Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 8 : Anybody Seen My Troll?

4533 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 02/06/2020 00:17

-         Joyeux Halloween !


Arthur fit une apparition hors de son dortoir, emmitouflé des pieds à la tête dans une armure semblable à celles qui décoraient les couloirs du Château (quoique celles-ci fussent dotées de pouvoirs magiques, car elles pouvaient s’animer et se nettoyer seules). La sienne n’était pas faite de métal mais principalement de papier-journal et de carton peint en gris. Il avait aussi troqué un casque quasi d’époque à un troisième année du nom de Duncan Knottingley, qui l’avait récemment acquis à Pré-au-Lard – un village voisin de Poudlard, habité par des sorciers, où les élèves plus âgés pouvaient se rendre lors de sorties scolaires occasionnelles. Les parents de Duncan étaient des moldus également, c’est pourquoi Arthur avait pu le lui troquer contre ses Pogs.

- Très réussi, complimenta Pete. J’aime surtout cette épée, ça fait très XIème siècle.

Arthur devint rouge comme une tomate. Son épée était en effet constituée de deux règles scotchées ensemble, dont une cassée en deux pour faire office de garde entre la « poignée » et la « lame ».

- Vous êtes pitoyables ! leur lança Hannah Abbot, une élève de Poufsouffle, qui les observait depuis la salle commune.

- C’est toi, qui est pitoyable, Hannah, rétorqua Arthur avec du venin dans la voix.

- Avoue que t’es amoureux d’elle, lui murmura Pete.

- J’en dors plus la nuit, répondit Arthur. Bon, pourquoi personne n’est déguisé, ici ? ajouta-t-il d’une voix forte. Ça n’existe pas, Halloween, chez les sorciers ?

Personne ne lui répondit.

- Y a pas à dire, c’est bonne ambiance, grogna Arthur.

- Tu vas aller à tous les cours comme ça, alors ? fit Pete avec amusement

- Bien évidemment ! C’est le jour le plus fun de l’année ! L’an dernier, mon père s’était déguisé en Mick Jagger et moi, en Jim Morrison. On a passé la nuit dans la rue à jouer de la guitare et à demander des bonbons. On a fait ça pendant presque deux heures, jusqu’à ce que la police menace de coller une amende à mon père pour exhibitionnisme.

- Il ne portait pas de vêtement ?

Je ne portais pas de vêtements. Je ne sais pas si t’as déjà vu un poster de Jim Morrison, mais il a toujours son torse pré-pubère à l’air. Du coup, quand ma perruque frisée est tombée, mon père ressemblait plus à un chanteur disco détourneur d’enfant qu’à une star du rock. C’était quand même une soirée géniale.

Un garçon assis non loin d’eux eut un petit rire étouffé.

- J’adore vous écouter parler, tous les deux. On ne comprend jamais rien.

- Comment ça ? demanda Arthur.

- Vous étiez déguisés en quoi, avec ton père ? En Mick Dagger ?

- En Mi…

Arthur s’interrompit en pleine phrase. Devant son air hagard, quoiqu’atténué par le heaume, Pete savait très bien ce qui allait suivre et se leva en anticipation.

- Tout doux, Arthur…

- En Mick Jagger, articula Arthur.

- Ah, et c’est quoi un « mick jagger » ?

- Un Mi…

Il s’interrompit à nouveau.

- Ça va aller, répéta Pete.

- Tu ne sais pas qui est Mick Jagger ? Jim Morrison, au moins, tu connais ? Les Doors ?

- Heu, non plus…

- Bon d’accord, c’est un peu vieux, mais les Stones. Tu connais quand même bien les Rolling Stones ?

- Heu, non, désolé…

- Là, je suis obligé de rejoindre Arthur, remarqua Pete en regardant le jeune homme avec beaucoup d’étonnement. Tu ne les connais pas du tout ? Même de nom ? Ils sont assez vieux mais ils ont vendu des millions et des millions de disques à travers le monde. On les entend encore très souvent à la radio !

Leur interlocuteur se tourna vers un de ses camarades et l’interpella :

- Steve, tu connais toi ?

- Quoi donc ?

- Les Rolling Stones ? Les Poors ?

- Les DOORS, bon sang, s’étrangla Arthur.

