Aut vincere, aut mori

Chapitre 9 : Heka

1682 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/09/2020 01:27

Hermione sursauta en entendant une voix pénétrante teintée d’un accent oriental. Elle se leva rapidement et se saisit de sa baguette, la pointant avec détermination vers l’origine de la voix. Elle fut surprise de découvrir une femme de haute stature la regardant d’un air intrigué, les mains croisées dans le dos, arborant une longue tresse descendant jusqu’à ses reins. Elle portait des vêtements amples sombres, comprenant de nombreux voiles. Au-delà de sa tenue atypique, c’étaient le khôl prononcé sur ses yeux sombres et les tatouages qui la rendaient véritablement exotique. Bien qu’elle ne puisse pas tous les détailler, Hermione remarqua néanmoins sur son cou un uraeus enroulé, semblant presque endormi, sur ses clavicules des yeux de Rê opposés, ainsi qu’un ânkh, la croix de vie, au niveau du thorax. Ses doigts comportaient également un certain nombre d’inscriptions hiéroglyphiques, mais Hermione était trop loin pour les étudier.


- Qui êtes-vous ?


- Je me nomme Heka Mehytkâ Akhseshat, je suis votre nouveau professeur de DCFM. Très bon réflexe, par ailleurs, dit-elle en fixant la baguette d’Hermione alors que celle-ci la rabaissait. Je suis assez étonnée de voir votre niveau en magie instinctive. Mais au vu de votre arrivée fracassante dans la grande salle, je n’en attendais pas moins. De plus, j’ai eu vent de votre aventure par le professeur Dumbledore, et je dois avouer que je suis curieuse de voir l’étendue de votre magie, à présent. Pourrais-je vous demander comment vous en êtes arrivée à étudier ce type de magie ?


- Je m’y suis mise il y a environ une année, avant tout pour me relaxer, répondit avec prudence Hermione. Inutile d’affoler son professeur en lui confessant qu’elle s’y était attelée pour ne pas tomber d’épuisement lors de sa petite aventure dans les différentes forêts d’Angleterre ou pour réduire l’influence des horcruxes sur sa personne.


- Pour vous relaxer, répéta le professeur, montrant qu’elle ne croyait pas vraiment à l’explication de la jeune femme. C’est une motivation intéressante, mais toutefois compréhensible. Beaucoup de sorciers ne réalisent pas les bienfaits de la magie instinctive, et en ignorent également la puissance qu’elle recèle, ajouta-t-elle en fixant la sorcière avec insistance.


- Je n’ai pas étudié à Poudlard, et mon précepteur a eu d’autres manières de m’enseigner la magie. Sans doute considérait-il que cela me servirait un jour.


- Sans nul doute.


Les deux jeunes femmes se toisèrent un instant en silence. Le professeur Akhseshat la regardait fixement, comme si elle cherchait à percer ses secrets avec son regard.


- Puis-je vous montrer quelque chose, Miss Granger ? interrogea-t-elle après quelques instants.


Hermione acquiesça, intriguée. La femme égyptienne leva sa main droite et fit pivoter son poignet, les doigts fermés. La lionne vit alors le serpent qui reposait sur son cou se dérouler sur la gorge de son professeur, frôlant un des yeux de Rê avant de jaillir sous forme de lumière et de stagner devant la femme.


- Cet uraeus est l’incarnation de mon bâ, c’est-à-dire de mon énergie magique. Ce que vous faites avec la magie instinctive vous permet de ressentir vos émotions, et de tenter de les appliquer à votre environnement ; cependant avec le bâ vous pouvez les contrôler et les utiliser comme bon vous semble. C’est en quelque sorte un raccourci pour déclencher votre intensité magique, bien qu’elle soit bien plus puissante et par conséquent bien plus difficile à rassembler sous cette forme. A terme, vous pouvez tout-à-fait utiliser le bâ comme une entité qui peut vous seconder lors de combats, que ce soit offensivement ou pour distraire votre adversaire. Ceci est bien plus efficace, car combiner la magie avec baguette et la magie instinctive demande un trop gros effort de concentration, que l’on ne peut que difficilement atteindre sur un champ de bataille. Mais si vous apprivoisez convenablement votre bâ, il pourrait vous être d’une grande aide.


Hermione avait déjà entendu parler de cette forme de maîtrise de la magie. Elle était enseignée chez certains mages égyptiens, mais ses secrets étaient jalousement gardés par les maîtres sorciers. Il était donc difficile pour les sorciers s’y intéressant de faire la part des choses entre mythe et réalité sans être initié. Malgré les différentes explications que venait de lui fournir Heka Akhseshat, elle n’avait toujours aucun indice concernant le procédé à suivre pour canaliser son bâ, et selon les quelques témoignages qu’elle avait lus, ceux qui s’étaient lancés dans l’entreprise avaient été consumés de l’intérieur par leur bâ, faute de savoir le maîtriser correctement.


- Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver beaucoup de sources à ce sujet professeur, avoua-t-elle, même s’il a été évoqué dans certains livres.


- Si c’était le cas, nous autres enseignants ne servirions pas à grand-chose, n’est-ce-pas ? Je vous propose de vous aider à la maîtrise de votre bâ. Je n’offre jamais ce savoir à mes étudiants, mais vous semblez avoir des prédispositions intéressantes. Je pourrais travailler sur celles-ci. Je requerrerai néanmoins un travail constant et un sérieux irréprochable.


- Vous me connaissez à peine. Je ne voudrais pas que vous vous trompiez sur ma personne.


- Je vous évaluerai moi-même auparavant, bien entendu. Je tiens à m’assurer de votre détermination, précisa Heka.


- Dans ce cas, j’accepte avec plaisir, professeur.


- Cela sera éprouvant, n’en doutez point, Miss Granger. Lundi, après les cours, dans ma salle. Soyez à l’heure.


A peine sa phrase terminée, le professeur hocha la tête et tourna les talons dans un large mouvement de voiles, laissant une Hermione pensive. Si elle réussissait à prouver au professeur sa force et sa détermination et à maîtriser son bâ, cela lui serait un avantage non négligeable pour l’accomplissement de sa mission.


Le soleil était en train de décliner ; Hermione devait se dépêcher si elle voulait rentrer au château avant le dîner. Elle avait déjà trop tardé, et ses camarades de Gryffondor devaient certainement l’attendre. Traversant le parc à vive allure, elle franchit rapidement la porte du château et se rendit dans la grande salle, avant de s’asseoir à côté de Lily qui lui faisait signe. Après un bon repas et une énième demande en mariage de James envers Lily, ils remontèrent tous à la salle commune. Arrivés en haut, les garçons s’éclipsèrent dans leur dortoir, certainement pour préparer une de leurs fameuses blagues, au vu des sourires canailles de James et Sirius et de la tête réprobatrice qu’affichait Remus. Les filles discutèrent un instant de tout et de rien, alors que la salle se vidait de plus en plus. Finalement, Lily, Marlène et Mary prirent congé d’Hermione, cette dernière leur signifiant qu’elle préférait rester seule un instant avant de se coucher.


Elle attendit que les filles soient remontées dans le dortoir avant de soupirer lassement. Plongeant la main dans sa poche, elle en sortit le petit bout de papier que Remus lui avait glissé au Square Grimmaurd, avant de tomber contre les Mangemorts. Elle avait volontairement évité ce moment, redoutant ce qu’elle pourrait y trouver. Elle l’avait trituré toute la journée, sans se décider à l’ouvrir. Fébrilement, elle le déplia, avant de le lâcher sous le choc. C’était une photographie, prise au cours de leur cinquième année à Poudlard. On y voyait Remus, adossé contre le mur de la salle à manger de la demeure ancestrale des Black. A sa gauche, le port altier comme de coutume, se tenait Sirius, arborant ce sourire en coin si particulier. Sa main gauche venait se poser avec affection sur la personne assise devant lui : Harry, l’air véritablement heureux. C’était elle-même qui avait pris la photographie, lors du Noël que tous avaient passés au Square. Elle avait tenu à ce qu’Harry fasse une photo avec son parrain et Remus, pour lui prouver inconsciemment qu’il avait une famille et des proches qui l’aimaient comme un fils. L’année avec Ombrage comme professeur de DCFM était rude, tout comme l’ignorance volontaire et injuste de Dumbledore envers lui, et le Survivant se sentait plus seul que jamais. Elle avait donc insisté malgré ses réticences et ses contre-arguments sur son visage non photogénique, et les avait rassemblés tous les trois pour cette photo qui à présent lui fendait le cœur. De plus, même si Ron ne paraissait pas sur l’image, il était à ses côtés lorsqu’elle avait appuyé sur le déclencheur. Une larme coula sur sa joue, en un remerciement silencieux à Remus. Elle se battrait pour qu’Harry puisse connaître Remus et Sirius plus longtemps, et surtout pour qu’il puisse avoir une enfance normale avec James et Lily. Pour que Sirius ne se fasse pas piéger par Peter. Pour que Remus ne mène pas une vie de solitude.


Il fallait de toute façon qu’elle se fasse à cette époque. Son futur n’existait plus, à présent qu’elle allait mettre un terme au règne de terreur de Voldemort dès la première guerre. La Hermione de cette dimension chronologie naîtrait dans quelques années, et elle devrait de son côté évoluer dans un monde qui ne lui appartiendrait pas. Car une fois la protection de Poudlard dépassée, sans identité à cette époque, où pourrait-elle donc aller ?


Laisser un commentaire ?