Je cacherai

Chapitre 8 : Un parfum de vacances

2974 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/05/2020 23:50

La morosité régnait dans la salle commune de Gryffondor. Les membres de l’équipe de Quidditch étaient un peu démoralisés suite à leur défaite contre Serdaigle le matin-même. La belle avance qu’ils avaient réussi à prendre s’était étiolée. Harry essayait de remonter le moral de ses coéquipiers mais la tâche était loin d’être facile, avec Ron en particulier qui refusa même une partie d’échecs version sorciers.


- Tu as félicité Lysander ? Demanda discrètement Ginny.


- Oui, je l’ai croisé avant de rentrer, confirma Hermione.


- En tout cas, je dois bien admettre qu’il est doué. Il a bloqué la plupart de mes tirs. Le gardien de Serpentard ne m’avait pas opposé autant de résistance !



Le lundi matin en cours de potions, Hermione avait déjà pris place à sa table habituelle quand Debby s’installa à ses côtés tous sourires.


- Salut ! Lança-t-elle gaiement.


- Salut, lui répondit Hermione. Dis-donc, tu as l’air de bonne humeur !


- C’est en partie grâce à toi ! Hier, Drago et moi on a passé un peu de temps ensemble, confia-t-elle en rougissant légèrement. Rien que tous les deux. Vraiment, merci de lui avoir transmis ma lettre.


Hermione eut juste le temps de lui glisser qu’elle était contente pour elle avant que le professeur Rogue entre dans la salle. Par réflexe, elle tourna la tête vers Malefoy qui était assis au fond, Ron fulminant à ses côtés. Elle fut surprise de constater que lui aussi regardait vers elle. « Est-ce que c’est Debby qu’il regarde ? Ou moi ? » ne put-elle pas s’empêcher de penser. Il détourna les yeux et elle se demanda ce que sa binôme pouvait bien trouver à cet insupportable Serpentard. En tout cas, elle était étonnée qu’il ait été d’humeur à aller voir Debby vu son état le samedi soir...



Le mois de décembre fila à toute vitesse et les vacances arrivaient à grands pas. Harry avait décidé de rester à Poudlard, déjà nostalgique à l’idée d’y fêter Noël pour la dernière fois. Une décision qui avait créé des tensions avec Ginny qui aurait préféré aller au Terrier profiter de la présence de son frère Charlie. Elle avait fini par capituler, ne pouvant résister plus longtemps à l’attrait d’ouvrir leurs cadeaux ensemble, assis tranquillement dans la salle commune, avec le château presque pour eux seuls. Ron quant à lui avait choisi de rester avec son meilleur ami.


Hermione leur avait annoncé qu’elle rentrait chez ses parents cette année. Ceux-ci avaient déménagé à Londres au début du mois pour ouvrir un nouveau cabinet de dentistes avec deux de leurs amis, et elle avait hâte de découvrir leur nouvelle maison.


Le jour du départ, chargée de sa grosse valise et de la cage de Pattenrond, Hermione abandonna ses trois amis. La recherche d’un compartiment libre dans le Poudlard express se révéla assez laborieuse. Par mégarde, elle ouvrit celui partagé par Debby et Malefoy, qui la fusilla du regard pendant qu’elle refermait vivement la porte. Elle était soulagée à l’idée d’échapper l’espace de deux semaines aux tensions avec son homologue…


Elle finit par s’installer avec Neville et Luna. Elle laissa son esprit dériver pendant que ses deux camarades débattaient sur la potentielle existence des Flipiflops, d’étranges créatures voleuses de pamplemousses. Hermione était bien décidée à laisser de côté la curiosité qu’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir pour Drago Malefoy et ses mystères : elle allait passer les vacances à profiter de sa famille, à travailler et à prendre de l’avance sur le programme.


Le trajet lui parut plus court qu’à l’accoutumée, rythmé par des discussions parfois farfelues et d’autres fois sérieuses. Bien que ça ne soit pas son domaine de prédilection, Neville et elle avaient échangé sur la botanique et leurs débats se révélèrent passionnants.