- Ah non, c’est quoi ?

- Oh mon Dieu, s’écria Arthur. L'électricité, je veux bien, mais ça, non ! Trop, c'est trop !

Il monta sur une table et interrogea la pièce d’une voix forte :

- Qui, parmi vous, n’a jamais entendu parler des Rolling Stones ? Levez immédiatement la main.

La quasi-totalité de la pièce leva la main, les seules exceptions étant uniquement les enfants de deux parents moldus. Arthur baissa alors la tête et poussa un long soupir. Il la releva et déclara d’un ton ferme :

- Camarades, vous ne serez pas oubliés. Cet affront à la culture moldue sera pardonné. Ce toit percé à la chaumière de la magie sera réparé. Ce talon d’Achille musical à la cheville des sorciers sera replongé dans les eaux du Styx. Aujourd’hui, solennellement, je m’engage devant vous et sur l’honneur, au nom de ce qui est beau, au nom de ce qui vit, au nom de toutes les symphonies inachevées… à offrir à cette maison, pour Noël, une chaîne hi-fi, et des disques. Beaucoup de disques. Non, non. N’applaudissez pas. Vous me remercierez quand vous aurez rencontrés Angie.

Il redescendit de la table sous les regards indifférents des uns et les petits rires des autres, notamment de Justin avec qui ils avaient fait la course dans le Poudlard Express.

Ils partirent petit-déjeuner, et Arthur y rumina son amertume autant que ses céréales. Il en profita pour rédiger une longue lettre à l’attention de ses parents, dans laquelle Pete le soupçonna de parler exclusivement de musique et des vieilles soirées d’Halloween avec son père. Cela faisait presque deux mois qu’ils étaient à Poudlard, et il savait que beaucoup de sujets de conversation qu’il avait auparavant en classe avec ses camarades lui manquaient affreusement.

De surcroît, Arthur découvrit rapidement qu’aucun autre élève ne s’était déguisé dans tout le Château, chose qui prit tout son sens lorsque Madame Bibine, la professeur de vol, lui ordonna d’enlever son costume pour pouvoir monter correctement sur son balai, provoquant ainsi l’hilarité chez les Serdaigle et un amusement difficilement masqué chez les Poufsouffle.


En retournant à la Grande Salle pour la pause déjeuner, une vision familière vint cependant lui remonter le moral.

- Pete, regarde, c’est Miss Crapaud là-bas ! On va lui dire bonjour ? Hermione ! Eh, Hermione !

Arthur courut pour rattraper la jeune fille qui semblait ne pas l’entendre.

- Eh, Hermione comment tu vaaas…

Il étira sa dernière syllabe, surpris qu’il était de découvrir les yeux rouges et le visage gonflé de larmes de la jeune fille aux cheveux décoiffés.

- Salut, murmura-t-elle en tentant de continuer sa route.

- Attends, Hermione, qu’est-ce qui se passe ?

- Ça ne va pas ? ajouta Pete qui venait de les rejoindre.

Hermione marmonna entre ses dents que tout allait bien, tout en se tordant les doigts ; mais au bout de quelques secondes, elle entra comme en éruption et s’écria :

- Je me CASSE la tête pour décrocher les meilleures notes et obtenir des points pour ma maison, pendant que mes soi-disant amis font TOUT pour nous en faire perdre un maximum ! Je leur évite des duels ! Je me tape des chiens à trois têtes ! Des courses-poursuites dans le château à des heures pas possibles, tout ça pour eux ! Mais EN PLUS, je me fais CRACHER DESSUS quand je leur apprends à prononcer correctement un sortilège ! Win-« GAR »-dium, c’est pourtant pas si compliqué ! Ces têtes de mule ne sauraient toujours pas ouvrir une porte, si j’étais pas là ! CAUCHEMAR TOI-MÊME ! hurla-t-elle alors dans le vide, comme pour répondre à un interlocuteur invisible.

Pete et Arthur attendirent qu’elle reprenne son souffle. Elle avait crié avec tant de véhémence qu’ils n’osaient pas imaginer sa réaction face à une impolitesse de plus. Quand elle sembla s’être calmée, Pete déclara :

- Quels nuls, tes amis !

- Ouais, laisse tomber, enchaîna Arthur. Des guignoles comme ça, à mon avis, tu n’en entendras plus du tout parler !

