A l'ombre d'un futur aux yeux violets : La Harpe qui jouait toute seule.

Chapitre 1 : Chapitre 1 : Le train du Poudlard Express

8729 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 02/04/2020 17:53

Notes, diclaimers et autres grivoiseries :

Avertissement : L'univers d'Harry Potter et ses personnages appartiennent à J.K. Rowling. Toutefois, les personnages de la famille Flintey m'appartiennent. Je ne tolérerai aucun plagiat. Contactez-moi si vous voulez les faire apparaître quelque part.

Note : Cette fiction se nomme "A l'ombre d'un futur aux yeux violets" et elle se divise en sept parties, dont voici la première, nommé "La Harpe qui jouait toute seule". Chaque nouvelle partie sera posté en temps que nouvelle fiction, mais il sera préférable de les lire dans l'ordre.

Rated : Pour cette première partie, la fiction sera rated K+ par sécurité, mais elle est tout public. Si jamais certains chapitres contiennent des éléments possiblement plus choquants que d'autres, je mettrais un point d'honneur à vous prévenir au préalable. Pour les parties suivantes, le rating changera sûrement, mais là encore, vous serez prévenu.

Régularité : Je suis loin d'être une personne régulière, mais je pense pouvoir maintenir un chapitre par semaine pour le moment (confinement).


Je vous souhaite une excellente lecture.




A l'ombre d'un futur aux yeux violets

Première partie :

La Harpe qui jouait toute seule

Première année


Chapitre 1 : Le train du Poudlard Express



La maison était en effervescence.

D'extérieur, c'était une belle bâtisse anglaise de campagne, calme et lumineuse, décor amoureux favori de Jane Austen.

Mais à l'intérieur, c'était la panique. Totale et complète. Les quelques domestiques couraient partout sous les directives angoissées de la maîtresse de maison, Mrs Flintey.

Mrs Flintey était une femme angoissée de nature. Ses traits doux et effacés se déformaient souvent d’anxieté : après tout, elle était mère. Petite, plantureuse, et adepte des longues robes échancrées et brillantes, elle avait des cheveux blonds et épais, toujours plaqués en arrière en un chignon parfait. Aujourd'hui, toutefois, des mèches rebelles et stressantes s'en échappaient pour venir caresser les lignes délicates de sa mâchoire.

-Nan, les valises des enfants dans le grand hall, voyons Anna, réfléchissez !

Elle se tordit les mains, regarda sa montre et poussa un grand soupir. Ils devaient être à la gare de King's Cross dans une heure et elle avait l'impression que rien n'était prêt.

Elle sentit une main se poser doucement sur son épaule, sèche et ferme. Elle se tourna vers son mari.

Mr Flintey était l'inverse de sa femme. Grand et mince, il aimait se fondre dans l'ombre, les lèvres toujours crispées sur sa pipe recourbée. Sans verser un regard à sa femme, il lui intima :

-Arrêtez de crier sur les domestiques, Camille. Votre salive ne les fera pas avancer plus vite.

Il rajusta ses lunettes et lui serra brièvement l'épaule avant de repartir. Camille poussa un soupir et décida de se rendre dans le hall, où l'attendaient ses enfants. Là, au moins, elle serait utile.

Elle descendit les escaliers en refaisant son chignon d'un geste rapide et professionnel.

Dès qu'elle arriva dans le hall, elle fut assailli par une multitude de sensations. D'abord, il y avait du bruit. Un brouhaha de gens qui couraient, qui déposaient à grand fracas des valises pleines, qui s'appelaient d'un bout à l'autre de la pièce dans un concerts de voix et de conversations .

Ensuite, le vent. Beaucoup trop de vent, un souffle froid et la faisait trembloter dans sa robe d'été.

Elle vit tout de suite que les portes étaient grandes ouvertes, et laissaient passer l'air frais de dehors. Un peu agacée, elle sortit sa baguette et ferma les battants d'un geste rapide.

Et seulement après, elle identifia une légère odeur de brulé. Elle se retourna vers ses enfants. Les deux plus âgés venaient de faire cramer un rideau à l'aide de leurs baguettes magiques et riaient un peu jaune devant le trou causé dans le délicat tissu.

Cette fois-ci pleinement énervée, elle se dirigea vers eux.

-Caïn ! Alexandre !

Les deux adolescents se tournèrent vers elle, l'air un peu paniqué :

-Désolée Maman, dit le plus grand, on testait juste l'un des nouveaux sorts du livre de sortilège de notre année...

Camille Flintey regarda ses enfants d'un air franchement mécontent.

Caïn et Alexandre étaient jumeaux, mais Caïn était légèrement plus grand, Alexandre légèrement plus carré. Tout deux entraient dans leur septième et dernière année de Poudlard et rien que d'y penser, Camille sentait sa gorge se serrer.

Tout deux avaient hérités des cheveux dorés de leur mère et de la haute silhouette distinguée de leur père. Leurs yeux bleus et rieurs, leur manières désinvoltes et élégantes en toute chose, faisaient d'eux de jeunes personnes dotées d'un charisme indiscutable (et ils le savaient !).

Camille se sentait pleine de fierté d’être mère de deux garçons beaux et pleins d'assurance, doués en magie comme en parole, promis à un bel avenir.

Elle sentit sa colère fondre comme neige au soleil, tant elle était émue de les voir partir pour la dernière fois pour l’École des Sorciers.

-Ce n'est pas si grave, ils étaient vieux de toute façon, dit-elle en désignant les rideaux.

Les yeux humides, elle rajusta leurs habits Moldus du mieux qu'elle pouvait. Comme elle trouvait ces vêtements laids ! Les Moldus n'avaient aucun sens vestimentaire. Ces pantalons en "jean" qui tombaient à moitié sur les fesses, ces sweat-shirts aux couleurs maussades qui faisaient pauvre... Elle pouvait s'estimer heureuse d'avoir des garçons à qui un sac poubelle allait.

-Maman, dit Alexandre, ne pleure pas... Ce n'est rien, tu sais.

-Oui, mais tout de même... Votre dernière année...

-On va en profiter à fond, promis, jura Caïn.

-Concentrez-vous sur vos ASPICS. Vous devez absolument les réussir, si vous voulez entrez au Ministère...

-Maman, c'est Caïn qui veut entrer au Ministère, pas moi.

-Ce qui ne veut pas dire que tu ne dois pas travailler !

-Mais tu sais, reprit Caïn, nos études ne vont pas s'arrêter à la fin de l'année. Moi, il y a de nombreux examens que je dois passer si je veux devenir Auror...

-Pareil pour moi ! Renchérit Alexandre. La fin de Poudlard n’est pas la fin de notre apprentissage.

