Aut vincere, aut mori

Chapitre 12 : Une leçon éprouvante

3160 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/09/2020 15:14

- Sabah el kheir. Je suis votre nouveau professeur de DCFM, Heka Mehytkâ Akhseshat.

           

Le week-end s’était fini tranquillement ; Hermione avait étudié les pages subtilisées à la bibliothèque et avait pu reconstituer le « ouvre-toi » dont elle aurait besoin pour entrer dans la Chambre des Secrets. Elle s’était couchée rassurée et s’était levée ce matin, plutôt réjouie à l’idée de se rendre en cours, d’autant plus que les Gryffondors commençaient leur semaine avec DCFM, en classe double avec les Serpentards.

           

- Lors de cette année, je tenterai de vous enseigner des méthodes d’attaque et de défense avancées ainsi que les sortilèges informulés au premier semestre, puis nous enchaînerons au deuxième semestre sur les créatures maléfiques de niveau 5 et les sceaux. Nous terminerons l’année avec les sortilèges de magie noire.

           

Le programme sembla satisfaire les étudiants. Cependant, les Serpentards furent particulièrement ravis de la dernière partie, tandis que les Gryffondors se renfrognaient, excepté notre voyageuse.

           

- A voir les réactions d’une partie de la classe, je me doute que vous avez une très mauvaise opinion de la magie noire. Malgré son nom, la magie est neutre, c’est le sorcier qui en l’utilisant décide de faire le bien ou le mal. Oui, Monsieur … ?

           

- Sirius Black, Professeur. Je m’en veux de vous contredire, mais tous les sortilèges de magie noire sont utilisés par des gens mauvais. Et j’en sais quelque chose.

           

Hermione soupira et reçut des regards réprobateurs de la part de ses voisins rouges et or.

           

- Une remarque à partager, Miss Granger ?

           

Elle sourit ironiquement à Sirius, qui la fusillait du regard, avant de prendre la parole.

           

- En effet, merci Professeur. Je me dois de contredire Monsieur Black. La magie blanche peut très bien être utilisée à mauvais escient. Les sortilèges impardonnables sont une manière claire de blesser voire tuer quelqu’un, mais certains sorts des plus basiques peuvent atteindre le même résultat, débita-t-elle. Si vous prenez un simple Diffindo, lancé à pleine puissance, il peut blesser quelqu’un, alors que votre voisin l’utilisera simplement pour réajuster une robe trop longue. Pourtant, ce sortilège appartient à cette branche de la magie dénommée comme « blanche ». Si vous lancez un Accio sur un objet lourd en sachant pertinemment que pour parvenir à vous il assommera d’abord trois étudiants différents, votre acte sera considéré comme mauvais, alors qu’encore une fois quelqu’un d’autre pourra l’utiliser pour faire venir à lui une simple tasse de thé. C’est le sorcier qui décide de la bonté de ses actions.

         

Hermione s’arrêta, à bout de souffle, les joues rougies. Sirius la regardait d’un air hébété, tout comme James, Remus et Lily, tandis qu’au contraire les Serpentard l’observaient d’un air intéressé, notamment Severus Rogue.

           

- Eh bien, je n’aurais pas mieux dit, Miss Granger, merci, conclut Heka. J’espère que vous n’aurez plus d’objections, Monsieur Black, à ce que je conduise mon cours comme je l’entends. De toute façon, vous aurez le temps de vous y faire, nous n’aborderons ce sujet qu’en fin d’année. Pour l’heure, nous allons plutôt nous pencher sur le sortilège du Patronus. Quelqu’un peut-il m’en donner la définition ? Monsieur…

           

- Remus Lupin, Professeur. Le sortilège du patronus est un enchantement destiné à faire apparaître un esprit protecteur prenant la forme d’un animal correspondant à la personne qui l’a lancé. Il permet de repousser certaines créatures maléfiques comme les Détraqueurs, par la formule Spero Patronum, mais nécessite l’appel d’un souvenir heureux ou fort.

           

- Très bien, Monsieur Lupin. 10 points pour Gryffondor. Qui parmi vous est capable d’en lancer ?

           

Le regard de Heka se tourna vers la classe, mais seule la main d’Hermione se leva.

