Blaireaux : sorciers de l'ombre

Chapitre 9 : Tournent les balais

2894 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/06/2020 22:06

Quelques jours plus tard, par une froide matinée de novembre, Arthur et Pete avaient transformé les aliments de leur petit-déjeuner en éléments d’investigation d’enquête policière. Depuis le soir d’Halloween, les deux enfants étaient désormais obsédés par les incroyables événements auxquels ils avaient assisté, depuis le chien à trois têtes jusqu’au troll monstrueux, et par ce qu’ils appelaient désormais « Le mystère de Poudlard ».

- D’abord, on découvre qu’un énorme chien à trois têtes surveille l’entrée d’un couloir du deuxième étage, commentait Pete qui avait placé trois clémentines devant deux serviettes de table qui faisaient office de couloir.

- Ensuite, ajouta Arthur en posant une salière à côté des clémentines, un troll est mystérieusement introduit dans les couloirs de l’école, le soir d’Halloween.

- Des guêpes ou des cafards, je veux bien, s’écria Arthur, mais des trolls ! Sérieusement ? Qu’est-ce que c’est que cet entretien pourri ?

- En même temps, le Château doit faire 50.000 mètres carrés, et il y a un homme d’entretien.

Enfin, Pete émit à nouveau les sérieux doutes qu’il avait sur la réaction de Quirrell le soir d’Halloween et ne s’expliquait toujours pas le passage de Rogue devant eux quand ils avaient suivi Harry et Ron.

- Salut, les garçons ! lança Susan Bones qui venait prendre son petit-déjeuner à côté d’eux. Qu’est-ce que vous faites ?

- On essaye de résoudre « Le Mystère de Poudlard », répondit Arthur.

- Ah, toujours en plein dans vos théories bizarres ? ricana Susan. Vous avez trop d’imagination.

- Un troll pénètre l’enceinte du château et c’est nous qui avons trop d’imagination ? répliqua Arthur.

- Il y a des mystères tout le temps ! rétorqua Susan. Et puis en fait, à la fin, qu’ils soient résolus ou non, tout le monde s’en fiche. C’est comme le cambriolage de Gringotts. Tout le monde n’a parlé que de ça pendant deux semaines, et ensuite… pouf ! Le sujet s’est volatilisé, et finalement tout le monde se moque de savoir comment l’intrus s’y est pris. Les choses prennent parfois d’énormes proportions inutilement…

- De quel cambriolage tu parles ? questionna Pete.

Devant l’air interrogatif de ses interlocuteurs, Susan resta bouche bée :

- Vous n’en avez sérieusement jamais entendu parler ?

Ils firent « non » de la tête.

- En septembre, quelqu’un s’est secrètement introduit dans l’un des coffres-forts de Gringotts. Vous êtes au courant que cette banque est réputée pour être imprenable, n’est-ce pas ?

Ils firent « oui » de la tête.

- Bon. C’est déjà un exploit quasiment surhumain de parvenir à entrer et à ressortir de Gringotts en vie, après y avoir commis une effraction ; mais le plus curieux de cette histoire est que le cambrioleur n’a rien volé du tout !

Les deux garçons buvaient chacune de ses paroles.

- Apparemment, le coffre en question avait été vidé le jour même par son légitime propriétaire, et le voleur est reparti les mains vides !

- Wouah… murmurèrent-ils.

- Vous ne le saviez vraiment pas ? Vous devriez lire La Gazette du Sorcier. C’est le journal officiel des informations du monde magique, en Angleterre. Je vous passerai le mien quand je l’aurai fini, si vous voulez. Ah, salut Hannah !

Voyant arriver son amie, Susan les abandonna à leur enquête et se tourna vers Hannah Abbot pour poursuivre son repas avec elle.

- C’est dingue cette histoire ! commenta Pete. Tu crois que le mystère Gringotts et le mystère Poudlard sont liés ?