- Ils sont dans ma maison, ajouta Hermione en s’essuyant le coin de l’œil avec le pan de sa robe de sorcière. Je vais les voir tous les jours pendant sept ans…

Cette information leur fit un drôle d’effet ; ils n’avaient jamais vu les choses sous cet angle. Effaré par cette découverte, Arthur fixa inconsciemment le mur face à lui, ses yeux grands ouverts, et laissa sans le savoir échapper un murmure (« Il faut que je fasse découvrir le rock aux Poufsouffle le plus vite possible… »).

- Dans ce cas, tu devrais peut-être te montrer patiente et ne pas forcer les choses, poursuivit Pete. S’ils ne sont pas sympas, prends un peu de distance, et c’est sûrement eux qui reviendront vers toi.

- Tu crois ? demanda Hermione d’une petite voix.

- Oui, je pense. Ça prendra sans doute un peu de temps, mais à mon avis, le jour où tu auras vraiment besoin d’eux, ils seront là pour toi.

Hermione s’essuya à nouveau les yeux et répondit « Merci. » avec un sourire lumineux ; et malgré ses cheveux hirsutes et ses grandes dents, Pete sut sans l’ombre d’un doute que, cette nuit, ce serait lui qui ne dormirait pas une seule minute.

- Tu vas déjeuner ? lui demanda Arthur.

- Je ne sais pas, je vais peut-être aller à l’infirmerie d’abord, j’ai mal au ventre. Merci, les garçons. A plus tard.

Et elle s’éloigna. Ils se rendirent à la Grande Salle, et tout en déjeunant, ils discutèrent de leur conversation avec Hermione.

- Tu as vu ? demanda Arthur. Elle aussi connaît le chien à trois têtes. C’est pas si bien caché que ça, ici, les animaux mortels.

- T’as vu surtout les loosers que ça a l’air d’être, ces Gryffondor ? répondit Pete. A part cette fille, tous ceux que j’ai croisés jusqu’ici sont prétentieux et bêtes comme leurs pieds.

- Ouais, mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas une maison pour rattraper l’autre.

- Comment ça ?

- Les Serdaigle sont d’énormes fayots. Tu as entendu Mandy, ce matin ? « Professeur Bibine, au bout de combien d’heures de pratiques vole-t-on aussi bien que vous ? ». Les Serpentard ont tous l’air d’avoir des daddy issues, et les Poufsouffle, j’en parle même pas !

- Tu vas encore me dire qu’ils ne connaissent pas les Sto…

- ILS NE CONNAISSENT PAS LES STONES ! l’interrompit Arthur dans un cri d’exaspération, et ils ne se déguisent pas pour Halloween ! Ecoute Hermione : on va se les coltiner pendant sept ans, tu te rends compte ? Franchement, je prie pour qu’il se passe un truc d’un peu excitant dans ce château pour une fois, sinon, on va se tirer une balle, crois-moi !

- On apprend à conduire des balais et on se fait persécuter par des escaliers. Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

Ils échangèrent ainsi jusqu’à ce que les premiers Poufsouffle quittent la table. Ayant retenu la leçon du jour où ils avaient été punis par McGonagall, ils se mirent en route à la suite des autres pour rejoindre une salle de classe particulièrement éloignée. De plus, le cours de sortilège étaient devenus leur cours préféré car non seulement ils y apprenaient énormément de formules magiques mais en outre, Monsieur Flitwick était de loin leur enseignant le plus sympathique et le plus encourageant. Même le Professeur Chourave, leur directrice de maison, ne rivalisait pas de gentillesse avec lui.

Ils s’engageaient dans les étages quand Pete aperçut, perché vingt mètres plus haut sur une rambarde d’escalier, un félin tigré qu’il n’avait encore jamais croisé à l’école.

- Oh, le joli matou ! s’écria Pete. Tu l’as vu ? Je ne crois pas que ce soit Miss Teigne.

Miss Teigne était le chat de compagnie d’Argus Rusard, le concierge et homme à tout faire de Poudlard. Maître et matou passaient leurs journées à arpenter les couloirs à l’affût du moindre impair commis par un élève. Ce chat-là était bien loin de susciter la sympathie des étudiants. Celui-ci paraissait toutefois beaucoup plus amical et présentait d’étranges mais jolies traces carrées autour des yeux.

