Aut vincere, aut mori

Chapitre 13 : La tour d'astronomie

2630 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/10/2020 21:23

Hermione avait passé les trois premiers jours de la semaine à suivre les cours assidument, profitant de ce temps de répit avant ce week-end qui s’annoncerait rude. Elle avait en effet décidé de pénétrer dans la chambre des secrets dès ce vendredi soir, lorsque ses homologues à Gryffondor seraient endormis. Bien qu’elle ait entouré le diadème de protections diverses, elle savait qu’elle devrait vite le détruire pour ne pas risquer qu’il contamine de son aura noire les filles du dortoir. Après tout, Ginny à son époque avait eu en sa possession le journal de Jedusor et il n’avait impacté qu’elle, car elle y écrivait. Cependant, le diadème étant un objet déjà maudit dont Helena Serdaigle avait fait les frais, elle ne pouvait prédire comment il réagirait auprès de personnes innocentes. De fait il lui fallait le plus tôt possible aller tuer le basilic et récupérer ses crochets. Cela faisait déjà une semaine qu’elle avait atterri à cette époque, et il était grand temps d’accélérer les choses.


Elle était en haut de la tour d’astronomie, appuyée sur la rambarde, à regarder le soleil se coucher. Les élèves devaient certainement tous être dans la grande salle à finir le repas pour les retardataires, ou déjà en train de se prélasser dans leur salle commune. Rapidement lassée par les rires insouciants de ses camarades, elle s’était éclipsée sous le regard quelque peu attristé de Lily et celui inquiet de Remus, qui ressentait bien que quelque chose n’allait pas grâce à ses sens exacerbés. Etonnamment, ses pas l’avaient menée à la tour d’astronomie, où elle n’était pas retournée depuis plus d’un an. La dernière fois qu’elle s’était tenue en haut de la tour, Harry et Ron étaient avec elle, et le Survivant leur avait raconté son expédition dans la caverne dont il revenait, et sa détermination à partir à la recherche des horcruxes. La veille avait été la soirée qui marquait un tournant pour tout Poudlard : l’assassinat d’Albus Dumbledore par Severus Rogue. Lorsque les Mangemorts étaient entrés par l’armoire à disparaître grâce aux manigances de Malefoy, la panique avait saisi tous les occupants du château. Ron et Hermione avait vite réalisé la fatalité de la situation, sachant que leur ami et le directeur étaient justement absents ce soir-là, laissant l’école aux mains des serviteurs du Seigneur des Ténèbres.


La jeune femme avait vu tous ses espoirs s’effondrer lorsque ses yeux avaient capté un rassemblement inhabituellement silencieux dans la cour. Elle avait joué des coudes, bousculant les personnes présentes, son esprit bourdonnant, dans la peur de ce qu’elle trouverait. Et elle était tombée à genoux, complètement démunie, en voyant le corps d’Albus Dumbledore, seul sorcier que Voldemort craignait, disloqué sur le sol, le regard vide. Ron avait posé une main sur son épaule, aussi ébranlé qu’elle. Et quelques minutes après, Harry était arrivé, déjà au faîte du drame, mais encore dans le déni le plus total. Il s’était agenouillé et avait pris leur vieux directeur dans ses bras, un torrent de larmes ravageant son visage. Le reste de la soirée avait été flou pour tous ; ils avaient erré, niant l’évènement, ne fermant pas une paupière avant le lendemain, et les trois amis avaient échoué en haut de la tour d’astronomie, sur le lieu du meurtre. Lorsque lors de la bataille de Poudlard, Harry avait appris la vérité sur son ancien professeur de Potions, il leur avait tout raconté et Hermione avait été étrangement soulagée. Malgré tous les évènements de leur année de fuite, elle n’avait jamais cessé d’espérer que Rogue soit de leur côté, et leur apparition dans la grande salle de Poudlard avait confirmé ce sentiment : non seulement l’occlumens n’avait pas répondu aux attaques d’Harry, mais il avait de plus dévié les sorts que le Survivant lui lançait vers les deux Carrow.


La jeune femme inspira profondément. Bien qu’elle n’ait pas réussi à se rapprocher plus que cela du Severus de cette époque, leur relation se déroulait sans aucune animosité, et elle avait même réussi à piquer son intérêt lors de sa diatribe sur les arts noirs en cours de DCFM. Reste à savoir comment elle pourrait l’approcher en dehors des cours de potions où ils étaient en binôme.


- Tu penses à moi, j'espère ?


La lionne sourit ironiquement en entendant la voix qui l’avait interrompue, sans pour autant se retourner. Elle sentit l’enivrant parfum de Sirius alors qu’il se plaçait à sa gauche, collant son épaule à la sienne.


- Si tu continues à t’éclipser, je vais devoir mener mon enquête. Je n’aimerais pas découvrir que tu caches quelque chose aux Maraudeurs. Sauf si ce n’était qu’un piètre stratagème pour que je te rejoigne…


Sirius passa délicatement sa main dans ses cheveux, les humant tandis que son regard était fixé sur Hermione.