           

- Miss. Depuis quand maîtrisez-vous ce sortilège ?

           

- Depuis mes quinze ans, Professeur. Un ami me l’a enseigné, alors qu’il l’avait lui-même appris et maîtrisé à treize ans grâce à l’un de ses professeurs.

           

- Impressionnant. Voudriez-vous nous faire une démonstration ? Vous parvenez à lancer un patronus corporel ?

           

- Je… Je n’en ai pas produit depuis longtemps. Je ne sais pas si j’en serais encore capable, à vrai dire.

           

Son regard s’assombrit. Avec les épreuves que la lionne avait franchies, elle n’était plus certaine de pouvoir mobiliser un souvenir suffisamment heureux. Se déplaçant de son bureau jusque devant l’estrade, elle leva sa baguette, ferma les yeux et se laissa envahir par une bribe de bonheur, l’une des seules qui lui restaient. Elle sentit une vague de chaleur l’envahir, et en rouvrant les yeux vit une forme bleutée s’échapper de sa baguette, mais elle en fut interloquée. Ce n’était pas l’habituelle loutre qui s’était manifestée. A sa place courait une sublime panthère noire.

           

- Magnifique, Miss, vingt points pour Gryffondor. Je devine néanmoins à votre expression que vous ne vous attendiez pas à cette forme. Votre patronus a évolué, n’est-ce-pas ? Quelqu’un saurait m’exposer les raisons possibles d’un tel changement ? Oui, Monsieur… ?

          

- Avery. Un choc émotionnel peut en être la cause, mais c’est une évolution assez rare, d’ordinaire un sorcier garde la forme animale qui lui correspond toute sa vie, car elle est en lien avec sa personnalité profonde.

           

- Très bien, cinq points pour Serpentard, acquiesça Heka. Maintenant que nous avons tous établi la difficulté de ce sort, vous allez vous entraîner à le lancer. Vous n’obtiendrez au début que des étincelles, au mieux de faibles filets bleutés, mais plus votre souvenir sera puissant, plus votre patronus pourra se développer. Je ne m’attends pas à ce que vous produisiez un patronus corporel, mais il serait sage de pratiquer ce sortilège jusqu’à ce que vous obteniez au moins un résultat satisfaisant, même si la forme reste incorporelle. Au travail.

           

Les élèves commencèrent à s’exercer, et l’on vit des objets valser, résultat de sortilèges hasardeux. Remus fut celui qui parvint à un résultat le plus rapidement, ce qui fit sourire nostalgiquement Hermione ; Rogue parvint également à faire apparaître des liens bleutés.

           

- Hermione, je ne comprends pas. Comment fais-tu pour l’invoquer ? se plaignit Lily, agacée par son nombre d’essais infructueux.

           

- Ton souvenir n’est pas assez fort Lily. C’est la clef de la réussite de ce sortilège. Tu pourras essayer cent fois, s’il ne s’agit pas d’un moment suffisamment puissant et marquant, rien de sortira. Regarde les détraqueurs : ils ne nourrissent de la peur des gens, et le patronus est le seul moyen de les repousser, mais il faut pour cela leur opposer des vagues de bonheur. Change de souvenir.

           

- D’accord, merci Mione, sourit Lily.

           

Cette dernière eu un sourire nostalgique à l’entente de ce surnom. C’est Ron qui l’avait baptisée ainsi la première fois, et elle n’avait à ce propos que des heureux moments en tête. L’ensemble des élèves poursuivait leur entraînement, et quelques-uns parvenaient à produire un résultat satisfaisant. James réussit à son tour, mais Lily bloquait. Hermione se promit mentalement de l’aider plus tard. Le cours se termina sur ces faits, et tout ce petit monde sortit de la salle de classe assez enthousiasmé par ce premier cours.


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- Bien. Miss Granger, mettez-vous face à moi. Je vais attaquer votre magie, et vous devrez me repousser en utilisant la magie instinctive. Si ce test est concluant, nous pourrons passer à l’apprentissage de la maîtrise de votre bâ.

Hermione se positionna comme demandé, les bras le long du corps, détendue, prête à renvoyer l’attaque magique de son professeur. Le reste de la journée avait été épuisant, et elle n’avait pas fini de pomper dans ses ressources.