Au moment de partir, Hermione disait chaleureusement au revoir à ses amis à la porte de leur comportement quand Luna attira son attention sur le jeune homme derrière elle. Ethan l’attendait et alors que Neville et Luna s’éloignaient, Hermione se rapprocha de lui.


- Je t’ai aperçue alors je voulais te souhaiter de passer de bonnes vacances, se justifia-t-il en se passant la main dans les cheveux.


- Merci beaucoup, le remercia Hermione, un peu surprise toutefois. Profite bien de ta famille et salue ta tante pour moi si tu la vois !


- Je n’y manquerais pas, elle vient passer quelques jours chez moi justement.


Le couloir s’était déjà bien vidé et ils se dirigèrent vers la sortie. Galant, il laissa passer Hermione en premier pour descendre sur le quai, mais au dernier moment il la retint et lui déposa un rapide baiser sur la joue en lui murmurant :


- Passe un bon Noël, Hermione…


Déstabilisée, ne sachant comment réagir, la Gryffondor bredouilla un vague « merci, toi aussi » et se hâta de rejoindre ses parents. Vraiment, elle allait faire une pause avec Poudlard !


Ses parents l’attendaient de pieds ferme et l’accueillirent chaleureusement. Une fois la famille installée dans leur petite voiture rouge, Mme Granger prit la parole :


- Hermione, tu vas voir, notre nouvelle maison est très agréable !


- Tu vas l’adorer, c’est sûr ! Renchérit M. Granger. On ne peut pas encore profiter du jardin comme il se doit, mais nous avons une grande véranda. On a laissé tous tes cartons dans ta nouvelle chambre, tu pourras les déballer pendant ton séjour.


Hermione était ravie de voir ses parents aussi enthousiastes. Quelques embouteillages plus tard, les Granger arrivèrent dans un quartier résidentiel verdoyant, avant de se garer devant une jolie maison aux murs blancs. La petite allée bordées d’herbe rase était charmante, et Hermione distingua un petit puits dans l’obscurité naissante.


Une fois dans le salon, elle relâcha Pattenrond qui poussa un miaulement d’approbation. Sa mère lui fit un rapide tour du propriétaire. Au bout du couloir à l’étage se trouvait la chambre d’Hermione, elle lui proposa de prendre ses marques et de la rejoindre plus tard au rez-de-chaussée pour le dîner.


Plutôt spacieuse et dans les tons bleu, la pièce était pleine de cartons. Le bureau ainsi que deux étagères étaient déjà montées, et un placard était intégré au mur du fond. Hermione décida de revoir un peu la disposition, agençant les meubles selon ses envies.


Pendant le dîner, son père lui rappela qu’étant donné que leur cabinet venait d’ouvrir, ils ne seraient pas beaucoup présents en journée, elle serait donc souvent seule. Elle les rassura tout de suite :


- Ne vous en faites pas, j’ai beaucoup de travail et de révisions à faire. Pas de quoi m’ennuyer !


- J’ai pris ma journée demain, lui apprit sa mère. D’ailleurs, je voulais te demander si tu accepterais d’aider la fille des voisins avec ses devoirs de vacances ? Elle est en dernière année de collège, et j’ai dit à ses parents que tu pourrais sûrement l’aider en anglais et en français.


- Pourquoi pas, répondit Hermione. C’est vrai qu’avec toutes les vacances qu’on a passé en France, je suis assez à l’aise avec la langue.


- Parfait, ils seront ravis. Tu vas voir, ce sont des gens charmants, et leur fille est adorable. Je les inviterai à prendre le thé avec nous demain.


- Que leur as-tu dit sur l’endroit où je fais mes études par contre ? Histoire qu’on raconte la même chose.


- Ton père leur a raconté que tu étais en internat dans une école spécialisée, dans le sud.


- Ça me va, dit Hermione.

De retour dans sa chambre, elle entreprit de défaire quelques cartons, se replongeant dans des souvenirs d’enfance, relisant des passages de vieux journaux intimes. Finalement épuisée par cette longue journée, elle se blottit sous les draps chauds et s’endormit.