- Comment m’as-tu trouvée ? interrogea-t-elle. Elle était curieuse de savoir quel mensonge son charmant compagnon allait bien pouvoir sortir pour cacher l’existence de sa carte.


- Oh, j’ai croisé Dorcas, qui t’a vue monter les escaliers.


Elle haussa un sourcil.


- Gryffondor, 6ème année, précisa Sirius.


Il fixait sa bouche, puis revenait sur ses yeux, comme s’il voulait confirmer son accord. Après tout, l’autre soir avait été mouvementé, et il avait hésité quelques jours avant de revenir vers elle, afin d’être certain que leur contrat tenait. Mais il ne put résister plus longtemps et plaqua ses lèvres sans douceur sur celles de la lionne, qui lui répondit avec ardeur. Leurs langues dansaient un ballet céleste, et chacun ne semblait pouvoir se rassasier de l’autre. Les mains d’Hermione glissèrent sur le torse de Sirius, ferme sous son pull, tandis que celles du maraudeur s’aventuraient sur ses courbes, passant de sa poitrine à ses hanches, avant d’empoigner ses fesses. Il l’avait plaquée contre la rambarde, dos au vide, alors que tous deux poursuivaient leur découverte de l’autre. Leurs mains se firent plus pressantes, et passèrent sous les couches de vêtements gênantes. Hermione sursauta au contact froid des mains de Sirius contre son ventre, mais cela ne fut pas pour lui déplaire. Il approfondit son exploration, remontant le pull puis la chemise de la lionne, tout en continuant de triturer cette bouche délicieuse.


Hermione n’était pas non plus en reste, et s’efforça de débrailler le sorcier, griffant légèrement sa peau de ses ongles, comme pour en demander plus encore. Elle se perdait dans ces sensations qu’il lui faisait ressentir, par sa violence passionnée, son application à la faire s’embraser. Elle ne voulait plus penser à rien, seulement profiter de ce corps ardemment plaqué au sien. Elle sursauta cependant lorsque ses poignets furent saisis subitement, lui arrachant un faible cri de douleur.


Sirius recula sa bouche de la sienne, la regardant avec un air d’incompréhension.


- Je t’ai fait mal ? Je suis désolé, Hermione, j’étais tellement pris dans l’action je n’ai pas réalisé…


Son regard se fit sombre lorsqu’elle porta instinctivement sa main à son avant-bras gauche.


- Qu’est-ce-que tu as sur ce bras ? demanda-t-il sèchement.


- Rien du tout. Une vieille blessure.


Elle sentit son aura s’assombrir, comme il n’était pas dupe un instant face à sa réponse.


- Hermione ?


- Cela ne te regarde pas, trancha-t-elle.


- Je crois au contraire que cela regarde tout le monde, si ce que tu as sur ce bras est bien ce à quoi je pense.


Hermione fronça les sourcils d’incompréhension. Il ne pensait tout de même pas que…


- Tu es une Mangemort ?


La voix de Sirius se fit menaçante, alors qu’elle ne bougeait pas d’un iota, le défiant du regard.


- Si tu n’as rien à te reprocher, pourquoi tu ne me laisserais pas regarder ? Si ce n’est qu’une blessure, une cicatrice, ne t’en fais pas, j’en ai aussi… Et certaines ne sont pas belles à voir.


Il murmura plus qu’il ne dit la dernière phrase, mais la menace était toujours autant présente. Hermione le fixa et sans un mot, ses yeux rivés aux siens en défi, remonta sa manche, dévoilant un bandage récent. Elle commença à le défaire, enlevant bande après bande, jusqu’à laisser son bras complètement exposé. Sirius baissa alors les yeux et découvrit avec horreur les mots inscrits dans la chair, avant de reculer d’épouvante. Lorsqu’il releva son regard vers Hermione, elle le toisait, froide, insensible, le défiant de ne prononcer ne serait-ce qu’un mot. Elle s’avança et leva son bras avant d’abattre sa main violemment sur la joue du Gryffondor. Sans un mot, elle quitta la tour, le laissant seul avec sa culpabilité et sa pitié.


--------------------------------------------


- Tu as merdé, mon vieux.


Sirius avait bien entendu tout raconté à James lorsqu’il était redescendu de la tour d’astronomie, Remus et Peter étant occupés à leurs devoirs de métamorphose. Son meilleur ami était déjà au courant de son accord avec Hermione ; il l’avait brièvement tenu au courant, mais sans trop s’épancher sur le sujet.


- J’ai été tellement con. Elle nous annonce en arrivant que ses parents ont été assassinés par les Mangemorts, et moi je la suspecte d’en être une.


Son naturel méfiant avait repris le dessus lorsqu’il l’avait vue enserrer son bras gauche. Après tout, la guerre faisait rage dehors et les serviteurs du mal se faisaient de plus en plus nombreux.