La première vague l’étonna, car elle provenait de partout autour d’elle. L’énergie magique d’Heka l’englobait, essayant de s’introduire dans son champ de force et de lui absorber son énergie. La jeune femme se concentra, et canalisa sa magie en un seul point, afin de créer une brèche dans l’attaque diffuse qui l’avait surprise. Rassemblant ses mains, elle propulsa sa force et parvint à fissurer le mur d’énergie. Elle les écarta alors vivement, accompagnant son action mentale, et éjecta la brume offensive loin d’elle. Rouvrant les yeux qu’elle avait clos sous le coup de la concentration, elle put voir son professeur sourire et soupira de soulagement. Elle avait apparemment franchi la première étape.


- Bien, Miss. Je n’en attendais pas moins de vous. La manière dont vous avez réagi me prouve votre intelligence : la plupart des gens n’auraient sans doute pas pu focaliser leur énergie sur un point, et auraient juste expulsé leur magie de manière diffuse, ce qui aurait été complètement inutile face à une offensive de ce genre. Je vais pouvoir travailler avec vous.

Soulagée à cette annonce, Hermione se permit un sourire.

- Merci, Professeur.

- Je n’ai jamais été faite pour les titres. Appelez-moi Heka lorsque nous serons en privé, voulez-vous.

- Appelez-moi Hermione, dans ce cas.

- Très bien, Hermione. Je vais tout d’abord vous en dire un peu plus sur l’essence même de votre bâ. Votre magie est régulée par vos sentiments, que la magie instinctive que vous pratiquez exploite déjà. La maîtrise du bâ est une évolution de cette magie. C’est une expression de votre puissance : plus vous avez de pouvoir et plus vous aurez de facilité à activer votre magie, mais son contrôle ne sera en revanche pas pour autant plus facile. Lorsque vous méditez, cela apaise votre esprit, et vos actions se limitent à des mouvements dans la nature, comme lorsque vous déplaciez ces feuilles sous le saule pleureur. Vous êtes en contrôle. Mais le bâ ne passe pas par la méditation ; il prend sa source dans votre aura.

- Mais les auras ne sont pas visibles, comment puis-je savoir ce que la mienne dégage ? s’enquit Hermione.

- Les auras sont différentes chez chaque individu. Une aura sera plus ou moins importante et son essence variera en fonction des traits de caractère de chacun. L’on a souvent parlé d’auras sombres comme étant associées au mal, et d’auras blanches concernant des grands sorciers. Cependant, il serait idiot de rentrer dans un système manichéen : les auras sont bien plus complexes que deux simples couleurs. Elles dépendent entièrement de la nature des personnes ; et tout comme un individu est animé par plus d’un sentiment, les auras sont un mélange d’une multitude d’émotions : amour, haine, solitude, tristesse… Une personne peut voir son aura se transformer après un bouleversement important, et elle sera alors dominée par le sentiment qui est le plus présent chez cette personne. J’en reviens à mon cours de ce matin : vous avez été suffisamment éprouvée pour que votre patronus change de forme, et je ne doute donc point que votre aura n’en sera que plus intéressante. Mais cela pourra aussi vous apporter de la souffrance, Miss Granger. La magie que nous allons travailler exacerbe vos sentiments, et vous allez certainement passer par des étapes plus ou moins douloureuses. Seulement avec beaucoup de pratique vous serez en mesure de commander à vos sensations, ou tout du moins de barricader les plus extrêmes, pour ne vous en servir comme déclencheur que lorsque vous le souhaiterez.

- La pratique de l’occlumancie serait-elle conseillée, dans ce cas ?

- Pas exactement. Quelqu’un qui maîtriserait parfaitement l’occlumancie serait en mesure de réussir, mais il ne vaut mieux pas s’engager sur cette voie. Vous avez besoin de vos sentiments, et les barricader en bloc ne vous apportera que des difficultés. Lorsque vous aurez conscience de la multitude d’émotions qui vous animent et que vous les aurez éprouvées magiquement, vous serez alors en mesure de choisir celles que vous refoulerez et celles que vous garderez. Mais avec l’occlumancie, la méthode nécessiterait le cheminement inverse : bloquer l’ensemble, puis sélectionner minutieusement celles que vous voulez garder ; ce qui est bien plus long et bien plus difficile.