« Mais de votre enfance oui... » pensa Camille en hochant doucement la tête. Elle se doutait qu'elle était ridicule, à pleurer ainsi, mais c'était toujours pareil. A chaque année qui passait, elle voyait ses enfants grandir et elle devenir plus vieille. Un jour, songea-t-elle, ils seront tous partis de la maison et alors, je ne servirai plus à rien.

Cette pensée l'effraya plus que tout. Elle secoua la tête : Allons. Ils ne sont pas prêts de tous quitter la maison :

-Où est votre sœur ?

-Dans sa chambre je crois.

Camille réajusta une dernière fois les cols de ses enfants et partit en direction de l'étage, où se trouvait la chambre de sa petite dernière.

Elle gravit le plus rapidement possible les escaliers, sans se prendre les pieds dans sa longue robe et arriva devant la chambre de sa fille, une porte toute blanche avec seulement une inscription en lettres noires élégamment gravées dans le bois :

"Nina Flintey"

Camille frappa doucement. Personne ne lui répondit, mais la porte s'ouvrit d'elle-même après quelques secondes. Elle entra doucement dans la chambre de sa fille.

C'était une pièce carrée, aux murs peints en vert pâle et aux rideaux dorés. Un épais tapis blanc s'étalait sur le sol, dans lequel s'enfonçaient les pieds d'un lit en bois noir. Sur le lit aux draps à l'effigie des Harpies de Holyhead, était assise une jeune fille, d'à peine onze ans.

Ses cheveux blonds foncés étaient rabattus sur son visage et elle tenait un lettre entre ses mains.

-Chérie ? Chuchota Camille.

Sa fille ne répondit pas. Elle fronça les sourcils, inquiète. Elle s'approcha de sa benjamine et lui saisit les mains. La petite fille ne lui rendit pas son regard, fixant obstinément ses mains.

-Chérie, prête pour ta rentrée ?

La jeune fille leva enfin les yeux. Camille lui caressa doucement les front, faisant de son mieux pour ignorer le trouble que lui inspiraient ses grands yeux violets derrière ses grandes lunettes.

-Ne t'inquiète pas Maman, dit enfin l'enfant. Je suis parfaitement prête. Je me demandais juste dans quelle maison j'allais être envoyée.

-La même que celle de tes frères je pense.

Nina Flintey fronça les sourcils. Camille se dit que ce n'était pas de bon augure. Si Nina avait des doutes sur la maison où elle allait être envoyée, c'est qu'il y avait de bonnes raisons de croire qu'elle ne serait pas dans la même maison que celle de ses frères.

-Maman, si je ne suis pas dans la même maison que Caïn et Alex, tu m'aimeras toujours ?

-Mais bien sûr mon cœur !! Comment pourrai-je ne plus t'aimer ?

Camille serra son enfant contre elle.

Elle avait du mal à comprendre sa dernière parfois, mais elle était sa seule et unique fille.

Nina Flintey était un être particulier, rare en son genre. Oh, bien sûr, c'était une sorcière, une Sang-Pur, bien entendu, mais elle avait un plus qu'aucun sorcier de son âge n'avait.

Elle avait le Troisième Oeil.

C'était ce qu'on avait dit à Camille lorsque Nina était née, sans un cri, les yeux grands ouverts. On lui avait dit qu'elle était un être particulier, qu'il était possible qu'elle soit même l'unique de ce genre depuis des siècles.

Au début, Camille n'y avait pas prêté garde. Ce n'était qu'un nourrisson qui avait besoin d'une maman, que ses frères adoraient déjà. Mais à chaque fois que Camille rencontrait le regard de sa fille, ce regard violet si intense, elle se sentait un peu mal à l'aise.

Comme si autre chose de plus grand, de plus puissant la regardait à travers les yeux de son bébé. Au fur et à mesure que Nina grandissait, son pouvoir se manifestait de plus en plus fréquemment.

Au début, ce n'était rien, juste de petites intuitions, sur la météo par exemple. Et au fil des années, les intuitions devinrent des images, des sensations, des rêves.

-J'avais peur que tu m'en veuille si le Choixpeau décidait de m'envoyer ailleurs, reprit Nina avec un léger sourire.

-Je t'aimerai, quoi qu'il arrive, d'accord ?

Camille l'embrassa sur le front et la prit par la main.

Sa fille sauta du lit. Elle allait être petite, comme sa mère, petite et menue. Ses épais cheveux étaient un parfait mélange de ceux de ses deux parents. D'un blond foncé presque châtain, mais aux reflets dorés. Elle tenait sa peau très blanche de son père et ses longs cils noirs de sa mère.

-Dis Maman, comment les Moldus font pour ne pas trouver Poudlard ? Demanda-t-elle alors qu'elles descendaient les escaliers.

-Oh, ils la voient ! Mais ils ont l'impression que c'est juste une vieille ruine.

-Ah bon.

Nina était comme ça. Elle ne s'étonnait de rien. Comment être surpris lorsque les moindres replis de l'avenir vous sont dévoilés si vous le souhaitez ?

Elles arrivèrent dans le hall. Caïn et Alexandre étaient assis sur leurs valises et attendaient sagement que leur mère ramène leur petite soeur adorée :

-Alors Nina ? Prête pour ta rentrée ?

-Alors quoi ? Répondit-elle au tac-à-tac. Oui, bien sûr que je suis prête.

-Ahah, notre petite sœur qui fait son entrée à Poudlard !!

-On te présentera tout le monde, tu vas voir !

Nina sourit, mais ne répondit pas. Elle adorait ses frères, mais elle espérait qu'ils n'allaient pas trop la coller.

-Nina, dit soudain la voix grave d'Andrew Flintey. Tu as pensé à prendre tes lunettes ?

Elle se tourna vers lui pour lui montrer qu’elle les portait, l'air résigné. Son père s'approcha d'elle et la prit par les épaules :

-Souviens-toi de ce qu'a dit le professeur Dumbledore dans sa lettre : tu ne dois en aucun cas les enlever. Tu entends Nina ? Jamais ! Tu n'as pas le droit de lire l'avenir tant que tu es à Poudlard.

-Oui Papa.

-Et tu ne dois pas en parler, rajouta sa mère.

-Ne pas enlever mes lunettes. Ne pas parler du Troisième Oeil. Vous m'avez déjà dit ça cent fois !

Nina n'était pas énervée. Juste un peu lasse. Elle avait hâte que l'année scolaire commence, qu'elle puisse se détacher de sa famille.

Elle avait envie de prendre de la hauteur, de sentir l'air frais lui caresser le cou et embrouiller ses cheveux.

-Allons-y ! Nous allons être en retard.