- Peut-être. Reprenons, dit Arthur en prenant deux morceaux de pain, Pomfresh amenait Quirrell à l’infirmerie…

- Et encore, on n’en est pas vraiment sûrs !

- …Dumbledore, McGonagall, Flitwick et compagnie (il déplaçait des boulettes de mie de pain tout en les énumérant) se précipitaient logiquement aux cachots pour trouver le troll (qu’il représenta par une poivrière).

- Mais attends, les cachots, c’est la zone de Rogue. Il est tout le temps là-bas pour ses cours. Pourquoi c’est pas lui, qui l’a découvert ? Et puis qu’est-ce que Quirrell faisait aux cachots ? Ses cours à lui ont lieu au troisième étage.

- Je te rappelle que les cours étaient finis à ce moment-là.

- Ils étaient finis depuis moins d’une heure ! En général, les profs restent à la fin des cours, pour préparer leurs classes, ranger, mettre des heures de colle… Je le sais : ma tante est prof au collège.

- Rogue semblait se rendre au deuxième étage, rappela Arthur, c’est-à-dire chez l’hydre à trois têtes. Mais pourquoi faire ?

- Il n’est clairement pas là pour rien, ce chien ! Il doit garder quelque chose.

- Ou quelqu’un, ajouta Arthur, soudain pris de rêveries. Cette école… Cet étage… Et s’il s’agissait en fait… d’une prison ?

- Une prison ? s’exclama Pete. Mais oui, bien sûr ! Et ce prisonnier ? Et si c’était… Voldemort ?

- Quoi ? s’écria Arthur dans un sursaut. N’importe quoi ! Il est mort, celui-là !

- Je me suis renseigné, répondit Pete avec beaucoup de sérieux. Apparemment, il n’est pas si mort que ça. On dit qu’il a juste « perdu tous ses pouvoirs » mais qu’il n’a pas été terrassé pour autant. Certains disent même que non seulement il est en vie, mais qu’il chercherait à reprendre le pouvoir et à se venger. Et à ton avis, de qui est-ce qu’il voudrait se venger le plus…

-  …Sinon que de celui qui l’a anéanti ?

Simultanément, leurs deux visages se tournèrent avec lenteur vers le garçon brun à la cicatrice, qui souriait à la table des Gryffondor.

Le garçon en question, Harry Potter, portait une étrange tenue de sport rouge et or et était entouré d’une bande d’acolytes qui semblaient l’encourager à coups de grandes tapes dans le dos.

- C’est plus Halloween ! Pourquoi ils sont tous déguisés, ceux-là ? demanda Arthur.

- Quoi ? Vous n’êtes pas au courant ? s’écria Justin Finch-Fletcher, un première année, né de moldus comme eux, qui semblait perpétuellement en train de les espionner. Aujourd’hui, c’est le premier match de la saison de Quidditch !

- De quoi ?

- De Quidditch.

- De quoi ?

- De Quidditch ! C’est un sport sur balai. Le but est de marquer le plus de points, et la partie se termine une fois que l’un des joueurs a attrapé le vif d’or, une balle minuscule qui va très vite !

- Ah…

Pete et Arthur réfléchirent une minute, puis Arthur répondit :

- Pas intéressé.

- Ouais, nan, très peu pour moi.

- Vous ne pouvez pas rater ça, les gars ! s’indigna Justin. C’est le seul événement inter-maison ! Toute l’école assiste aux matchs, même les professeurs !

- Non, vraiment ? demanda Arthur sur un ton sarcastique.

Mais Pete l’interrompit d’un coup de coude :

Tous les professeurs y assistent ? demanda-t-il. Même, heu, Dumbledore, par exemple ?

- Dumbledore, je ne pense pas, répondit Justin, mais McGonagall y sera, par exemple !

- Et… Rogue, ou… ou Quirrell ? interrogea Arthur qui avait compris la réaction de son meilleur ami.

- Je pense, oui ! On pourra s’asseoir à côté si vous voulez !

- Oui, avec plaisir ! répondit Pete.