- Comment faire, dans ce cas ?

- Il n’y a qu’un seul moyen : la pratique, sourit douloureusement Heka en prévision de la suite. J’espère que vous êtes prête.

- Je… commença Hermione.

Elle ne put finir sa phrase. Son corps fut soudainement pris dans un étau de douleur, alors que ses souvenirs les plus déchirants lui revenaient en mémoire. Le corps d’Harry, mutilé alors qu’il tombait au sol pour la dernière fois, un éclair vert lui frappant le torse. Son regard vide tourné vers elle, la hantant déjà, la suppliant de ne pas abandonner.

- Lâchez prise, Hermione. Tout ce que j’aurais pu dire ne vous aurait jamais préparée à cela. Lâchez prise.

Ron, fauché par un sort, trébuchant sur les pierres, son corps se fracassant sur les rochers. Elle courait, sans pouvoir s’arrêter, jetant des sorts désespérément aux Mangemorts qui la poursuivaient.

- Abandonnez-vous à la douleur, et vous la maîtriserez. Lâchez prise. Tournez votre esprit vers l’apaisement. Ce sont des souvenirs douloureux, mais passés. Embrassez-les, et vous pourrez vous en libérer, continuait Heka inlassablement.

Remus levant un regard résigné vers elle, alors qu’elle disparaissait sans pouvoir lui venir en aide. Une larme roulant sur sa joue balafrée, et le sortilège de mort l’atteignant fatalement.

- Hermione, écoutez-moi, lâchez prise. Abandonnez et vous contrôlerez.

La lame du poignard maudit de Bellatrix lui tailladant le bras, inscrivant toute sa haine dans sa chair. Son rire maléfique se mêlant à ses cris de douleur.

- NON !

Hermione s’écroula au sol, en sueur, la tête tourbillonnante. Son corps entier tremblait, en contrecoup des minutes d’horreur qu’elle venait de revivre. Chaque émotion qu’elle avait ressentie en voyant ses amis mourir sous ses yeux, chaque parcelle de souffrance avait été exacerbée, la laissant dans un état second. Elle sentit que son professeur la relevait et l’asseyait, lui faisant avaler une potion au goût infâme. Elle reprit peu à peu ses esprits.

- Philtre revigorant.

La jeune femme respira longuement ; la potion faisait effet.

- Je suis désolée pour ce qui vient de se produire, Hermione. Il n’y avait qu’un seul moyen pour débuter cet enseignement, et vous en décrire les effets aurait été parfaitement superflu car il ne vous aurait en rien préparée à ce qui vous attendait. Tout ce que vous avez expérimenté ne sont que des souvenirs. Soit, ils font partie de vous et sont particulièrement violents, mais ils ne doivent pas conditionner votre vie. Malheureusement, la douleur étant le sentiment le plus présent chez vous, vous l’avez expérimentée de plein fouet ; et je vous assure que j’aurais aimé que ce soit plutôt la joie qui vous anime. Votre bâ sera déclenché par cette émotion, et il va falloir que nous travaillions à la dompter. Sans cela, vous n’aurez aucun contrôle sur votre énergie magique. Et il nous faudra recommencer jusqu’à ce que vous l’acceptiez. Quand vous lâcherez prise, vous serez en mesure de travailler avec ce qui vous torture. Sinon, cela continuera à vous ronger.

Heka pausa, considérant les réactions de la lionne à son discours. Elle savait pertinemment les pensées qui devaient traverser l’esprit d’Hermione, elle-même étant passée par cette étape douloureuse.

- Je comprendrais que vous ne vouliez pas poursuivre, reprit-elle. Je sais que c’est un parcours éprouvant. Mais il en vaut la peine.

La lionne releva la tête, et la fixa déterminément de ses yeux noisette.

- Je continue.


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Bonjour à tous,


Je suis contente de ce chapitre, que j'ai mis pas mal de temps à écrire ! Je remercie d'ailleurs @alresha pour ses précieux commentaires ^^


Qu'en avez-vous pensé ? Je serais vraiment curieuse d'avoir vos impressions, autant sur le bâ que sur le caractère de notre Hermione.


Au plaisir de vous lire et au week-end prochain !


Cassiopeia Von Black



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