- Ouuuh qu’il est mignon, s’exclama Arthur.

- Minou-minou-minou ! l’appela Pete.

Or, loin de s’approcher d’eux, le chat sauta au bas de la balustrade tout en se métamorphosant en une personne humaine ; et pas n’importe quelle personne, mais le Professeur McGonagall elle-même. Elle leur tourna le dos et s’en alla rapidement, son air pincé habituel plus prononcé que jamais.

- Je crois qu’on vient d’appeler notre directrice adjointe « minou-minou », commenta Pete, blanc comme un linge.

- Les historiens de la magie parleront de nous comme des figures les plus emblématiques du sexisme au vingtième siècle et nos petits-enfants devront changer de nom pour éviter la persécution, poursuivit Arthur sur le même ton dépité.

- Tu voulais quelque chose d’intéressant, tu es servi.

- Je voulais quelque chose d’excitant ! rétorqua Arthur. Pas être recalé en cours de métamorphose jusqu’à la fin de ma vie.

Ils rejoignirent le cours du Professeur Flitwick qui leur annonça le sujet du jour : la lévitation.

- Attention à la prononciation, les enfants, couina le petit professeur. Articulez bien. « Win-gar-dium Le-vio-sa ! »

A ces mots, Pete et Arthur se regardèrent, avec le même souvenir instructif en tête. En chœur, ils imitèrent le geste de baguette que Flitwick venait de montrer et s’écrièrent :

Win-GAR-dium Leviosa !

Et leurs deux plumes entreprirent une course effrénée jusqu’au plafond.

- WOUHOU ! s’écria Arthur en se levant d’un bond de sa chaise, les deux bras en l’air.

- Pete, Arthur, bravo à tous les deux, c’est excellent ! s’exclama le professeur Flitwick. Dix points pour Poufsouffle. Mais ne chahutez pas trop, un peu de calme, s’il vous plaît. Reprenons…

Cet instant fut le seul moment vraiment joyeux de cette journée d’Halloween, qui était particulièrement décevante aux yeux d’Arthur. Pete faisait son maximum pour le maintenir de bonne humeur. Il s’était à son tour fabriqué une épée avec deux règles cassées et le provoquait régulièrement en duel dans les couloirs pour lui changer les idées.


Quand vint le moment du fastueux banquet d’Halloween, le soir-même, Pete s’extasia devant toutes les décorations, les plateaux en or, l’odeur de citrouille et le balai de chauve-souris qui virevoltaient dans toute la salle, mais rien ne suffit à égayer l’humeur de son ami.

- Tu as vu les citrouilles qui brillent ? l’encouragea Pete. Et toutes les chauves-souris !

- Oui, c’est incroyable, feint Arthur qui faisait son possible pour masquer sa désolation, tout en repoussant avec agacement le chiroptère qui essayait de mordre son morceau de poulet.

Pete se sentait de plus en plus démuni. Le silence de leur repas contrastait fortement avec les discussions animées, les rires et les bruits d’assiettes gaiement englouties tout autour d’eux. Il savait désormais que la soirée était gâchée et qu’ils n’auraient plus rien à se raconter jusqu’au moment de se coucher. Quand tout à coup, le joyeux tumulte qui résonnait dans la grande salle fut interrompu par un cri effroyable :

- UN TROLL ! DANS LES CACHOTS !

Le Professeur Quirrell avait fait irruption dans la pièce, haletant et paniqué. Accourant vers Dumbledore qui siégeait au milieu de la grande table des professeurs, il s’était écrié avec la terreur d’un enfant dans la voix. Dans un dernier souffle, il murmura...

- Je voulais vous prévenir !

…et tomba évanoui, par terre.

Tous les élèves furent pris de panique et poussèrent des cris de terreur. Dumbledore les rappela à l’ordre et ordonna à tous les préfets de ramener chaque élève dans sa maison, dans le calme, tandis que les professeurs devaient se rendre aux cachots pour neutraliser la créature.