Dans le fond, il était embarrassé de cette dernière proposition de Justin. Il aurait voulu profiter de l’occasion pour observer Quirrell à sa guise, à un moment où il serait parfaitement détendu. Après tout, qu’est-ce qui pouvait bien se passer de grave pendant un match de Quidditch ?


- C’est le sport à la fois le plus idiot et le plus dangereux que j’ai vu de toute ma vie, s’écria Arthur qui grelottait de froid dans les gradins du terrain de Quidditch par les températures de novembre. Ces gars volent à quinze mètres au-dessus du sol sans aucun filet de sécurité, ils mettent des points à coups de battes, et leur arbitre c’est Madame Bibine, alias la Staline des stades de foot !

Pete ne pouvait qu’approuver les réflexions de son acolyte, mais son attention était fixée sur la petite tribune qui réunissait l’ensemble des professeurs, à quelques mètres d’eux.

- Les Serpentard passent leur vie à tricher, c’est insupportable ! grommela Arthur, de plus en plus agacé par le match.

- C’est pour ça que le stade soutient toujours le camp adverse quand Serpentard joue, commenta Justin. Même quand c’est les Poufsouffle, en face.

- Quoi ?

A ces mots, même Pete quitta des yeux le banc des professeurs pour se tourner vers lui.

- Ben… vous savez… ? balbutia Justin.

- Non, on ne sait pas, répliqua Arthur d’une voix plus glacée que la température. Comment ça, « Même quand c’est les Poufsouffle » ? Qu’est-ce qu’on a fait ? On triche, nous aussi ?

- Non, bien sûr que non, répondit Justin visiblement embarrassé, mais… Vous savez… On n’est clairement pas les plus populaires de l’école…

- Oh, parce qu’on n’est pas toujours en train de faire de la lèche aux profs comme les Serpentard ?

- Et qu’on ne hurle pas nos blagues de beauf à travers la grande salle, comme les Gryffondor ?

- Ou que… heu…Pourquoi ils sont populaires, les Serdaigle ? demanda Arthur.

- Ils ne le sont pas non plus, répondit Justin, mais ils croient tellement l’être que ça crée une sorte de balancier…

Les deux garçons approuvèrent cette remarque par une série de hochements de tête.

- Mais… Comment ça, on n’est pas « populaires » ? Tu veux dire qu’on n’est pas aimés ? reprit Arthur en fixant Justin avec beaucoup d’intensité.

- Il ne faut pas le prendre personnellement, répondit précipitamment Justin. Je crois que ça a toujours été le cas !

- Non mais je rêve ! s’écria Arthur. Le soir même de notre arrivée, les cinquième année ont fait la fête jusqu’à quatre heures du matin et nous ont réveillé trois fois dans la nuit ! J’étais crevé pour mon tout premier jour de classe !

- Et puis entre les pots du vendredi, les dancings du samedi, et les matinées randonnée en forêt du dimanche, énuméra Pete, on ne va pas en plus passer nos journées à sociabiliser. Y a que vingt-quatre heures, dans une journée.

- Ce qui se passe dans les salles communes n’est jamais connu par les autres maisons, expliqua Justin. Mais les autres nous voient comme des couche-tôt peu sociables et nuls en magie.

- Pff, les autres maisons sont jalouses parce qu’on n’a pas besoin de leur parler, voilà tout, conclut Arthur avec une indifférence teintée d’indignation. Mais là où ils n’ont pas tort, c’est que si on dormait plus la nuit, on aurait un peu plus d’énergie pour lancer des sortilèges. Bon, Pete, on en est où avec Double-Face ?

Roger, répondit Pete qui avait repris ses jumelles pour observer la tribune des enseignants. Par contre, Rogue a une sale trace sur la jambe. On dirait une grosse morsure…

- Morsure… de chien ? interrogea Arthur avec le ton d’un inspecteur de police.

- Ça se pourrait. Il faudrait qu’on aille voir de plus près.