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Une petite fille joue dans sa chambre. À onze ans, elle sait déjà qu’elle est différente des autres. Pourtant, en apparence, elle a tout d’une enfant de son âge. Taille moyenne, des cheveux châtains, plutôt touffus, des jolis yeux noisettes, des dents un peu trop en avant qu’elle s’efforce de cacher. Bref, une petite fille avec ses soucis. Cependant, elle n’est pas comme ses camarades d’école : elle, elle aime apprendre. Elle voudrait déjà tout savoir… Ses parents sont très fiers, car leur fille est vraiment très intelligente, mais ils ne savent pas trop quoi penser. En effet, depuis quelques années déjà, cette petite fille se trouve liée à de nombreux phénomènes, que l’on pourrait qualifier d’anormaux, voire de surnaturels. Elle déplace des objets par la pensée, des choses explosent si elle est en colère… Mais ses parents ne le disent à personne, et elle a compris qu’il vaut mieux ne pas en parler, car ses camarades n’accepteraient pas sa différence, déjà qu’il la trouvent « spéciale »…


Aujourd’hui, c’est le dernier jour de classe. Dernier jour dans cette école, fin d’un cycle. Elle sait que ce changement est important, elle le sent, elle sait que désormais tout sera différent. Comment ? Elle l’ignore, mais cela n’a pas d’importance. Autour d’elle, les enfants s’enlacent, rient, pleurent… Elle, à l’écart, les observe, ressentant plus que jamais sa différence. Ils ne vont pas vraiment lui manquer. Et elle pense en retrouver certains au collège. Elle soupire, sourit et sort de la salle. Dans la cour, elle regarde silencieusement cette école qu’elle ne reverra plus. C’est une fin, et un commencement ; le commencement d’une nouvelle vie. Il est quatre heures et demi, et elle rejoint ses parents.


Le soir, alors qu’elle s’affaire dans la salle de bain, la voix douce de sa mère lui parvient de derrière la porte.


_ Ma chérie, descend s’il te plait, nous avons un invité.


La petite fille n’a pas le temps de répondre, elle entend déjà sa mère descendre l’escalier. Elle est étonnée. Un invité ? Ses parents ne l’avaient pas prévenue. Est-il déjà là ? Elle n’a pas écouté de bruit strident de la sonnette. Intriguée, elle sèche ses mains et s’engouffre timidement dans l’escalier. La porte du salon est fermée. Elle hésite, puis l’ouvre le plus doucement et le plus silencieusement du monde : elle tient à être discrète. Là, en face d’elle, assis confortablement sur le canapé du salon, se tient un petit homme dont le ventre essaie visiblement de prendre autant de place que la superficie du reste de son corps. Ses traits sont grossiers, mais il semble être d’un naturel gentil. Il sourit à la petite fille qui rougit d’intimidation. Elle a remarqué qu’il n’est pas un invité ordinaire, de part son étrange costume notamment. En effet, il porte une sorte de robe couleur violette et une cape assortie, qui lui tombent jusqu’aux pieds. Ou peut-être aime-il se déguiser, se dit-elle perplexe. Elle prononce un faible « bonjour » et il prend la parole avec un grand sourire :


_ Bonjour, tu es Hermione Granger, c’est bien ça ?


Sa voix est fluette, enjouée, dénonçant son bon naturel. La petite fille hoche la tête. Que veut-il ? Il reprend :


_ Je m’appelle Rufus Pillings. Je suis venu t’annoncer que tu n’intègreras pas, enfin si tu es d’accord, car il n’y a pas d’obligation bien sûr, le collège de ton village.


Devant ses yeux étonnés, il ajoute vivement sans jamais quitter son large sourire :


_ Parce que tu es admise dans le collège Poudlard, école de sorcellerie d’Angleterre. J’en ai déjà parlé à tes parents avant ton arrivée. Tu es une sorcière, tu sais. Voici une lettre du directeur lui-même.


Elle regarde la lettre avec suspicion. Se moque-t-il d’elle ? Est-ce une blague que ses parents veulent lui faire ? Cependant, ils l’encouragent, l’air d’avoir enfin compris quelque chose de très important. Elle tend la main, et ouvre la lettre en tremblant légèrement. D’une encre vert émeraude, est écrit ceci:

COLLEGE POUDLARD, ECOLE DE SORCELLERIE


Directeur : Albus Dumbledore

Commandeur du Grand-Ordre de Merlin

Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers

Chère Miss Granger,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous bénéficiez d’une possibilité d’inscription au collège Poudlard, étant donné vos dons magiques remarqués par le ministère lui-même. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre réponse avant le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, Miss Granger, à l’expression de nos sentiments distingués.