Les Poufsouffle se levèrent rapidement et quittèrent la salle de façon ordonnée, tandis que certains élèves de Serpentard ne parvenaient pas à bouger, tant ils étaient pris d’effroi. Mais alors qu’ils quittaient la pièce, Pete jeta un coup d’œil vers Quirrell que rejoignait l’infirmière, Madame Pomfresh. Revenu à lui, le professeur était à présent assis par terre et semblait pris de spasmes qu’il tentait de combattre en se balançant d’avant en arrière, tout en se frottant les bras.

Sans le quitter des yeux, Pete interrogea Arthur :

- Eh ?

- Quoi ?

- Dis-moi… tu t’es déjà évanoui ?

- Jamais, pourquoi ?

- Ma mère fait régulièrement des malaises vagaux ; elle nous fait des syncopes à presque chaque vacance en famille.

- C’est triste, répondit Arthur, mais pourquoi tu me racontes ça ?

- Et ben… Je ne l’ai jamais vu tomber bien tranquillement sur le côté, sauf quand elle arrive à anticiper son malaise. Les premières fois, elle est tombée comme raide, la tête en arrière, et j’ai cru qu’elle allait s’ouvrir le crâne en deux. Et quand elle revient à elle, elle est toujours tout engourdie, presque endormie.

- Tu crois que Double-face a fait semblant de s’évanouir ? interrogea Arthur avec un sourire en coin, plutôt amusé de la soudaine théorie du complot de son ami.

Ils surnommaient Quirrell ainsi depuis que Pete avait découvert la deuxième tête qui se cachait sous le turban de leur professeur.

- Je ne sais pas, mais je le trouve bizarre, celui-là. C’est censé être le Professeur de Défense contre les Forces du Mal. Personne ne trouve étrange qu’il fasse dans sa culotte, comme ça ?

- Il a peut-être été pistonné à ce poste… Eh !

Il donna un léger coup de coude à Pete et attira son regard d’un signe discret de la tête. Celui qu’ils savaient désormais être Harry Potter, le fameux sorcier ayant survécu au Mage noir qui avait semé la terreur sur le monde de la magie, celui dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom, ainsi qu’un garçon roux qui ne le quittait jamais, s’étaient discrètement greffés à leur groupe. Puis, au bout de quelques secondes, ils s’en écartèrent pour traverser le couloir et disparurent à l’angle.

- Qu’est-ce qu’ils manigancent, ces deux-là ? interrogea Pete.

- Je ne sais pas, mais entre ta théorie du complot et l’absence totale de culture pop-rock de cette école, cette journée d’Halloween est décidément pleine de mystères. Suivons-les !

- Quoi ? Mais…

Pete n’eut pas le temps de finir sa phrase. Arthur avait rabaissé son heaume en plastique pour masquer son visage et il tira Pete à l’écart du groupe. Comme ils fermaient le rang, personne ne remarqua leur échappée. Ils suivirent Harry et son complice dans le couloir qu’ils avaient emprunté. Ils venaient d’atteindre l’angle où les deux Gryffondor avaient tourné, quand Pete murmura avec affolement :

- Arthur ! Il y a quelqu’un derrière nous !

D’un mouvement, Arthur jeta sa cape sur Pete et le força à s’agenouiller.

- A terre ! murmura-t-il d’un ton ferme.

Aussitôt, ils se figèrent dans la position d’un chevalier en armure adoubant une sorte d’acolyte caché sous une cape sombre.

Les yeux grands ouverts sous son heaume, Arthur vit le professeur Rogue passer juste devant eux sans les remarquer. Mais Rogue ne suivit pas le même chemin que Harry Potter. Il semblait plutôt se diriger vers le deuxième étage. Pete sortit la tête de sous sa cape, mais se recacha aussitôt en entendant Potter demander à son ami : « Qu’est-ce qu’il fait là ? Il ne devrait pas être au cachot ? », en parlant de Rogue.

Ils attendirent que les deux Gryffondor aient repris leur route pour quitter leur déguisement de statue et les suivirent à pas de loups. Deux couloirs plus tard, une odeur nauséabonde remplissait les lieux et ils entendirent les pas lourds d’une créature manifestement colossale.

- C’était trop génial, le coup des statues, murmura Pete par-dessus l’épaule d’Arthur.

Tout en parlant, ils s’arrêtèrent à l’angle du couloir où se tenait Harry, et eurent le temps de voir ce dernier et son ami refermer hâtivement la porte des toilettes des filles de cet étage.