Chacun se saisit de sa valise et ils mirent tous en cercle autour du Portoloin d'intérieur, un chandelier en argent. Chaque membre de la famille posa un doigt sur le métal froid et le décompte commença.

5...

4...

3...

2...

1...

Tout se mit à tourner, un crochet invisible saisit chacun au nombril et l'instant d'après, ils étaient dans les toilettes Moldus de la gare de King's Cross.

-Pouah, je déteste cet endroit, s'exclama Camille. Les Moldus n'ont aucun sens de la propreté !

-Oui, eh bien, qu'y puis-je si le quai 9"3/4 n'est pas accessible par Portoloin ? S'agaça Andrew.

-Je ne disais pas cela dans le but de vous faire culpabiliser cher ami ! Ma parole, vous prenez tout pour vous...

Andrew haussa les épaules et rembourra sa pipe. Toute la famille Flintey sortit, encombrée de ses grosses valises et se dirigea vers la barrière qui séparait les voies Moldu 9 et 10. Les Moldus en question se retournaient sur leur passage d'un air ahuri.

Pourquoi diable ces gens-là, à l'air pourtant respectable, se baladaient-ils avec deux cages contenant des hiboux ?

Caïn et Alexandre leur auraient répondu que premièrement, ce n'était pas de vulgaires "hiboux". C'était un hibou d'Abyssinie et une Strix Varia, une chouette rayée, autrement dit, des messagers de première qualité, et qu’ensuite, ces "hiboux" avaient des noms, Icare et Pégase, qu’ils étaient des animaux de compagnies plus qu’affectueux et que de toute façon, vous les Moldus, vous n’y connaissez rien.

Nina avait demandé pour son entrée à Poudlard un chat, qui dormait pour l'instant au fond d'un panier qu'elle portait dans ses bras.

C'était une magnifique bête, un chat Bombay provenant d'Amérique, au poil noir et brillant et aux yeux dorés, que Nina avait absolument tenu à appeler Pluton.

La famille Flintey se trouva bien vite en face de la barrière. Nina avait souvent accompagné ses frères lors de leur précédentes rentrée et ne se démonta pas face à l'étrange apparence du passage vers la gare des sorciers.

Soudain, Camille se mit à chuchoter très vite :

-Vite, vite, dépêchez-vous, je vois la famille Weasley arriver ! Je n'ai pas la moindre envie de voir leurs petites faces constellées de taches de rousseurs !

Bien que gênée par la conduite empressée de sa mère, Nina ne dit rien. Caïn et Alexandre se mirent à courir vers la barrière et la passèrent en moins de temps qu'il n'en faut pour cligner des yeux.

Andrew passa à son tour, puis Camille prit la main de sa fille pour qu'elles y aillent ensemble. Mais Nina se dégagea doucement :

-Je voudrais y aller seule.

Et s'en prendre d'élan, elle alla à la rencontre du métal en marchant. Camille sentit des larmes lui piquer les yeux, mais refoulant son chagrin, elle passa la porte.

De l'autre côté, Nina s'affairait. En essayant de ne pas perdre ses frères et son père de vue, elle tentait de rencontrer un maximum de regards, de fixer un maximum de visages dans sa mémoire.

Là, il y avait un garçon joufflu qui tenait dans sa main un crapaud. Elle frissonna : elle avait horreur de tout ce qui était visqueux.

Ici, elle pouvait apercevoir un garçon plus vieux qu'elle, avec des dreadlocks, qui tenait une sorte de grande boite.

Ses frères saluèrent un petit groupe de jeunes gens de leur âge qui discutaient sur le quai et se joignirent à eux. Nina se retrouva seule avec ses parents.

Son père la saisit par l'épaule.

-Viens. Allons mettre ta valise dans un compartiment.

Camille soulagea sa fille du panier contenant Pluton et ils montèrent à bord du Poudlard Express. La plupart des compartiments étaient encore vides, les enfants disant au revoir à leurs parents sur le quai.

Andrew monta la valise de sa fille sur le filet destiné aux bagages dans un d’entre eux et Camille déposa Pluton sur la banquette. Nina jeta un regard à l'horloge : onze heure moins cinq.

Sa mère s'adressa à elle :

-Tes frères vont t'accompagner pour tes premiers jours, ne t'inquiète pas. Tu ne seras pas toute seule.

Nina se mordit l'intérieur des joues pour s'empêcher de lui rétorquer que c'était ce qu'elle voulait : être seule. Ou du moins, être sans ses frères.

-D'accord mon bébé ?

-Maman... Je ne suis plus un bébé...

Camille ressentit ce picotement dans les yeux et préféra se taire. Andrew prit la parole à son tour :

-Ma fille. Écoutes. A ton arrivé, après la répartition, ton directeur de maison viendra te voir pour te donner des instruction relatives à ton Troisième Oeil. Tu devras bien l'écouter et lui obéir, d'accord ?

-Je ne suis plus un bébé Papa...

-Je te le dis parce que je connais tes frères et je n'ai pas envie que tu réagisses comme eux. Bref. N'oublies pas Nina. Tu ne dois en parler à personne, sauf aux professeurs. Aucun élève ne doit savoir que tu as le Troisième Oeil absolu. Tu entends bien Nina ?

-Oui Papa.

-Et si jamais un élève l’apprend et commence à te harceler pour avoir connaissance des examens avant tout le monde ou ce genre de demandes stupides, tu dois immédiatement en parler à ton directeur de maison.

-Oui Papa.

Ils avaient déjà eut cette conversation des dizaines de fois. Un sifflement retentit sur le quai. Le train allait partir.

-Bon. Au revoir Nina.

Andrew l'embrassa. Camille se jeta à son cou pour la serrer dans ses bras.

-Ecris nous vite, chérie, très vite, d'accord ?

-Oui, oui...

Nina avait hâte que ses parents s'en aillent. Un deuxième coup de sifflet se fit entendre.

"Les parents sont priés de descendre du train, s'il vous plaît !"

Camille lâcha sa fille à regrets et la regarda, les yeux humides :

-Oh non, tu n'es plus mon bébé...

-Camille, nous devons y aller...

Camille sortit de la cabine, en jetant un dernier regard à Nina. Andrew s'attarda dans la cabine pour dire un dernier mot à sa fille :

-Et n'oublie pas. Tu es une Sang-Pur.

Et le silence s'installa dans la cabine. Enfin, le silence, ponctué des sifflements du train, des bruits de conversations des enfants dans le couloir, et des appels des parents sur le quai. Nina jeta un regard. Les adultes faisaient de grands gestes d'adieu à leurs enfants. Elle vit sa mère et lui adressa un petit signe de la main.

Elle sentit que le train s'ébranlait et elle vit les visage de ses parents glisser, glisser, puis disparaître. C'est-y-est. Elle était en route pour Poudlard. L'école des sorciers.

