Je cacherai

Chapitre 7 : Péripéties

3262 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/05/2020 23:07

Hermione avait mal dormi et s’était levée assez tard. Il fallait qu’elle se dépêche si elle voulait avoir le temps de petit-déjeuner tranquillement. En poussant le battant du portrait de la sirène, elle manqua de sursauter en tombant nez-à-nez avec Ellie, la préfète de cinquième année.


- Hermione ! S’exclama-t-elle avec un soulagement évident. Te voilà ! J’avais peur de t’avoir loupée…


- Salut Ellie. Je ne m’attendais pas à te voir !


Hermione était surprise : d’ordinaire, la jeune fille était positive et pleine d’entrain, or ce matin-là, elle paraissait tendue.


- Qu’est-ce qui se passe ? Explique-moi.


Ellie n’hésita pas et lui répondit avec tant de précipitation qu’Hermione dut lui demander de répéter plus calmement.


- Et bien, tu vois, il y a cet élève de troisième année, Taylor Ripley.


Hermione acquiesça. Ripley était une vraie tête brûlée, il faisait partie des élèves les plus turbulents. Elle encouragea Ellie à continuer.


- Pendant la sortie à Préaulard hier, Jaimy McEnroe l’a accusé de lui avoir volé son nécessaire à balai qu’il avait laissé dans les vestiaires de Quidditch. Taylor lui a rétorqué qu’il n’y était pour rien s’il avait perdu ses affaires. Ça s’est envenimé et ils se sont battus. Taylor continue de dire qu’il est innocent et McEnroe ne veut rien entendre. Avec Jake, on a tenté de discuter avec Taylor mais il se braque tout de suite… Jake est resté avec lui dans la Grande salle. J’ai préféré venir te voir.


- Très bien, je t’accompagne. Est-ce que quelqu’un est allé fouiller dans les vestiaires ?


- Non, on n’y a pas pensé, avoua Ellie penaude.


- Ne t’en fais pas, la rassura Hermione. On va régler tout ça !


En descendant le dernier escalier, elles commencèrent à entendre des éclats de voix.


- Mince, c’est Jake !


Ellie se précipita en bas des marches. Devant la porte de la Grande salle, heureusement fermée, Ripley et McEnroe essayaient d’en venir aux mains, retenus par Jake et les deux préfets de Serdaigle dont Hermione ne connaissait pas le nom.


- Ah enfin ! S’écria Jake.


Lui qui était si timide, il était tout sauf à l’aise dans cette situation.


- On se calme, dit Hermione avec fermeté tout en haussant le ton.


Son intervention eut pour effet de calmer un peu le jeu, mais les deux élèves se glissaient toujours des insultes.


- On leur a confisqué leur baguette, précisa la préfète de Serdaigle.


- Bonne initiative, la remercia Hermione avec un sourire. Bon, pour l’instant, Jake et Ellie, vous ramenez Ripley dans la salle commune de Gryffondor. Pareil de votre côté, ajouta-t-elle en s’adressant aux trois Serdaigles. Je vais aller chercher Ethan et on va fouiller les vestiaires dans un premier temps. McEnroe, lequel des deux aviez-vous utilisé ?


- Celui de droite, répondit McEnroe du bout des lèvres.


Jake prit le temps d’expliquer à Hermione avant de partir qu’un peu plus tôt, McEnroe était venu voir Ripley à leur table. Quand le ton était monté, Jake avait décidé de faire sortir tout le monde. Il regarda Hermione, en quête de son approbation.


- Tu as bien fait, lui dit-elle en posant une main rassurante sur son épaule. Ne t’inquiète pas, suit Ellie et je m’occupe de la suite avec Ethan. Je reviens te voir dès que possible, d’accord ?


- D’accord…


Hermione entra dans la Grande salle, salua rapidement ses amis, attrapant une pomme au passage. « Ça fera l’affaire », se dit-elle en s’empêchant de lorgner sur les assiettes de ses camarades avec envie. Elle rejoignit ensuite Ethan, lui raconta ce qu’il s’était passé et tous deux se dirigèrent vers le terrain de Quidditch.


Sur le chemin, Ethan lui glissa avec chaleur :


- Décidément, on se voit beaucoup ce week-end !


- C’est vrai, répondit-elle. En tout cas, c’est rare qu’elle et Jake fassent appel à moi. Mais ça me fait plaisir. Comme je ne vis plus avec tout le monde, j’ai parfois l’impression de passer à côté de plein de choses, et de plein de moments qu’on aurait pu partager…


Le regard d’Hermione se perdit dans le vague, mais la main d’Ethan sur son bras la ramena à la réalité. Il s’était arrêté et la regardait droit dans les yeux avec beaucoup de douceur.