- Je sais que tu as du mal à faire confiance, Patmol, mais quand même… On la côtoie depuis une semaine et je pense qu’on aurait remarqué si elle nous cachait quelque chose d’aussi gros. Quand tu côtoies les gens, tu remarques vite qui ils sont, ton instinct ne te trompe jamais.


- Elle cache quelque chose. Je ne pense pas que ce soit malfaisant, mais elle a définitivement ses secrets.


A la grande surprise de Sirius, James éclata de rire.


- Tu lui reproches d’avoir peut-être un secret, mais tu as vu les nôtres ? Entre Moony, la carte et nos alter egos poilus, nous ne sommes pas en reste…


Sirius se renfrogna, vexé. Malgré les efforts de Cornedrue pour le dérider et le rassurer, il ne pouvait s’empêcher de rester sur ses gardes. Mais après tout, exprimer des doutes sur Hermione l’empêchait de se concentrer sur le véritable problème : sa culpabilité. Lorsqu’il avait été réparti à Gryffondor, il avait non seulement été rejeté par sa famille, mais également dans un premier temps par les élèves de sa propre maison, qui le voyaient toujours comme un Black, sang-pur, imbu de lui-même et méprisant des nés-moldus, peu importe sa répartition chez les Lions. Ce n’est que grâce à James qu’il avait pu montrer sa vraie nature, faire ses preuves, et ne plus être regardé comme le mouton noir de la noble et ancienne famille Black par les autres élèves, excepté bien sûr les Serpentards, qui le lui rappelaient avec application. Il avait connu ce sentiment d’être considéré comme quelqu’un qu’il n’était pas, et s’en voulait d’avoir pu mettre Hermione dans la même position, même un instant. Sans compter qu’il ne l’avait pas juste jugée pour une quelconque raison, mais bel et bien insultée de Mangemort.


- Tu sais ce que tu dois faire. En plus, pour une fois qu’on avait trouvé une fille qui veuille bien ne pas ennuyer le grand et magnifique Sirius Black avec des histoires de romantisme…


Un James hilare se reçut une décharge électrique de la baguette de son frère de cœur, qui sourit tout de même du coin des lèvres. L’un comme l’autre ne pouvait garder longtemps une mine triste lorsqu’ils étaient ensemble.


--------------------------------------


Hermione avait passé la soirée de jeudi enfermée à la bibliothèque dès la fin des cours, essayant de ne plus repenser à l’évènement de la veille. Elle n’était pas tant fâchée envers Sirius, même si sur le moment elle lui en avait voulu, qu’envers elle-même. Une fois de plus, elle s’était montrée faible et avait réagi au quart de tour en réaction. Remballant ses affaires et abandonnant son devoir de runes, elle décida de remonter dans la tour d’astronomie pour trouver un peu de solitude. Elle espérait tout de même au fond qu’un certain brun aux yeux gris viendrait la trouver sans tarder ; et de préférence repenti. Reprenant sa contemplation de la veille, elle s’appuya à la balustrade, le soleil couchant rougeoyant à l’horizon. Elle sentait qu’elle allait revenir assez fréquemment dans ce lieu qui lui apportait une forme de paix, une coupure dans la pression qu’elle se mettait chaque jour depuis des mois.


Hermione sentit alors une présence dans son dos, et sourit imperceptiblement. Il avait dû s’en vouloir, et les pas hésitants qu’elle entendait le prouvaient. Il n’osait pas trop se rapprocher pour le moment, comme pour amadouer un animal sauvage, en l’occurrence une panthère féroce et blessée. Elle le sentit bouger et s’éloigner, regrettant sans doute d’être venu.


- Reste.


Surpris, Sirius se retourna, tandis que la jeune femme restait les yeux fixés sur le crépuscule. Il avança doucement, et lorsqu’il ne fut plus qu’à un mètre d’elle, s’arrêta. Il vit Hermione se retourner lentement, avant de le fixer d’un regard indécryptable. Était-elle furieuse, blessée, triste ?


- Hermione, je…


- Tais toi.


Elle se rapprocha alors qu’il déglutit, conscient de ses torts et de sa position de faiblesse.


- Tu ne parles de cela à personne. Je m’en doute que tu en as déjà fait part à James ; tu peux étendre la confidence à Remus, mais si cela atteint les oreilles des autres, je tiens à t’informer que je jette des maléfices extrêmement efficaces. Il serait dommage que ton service se retrouve congelé pendant une durée indéterminée.


Il hocha la tête frénétiquement, ne doutant pas une seconde qu’elle mettrait sa menace à exécution.


- Si on reprenait où on s’était arrêtés ?


-----------------------------

Bonsoir mes chers lecteurs,


Je sais, nous sommes dimanche soir et il est tard, ne m'en veuillez pas !

J'ai adoré écrire ce chapitre. Réellement. Et j'espère qu'il vous plaît.

Des commentaires sur cette suite, moins magique que les cours d'Heka mais tout de même sympathique, je l'espère ? J'aimerais vraiment avoir vos impressions et vos attentes.


Au week-end prochain,


Cassiopeia Von Black



Laisser un commentaire ?