Elle ferma la porte du compartiment et se laissa retomber sur la banquette. Pluton sortit de son panier et commença à venir frotter sa tête contre le bras de Nina. Elle le caressa et il vint se blottir sur ses jambes.

Un grand calme envahit Nina. Pas l'indifférence dont elle faisait habituellement preuve, mais une tranquillité d'âme profonde et sereine.

La bulle éclata, lorsque soudain, Caïn et Alexandre entrèrent avec grand fracas dans le compartiment, accompagnés de leurs amis :

-Déjà occupé, fit l'un d'entre eux.

-Eh ! Mais c'est Ninou ! S'écria Alexandre.

-Ne m'appelle pas comme ça, protesta calmement Nina.

-C'est votre sœur ?

-Yep ! Acquiesça Caïn. Alors, reprit-il en s'asseyant à côté d’elle, comment tu trouves le train ?

-Apparemment pas assez grand puisque tu es là et pas ailleurs, répliqua-t-elle, cinglante.

-Ouh, de mauvaise humeur ? La taquina Alexandre en s'asseyant à son tour.

Nina leva les yeux. A travers ses lunettes, on voyait clairement l'étrange couleur de ses yeux. Un des amis de ses frères fronça même les sourcils, troublé, en les apercevant.

-Non, répondit-elle. J'aimerai juste être seule.

D'un même mouvement, Caïn et Alexandre se levèrent et levèrent les mains en signe d'innocence :

-Ok d'accord, on s'en va ! Rirent-ils.

Ils entraînèrent leurs amis, mais Caïn s'attarda :

-Je vous rejoins !

Il se tourna vers Nina :

-Tu sais Nina, c'est difficile de savoir ce que tu penses. Mais entre nous, tu sais bien que le Choixpeau t'enverra à Serpentard, comme nous. Ce n'est vraiment pas la peine d'inquiéter Maman avec ça.

Il partit. Nina pinça les lèvres. Sa mère avait dû lui dire qu'elle lui avait demandé ça en le croisant dans le couloir du train. Caïn était persuadé qu'elle irait à Serpentard, comme ses parents et comme ses frères. La seule personne à ne pas en être convaincue, c'était elle.

Et elle sentait bien que ça allait être un problème.



Pluton se blottit contre Nina, qui regardait pensivement par la fenêtre. Les paysages défilaient à toute allure, dans une peinture abstraite de traits et de couleurs floues. Elle entendait les conversations étouffés des élèves qui n'étaient pas dans leurs compartiments et qui erraient dans les couloirs à la recherche d'amis, ou d'une quelconque distraction.

Seule, avec pour seule compagnie son chat, Nina réfléchissait. Elle avait vraiment un mauvais pressentiment concernant sa répartition.

Comment ses frères allaient réagir si jamais elle n'était pas envoyé à Serpentard ? Elle savait qu'ils l'adoraient et elle le leur rendait bien, mais la considéreraient-ils toujours comme… faisant partie de la famille ?

Sa mère était élève à Serpentard, son père aussi. Quant à ses frères, ils méprisaient les autres maisons au point de ne vouloir adresser la parole qu'à des Serpentards, en tout cas en des termes sympathiques.

Et si elle, Nina, dérogeait à cette règle ? Et si elle n'était pas envoyé à Serpentard, comme tous les autres membres de sa famille ?

Elle gratta distraitement Pluton derrière les oreilles, son regard violet plongé dans le vide. Elle n'avait pas peur de l'avenir, il était son compagnon depuis sa naissance.

Si elle ne savait canaliser ce pouvoir phénoménal, elle avait au moins appris à vivre avec ses rêves prémonitoires et ses visions intempestives, mais aussi à ne pas les rechercher.

A laisser le hasard faire les choses.

« Hasard et avenir sont inextricablement liés. L'un n'existe pas sans l'autre. En regardant le futur, tu peux le modifier de manière totalement aléatoire ou au contraire, tu peux le changer en ne le regardant pas. C'est à toi de démêler le nécessaire, la vérité et l'urgence. »

C'était ce que lui disait son psychomage. La situation valait-elle la peine de jeter à coup d'oeil à l'avenir ?

Il lui suffisait d'enlever ses lunettes. Ce n'était rien. Rien qu'un tout petit mouvement de doigts. Nina hésita.

Non, elle ne devait pas. Ce qu'elle allait voir influencerait certainement son attitude lors de son passage sous le Choixpeau. Et si elle ne devait pas modifier une chose, c'était le déroulement de sa cérémonie de la Répartition. C'était un risque qu'elle ne voulait pas prendre, car cela avait des répercussions sur l'ensemble de sa scolarité et donc, sur sa vie.

Et Nina ne voulait pas que sa vie soit tracée. Alors, elle laisserait faire le hasard. Du moins pour cette fois.

La porte du compartiment s'ouvrit avec fracas. Nina ne sursauta pas. Elle l'avait senti, une seconde avant.

Ses lunettes lui permettait de ne pas avoir des visions en continu, mais elles ne filtraient pas les minuscules prémonitions dont Nina faisait preuves à longueur de temps. Ainsi, elle ne sursautait jamais, rattrapait les objets qui tombaient avec des réflexes surprenants, ouvrait les portes avant même que l'on frappe, et pressentait la météo avec une précision incroyable.

Dans l'encadrement se tenait trois jeunes hommes, d'une quinzaine d'années environ. Nina les détailla du regard en une fraction de seconde :

Le premier était grand, même très grand pour son âge, large d'épaules, impressionnant. Ses yeux bruns/verts luisaient avec gentillesse.

Le deuxième, plus petit, plus trapu, remit avec gêne une mèche de cheveux blonds derrière une oreille décollée.

Le troisième, de taille moyenne arborait un visage inexpressif derrière sa frange brune.

-Oups, déjà occupé... Désolés, s'excusa le grand brun, première année ?

Elle hocha la tête, sans le quitter des yeux, avec son regard placide. Le garçon sembla mal à l'aise.

-Euh, eh bien on...

-On va y aller ! Lança le garçon au visage atone.

Ils repartirent d'où ils étaient venus sous le regard tranquille de Nina. Elle passa la main sur son jean délavé et reprenant le fil de ses pensées.

Le futur... Le futur lui appartenait. Elle était jeune et puissante, elle avait la vie devant elle. Elle faisait sa première rentrée à Poudlard, l'année des rencontres et des connaissances commençait. Il n'avait pas lieu de s'inquiéter. Qu'importe la maison dans laquelle elle serait envoyé.

Au fond d'elle même, elle savait bien que ses frères et ses parents l'aimeraient toujours, mais elle ne pouvait s'empêcher d'angoisser un peu.