- Excuse-moi, bredouilla Hermione.


- Ne t’excuse pas. Tu sais, je ressens ça parfois moi aussi.


Un peu troublée par l’intensité de son regard et par sa main qu’il n’avait pas bougé, Hermione tenta une plaisanterie tout en se dégageant pour reprendre le chemin du terrain de Quidditch.


- Ça doit être la mélancolie du dimanche matin ! Allons-y, on est presque arrivés.


Une fois dans le vestiaire, ils le fouillèrent avec application pendant plusieurs minutes.


- D’ailleurs, demanda Ethan, pourquoi est-ce que c’est Ripley qu’il a accusé directement ?


- Apparemment, ses amis et lui font souvent des blagues, parfois un peu exagérées, aux autres élèves. C’est ce qu’Ellie m’a raconté tout à l’heure.


- Attend, je crois que j’ai trouvé quelque chose ici, s’exclama le Serdaigle. Raaaah, c’est coincé !


- Laisse-moi faire, je vais essayer.


Ayant échoué tous les deux, Ethan prit sa baguette et lança un simple mais efficace « Accio ». Une boîte rectangulaire vint se poser tranquillement dans ses mains.


- Il s’agit bien d’un nécessaire à balai, confirma Ethan en inspectant son contenu.


- Bon, au moins, il a été caché, et pas volé. C’est déjà ça.


- Une semaine seulement avant le match Serdaigle-Gryffondor en plus, ajouta Ethan en fonçant les sourcils.


- C’est vrai, acquiesça Hermione. Je n’y avais pas pensé sur le coup. Bon, si ça te va, occupe-toi de rendre son nécessaire à McEnroe pendant que je vais voir Ripley et les préfets.



Arrivée dans la salle commune de Gryffondor, Hermione expliqua à Jake et Ellie qu’ils avaient retrouvé la boîte dans cachée dans les vestiaires. Elle se rapprocha ensuite de Ripley. Celui-ci, même après l’avoir écoutée, resta sur la défensive.


- Pourquoi personne ne veut croire que ce n’est pas moi ! S’énerva-t-il. Je ne vois aucune raison d’avoir une punition puisque je n’ai rien fait !


Hermione resta silencieuse et prit le temps d’observer les trois amis du jeune homme, qui d’après Ellie ne le quittaient jamais. L’un d’eux attira son attention : il se tenait tout ramassé sur lui-même, et se tordait les mains nerveusement.


- Ça va ? Lui demanda-t-elle doucement.


Il sursauta, regarda Hermione, puis Ripley et à nouveau Hermione, avant de baisser les yeux et de regarder fixement ses pieds en déclarant à demi-mot :


- C’était moi… je suis désolé…


Il avait l’air de s’en vouloir vraiment. Ripley se tourna brusquement vers lui mais Hermione lui intima de le laisser finir.


- C’était une blague… je lui aurais rendu après le match ! C’est juste… On les embête toujours, mais lui, il m’énerve vraiment… En plus, il a été pris dans son équipe de Quidditch et s’en est vanté devant nous. Alors que moi, je n’ai pas été retenu, avoua-t-il avec amertume.


- Mais, tu aurais pu nous en parler ! S’exclama Ripley.


Hermione échangea un regard avec Ellie et Jake, qui se rapprochèrent pour prendre le relai. Elle les informa qu’elle retournait voir Ethan pour enfin clore le sujet.


Dans les couloirs, elle demanda à un élève de Serdaigle de la conduire jusqu’à la salle commune de sa maison et d’aller prévenir Ethan qu’elle l’attendait. Celui-ci la rejoignit bien vite et elle lui expliqua la situation.


- Au final, beaucoup de bruit pour pas grand-chose, déclara Ethan.


- Comme tu dis. Tu parles d’un dimanche matin !


Ils soupirèrent en chœur.


- Ça te dit qu’on se retrouve à la bibliothèque pour travailler sur le devoir de Défense contre les forces du mal après manger ? Proposa-t-il.


- Avec plaisir ! À tout à l’heure alors.


Hermione passa un peu de temps avec Harry, Ron et Ginny, et pendant le repas, Ellie et Jake vinrent la remercier de les avoir aidés le matin même. Quand elle partit enfin pour la bibliothèque, elle n’échappa pas au regard malicieux de son amie.


Elle s’installa en face d’Ethan et après avoir fait un premier jet de notes sur le sujet de son devoir, elle parcourut les rayonnages à la recherche d’éléments pour approfondir sa réflexion. Alors qu’elle avait déjà sélectionné deux ouvrages, le titre d’un livre retint son attention. Intriguée, elle posa les deux autres et le prit en main. Il s’agissait d’un recueil retraçant l’histoire des grandes familles de sang-pur de Grande-Bretagne. Elle repens à la fille de la photographie. Est-ce que ce livre pourrait lui apporter des réponses, au moins une piste, à son sujet ? Elle le reposa et se promit de revenir plus tard, seule, pour le consulter.


