembre vos toits et vos rues. « Neige du diable », « cendres de volcan », « Neige ensorcelée », de nombreuses théories ont retenti face à cette poudre d’une couleur inquiétante. Pourtant, selon les spécialistes, vous n’avez rien à craindre. Malgré sa couleur d’un tout nouveau genre, rien dans les flocons n’est dangereux.

Nos reporters ont mené l’enquête et leur piste les ont menés jusqu’au foyer d’une mère potionniste, Earthphilia Lovegood, qui a malencontreusement fait exploser l’une de ses expériences visant, à l’origine, à teindre ses marguerites d’un rouge sang.

Donc aucune inquiétude à avoir, vous pouvez sortir pour faire votre promenade digestive d’après Noël, votre santé n’est pas en danger, si ce n’est une dinde avariée.