Elle décida de se bouger un peu. Le train filait à présent à travers les magnifiques paysage du pays anglais. De grandes plaines verdoyantes qui ondulaient sous la brise encore chaude de ce début de mois de septembre se succédaient à une vitesse folle en un tourbillon de vert et de brun. On aurait dit un tableau abstrait, des milliers de touches de couleurs appliqués à la va-vite par une fièvre artistique divine.

Nina se leva et Pluton sauta sur son épaule pour l'accompagner à l'extérieur du compartiment. Elle sortit avec son chat. Dans le couloir, les mouvements du train se faisaient plus perceptibles et le sol tanguait quelque peu. Elle pouvait entendre des échos de conversations étouffés, provenant du fond du couloir. Sûrement des élèves qui se dégourdissaient un peu les jambes.

Depuis combien de temps le train était-il parti ? Une heure ? Pas plus. Nina soupira. Encore six heures de trajet pour arriver à l'école de sorcellerie et si elle ne trouvait personne à qui parler, elle allait de voir les passer toute seule.

Pluton miaula.

-Oh tais-toi, le réprimanda-t-elle d'une voix douce. Tu comptes pas vraiment comme une personne. On va chercher quelqu'un de civilisé avec qui entamer un conversation intéressante et qui possible ait notre âge. Enfin le mien. Vu que toi, t'es un chat. Mais qu'est ce que je raconte moi...

Elle secoua la tête avec un léger sourire et partit à droite. Beaucoup de portes de compartiments étaient fermées mais on pouvait voir leurs occupants à travers les vitres. Elle passa devant un compartiment turbulent où s'agitaient deux garçons roux qui se ressemblaient en tous points, probablement des jumeaux, ainsi que le garçon au dreadlocks rencontré précédemment sur le quai et une jeune fille à la peau noires et au joli sourire.

Dans un autre, elle aperçut les jeunes hommes de toute à l'heure,qui s'extasiaient devant un balai apparemment flambant neuf.

A un moment, elle se retrouva face à trois garçons de son âge. Le plus petit avait les cheveux blond platine plaqués en arrière et un visage pointu. Les deux plus grand ressemblaient à des enfants de gorille.

L'un des autres avantages de son Troisième Œil, était qu'elle pouvait aisément deviner l'identité de chacun, et lorsqu'elle ne portait pas ses lunettes, cela pouvait même jusqu'à "voire" son passé, ses peurs, ses souhaits et bien entendu, son futur.

Elle faisait extrêmement attention à ce que cela ne se produise jamais, mais même lorsqu'elle portait des lunettes, elle avait tendance à deviner le nom de la personne en face d'elle, si du moins on lui en avait parlé un minimum auparavant.

Cette fois, elle reconnut en la personne du garçon blond, l'héritier de la prestigieuse famille Malefoy, Drago. Ils ne s'étaient jamais rencontrés, malgré leur probable parentage.

Elle se plaqua contre la paroi du train pour laisser passer le trio, les détaillant de ses yeux violets et continua son exploration lorsqu'ils furent passés.

Elle arriva à côté d'un compartiment dans lequel discutait deux garçons de son âge, un à la chevelure flamboyante et l'autre aux cheveux noirs et aux lunettes rondes.

Nina s'immobilisa, choquée. C'était lui. Harry Potter. Le garçon qui avait survécut. Une légende à lui tout seul. Elle avait complètement oublié qu'il avait son âge et qu'il ferait probablement sa scolarité avec elle.

Sa mère lui en parlait souvent, lui racontant comment, au plus jeune de son âge, le petit bébé Potter avait détruit le Seigneur des Ténèbres, sauvant ainsi le monde des sorciers d'une ère de terreur.

Il n'avait pas tellement l'air d'un bébé. Plutôt d'un adolescent mal nourri, petit et maigre, les cheveux en bataille et des lunettes cassées. Mais il avait l'air heureux d'être là, riant avec le garçon aux taches de rousseur.

Nina lui jeta un bref coup d’œil et reconnut immédiatement en lui le benjamin des Weasley, Ronald. Son père appelait souvent Arthur Weasley le "Défenseur incompris des Moldus" sur un ton ironique. Apparemment, le père Weasley trouvait les moldus un peu trop passionnants aux vues des convenances des familles de sang pur et très souvent, la famille se faisait remarquer pour son excentricité ou même, de manière plus injuste, sa pauvreté.

Ici, Nina ne voyait que deux jeunes garçons heureux de leur prochaine rentrée, insouciants. Nina sentit quelque chose remuer en son for-intérieur. Un mauvais pressentiment concernant l'avenir de ces deux garçons.

Son estomac gronda soudain. Elle n'avait pas beaucoup mangé ce matin, anxieuse à l'idée d'arriver à Poudlard le soir même.

Elle se détourna de la vitre du compartiment et entendit un peu plus loin une voix la voix grésillante d'une vieille dame.

Ça devait être la vendeuse de bonbons dont lui avait parlé ses frères. Elle se dirigea vers le chariot à friandises. Peut-être n'en avait-elle jamais vu autant rassemblées en un aussi petit espace.

-Que voulez-vous jeune fille ? Chevrota la vieille d'un ton gentil.

Nina hésita :

-Euh... je vais vous prendre...

Son amour pour le chocolat l'emporta :

-Deux sachets de chocogrenouilles, s'il vous plaît.

Elle paya le prix demandé, lorsqu'elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna : une fille de son âge examinait le chariot avec suspicion. Elle arborait une chevelure brune absolument extraordinaire, dont les boucles s'évadaient sur ses épaules, s'ourlaient autour de son visage et dont le volume la faisait sans doute plus grande qu'elle ne l'était réellement et des dents très blanches

-Excusez-moi madame, dit-elle à la vendeuse, mais qu'est ce que c'est que cela ?

Elle désigna du doigts des bonbons enroulés dans du papier orange.

-Des Patacitrouilles ma chérie.

La jeune fille eut une moue d'incompréhension. Nina devina aussitôt qu'elle devait être une Sang-de-Bourbe, une Née-Moldue.

Pourtant, la fille n'avait pas l'air stupide, ou effrayée. Elle se saisit d'un emballage, le regarda sous toutes les coutures et demanda combien il coûtait.

-10 Noise ma chérie.

La jeune fille fouilla dans ses poches pour en sortir 10 petite pièces de cuivre, qu'elle tendit à la vieille dame. Elle jeta un rapide regard à Nina, qui la fixait de ses yeux violets.

-Tu n'en prend qu'une ? Demanda-t-elle.

Elle savait qu son père réprouverait très fort qu'elle parle à une Sang-de-Bourbe, mais elle éprouvait un sentiment de sympathie pour cette jeune sorcière – car oui, s'en était une-, qui semblait bien décidé à faire sien le monde de la magie.