L’après-midi passa doucement. Hermione avait bien du mal à se concentrer tant elle avait hâte de pouvoir se consacrer au livre sur les sang-purs. Après le dîner, elle dit au revoir à ses amis qui avaient l’habitude qu’elle courre à la bibliothèque à des heures peu communes. « Heureusement que les horaires d’ouverture sont très larges », se dit-elle pour la millième fois. Elle se précipita vers le fameux ouvrage, s’installa à une table, et l’ouvrit enfin.


Le livre était composé de plusieurs parties, dont une proposait des portraits par famille pour chacun des membres. Elle trouva facilement celui de Narcissa Malefoy. La photo d’elle jeune, à côté d’une autre plus récente, lui confirma qu’elle n’était pas la fille du cadre. Bien sûr, comme avec lui, la ressemblance était toujours là : des cheveux presque blancs, des yeux de glace, les traits plutôt pointus… Elle se concentra ensuite sur les arbres généalogiques. Elle les observa attentivement, mais ne trouva aucun élément pour l’aider dans sa recherche, pourtant le nom de Drago apparaissait bien. Peut-être que le livre n’était pas assez récent ? Elle vérifia la date de parution, se reprochant de ne pas l’avoir fait en premier lieu. Il avait été mis à jour la dernière fois seize ans auparavant, pendant l’été qui avait précédé l’anéantissement de Voldemort. La mystérieuse jeune fille n’était donc probablement pas encore née. Hermione décida tout de même de demander à Mme Pince si un ouvrage plus récent était disponible. Toutefois, celle-ci lui répondit sèchement qu’après la disparition de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ce genre de livre était mal-vu, donc à priori aucun autre n’avait été réalisé depuis. Hermione la remercia, avant de retourner bredouille et quelque peu frustrée dans sa chambre.


Quelques jours plus tard, à la fin d’un cours de métamorphose, Debby demanda à Hermione si elle pouvait lui parler en privé. Les cours de la journée étaient finis, si bien qu’elles étaient libres toutes les deux. Hermione laissa le soin à Harry de prévenir Ginny qu’elle la rejoindrait bientôt dans la salle commune de Gryffondor. Elle suivit Debby avec curiosité jusqu’à une salle de classe vide. La Serpentard braqua alors son regard dans celui d’Hermione, comme pour se donner du courage.


- Merci d’être venue avec moi, commença-t-elle timidement. En fait, j’aurais un service à te demander… et je ne voulais pas que les autres nous entendent.


Hermione, intriguée, l’encouragea à poursuivre.


- Voilà, en fait… j’aimerais que tu remettes cette lettre à Drago, s’il te plaît, dit-elle en lui tendant une enveloppe. La Gryffondor n’en revenait pas.


- Mais… je ne comprends pas. Pourquoi moi ? Demanda-t-elle, perplexe.


- Et bien, déjà, je pense que tu ne te moqueras pas. Ni que tu le répèteras. Et je t’avoue que Drago est assez difficile d’accès… Il ne passe plus beaucoup de temps dans notre salle commune et en plus de Crabbe et Goyle, il y a cette sotte de Parkinson qui passe son temps à le coller, ajouta-t-elle avec un mépris évident. Bref. Toi tu peux lui donner discrètement dans vos appartements. Alors… tu es d’accord ?


Ça avait l’air de beaucoup compter pour elle. Malgré le fait qu’Hermione préférait limiter au maximum ses interactions avec son homologue, elle accepta.


- Par contre, prévient-elle, je ne garantis pas qu’il ne la jette pas comme je serai la messagère. On est pas tout à fait en bons termes lui et moi, comme tu as pu le remarquer ! Je risque de le louper ce soir comme il fait sa ronde, mais je lui donnerai demain au plus tard.


Elles échangèrent un sourire, et Debby la remercia chaleureusement.


De retour dans la salle commune de Gryffondor, Hermione retrouva Ginny. Elles avaient décidé de s’accorder davantage de moments ensemble, et comme c’était le seul soir cette semaine-là où elle n’avait pas d’entraînement de Quidditch, elles en profitèrent. En rentrant, aucun signe du Serpentard et comme il était tard, elle n’osa pas frapper à sa porte. Elle l’attendrait le lendemain à la fin des cours dans le petit salon.



Hermione était concentrée sur les consignes du nouvel enchantement qu’ils allaient apprendre à pratiquer, quand Théodore Nott, qui l’observait en silence depuis un moment, lui dit :


- C’est rare de voir une fille de moldus s’intéresser d’aussi près aux familles de sang-purs.