Minerva McGonagall

Directrice-adjointe


_ Alors, qu’en penses-tu, Hermione ? Lui demande sa mère.


Tous la regardent avec insistance, appréhendant sa réaction. Tous sont sérieux, mais elle n’ose pas y croire.


Et soudain, elle réalise. Rien ne sera plus jamais pareil. Elle a trouvé son monde. Enfin. Cette coupure avec ce qu’elle croyait être la réalité la retient de laisser exploser sa joie et son soulagement. Mais l’appréhension enserre encore son cœur. Est-ce un rêve ? Non : elle n’est pas bizarre, elle appartient juste à une autre catégorie. D’autres gens sont comme elle. Alors elle sourit timidement, pensant que désormais, elle ne sera plus seule. Plus jamais.


Les vacances s’écoulent doucement, trop doucement du point de vue d’Hermione. Elle est si impatiente, mais si effrayée à la fois. Se sentira-t-elle chez elle dans ce monde de magie si différent de ce qu’elle a connu jusque là ? Sera-t-elle acceptée ? Ces questions la taraudent mais elle est confiante malgré tout.


Fin Août arrive enfin, et comme prévu, le petit sorcier gassouillé et jovial du nom de Rufus Pillings vient chercher la famille Granger pour leur permettre d’accéder au Chemin de Traverse. Arrivés au Chaudron Baveur, pour la plus grande joie de Pillings qui n’aime pas les voitures, Hermione regarde partout autour d’elle, intriguée mais fière d’appartenir à ce monde merveilleux - du moins, c’est l’image qu’elle s’en fait. Ils sortent dans la petite cour et le sorcier tapote trois fois les briques rouges qui s’écartent lentement, dévoilant une stupéfiante avenue.


_ Bienvenue au Chemin de Traverse, déclare Pillings de sa petite voix fluette, les invitant à le suivre.


Hermione retient son souffle. Devant elle, des gens se pressent autour des nombreuses boutiques. S’avançant de quelques pas, elle distingue un magasin de chaudrons de toutes tailles et de toutes matières. Sans même y penser, elle cherche sa liste de fournitures scolaires dans son sac et y jette un coup d’œil. Oui, elle a bien besoin d’un chaudron pour sa première année, modèle standard en étain, taille 2, précise la liste. Mais avant qu’elle puisse prévenir ses parents, Pillings reprend la parole :


_ Je vous emmène à la banque et je vous laisse, du travail m’attend au ministère ! Suivez-moi.


La famille Granger et le petit sorcier se dirigent donc avec enthousiasme vers Gringotts, la banque des sorciers, Hermione se délectant de tout ce qu’elle peut apercevoir, des balais volants qui l’effraient déjà jusqu’aux plumes d’oie. Des vitrines merveilleuses se succèdent, l’avenue est très animée. Elle se sent comme perdue dans cet univers, et inspire à grandes bouffées l’air de sa nouvelle vie…


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Hermione se réveilla brusquement, la lumière filtrant à travers les volets lui fit plisser les yeux. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas rêvé de son passé. Elle se rendait compte à quel point sa vie avait changé dans le bon sens, à toutes ces choses qu’elle avait gagné, une amitié à toutes épreuves en tête de liste. Ce fut l’esprit nostalgique qu’elle rejoignit sa mère qui l’attendait avec un petit déjeuner anglais typique.


En fin d’après-midi, les voisins sonnèrent à la porte et Mrs Granger demanda à sa fille de leur ouvrir. M. et Mme Lancaster étaient tous les deux grands, les cheveux et la peau pâle, elle très fine et lui doté d'une carrure élancée de sportif. Leur fille apparut alors derrière eux, et quand Hermione croisa son regard timide, elle fut subjuguée par la couleur de ses yeux. Le choc lui fit manquer un battement de cœur, mais elle n’avait pourtant aucun doute. Elle avait devant elle la jeune fille de la photographie…

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