-Je ne pense pas avoir assez d'argent pour en prendre d'autre, répondit la fille. Elle avait une voix très claire et articulait très bien chacun de ses mots. En comparaison, Nina trouva sa voix faiblarde.

-Je peux t'en payer d'autres si tu veux. Il nous reste pas mal de route et faut tenir le coup.

Elle sourit doucement. La fille eut l'air d'hésiter.

-Je te rembourserai ! S'exclama-t-elle enfin.

-Mais non, ne t'inquiète pas. Pouvez-vous nous mettre deux trois Patacitrouilles en plus s'il vous plaît ? Oh, et puis des Dragées Surprises aussi. Merci !

Elle paya et se retourna vers la Sang-de-Bourbe.

-Tu verras, les Dragées Surprises de Bertie Crochue sont le meilleur moyen de passer le temps.

Elle remarque alors que la fille traînait encore sa valise derrière elle. La brunette surprit son regard :

-Oh, oui, ça. Je n'ai pas encore trouvé de compartiment vide...

-Viens dans le mien.

C'est ainsi que Nina emmena la Sang-de-Bourbe dans son compartiment. Elles réussirent tant bien que mal à caser l'énorme valise dans les filets prévu à cet effet et, après de nombreux éclats de rire, s'assirent enfin l'une en face de l'autre. Pluton vint se lover sur les genoux de sa maîtresse.

-Ton chat est vraiment magnifique.

-Merci. Il s'appelle Pluton.

-Mes parents m'ont dit que si j'avais des bonnes notes, je pourrais avoir un chat pour mes treize ans.

-Ce sont des Moldus, hein ?

La fille rougit un peu.

-Oui. Ils sont dentistes.

Nina pencha la tête de côté. Evidemment, il aurait juste fallu qu'elle le veuille pour deviner ce que c'était que "dentiste", mais elle voulait l'entendre de la bouche de la jeune fille:

-C'est quoi, "dentiste" ?

-Ce sont les médecins des dents. Ils soignent les caries et vérifie que les dents sont bien alignées.

-Ah. Toi, tu as les dents très alignées.

-Merci.

Quand elle souriait, ses dents ressortaient encore plus, surtout les deux de devant, qui étaient très écartées. Nina décida qu'elle l'aimait bien.

-Moi, c'est Nina. Nina Flintey.

-Hermione Granger.

Elles se serrèrent la main.

-Bon, alors ! On les mange ces bonbons ?

Hermione adora les Chocogrenouilles, avouant adorer le chocolat, tout autant que Nina.Elle s'exclama en voyant la carte à l'intérieur qu'elle avait lu que les photos et les peintures du monde des sorciers étaient vivantes, mais que c'étaient beaucoup plus impressionnant à voir en vrai. Elle conserva soigneusement sa carte de Cléopatre. Nina fut étonnée d'apprendre que les personnages des photos et des peintures restaient immobiles chez les Moldus.

Elles décidèrent de se partager la première Patacitrouille et de garder les deux autres pour plus tard. Ensuite, elles s'amusèrent à piocher au hasard les Dragées Surprises.

-Oh, mon Dieu, c'est dégoûtant ! S'écria Hermione en recrachant tout dans un mouchoir. Je crois que c'est goût terre !

-A mon tour !

Nina se saisit d'une dragées couleur rouge en croqua doucement dedans.

-Hum, délicieux ! Coquelicot je dirai.

-Il y en a d'autre de cette couleur là ?

Ellee riaient lorsque la porte du compartiment s'ouvrit. Se tenait dans l'encadrement le garçon que Nina avait croisé tout à l'heure, Drago Malefoy, avec ses deux accolytes.

-Bonjour, dit Hermione d'un ton enjoué.

-Bonjour, répondit Malefoy, un peu distant. On fait le tour des compartiments pour trouver Harry Potter. Vous l'avez vu ?

Les yeux d'Hermione s'ouvrirent comme des soucoupes.

-Harry Potter est dans le train ? Mais bien sûr, que je suis bête, il a notre âge !!

-Je l'ai vu tout à l'heure, mais je serais bien incapable de dire quel est le numéro de son compartiment, dit Nina.

-Vous mangez quoi ? Demanda l'un des gorilles.

-Dragées Surprises, répondit Hermione.

-Vous devriez vous mettre en sorciers, conseilla Malefoy.

-Pourquoi ? S'étonna la Sang-de-Bourbe. On arrive que dans cinq heures et demie...

Il haussa les épaules.

-Joli le chat, commenta-t-il avant de partir.

Hermione lui adressa un signe de la main en souriant à travers la vitre du compartiment. Il y répondit timidement.

-Le connaissais-tu ? Demanda-t-elle à l'intention de Nina.

-Disons que nous venons tous les deux d'une famille de Sang-Purs, alors on peut plus ou moins dire que nous sommes de la même famille.

-Oh. Je vois.

Hermione semblait un peu gênée. Elle avait dû lire que les Sang-Purs éprouvaient un certain mépris pour les Sang-de-bourbe. Enfin... Les Nés-Moldus.

Nina décida de changer de sujet.

-Dis-moi, tu connais plein de choses sur la magie, Poudlard, tout ça... Comment tu sais tout ça ?

-J'avais peur de prendre du retard sur les autres, alors j'ai lu tout les manuels de l'année et quelques autres pour ma culture générale.

Nina ouvrit de grands yeux. Même elle n'avait pas lu tous les livres. Hermione continua sur sa lancée:

-Mon livre préféré, c'est "l'Histoire de Poudlard". Je trouve cette histoire de maisons un peu barbares, toutefois.

-Comment ça ?

-Et bien, je ne sais pas, ça incite drôlement à la division, non ? Surtout avec ce principe des points et de compétition.

Nina pencha un peu la tête, en caressant distraitement Pluton.

-Je n'y avais jamais pensé.

Il y eut un moment de silence. En vérité, Nina trouvait ça un peu idiot. Les maisons étaient très utiles pour définir et aider les élèves à trouver leur voie. Et la division faisait partie du jeu. Il était utopique de penser que tout le monde pouvait être amis. Depuis le commencement, il y avait eu des clans. Des sorciers supérieurs. C'était triste à dire, mais une Sang-de-Bourbe comme Hermione ne pourrait jamais être aussi douée qu'une Sang-Pur comme elle.

-Au fait, tu savais qu'il n'existe pas deux baguettes différentes dans le monde entier ?

Un souvenir effleura Nina. La voix d'un vieil homme :

Une baguette très intéressante. Elle n'a pas son pareil. Comme chaque baguette en somme.

-Oui. C'est Mr. Ollivander qui me l'a dit.