Hermione se retourna brusquement vers lui. Le Serpentard avait déjà détourné les yeux, comme s’il voulait éviter de croiser son regard. Il avait formulé sa remarque sur le ton d’une banale conversation. Pas de jugement, juste une curiosité pour ce constat auquel il ne s’attendait pas. Hermione était troublée, si bien qu’elle mit du temps à lui répondre.


- Comment… commença-t-elle.


- Je t’ai entendu parler avec Madame Pince l’autre fois, la coupa-t-il. Ça m’a surpris, c’est tout.


- C’était pour… enfin…


- Tu n’as pas besoin de te justifier, trancha-t-il.


C’était de loin la plus longue conversation qu’ils aient partagé, lui qui ne répondait qu’à demi-mot. D’ailleurs, il commençait à montrer des signes d’impatience, comme si leur discussion était trop longue et qu’il regrettait presque d’avoir fait son commentaire à haute voix. Passée la surprise, Hermione trouvait sa réaction plutôt amusante finalement. Elle sourit et reprit sa lecture des propriétés du sort, pendant que Nott l’observait du coin de l’œil.


Après le dernier cours de la journée, soin aux créatures magiques, Hermione se hâta de retourner au château et de rejoindre le petit salon. Elle interrogea la sirène en arrivant, qui l’informa avec sa réticence habituelle que le Serpentard n’était pas encore rentré. « Parfait », se dit-elle en s’installant sur l’un des fauteuils. Elle le rapprocha de la petite table et entreprit d’avancer sur son devoir de métamorphose en attendant son homologue. C’était la première fois qu’elle osait travailler pour de bon dans cette pièce, et elle devait avouer que la tranquillité qui y régnait était très agréable.


Une heure passa sans que Malefoy ne fasse son apparition, mais Hermione n’avait pas de quoi s’ennuyer. Un bruit soudain la fit sursauter. Sur l’instant, elle ne parvint pas à identifier d’où il venait, mais elle aperçut ensuite un hibou grand-duc qui cognait son bec contre l’unique fenêtre. Elle se leva vivement pour lui ouvrir, et l’oiseau se posa dignement sur le rebord de la cheminée. Elle s’approcha de lui et distingua un sceau sur la lettre. Elle reconnut sans peine celui de la famille Malefoy, qu’elle avait vu quelques jours plus tôt dans le livre sur les familles de sang-purs.


Le Serpentard fit son entrée à ce moment précis. Hermione eut juste le temps de se redresser. Il inspecta la pièce, à la fois surpris et suspicieux de découvrir l’installation de son homologue ainsi que la présence de l’oiseau.


- Ne me dis pas que tu m’attendais, lança-t-il avec dégoût. Et ne touche pas à cet oiseau, cette lettre n’est pas pour toi.


Il détacha le courrier de la patte du hibou, fonçant les sourcils à la vue du sceau, pendant qu’Hermione récupérait l’enveloppe dans son sac.


- Tiens, c’est pour toi, lui dit-elle en espérant qu’il ne ferait pas d’histoires.


- Et pourquoi j’accepterais la moindre chose qui vient d’une sang de bourbe ?


Hermione commençait sérieusement à regretter d’avoir accepté de lui transmettre le courrier. Elle prit une inspiration pour éviter de s’énerver et précisa :


- Crois-moi que je n’ai aucune intention de te donner quoi que ce soit. Je suis juste la messagère. Alors prend-la s’il te plaît.


Malefoy plissa les yeux avec méfiance.


- C’est le balafré qu’il t’a demandé ça ? Ou alors la belette ? Ricana-t-il.


- Non, rétorqua sèchement Hermione. C’est une Serpentard, figure-toi. Debby.


Il haussa un sourcil, surpris. Agacée, Hermione lui mit de force la lettre entre les mains, ramassa ses affaires et prit congé dans sa chambre avant qu’il puisse changer d’avis. « Quel idiot », se dit-elle pour la énième fois.


Plus tard, en revenant de sa ronde, elle entendit un grand bruit venant de la chambre de son homologue. Inquiète, elle se rapprocha de la porte et y colla son oreille. À nouveau des grands fracas, comme si quelqu’un jetait des objets contre les murs. D’instinct, elle posa sa main sur la poignée, mais elle suspendit son geste. Elle entendit Malefoy pousser un râle rageur, suivi d’un bruit sourd. « Si je rentre maintenant, encore une fois sans son autorisation, je risque d’envenimer les choses davantage », pensa-t-elle.


A contre cœur, elle se dirigea vers sa chambre, la poitrine serrée. Elle se demanda alors si sa réaction avait un lien avec la lettre qu’il avait reçue plus tôt dans la soirée…

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