- Je sais ! répondit Arthur au bout de quelques secondes. Par contre, je crois que ces deux zigotos n’ont pas vérifié que les toilettes étaient vides avant de les refermer.

Et il eut à peine terminé sa phrase qu’un hurlement aigu et apeuré retentit de la pièce désormais fermée. Un deuxième cri fit écho au premier, mais cette fois-ci, c’était le rugissement grave d’une créature féroce. Les Gryffondor se précipitèrent vers la porte, tentant maladroitement de la rouvrir.

- Bon sang ! Mais quels idiots, c’est pas vrai ! chuchota Pete. Qu’est-ce qu’on fait ? On va les aider ?

- Je sais pas si c’est une bonne idée… Entre les professeurs qui font semblant de s’évanouir et les Gryffondor qui enferment des filles dans les toilettes avec des Trolls…

- Regarde, ils n’arrivent même pas à rouvrir la porte, ces nuls ! On n’va pas laisser la fille comme ça !

Il s’élança au milieu du couloir, tendit sa baguette tout droit vers la porte qui était à une dizaine de mètres de lui, et déclara à voix basse mais assurée :

Alohomora !

Les deux Gryffondor étaient si paniqués qu’ils ne s’aperçurent ni de la présence de Pete au bout du couloir derrière eux, ni que la porte qu’ils avaient fermée quelques secondes plus tôt s’était déverrouillée par enchantement. Pete les vit s’engouffrer dans les toilettes et se rapprocha de quelques mètres.

- Pete, ne t’approche pas trop ! chuchota Arthur tout en le rejoignant. Je pense vraiment qu’il ne faut pas trop se mêler de ça. Il se passe des choses bizarres, dans cette école !

- Je sais bien, rétorqua Pete, mais on ne va pas laisser cette fille aux mains de ces deux incapables. Je ne fais pas confiance aux Gryffondor.

- Tu ne fais confiance à aucune maison, de toute manière !

- Oh, ne commence pas !

Tout en se chamaillant, ils se rapprochèrent furtivement des toilettes où un vacarme assourdissant faisait rage. Ils étaient toujours dans le couloir mais pouvaient à présent voir presque toute la scène par la porte ouverte.

- Je vois Harry Potter, chuchota Pete, et l’autre, je crois qu’il s’appelle Ron.

- Mais… Est-ce que Harry essaye de sauter sur le troll ? s’inquiéta Arthur. Il est trop grand, il n’y arrivera jamais ! Comment on peut l’aider ?

- Tu connais un sort pour faire léviter les gens ?

- Les gens non, mais on pourrait essayer de faire léviter sa baguette ? S’il s’y agrippe bien, ça pourrait le soulever.

- Ok, alors à trois. Un, deux… trois !

Wingardium Leviosa !

Ils jetèrent le sortilège d’une seule voix en visant la baguette d’Harry au moment où celui-ci s’élançait une nouvelle fois sur le troll. Ils la soulevèrent lentement jusqu’à ce que Harry ait atterri sur le dos du géant. Dans leur gestuelle, ils firent involontairement atterrir la baguette d’Harry en plein dans la narine du troll, ce qui sembla considérément le déstabiliser.

- C’était super drôle mais pas suffisant, commenta Arthur.

Mais soudain, Ron, qui dans le vacarme avait sûrement entendu sans le savoir le sortilège lancé par les Poufsouffle, sortit lui-même sa baguette magique et prononça d’une voix hésitante « Wingardium Leviosa ! », faisant alors s’écraser sa propre massue contre le crâne du troll.

- WOOOOOH ! lança Arthur d’un air admiratif.

- Cinquante points pour Gryffondor ! ajouta Pete avec enthousiasme.

Le troll s’écroula par terre, assommé par son arme, et depuis les toilettes, ils entendirent la voix familière d’une jeune fille demander : « Il est mort ? ».

- Oh-oh, v’là la cavalerie ! s’écria Arthur.

- On se tire, vite !

Et ils déguerpirent à toute vitesse tandis que les professeurs McGonagall, Rogue et Quirrell faisaient irruption dans le couloir. Et ce, après que le troll ait été mis à mal par quatre adolescents.

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