-Oh, toi aussi tu as acheté ta baguette chez lui ?

-Il y a très peu de fabricants de baguettes, et Ollivander est l'un des plus connu en Angleterre. Quasiment tous les élèves de Poudlard vont chez lui.

-C'est étrange parce qu'il n'y avait personne quand je suis allée chez lui.

-Oh, tu sais, on n'achète pas trente-six baguettes en une vie. Généralement on en utilise qu'une, celle qu'on achète pour notre première année. Si on la casse, on peut en acheter une autre, mais ça reste occasionnel. Dans les famille pauvres, parfois, on récupère les baguettes des plus âgés pour les donner aux plus jeunes.

Elle un ricanement en pensant aux Weasley.

-De quoi est faite la tienne ? Demanda Hermione dans un élan de curiosité.

Nina sourit. Hermione ne pouvait pas savoir qu'il était extrêmement impoli de poser une telle question à une personne que l'on vient juste de rencontrer. Mais ça faisait du bien un peu de fraîcheur, loin des politesses alambiquées que lui servaient des fois les amis de ses parents.

-C'est du bois d'accacia, avec un crin de centaure.

-Oh ! Je ne savais pas que l'on pouvait faire des baguettes avec des poils de centaure...

-Moi non plus...

Elle se souvenait très bien de son achat, quelques semaines auparavant, de sa baguette.

Son père l'avait accompagné dans la boutique de Mr. Ollivander. Elle se sentait à la fois très fière et très intimidée. Très fière parce qu'elle était avec son père et qu'elle savait qu'il faisait parti de ces sorciers très respectés, ceux auquel les gens adressent un signe de tête respectueux et par là, c'était aussi un peu devant elle qu'on s'inclinait. Elle se sentait fière d'être sa fille. Très intimidée parce qu'elle n'était, après tout, une petite sorcière qui vient acheter sa première -et probablement sa dernière- baguette.

Mr. Ollivander était exactement ce à quoi elle s'attendait. Un vieil homme aux cheveux en bataille, aux yeux écarquillés. D'ailleurs, ceux-là étaient extraordinairement clairs, comme deux morceaux de lune.

-Ah, Andrew, dit-il en voyant son père.

-Mr. Ollivander, répondit Mr. Flintey en inclinant respectueusement la tête.

L'étrange regard du vieil homme se reporta sur Nina, qui luttait contre l'envie de saisir la main de son père.

-Mademoiselle Flintey je suppose. Enchantée.

Il lui serra la main. Il avait de longs doigts secs.

-Je me souviens de la baguette que j'ai vendu à votre père. 35 cm, en ébène, avec un nerf de dragon si je ne m'abuse ?

-C'est cela.

-Et pour votre mère, dit-il à Nina, ce fut une baguette plus courte, 24 cm, je crois, en bois d'olivier, avec un poil de licorne.

Andrew Flintey acquiesça silencieusement.

-Nous allons prendre vos mesures jeune fille.

Il s'était redressé et claqua des doigts. Aussitôt, le mètre-ruban s'élança pour se mettre à mesurer Nina dans tous les sens.

-Dumbledore m'a parlé de vous, vous savez, lança-t-il depuis le fond de sa boutique où il s'était enfoncé pour sélectionner une baguette. Alors... Ah, mais où est-ce que je l'ai rangé !? Ah, la voilà.

Il revint en tenant une longue et fine boîte.

-Je l'ai fabriqué spécialement pour vous.

Il ouvrit la longue boîte, dévoilant une très élégante baguette d'un bois mordoré. La poignée était sculptée en longues et fines volutes qui s'enroulaient gracieusement autour de la longueur comme des doigts de fumée.

Nina sentit comme une main lui saisir les tripes. C'était elle, sa baguette, elle en était sûre. Absolument certaine.

Sans demander l'autorisation -de toute façon, elle était sûre de ne pas en avoir besoin-, elle s'en saisit doucement, la main un peu tremblante.

-25,9 cm, en bois d'acacia. J'ai mis un ingrédient que je n'utilise jamais d'habitude. Un poil de centaure.

Les yeux du bouquetier s'étaient mis à briller de manière étrange.

-Un centaure d'Afrique me l'a gracieusement donné. Les centaures sont d'étranges créatures. Ils n'écoutent que les étoiles, mais pour une petite fille comme toi...

Il sourit mystérieusement.

-C'est à cause de mon Troisième Oeil ? Demanda-t-elle d'une toute petite voix.

Il hocha gravement la tête.

-Les centaures y sont très sensibles. Un jour, petite, tu devras les rencontrer.

Un étrange sentiment s'était alors répandu dans le ventre de Nina. Quelque chose entre la peur, la fierté et une douceur indéfinissable, la certitude qu'il y avait au moins un peuple dans ce monde qui la comprenait. Son père lui avait doucement pressé l'épaule.

-Essaie-la, lui conseilla-t-il en souriant à demi.

Elle fit un geste délicat de la main et d'un seul coup, tous les objets de la pièce se mirent à léviter à quelques centimètres du sol. C'était très étrange, elle éprouvait comme une chaleur dans la poitrine. Et puis, cela cessa. Les objets retombèrent avec un bruit sourd.


La voix d'Hermione la ramena à la réalité :

-La mienne n'est pas aussi originale, j'en ai peur. C'est du bois de vigne, avec un ventricule de dragon à l'intérieur.

Nina haussa un sourcil :

-Ce sont les personnes fortes, avec de l'énergie qui possède une baguette de dragon, commenta-t-elle. Généralement, ce sont d'excellent sorciers.

-Ah bon ? Hermione rougit un peu.

Nina allait lui demander si elle avait commencé à jeter des sorts quand leur porte de compartiment s'ouvrit sur un garçon joufflu à l'air pleurnichard.

-Je suis désolé de vous déranger, mais j'ai perdu mon crapaud.

Nina se souvenait de lui. C'était le garçon au crapaud du quai.

-Tu as un crapaud ? Demanda Hermione avec un regard entre la fascination et le dégoût.

-Tu l'as perdu ? S'étonna Nina avec un sourire en coin.

Il fallait être fort pour perdre son crapaud. On ne pouvait pas dire que ça avait la bougeote ce genre d'animal...

-Oui, il s'appelle Trevor.

Il semblait sur le point de fondre en larme. Hermione se leva et lui passant un bras au dessus des épaules, le fit s'asseoir à côté de Nina.

-Allons, ne t'en fais pas, tu vas le retrouver.

-J'ai déjà demandé à plein de gens, mais personne ne l'a vu !

-Ne t'inquiète pas, il est sûrement encore dans le train. Le rassura Nina du mieux qu'elle pu.

-Comment tu t'appelles ? Demanda Hermione.