Mais un cri de la foule le fit sursauter avant qu’il n’ait pu mettre sa tentative d’approche à exécution. Deux attrapeurs se jetaient l’un et l’autre vers le vif d’or. Pete et Arthur n’avaient absolument pas suivi le match mais comprirent qu’Harry, qui était l’attrapeur de l’équipe des Gryffondor, aurait remporté la partie si Pucey, l’un des joueurs de Serpentard, n’avait pas engagé une manœuvre déloyale.

- Arthur, indiqua Pete, il faut qu’on s’approche de Rogue pour voir si c’est bien une morsure de chien !

- Ça nous avancerait à quoi ? Je ne suis même pas sûr de comprendre ta théorie.

- Ma théorie, c’est que Poudlard est une prison secrète qui détient ce qui reste de Magique Hitler et que Quirrell essaye de le libérer, avec l’aide de Rogue… ou pas. Il devait y avoir un objet dans cette banque dont il avait ou ils avaient besoin pour pénétrer sa cellule, ou pour neutraliser le gros toutou, mais ils ont dû se faire devancer par l’un des gardiens de Poudlard.

- Et tu imagines tout ça simplement parce que ta mère faisait des malaises vagaux ?

- Et que ma tante était prof.

- Non, mais sérieusement ? insista Arthur.

- Quirrell avait l’air de feindre sa peur, le soir d’Halloween. Il devait avoir pour mission de semer le désordre et d’attirer l’attention sur lui pour que Rogue s’éclipse discrètement au deuxième étage. Les gardiens d’Hitler doivent être les autres profs, donc il fallait qu’ils soient tous occupés en même temps !

- Et quand il est arrivé au deuxième étage, tu penses qu’il s’est fait mordre par le chien et n’a pas pu passer ?

- Regardez !

Justin, comme presque tous les supporters du stade, pointait frénétiquement Harry du doigt. L’attrapeur des Gryffondor ne se cramponnait plus qu’à une main à son balai qui tournoyait violemment dans un sens puis dans l’autre, dans un manège diabolique.

- Je l’avais dit, que ce jeu était stupidement dangereux ! s’égosilla Arthur. Ils sont où les filets, maintenant ?

Malgré ces paroles, Arthur, comme Pete, était terrorisé à l’idée de ce qui attendait le jeune garçon.

- Qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? répétait frénétiquement Arthur.

Mais Pete avait à nouveau les yeux rivés sur Rogue et n’en revenait pas. Celui-ci fixait Harry des yeux et prononçait des paroles – visiblement un sortilège magique – avec frénésie. Il jeta rapidement un œil vers Quirrell : celui-ci était en train de faire exactement la même chose !

- Arthur, regarde ! J’avais raison !

Il pointa d’un doigt tremblant les deux professeurs qui semblaient prêts à assassiner l’adolescent de concert sous les regards d’une foule immense.

- Je n’en crois pas mes yeux, murmura Arthur avec effroi. Ce sont des assassins. Tu avais raisons, Poudlard doit cacher Voldemort ! Ces deux Nazgûl ont enfin retrouvé le garçon qui l’a abattu et ils essayent de le tuer. Ils vont récupérer leur leader et ensuite ils nous tortureront ! Ils nous feront écouter « Wonderwall » en boucle pendant des heures, et nous forceront à danser le disco debout sur des balais. Il faut qu’on quitte cette école !

- Attends, regarde !

Quelque chose ou quelqu’un venait juste de renverser Quirrell sur son passage, et celui-ci avait du même coup cessé ses incantations. Quelques secondes plus tard, ce fut au tour de Rogue de perdre le contact visuel avec l’attrapeur car sa robe de sorcier avait pris feu. Harry reprit peu à peu le contrôle de son balai et remonta dessus.

Les deux garçons poussèrent un soupir de soulagement et se rassirent à leur place, le cœur battant.

Pete scruta de toutes ses forces les gradins pour tenter de voir qui avait mis fin à cette tentative de meurtre, mais sans succès.

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