-Neville.

-Moi c'est Hermione, et voici Nina.

-On va t'aider à retrouver ton crapaud si tu veux. Nina avait dit ça spontanément, sans réfléchir. Elle avait trop envie d'aider ce pauvre garçon et puis, ça lui donnait une occasion de visiter un peu le train. Elle espérait juste de pas tomber sur ses frères. Si jamais ils la voyaient avec une Sang-de-Bourbe, ils allaient lui faire la fête.

Elle regarda l'heure. Plus que 4h30 de trajet. Le garçon, Neville était déjà habillé en sorcier.

-Peut-être devrions nous avant nous changer. Tu peux nous attendre dans le couloir Neville ? On arrive tout de suite !

Neville hocha la tête en reniflant et referma soigneusement la porte derrière lui.

-Le pauvre, chuchota Hermione alors qu'elle enlevait son pantalon et enfilait sa jupe. Perdre son animal le premier jour...

Nina ressenti une onde de compassion la traverser alors qu'elle jetait un coup d'oeil à Pluton. Elle ne s'imaginait pas perdre son chat ainsi, alors que les cours n'avaient même pas commencé. Elle enfila sa cape de sorcière par dessus son chemisier et son pull. En attendant de savoir dans quelle maison elle était, elle avait décidé de ne pas porter de cravate. Hermione avait opté pour une noire. Nina prit Pluton dans ses bras et lui chuchota à l'oreille qu'il devait rester sage dans le compartiment. Elles ressortirent enfin. Neville les attendait.

Elles visitèrent plusieurs compartiments, mais à chaque fois, on n'avait vu trace du crapaud. Pour aller plus vite, ils décidèrent de se séparer. Hermione et Nina d'un côté, Neville de l'autre. Finalement, Hermione ouvrit en grand la porte du compartiment occupé par Harry Potter et son ami. Le Weasley tenait sa baguette dans une main, la bouche ouverte, semblant prêt à jeter un sort. En les voyant débarquer, il s'immobilisa. Nina adressa un faible sourire à Harry Potter. Il était vraiment maigre.

-Vous n'auriez pas vu un crapaud , demanda Hermione. Celui de Neville s'est échappé.

-On a rien vu du tout, répondit précipitamment le Weasley.

Nina fronça légèrement les sourcils. Hermione avait demandé gentiment, ce n'était pas la peine d'être désagréable. Elle remarqua qu'il avait une tâche sur le nez et se promis, avec une petite satisfaction sournoise, de ne pas le lui dire. Qu'il fasse la Répartition ainsi, ça serait pour le mieux, ce malpoli ! Weasley en plus...

-Tu es en train de faire de la magie ? Demanda soudain Hermione en regardant la baguette qu'il avait à la main.

Weasley semba pris au dépourvu et Nina eut un rictus. Il s'éclaircit la gorge et commença :

-Soleil jonquilles et canari

Que ce gros rat gris

En jaune soit colorié

de la tête jusqu'au pieds !

Nina faillit éclater de rire. Ça n'existait pas une formule comme ça ! De fait, aucun effet ne se fit ressentir sur le rat, qui continua comme si de rien n'était sa vie de rat.

-Tu appelle ça jeter un sort ? Dit Hermione d'un ton un peu hautain. Avoue que ça n'est pas une réussite. Moi, j'ai essayé d'en jeter pendant les vacances, et ça a marché à chaque fois.

Nina avait très envie de rire en voyant Weasley échanger un regard éloquent avec Potter. Hermione s'assit en face de Potter et lui pointant sa baguette sur le nez :

-Par exemple. Oculus Reparo

Avec un claquement sec, les lunettes toutes rafistolées de Potter se réparèrent toutes seules. Nina recula d'un pas. Cette Sang-de-Bourbe maîtrisait déjà à la perfection ce sort, alors que les cours n'avaient même pas commencé ?

Elle regarda alors, regarda vraiment les trois jeunes gens devant elles, dans le compartiment. Weasley qui levaient des yeux exaspérés au plafond, Potter qui regardait Hermione comme si elle était un don du ciel et Hermione qui leur souriait de toute ses grandes dents.

Et elle vit.

Une vision fulgurante lui brûla soudainement les yeux. Une harpe qui jouait toute seule, dans un long couloir sombre, puis des araignées en file indienne, sur le sol d'un couloir éclairé d'une chaude lumière dorée, et surgi de l'obscurité, un chien aux yeux brillants, aux crocs apparents et aux poils noirs grogna juste devant ses yeux.

Et ce fut tout. Le compartiment réapparut, un peu flou, puis de plus en plus net. Hermione et les deux garçons la regardaient d'un air inquiet.

Nina remit maladroitement ses lunettes qui étaient tombées par terre.

-Ça va ? Demanda Weasley, pâle sous ses tâches de rousseur. Elle remarqua qu'il avait une tâche sur le nez. Ou alors l'avait-elle déjà remarqué ? Elle ne se souvenait plus.

-Oui, oui, ça va...

Elle s'assit sur la banquette, les jambes flageolantes. C'était une prédiction. Un voile sur l'avenir avait été levé, malgré ses lunettes. Elle savait parfaitement que ça n'arrivait que lors de grandes prédictions.

Elle devait contacter immédiatement le Département des Mystères, pour qu'ils puissent archiver le présage, mais elle n'avait aucun hibou sous la main.

Ça ne lui était arrivé qu'une fois, sa toute première prophétie, quand elle avait sept ans. Le sentiment de vertige l'avait réveillé au beau milieu de la nuit, sueurs froides, pupilles dilatées, la bouche ouverte sur un hurlement silencieux.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

Nina leva le nez vers les trois enfants. Yeux bruns, verts et bleus remarqua-t-elle. Hermione, Potter et Weasley la regardaient avec inquiétude.

-Rien, c'est... c'est pas grave.

-Mais ça t'arrive souvent ce genre de truc ?

-Oui..enfin non ! C'est compliqué.

Il y eu un moment de silence. Les trois enfants lui faisaient face, l'air inquiet. Elle secoua doucement la tête en réajustant ses lunettes.

-Est-ce que l'un d'entre vous aurait un hibou ?

-On a pas le droit d'envoyer du courrier alors qu'on est encore à bord du train, lança Hermione de son ton un peu autoritaire.

-J'ai une chouette, dit Potter. Je pourrai te la prêter quand on sera arrivé à l'école si tu veux.

-Merci, c'est gentil.

Le garçon lui tendit la main.

-Moi c'est Harry Potter.

-Et moi Ron Weasley.

Elle hésita un instant, puis serra les deux mains tendues. Elle se retint de dire « Je sais » et répondit simplement :

-Nina. Nina Flintey.

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